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13-11-2004
Foolbox
Le 13 novembre 2004:
Donc ce samedi après-midi lĂ , rendez-vous Ă©tait donnĂ© aux amateurs de notes bleues pour l'Ă©dition 2004 du tremplin blues de la Traverse Ă Clèon avec neuf groupes rĂ©gionaux Ă l'affiche. Pour ces 9 groupes, l'heure Ă©tait venue de se confronter Ă une grande scène, avec des moyens techniques importants, cela devant un jury connaisseur et un public averti dont le vote comptait pour une voix dans la dĂ©cision finale. Je n'ai nullement l'intention d'estimer la valeur musicale et la qualitĂ© de la prestation de chacun dans cette chronique, ce serait prĂ©tentieux de ma part, d'autant plus que je n'en ai pas la compĂ©tence; Ce que je peux dire et que chacun admettra est que le niveau d'expĂ©rience, de pratique est diffĂ©rent d'un groupe Ă l'autre et que tout un chacun Ă pu dĂ©celer des erreurs de jeunesse pour certains groupes, une prestation handicapĂ©e par un trac difficile Ă dominer pour d'autres ,cependant que quelques uns faisaient preuve d'une maturitĂ© due Ă une pratique plus Ă©prouvĂ©e.Â
Les Foolbox dans un style blues électrique, ont eu la difficile mission d'ouvrir les festivités, non sans difficultés, sans doute le trac et le fait de savoir que de nombreux amis étaient dans la salle. Mais rassurez-vous, ils ont plaisir à jouer et d'habitude le plaisir de les écouter est immense.
Les Wimps blue band enchaĂ®naient avec un style Ă©lectrique dynamique puisĂ© dans rĂ©pertoires d'Albert King, Tino Gonzales et une petite incursion dans un style plus rockabilly avec un morceau des Stray Cats. Loig Paul Ă un jeu de guitare dynamique, sans fioritures et le jury a bien fait de ne pas tenir compte des problèmes d'ampli qui sont venu perturber le deuxième morceau. Alban, se moquant bien de l'endroit et des circonstances ( il aurait Ă©tĂ© pareil au milieu de Bercy), prenait tout simplement son pied derrière son clavier.Â
Midwest est un groupe bien connu des amateurs de notes bleues de la rĂ©gion caennaise avec un premier cd qui a reçu un accueil favorable; mais une corde cassĂ©e dès le premier morceau sur la guitare de Marc Loison ne lui a pas permis d'ĂŞtre dĂ©tendu, le clavier s'entendait peu et ce ne fut certainement pas lĂ Â leur meilleure prestation, quoique honorable.Â
Venaient ensuite les French Prisoners. EmmenĂ© par David Russel, ils avaient une prĂ©sence scĂ©nique incontestable. Le tout s'appuyait sur une rythmique efficace . Les rĂ©ponses guitare clavier Ă©taient du meilleur effet.Â
Burning Mountain se fait dĂ©jĂ une belle place dans la rĂ©gion havraise et bien au-delĂ sur les cĂ´tes normandes avec un rĂ©pertoire dĂ©libĂ©rĂ©ment blues rock et comptent dĂ©jĂ Ă leur actif une vingtaine de concerts.Â
Squale composĂ© de trois musiciens: guitare, basse, batterie ( ce qu'on appelles un" power trio"), nous a interprĂ©tĂ© des titres Ă©nergiques dans la veine des Tomy Castro, Bill Perry ou autre Popa Chubby. Pascal, le bassiste et chanteur avait une tessiture de voix idĂ©ale pour le style de musique jouĂ© par le trio.Â
Rock en Stock sous la houlette de Michel Pons, auteur-compositeur et chanteur-guitariste, avec des musiciens au jeu confirmĂ© (Jean-Pierre Tan est incontestablement un de nos meilleurs guitariste sur la Normandie) nous ont distillĂ© un rĂ©pertoire de compos inspirĂ© du british blues rock. C'est une formation qui a une belle expĂ©rience et qui, en plusieurs annĂ©es compte dĂ©jĂ un beau palmarès de concerts.Â
Le trio Jeff Treguer a apporter une note plus acoustique dans un rĂ©pertoire country blues et le style ainsi que le timbre de la voix de Jeff nous emmenait incontestablement sur les rives du Mississipi ou dans les environs du Delta. Son beau jeu de guitare accompagnĂ© par le jeu colorĂ© de l'harmonica de Philippe Adnet a su crĂ©er une Ă©motion qui a touchĂ© le public.Â
Moonchild avec un son très rock et un harmonica dĂ©chaĂ®nĂ© ont optĂ© pour un bistish blues rock plus percutant.Â
