Cette année encore l’équipe de Blues & Co n’a pas ménagé ses efforts pour nous concocter une programmation originale et nous accueillir dans les meilleures conditions.
Je dois être honnête, je suis parfaitement partial concernant l’accueil vu que j’ai plus l’impression d’aller passer un weekend en famille qu’autre chose, je ne doute pas de ne pas être le seul dans ce cas.

N’ayant pas pu me libérer toute la semaine, je ne suis pas arrivé que pour la soirée du vendredi avec une prestation de l’Atelier Jazz du Concervatoire de Musique du Pays du Bocage Bressuirais. Quelques standard, quelques raideurs toutes scolaires, mais globalement une très belle prestation pour ce genre de formation, particulièrement pour la section rythmique. Autant de groove et d’aisance pour ces jeunes gens m’a positivement impressionné.

A la suite, je croisais pour la seconde fois Xavier Pillac sur scène. J’avais gardé une excellente impression de la prestation à Charité sur Loire. Je crois qu’ils ont encore progressé en finesse et en cohésion. La rythmique (Alain Baudry à la batterie et Antoine Escalier à la basse) est d’une qualité redoutable et développe un groove terrifiant.
Je ne suis pas très fan des sons d’orgue Hammond et autre Fender Rhodes, mais je dois reconnaitre que le style développé par le band s’y prête parfaitement et que Cedric Legoff a fait un travail magnifique.
Pour l’occasion l’équipe s’était adjoint les services de Yann Cuyeu à la guitare qui nous a fait un tricot rythmique absolument magnifique renforçant les accents Soul Funk qui semble être la nouvelle orientation du groupe. Attention, il ne s’agit pas d’un virage dans le style du groupe, mais plutôt un accent qui a été mis sur l’un des styles qui ont forgé le son Pillac.
Xavier Pillac m’a semblé parfaitement à son aise sur la scène, avec sa guitare et avec sa voix. Ses solos sont maitrisés, même dans les passages rageurs je n’ai pas eu l’impression qu’il passait en force. Une magnifique prestation.

Pour la fin de soirée, la scène avait été confiée à Little G Weevil dont je n’avais absolument jamais entendu parler. Accompagné de l’espagnol Victor Puertas au clavier et à l’harmonica, que jamais déjà vu au même endroit avec Big Mama Montse et de Abdel « B-Bop » Bouyousfi à la contrebasse et Pascal Delmas à la batterie qu’on ne présente plus dans nos pages. Je ne reviendrai pas sur les qualités de la rythmique basse, batterie qui là encore à fait merveille. Je n’ai pas été très attentif aux interventions de clavier de Victor Puertas mais il m’a totalement emballé à l’harmonica, avec un phrasé varié et inspiré, apte à donner des frissons.
De son coté, Little G Weevil, visiblement ravis d’être là, n’a pas été en reste avec sa guitare, appuyant la rythmique pour pousser le soliste dans ses retranchements et martelant des solos envoutants. Mais c’est sa voix qui m’a le plus touché. Ses intonations m’ont rapidement fait pense à Kim Wilson. Sensation renforcée quand il reprendra un titre du leader des T Birds. Mais n’imaginez pas que nous avons assisté à une imitation. Little G Weevil nous a emporté dans son univers et toute ressemblance n’est qu’anecdotique.
Une magnifique soirée, avec des musiciens généreux et heureux de partager leur art avec une salle presque comble.

Samedi midi, rendez vous à l’hostellerie St Jean pour un repas musical animé par les hispaniques, Suitcase Brother, Victor Puertas (déjà vu la veille au soir sur scène) à l’harmonica et Pere Puertas à la guitare et au chant. Le répertoire est composé d’un vieux Blues plus ou moins traditionnel et exécuté dans le respect de cette tradition. Pas de surprises, ils maitrisent leur affaire, se complètent sans se chercher, les titres et les plats s’enchainent entremêlant la rondeur des notes à la suavité des plats. Sucrant le salé, pimentant le doux, relevant les saveurs.
Bravo encore à Blues & Co de savoir créer ce genre de moments de convivialité musicale.

