Nouvelle soirée Blues à la Traverse à Cléon. Comme à son habitude, Marc Bourreau, en excellent maitre de cérémonie appuyé par son équipe, ont mit pour un soir les petits plats dans les grands. Un accueil chaleureux, un public venu nombreux, cette édition 2009 restera une édition remarquée.
New Line Up
Cette formation totalement rouennaise, nous fait renouer avec l?excellence des groupes de très bonne facture que nous devions aller chercher jusqu'à présent hors de nos contrées. Sortis vainqueurs du tremplin Blues de Traverse en 2008, il était logique de les retrouver ce soir à l?occasion de cette première partie de ce festival consacré à Joe Louis Walker.
Quelques salles mythiques dont le Bateau Ivre à Rouen où bien encore le Soubock à Cauville ont flairé l?évènement et ne se sont pas privées de placer subtilement dans leur programmation cette formation.
La capacité d?adaptation de ces quatre garçons est insolite. Le potentiel technique et la complicité permanente des musiciens font de cette formation la formation montante. A eux seuls, c?est une Aude au bonheur.
Costume de scène pour la circonstance, les 4 compères enchainent les morceaux avec une aisance déconcertante. Une reprise bien placée de Mellow Down Easy de Willie Dixon donne le ton de la soirée. On n?est pas là pour pleurer, mais bien pour s?éclater. Reprises des maitres de la West Coast, mais aussi expression enchanteresse lorsque le groupe interprète Hard Times de Ray Charles. C?est à tomber le cul parterre. Jérôme Lemesle (Mad Man) possède un talent multi-instrumentiste mais il sait aussi régaler le public par sa voix de crooner qui lui siée à merveille dans ce genre de répertoire.
Pour ce soir, les New Line Up ont mit le feu à la Traverse en passant du Chicago Blues par le Rythm?Blues. Le tout dans un joyeux délire de groove et de swing, de Boogie et de Jump ; une composition, Dangerous girls, des adaptations personnels sur Baby?s Boogie ou Hoodoo Party auront vite permit au public de la traverse que 4 étoiles montantes été nées là devant leurs yeux et que ce groupe normand aura sa place dans les meilleures salles et classements des presses spécialisées.
Pascal Delahaye (magnum) à la batterie, empereur des baguettes et de la cuillère, Pascal Hernandez (Pascal LOB) à la ligne de basse irréprochable et son jeu de jambes inimitable, Pascal Rigault (gringos) à la guitare enchantée et Jérôme Lemesle (Mad Man) au chant étourdissant et à l?harmonica époustouflant, tous ont tenu ce soir de l?édition Blues de Mars 2009 une communion si particulière avec un public venu nombreux.
Rien d?étonnant alors que Marc Bourreau les annonce comme les chouchous de la Traverse.
Chapeau Messieurs, vous venez de remporter la plus belle des victoires, celle du partage incontesté entre le public et les musiciens. Pour une première....ce fut un coup de maître.
JOE LOUIS WALKER
La sortie de l?excellent « Witness To The Blues » paru en 2008 et produit par l?incontournable Duke Robillard plus une tournée qui le voit sillonner l?Europe et les Etats Unis en sont la preuve : Joe Louis Walker est de retour aux affaires ! Et c?est une excellente nouvelle tant celui qui a été présenté par Gérard Herzahft dans « La Grande Encyclopédie du Blues » (Fayard, 1997) comme « un remarquable modernisateur de la tradition, un chanteur véhément en même temps qu?un guitariste bien plus subtil et imaginatif que la plupart de ses concurrents » s?était quelque peu égaré, miné par le manque d?inspiration et des problèmes personnels. Malheureusement, lorsqu?un artiste de ce niveau refait surface, les tourneurs se sentent obligés de mettre le grappin dessus et de lui imposer des cadences infernales. Fatigué par plus de neuf heures de route dans la journée et amoindri par un mal de gorge tenace qui l?oblige parfois à laisser le chant à Henry Odden, son fidèle bassiste ou à Lynwood Taylor, son guitariste rythmique, Joe Louis Walker livre une prestation que l?on qualifiera de frustrante. Frustrante tant on sent chez lui un talent intact et des qualités malheureusement mal exploitées. Le répertoire dans lequel on retrouve des morceaux tirés de son dernier opus (« Hustlin? », « It?s A Shame », « Sugar Mama ») et des standards (« I?m Good », « Eyesight To The Blind ») est plutôt convaincant, excepté les trop longs instrumentaux sur lesquels JLW accorde une place démesurée à Lynwood Taylor, certes à l?aise une Les Paul entre les mains, mais terriblement bavard et exagérément démonstratif. En revanche, quand le Californien reprend les opérations en main, on retrouve des traits de génie dignes des fabuleux « Live At Slims vol.1 & 2 » (1991). Malgré un son parfois un peu brouillon, Joe Louis Walker a gardé ce jeu inventif, vif, rapide et précis. Les parties jouées au bottleneck sont sans doute les plus intéressantes et montrent à quel point le natif de San Fransisco maîtrise son sujet lorsqu?il s?aventure sur les terres de Muddy Waters.
Au total, on trouve derrière la déception de réels motifs de satisfaction qui laissent à penser qu?il ne faut pas s?arrêter sur cette heure et demi de concert, mais au contraire se réjouir du retour d?un artiste qui s?il ne laisse pas regagner par ses vieux démons a encore de riches heures à nous faire vivre.