Le tiercé vainqueur a été annoncé en fin de soirée, après le chaleureux et magnifique concert de Elmore D, par Marc Bourreau. Le doublé gagnant n'a pas créé la surprise tant il était évident; Le public avait déjà voté en réagissant chaleureusement à leurs prestation. Le trio Jeff Treguer a remporté l'édition 2004 du tremplin de la traverse et ce fut certainement eux les plus surpris. Mais l'évidence est là : un style bien typé country blues avec un courant émotionnel certain partagé par le public, une prestation musicale de qualité. J'entrevois bien dans l'avenir un répertoire enrichi de belles compositions personnelles de notre ami Jeff Treguer. Les French Prisonners ont pris une deuxième place bien méritée, qui leur permettra probablement de réaliser une galette et, leur réputation d'excellente formation s'en trouvant confirmée, leur ouvrira plus de portes pour de nombreux concerts. Les Wimps ont eu la troisième place et je crois bien qu'ils ne s'attendait à aucun prix. Mais leurs erreurs de jeunesse n'entravent en rien une qualité certaine dans un répertoire rock et blues rock rondement interprété. Nous pouvons comparer ce groupe à un à vin de bon cru, déjà agréable à boire mais qui demande de se bonifier quelques temps pour devenir excellent. La maturité et l'aguerrissement en feront un groupe incontournable sur la région si les petits poissons ne les mangent pas entre temps. Surtout qu'ils conservent le plaisir de jouer et de s'éclater en musique car ça c'est contagieux pour le public.
Dans l'ensemble, la qualitĂ© des groupes en compĂ©tition est très bonne, voir excellente et quelqu'un me disait sa surprise devant la qualitĂ© technique des musiciens. Je pense qu'il n'y a aucune dĂ©ception pour d'autres groupes de ne pas figurer dans ce tiercĂ©. Avoir participĂ© Ă ce tremplin est une belle aventure. Pour moi, simple spectateur , ce tremplin en fut une et je ne voudrais manquer le prochain pour rien au monde.Â
Je voudrais conclure par deux enseignements que j'ai retiré de ce tremplin. La musique est interprétée pour un public, une musique suffisamment, passionnément aimée pour avoir besogné sur un instrument et acquit le talent de la jouer. Cette lapalissade fera peut-être hausser les épaules à certains mais comprenez bien: être virtuose est insuffisant pour enthousiasmer un public et ce n'est pas au public d'aller à la musique (il y est déjà venu puisqu'il est là ) mais aux interprètes de partager leur musique avec lui, d'aller au devant de lui. La virtuosité doit se faire humble pour se mettre au service de l'émotion, de l'ambiance et d'en baigner son public. Le deuxième enseignement me fait dire à certains musiciens: les guitare-héros ont éclairés la musique blues, pop et rock du vingtième siècle telle de merveilleux astres et certains sont morts pour nous laisser leurs légendes. Guitareuses et guitareux de tous poils au regards et aux oreilles suspendus aux doigts magiques de ces mythes, laisser la musique de Jimmy Hendrix à Hendrix et celle de Stevie Ray Vaughan à SRV et suivez ce conseil de BB King que me rappelait mon ami Pascal Lob: si une note ne vous parait pas indispensable, ne la jouer pas; ne jouer que les notes essentielles. Alors, avec de l'amour, de l'âme et des émotions, votre interprétation sera tout simplement géniale. Comme dirait Gustave Parking: "Je vous laisse méditer là -dessus".
Tout simplement gĂ©niale comme l'Ă©tait la prestation de Elmore D et des deux musiciens qui l'accompagnaient : Big Dave Ă l'harmonica et Lazzy Horse aux divers types d'instruments Ă cordes dont une mandoline. Le personnage est incontestablement sympathique, avec sa bonhomie et sa gentillesse . J'ai Ă©tĂ© secouĂ© par l'Ă©nergie, la fougue, le talent de ces musiciens, la voix d'Elmore D nous emportant dans le sud rurale et noir des States. Ses blues en wallon sont Ă©tonnants tant ce dialecte s'harmonise si bien Ă la mĂ©lopĂ©e blues. Preuve que la musique qui nous fait frissonner de bonheur est bien vivante chez nos cousins belges, preuve que nous avons de belles choses Ă partager autres que de franchouillardes blagues qui n' honorent pas leurs auteurs. Merci, monsieur Elmore, revenez vite!Â
Et longue vie au tremplin du Blues de la Traverse!
