200kms après mon départ, quelques radars (!!** !!) et quelques engorgements de circulation bien connu sur la capitale aux heures de pointes plus tard (pfeee !! quelle vie de dingue quand même), votre serviteur arrive limite à l’heure pour l’ouverture du 3ème festival de Blues de Crosne dans l’Essonne.

A l’honneur ce week end : Bo Weavil & Jean Jacques Milteau.

Peu de temps pour faire à nouveau connaissance avec Christophe Timmermans le maître de cérémonie de ces deux soirées et déjà la prestation commence.
Sous la forme d’une soirée cabaret, les quelques 150 convives sont réunis autour de tables, sur lesquelles de savoureux encas exotiques sont disposés. Ambiance intimiste, plateau scénique créé pour la circonstance, ambiance feutrée…. (Et pour seulement 14€ SVP !). L’accueil des artistes est respectueux comme il est de coutume dans ces soirées concerts et les 2 artistes français (parisien et nantais) au millier de concerts dans la musette, se mettent à la tâche.

Les Bo Weavil ne sont pas à proprement parlé, inconnus de nos colonnes. Déjà vus et écoutés à maintes reprises, il est intéressant de faire un point sur l’évolution de leur parcours et de leur musique.

Probable que pour une bonne partie des convives présent ce soir dans cette salle, cette formation est une découverte. Montée progressive en puissance, qualité et assurance, Vous l’aurez compris, ce ne sera pas ce soir que les Bo Weavils, entameront leur côte de popularité.

Matthieu Fromont (chant, guitare et harmonica) et Vincent Talpaert (contre basse & batterie) assurent une prestation de très haute volée. La voix chaude, le timbre juste, une rythmique remarquable, sobre, précise, un groove, un feeling à faire pâlir les meilleurs groupes de Blues d’outre atlantique.
Duo à la force tranquille, aux allures de « dockers norvégiens » pour la circonstance de cette soirée, rendant au public le souvenir d’un Blues rude, chargé d’histoires, les Bo Weavil jouent Le Blues du Mississipi, Le Blues du Delta. Ils chantent les femmes, l’ennui, l’espoir. Ils sont la mémoire vivante du « leg » des créateurs de cette musique. C’est l’accord parfait entre hier et aujourd’hui. Leur troisième album « Mo’ Diggin » 11 titres, 3 compos, ne laissent aucun doute sur l’immense talent de ces garçons.
Au cours de cette soirée, s’il y avait trois titres à retenir, je dirais sans aucun doute, « Big Road Blues » de Jimmy Johnson pour le groove, « Lazy-Bones Blues » pour l’invitation au voyage et la chaleur de la compo et « Mellow apples » de big Joe Williams pour l’ harmo bien calé, la voix envoûtante et la rythmique épatante.
Un fichu talent pour ce duo aux récompenses vertigineuses ; 1999, Trophée France Blues pour le meilleur disque français de l’année avec « Early Recordings » ; 2001, 2ème album « Midnight Rumble With » une galette de 14 titres, 14 compos ! ce qui leur permettra d’être considéré comme le meilleur groupe de l’année et comme cela ne suffit pas, Bo Weavil sera aussi cette même année meilleur disque européen au Trophée France Blues, etc.
Bo Weavil : c’est l’esprit du Blues réincarné. Le public ne s’y est pas trompé en réclamant trois rappels à tout rompre. Leur dernier album « Mo’ Diggin » vous comblera de bonheur.

L’esprit du Blues planera encore sur Crosne le samedi après-midi lors de la conférence sur le Blues. Même lieu, même horaire, la salle Paroles nous accueille, dans la même lignée que l’an passé. Une vingtaine de personnes ont répondu présentes pour tenter de comprendre un peu plus l’héritage de cette musique du diable auquel on doit l’émergence des nouvelles cultures musicales d’aujourd’hui. Pour l’occasion, ce sera Olivier Nuc (ancien des Inrock’) qui se collera à la tâche. Vidéos, textes, photos très rares, documentaire riche et exceptionnel qui aurait dû permettre un partage passionnant et passionné. Une expérience renouvelée pour le grand intérêt des participants qu’il conviendrait peut-être de compléter avec un guitariste pour bien comprendre les changements de style de cette époque. Ce n’est là qu’une suggestion.

Retour vers la salle René Fallet pour cette dernière soirée sur le thème du Blues. L’affiche est de qualité en la personne de Jean Jacques Milteau. La scène est adaptée et surprise, la salle est comble.

Alors que l’on fête les 150 ans de la création de la Société Matthias HoHner (1857) dont on estime qu’elle est sans aucun doute à l’origine de l’évolution fulgurante de ce compagnon de route qu’est l’harmonica, comment ne pouvait-on pas imaginer meilleure affiche que ce talentueux et digne représentant français (reconnu dans le monde entier) de l’harmonica. Il ne sera sans doute jamais assez écrit combien « Jy’ Jy’ » aura fait pour le développement en Europe de cet instrument (et à présent hors de l’Europe, puisque JJM rentre de tournée du Japon). Hasard du calendrier sans doute, c’est aussi dans cette période d’anniversaire que JJ Milteau sort son nouvel album « Live, hot n’Blues » un 15 titres de reprises et de compos que nous aurons le grand honneur de chroniquer prochainement sur ce site.

Accompagné du « géant français du Blues » Manu Galvin, à la guitare d’or, les deux compères entament leur prestation avec un boogie woogie en hommage à son créateur : Pine Top Smith mort tragiquement en 1929 à la l’age de 25ans. L’artiste revisite les standards de ses interprétations et nous entraîne vers l’Afrique du sud pour un clin d’œil à Nelson Mandela. De Little Milton, J.B.Lenoir en passant par Lonnie Johnson, Jean Jacques Milteau interprète l’espoir.

Technique incomparable, légèreté des notes, sonorités chaleureuses, feeling exceptionnel, JJ Milteau place le Blues au firmament pour le plus beau et le plus grand respect de cette musique au grand bonheur d’un auditoire émerveillé par ce qu’il est possible de faire avec un si petit instrument. Vient ensuite l’entrée sur scène de Michal Robinson (chant) et Ron Smith (chant) aux expressions musicales chaleureuses et brillantes. Une parfaite harmonie entre l’instrument et la voix. Excellent dénicheur de talents (souvenons-nous de Demis Evans entre autre) JJM entraînera son band intitulée pour la circonstance « soul conversation », sur la route de la soul et du gospel jusque la fin de la soirée.

Déjà arrive le moment de tirer la révérence. Le public est heureux, les sourires sur les visages sont éloquents. Cette 3ème édition est un succès. Un bon choix sur les artistes,une équipe motivée, soutenue par son maire M. Girard, des moyens appropriés ne serait-ce que par la qualité sonore de la salle… est-ce là le secret de la réussite de Christophe Timmermans pour qui l’inquiétude était grande. « JJMilteau était une découverte pour moi ».

Et bien Monsieur Timmermans, autant vous rassurer, tant que des affiches de cette trempe seront à l’honneur dans cette salle, le Festival Blues de Crosne se portera bien.