Le 16 novembre 2004:
Les intervenants se relayent, livre en main, en nous plongeant de façon inéluctable en plein coeur des années 30 où les notes de Blues, jouées sur la «12 cordes» du guitariste présent sur scène, sonnent comme une évidence. Sur fond de prohibition bien réelle et de ségrégation latente, l’histoire se déroule dans le Billard Blues Club de Chicago et se résume en un formidable duel épique sur un billard constitué de trois boules, deux blanches et une rouge.
Il suffit de prêter l’oreille, d’ouvrir grand les yeux et les personnages transparaissent : le célèbre Al Capone flanqué de son fidèle lieutenant d’un coté, Willie Hope, champion du monde incontesté de billard soutenu par le joueur de Blues de l’autre, sans oublier le barman, les clients et les filles, tous vivent intensément cette partie qui s’inscrit déjà dans la légende.
Au fur et à mesure, les coups (beaux et bas) se succèdent, l’intensité monte d’un cran et la tension se fait de plus en plus palpable, comme autant d’instants interminables où la vie semble basculer. De la peur et du fric, de la sueur et du houblon, des odeurs et des cigares, de la joie et des rires, de la mélancolie et des larmes jusqu’au moment fatidique du coup final appelé « Diamond Drink » où la boule rouge est placée dans un verre rempli de bière posé au bout du comptoir…
Mais qui gagnera donc la partie, Al Capone ou Willie Hope ?
Quel est ce musicien qui joue le Blues ?
Pour le découvrir, il est vivement conseillé d’assister à la prochaine représentation.
Le 20 novembre 2004:
Toute juste une semaine après la découverte de neuf groupes régionaux aux multiples facettes dans le cadre de son deuxième Tremplin, clôturé par un concert exceptionnel où le Belge Elmore D nous plongea dans un bain de jouvence en dépoussiérant le Blues des origines, la Traverse s’ouvrait à un style musical résolument différent et sans détour : le Rock.
Epoustouflant ! PhĂ©nomĂ©nal ! Gigantesque ! DĂ©mentiel !Â
Autant de superlatifs indispensables pour qualifier la prestation des Ten Years After Version 2004, qui bien que séparés d’Alvin Lee, continuent à déverser une musique volcanique et éruptive comme de la roche en fusion.
Mais avant d’être littéralement happé par la performance de cette formation mythique, rescapée de Woodstock, qui a fait déplacer la foule des grands soirs (certains inconditionnels sont même venus de Lille en moto !) dans une salle de concert pleine comme un oeuf, il revenait le privilège aux musiciens de Double Stone Washed, originaire du Sud Ouest, d’ouvrir les débats avec leur British Pub Rock qui a déjà fait ses preuves aux quatre coins de l’hexagone depuis plus de dix ans. Personne mieux qu’eux ne peuvent offrir une entrée en matière de ce registre, transition idéale entre le Blues et le Rock’n’Roll. Leur état d’esprit se résume dans la célèbre phrase de Muddy Waters : « The Blues had a baby, he named it Rock’n’Roll », la petite heure, passée sur scène, le démontra une fois de plus. L’unité s’affirme immédiatement, la mayonnaise prend inexorablement et le public apprécia chaleureusement. Une mise en route opportune et prenante qui eut pour effet de préparer idéalement nos sens à recevoir les envolées musicales distribuées par Ten Years After, sans imaginer à ce moment ce qui allait se produire.
Les notes du premier morceau pourfendirent l’air moite et électrisée comme un coup de fouet magistral, les titres s’enchaînèrent les uns aux autres comme une chevauchée fantastique et le rappel sonnant et trébuchant gicla comme une estocade finale bienvenue. Impossible de résister à un tel déferlement d’énergie et de décibels, peaufiné par ses quatre formidables performeurs, constitué de mises en places hallucinantes et d’enchaînements déroutants dans une espèce de facilité déconcertante. Ils distillent un répertoire en acier trempé de classiques du genre composé d’un cocktail détonnant de Blues Rock, de Boogie, de Rock’n’Roll et de Heavy Metal en doses variables qui vous font reléguer aux oubliettes toutes notions de réalité, de temps et d’espace.
En premier lieu, le « p’tit jeune », Joe Gooch, qui fait rapidement oublier qui vous savez, en s’imposant en guitariste d’exception, volontaire et fougueux, puisant sa richesse instrumentale dans l’assimilation de nombreux styles tout en dĂ©livrant un chant efficace et habitĂ©.Â
Pas Ă©tonnant que les trois « anciens », qui n’ont rien perdu de leur ferveur, l’aient choisi pour faire partie de cette aventure :Â
Leo Lyons, Ă©tonnant bassiste rentre dedans au possible, stimulateur de service et dynamiteur de surcroĂ®t, peut compter sur le jeu de baguettes, percutant et cĂ©leste, concoctĂ© par Ric Lee, illuminĂ© dans le fameux Hobbit par un solo de batterie dĂ©lirant oĂą chaque Ă©lĂ©ment Ă son importance.Â
Chick Churchill n’est pas en reste au clavier, martelant des plages de soutien permanent et rivalisant d’idĂ©es Ă©tonnantes qui Ă©toffent le registre exprimĂ©.Â
Un sentiment palpable de plénitude, de satisfaction accomplie et surtout de bonheur partagé a envahi la Traverse de Cléon en réunissant plusieurs générations, qui peuvent aujourd’hui clamer haut et fort, s’il en était besoin, que : « Le Rock’n’roll n’est pas mort ! ». Cette année, les Britanniques de Ten Years After l’ont prouvé, tout comme leurs collègues de Doctor Feelgood ou encore les Californiens d’Imperial Crowns. Il n’y a plus qu’à rêver de les voir réunit un jour tous les trois sur un même plateau…
En guise d’after jovial et exalté, les noctambules se sont délectés avec les deux compères Eric Saunier et Michel Denis de Foumagnac qui, installé dans le hall, ont propagé leur musique festive et leur bonne humeur communicative jusqu’à près de deux heures du mat’…
Pour obtenir des infos complémentaires :
www.doublestonewashed.com et www.Ten-Years-After.com
Le 27 novembre 2004:
Depuis plusieurs mois, Paul Personne parcourt les routes de France pour déverser sa musique chaleureuse à un nombreux public. Déjà présent à deux reprises cet été dans la région (à Pont-Audemer pour les Mascarets et à Blainville-Crevon lors de l’Archéo Jazz), sa venue en concert illumine les belles nuits des salles de spectacle qui affichent complet à chacune de ses sorties. Une fois de plus, ce constat allait se révéler exact à la Traverse et s’avérer gagnant…
A commencer pour Keith B. Brown qui, installé seul au devant de la scène, recevait une ovation méritée par une assistance, véritablement attentive et visiblement conquise, par le registre intimiste concocté par celui qui a joué le rôle de Skip James, dans le premier film de la série « The Blues » (commandée par Martin Scorcese), « The Soul of a Man » réalisé par Wim Wenders.
Pas d’artifices superflus, simplement la combinaison entre une guitare acoustique et une voix chaude, modulée à souhait, qui transmet son lot de sensations agréables. Entre Delta et Country Blues, il reprend de façon magistrale les titres de Skip James et offre des compositions de la même veine… Séduisant et savoureux.
Changement complet d’ambiance, mĂŞme si les premiers titres, rĂ©solument Blues, entonnĂ©s Ă la guitare acoustique et Ă l’harmonica par Paul Personne laisse rapidement la place Ă un format de Blues Rock costaud, charpentĂ© et concis, saupoudrĂ© de quelques Ballades cajoleuses et charmeuses.Â
Un show huilĂ© et perfectionniste, mis principalement en valeur par l’unitĂ© des instruments Ă cordes, les guitares Ă©lectriques de Paul et de son fils, JĂ©rĂ©my Lacoste combinĂ© avec la pedal steel guitar de Claude Langlois sur fond de rythmique imposante Ă©laborĂ©e par la batterie de Jeff Gautier et la basse de Fred Payonne. L’homogĂ©nĂ©itĂ© des chĹ“urs entre Gloria, la compagne de Paul, Fred et JĂ©rĂ©my apporta une sensibilitĂ© supplĂ©mentaire et renforça le chant rocailleux, stimulant et (bien) audible mitonnĂ© par Paul Personne.Â
Devant une assemblée totalement acquise à sa cause, l’ancien membre du groupe Backstage au début des années 80, continu de séduire, de rassembler et de combler les amateurs de Rock en français mâtiné d’un peu de Blues. La reprise de Muddy Waters joué au moment du rappel confirma que la musique Bleue a toujours une place légitime dans l’univers proposé par Paul Personne et ses musiciens, une satisfaction supplémentaire…
Le 28 novembre 2004:
La tournée annuelle du Chicago Blues Festival donne la possibilité aux amateurs de Blues de tous horizons de découvrir, chaque année à peu prés à la même époque, un spectacle bien souvent de qualité. Le dimanche après midi pluvieux, installé confortablement à l’intérieur de la Traverse, permis d’apprécier cette cuvée 2004 qui n’a pas dérogé à la règle.
Pour l’occasion, le Thierry Anquetil Blues Band, originaire de Caen, s’offrait quarante minutes convaincantes en première partie où celui qui se revendique d’Otis Rush et de Freddie King prouve qu’il sait conjuguer maîtrise de son jeu de guitare et de son chant racé. Bien aidé en cela, par Benoît Delente au clavier, Sébastien Duval à la basse et Nicolas Hébert à la batterie en osmose avec le Blues électrique prenant et séduisant diffusé par Thierry Anquetil.
Après une pose désaltérante, le trio de musiciens accompagnateurs réguliers de Jody Williams chauffaient l’assistance et accueillaient Andrew « Junior Boy » Jones à la guitare et au chant. Une entrée en matière retentissante et performante qui plaça dans des conditions idéales l’arrivée de Deitra Farr au micro, qui s’employa d’une voix ardente et porteuse à séduire l’auditoire.
Puis ce fut au tour de Jody Williams en personne, d’apporter son répertoire de Blues original qui se distingue par un chant captivant et un son accrocheur de sa « six cordes » répondant au joli nom de « Red Lightin’ ». Même si le septuagénaire semblait relativement fatigué, certainement du aux nombreuses dates successives enchaînées sur le vieux continent, il pu néanmoins compter sur un accompagnement d’un niveau exceptionnel et d’une rare alchimie.
Le guitariste Chris James, d’une retenue essentielle doublée d’une précision indispensable, le bassiste Patrick Rynn, à la rythmique généreuse aussi inventive qu’implacable, et surtout, l’époustouflant batteur aux mimiques salutaires, Willie Hayes, qui emmène ses partenaires par l’incroyable richesse de son jeu vers les sommets inaccessibles de la perfection.
De Blues lents en Blues Funkies, les deux agréables sets d’une heure présentés tout au long de l’après midi ont démontré les valeurs indéniables de chaque intervenants façonné d’enthousiasme renforcé d’une bonne dose d’humour et de dynamisme alimenté par le plaisir visible à jouer ensemble. Autant d’éléments communicatifs qui s’inscrivent dans les nombreuses réactions positives du public… Une chose est certaine, des concerts de cet acabit, on en (re)prendrait volontiers toutes les semaines !
le 30 novembre 2004:
La soirée consacrée au Gospel et aux Spirituals, au cours de l’édition automnale du Festival Blues de Traverse, est devenue plus qu’une agréable habitude, c’est désormais un moment attendu et incontournable. Cette année, les quatre choristes et le pianiste qui s’exprime au sein du Barbara Best Singers nous ont offert un tour d’horizon chaleureux et réconfortant. Quatre chanteuses, la soliste Sylvia Wayman, Lois Tillery, Linda Nix, Lynda Gore accompagné de Ralph Herndon derrière le clavier autant de superbes voix soutenues par un piano tonifiant (ré)unis pour célébrer et partager leurs passions vives pour le chant religieux. Des voix harmonieuses, frissonnantes et envoûtantes qui stimulent les sens pour peu que l’on se laisse guider sur les chemins escarpés de la rédemption. Maîtrisant à merveille leurs techniques vocales sans risque de perdre un soupçon d’émotion, elles s’évertuent à faire chanter l’assistance, à donner le tempo tout en partageant le chant lead dans un répertoire traditionnel où émerge avec bonheur « Stand by me » ou « Nobody Knows ». Ce dernier titre est entonné en solo par Sylvia Wayman aux envolées vocales presque dignes d’un chanteur Baryton, passant à merveille d’une tonalité à une autre, tout en fournissant l’effort d’esquisser quelques mots en français… Un sentiment fort de communion s’installa alors dans la salle jusqu’à l’instant fatidique du rappel où le public repris en chœur le célèbre : « Oh ! Happy Day… ». Au final, quatre vingt dix minutes de plaisir intense qui sont passées comme un fulgurant éclair emprunt d’une certaine générosité et de tellement d’espoirs…
La 11eme édition du Festival Blues de Traverse s’achève et une nouvelle fois, la réussite est au rendez vous. Une fréquentation quasi-maximale à tous les concerts (en particulier pour Ten Years After et Paul Personne qui affichèrent complet), une programmation de nombreux style musicaux (de la diversité du tremplin fort de neuf groupes, au Blues acoustique, électrique ou Revival jusqu’au Rock grand public et au Gospel) ajoutée à des animations sur place bienvenues (lecture spectacle, séance cinématographique, exposition de jolies photographies de Gérard de Castro et de Jocelyn Richez couplée à celle des magnifiques guitares de collection de Mimi Gaudray et de Philippe Renault), autant d’éléments qui mettent en avant le travail énorme effectué par Marc Bourreau, directeur, et Michel Gaudray, administrateur. Sans oublier l’ensemble du personnel administratif responsable de l’accueil emmené par Anne-Marie Aranjo et le boulot primordial accomplit par l’équipe technique de Marc Vaubaillon, notamment au niveau du son (impeccable) et des (superbes) lumières commandées par David Lemercier.
Du fort bel ouvrage qui s’inscrit dans la continuité d’une expérience acquise depuis plus de 10 ans à l’automne et au printemps. Vivement le mois de Mars prochain pour continuer à vivre de nouvelles aventures !
Le 02 décembre 2004:
C'est la deuxième fois que je voyais ce film dans lequel Keith B. Brown interprétait le rôle de Skip James, figure atypique parmi les blues singers de la première moitié du 20ème siècle. Suivait un portrait de J.B. Lenoir à travers un reportage jamais diffusé mais que Wim Wenders a retrouvé chez le couple suédois qui l'avait tourné au début des années 1960. Le tout était présenté par une voix off, venue du fin fond de l'éternité, celle de Blind Willie Johnson, sur vue spatiale de la terre et du cosmos, symbolisant l'universalité de la musique blues.
Ces trois portraits de bluesmen sont un choix personnel et non exhaustif du metteur en scène allemand. Des extraits de concerts de divers interprètes, entrecoupant les scènes du film, illustrent comment, avec plus ou moins de bonheur Ă mon goĂ»t, Blind Willie Johnson, Skip James et JB Lenoir ont influencĂ© la musique pop rock. Citons la reprise cĂ©lèbre de "I'm so glad" par Cream qui illustre bien la redĂ©couverte de vieux chanteurs tel Skip James ou Missisispi John Hurt dans les annĂ©es 1960, ou celle magnifique de "Vietnam blues" par Cassandra Wilson qui souligne l'engagement politique et social des textes de J B Lenoir. L'Ă©cran s'Ă©teint, les projecteurs dĂ©couvrent au bord de la scène un tabouret, deus guitares acoustiques sur leurs chevalets et deux micros sur un mĂŞme pied.Â
Tranquillement, Keith B. Brown prend possession de cet espace pour une heure de concert acoustique: un vrai blues singer qui, avec un jeu de guitare pouvant paraître simple à un musicien averti, n'en ai pas moins d'une technique parfaite avec des alternances de slides et de fingerpickings. Avec un répertoire puisé dans Skip James, Son House, ..., ou avec des compos personnelles, Keith crée rapidement l'ambiance; le jeu et la voix fascine, le blues simple, élémentaire, essentiel pénètre le spectateur par chaque pore de son épiderme. Il n'y a qu'à observer cette mère et sa fille qui marquent imperceptiblement le tempo avec leurs corps; cet adolescent, assis à mes côtés, qui, accoudé sur ses genoux, absorbe la musique de tout son être ou ce garçon de onze ans, fasciné, qui veut apprendre à jouer de la guitare comm Keith.
Voilà un constat bien réconfortant, démontrant que le blues reste une musique de la vie toujours bien vivante pour émouvoir autant un public néophite puisqu'inhabituel dans les concerts de blues. Je conclue en précisant que Keith B Btrown est un garçon adorable, toujours souriant et ne demandant pas mieux que de partager sa passion pour la musique où ses choix l'orientent vers des compositions de moins en moins blues.
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