Assailli par une vague d’énergie mole, j’ai honteusement raté la prestation des Harp Sliders. Je ne doute pas que j’aurai d’autres occasions de les voir.

En fin d’après midi, c’est vers la salle du foyer LAIQUE que j’ai fait traimer mes oreilles. J’ai croisé les musiciens du Fyin’ Saucer à de nombreuses reprises, mais je n’avais jamais réussi à les voir sur scène. J’étais donc un peu tendu comme un ado à son premier rancard, tout devrait bien se passer mais sait-on jamais. Je vous rassure tout de suite, en dehors du cadre un peu austère, tout s’est bien passé. Sous la lumière un peu crue des néons des plafonniers, les traits un peu tirés suite au concert de la veille, les Fyin’ ont su séduire une assistance un peu clairsemé en cette fin de journée. L’alternance du chant entre Cedric Legoff (clavier), Fabrice Joussot (guitare) soulage un peu Fabio Izquierdo (accordéon, harmo, washboard), qui à laissé sa voix sur une scène Bretonne la veille. La basse (Jean-Charles Duchein) batterie (Stéphane Stanger) est étonnamment aussi à l’aise sur les ballades, les swings et les rythmes New Orléanais. Mélangeant la finesse et la fermeté de la frappe à la rondeur de la basse. Un bien beau son de basse d’ailleurs, doux, chaud, présent et précis qui assure une assise confortable aux solistes.
Encore un bien beau moment, avec un Gumbo New Orleans épicé comme je l’espérais mais avec bien plus de morceaux de Blues et de Swing que je ne m’y attendais. Espérons que la prochaine fois l’organisation éteindra quelques néons et ajoutera quelques éclairages de scène.

Le timing un peu séré entre la fin des Flyin’ et le repas du soir m’ont fait arrivé dans la salle un peu trop tard pour voir The Mysterious Circus Band de Basile Bouchet (chant, guitare) , Jérémie Veillat (chant, basse), Théo Valleau (batterie) et Thomas Gauchet (guitare, chant et piano ?). Ce sont des choses qui arrivent.

Par contre il aurait fallu une catastrophe naturelle pour que je sois en retard pour la prestation de Loretta and the Bad Kings. Dès la première note, j’ai senti qu’ils n’étaient pas là pour de la figuration et la voix de Loretta à cueilli une salle archi comble comme une paire de claques. J’ai déjà eu l’occasion de dire tout le bien que je pense de ce gang bordelais. Je ne me répéterai donc pas mais le remplacement d’Andy Martin par Baptiste Castets n’a rien enlevé au groove et à l’énergie de la rythmique. Il faut dire que je ne vois pas bien qui pourrait empêcher Mig Toquereau (basse) de garder son groove. Anthony Stelmaszack a gomé le coté agressif de son son de guitare que je lui avais trouvé à La Charité sur Loire pour ne garder que la finesse et l’énergie. Ses solos ont enflammé la salle. Mais encore une fois, c’est la joie, la bonne humeur et l’énergie de Loretta qui m’ont le plus marqué.
Pour moi le meilleur moment de ce festival.

La cloture du festival avec le Mikey JR Band m’a laissé une impression beaucoup plus mitigée. D’un coté Mikey Jr a un son d’harmonica absolument magnifique, (qui m’a fait penser aux plus belles plages de William Clarke), une voix puissante et claire mais surtout une énergie dévastatrice. Traversant la salle, jouant sur les genoux, roulant sur le dos pour remonter sur scène, le tout sans interrompre son solo, le coté show aura été le plus époustouflant. Par contre je suis plus mitigé sur le coté Rythmique, d’une part et pour la première fois il m’a semblé qu’Abdell Bouyousfi (contrebasse) et Pascal Delmas (batterie) n’ont pas été irréprochables. Semblant parfois chercher ce qui se passait et comment s’y retrouver. Il faut dire qu’ils n’ont pas été aidés par Matt Daniel, assurément un excellent guitariste mais dont les interventions m’ont parfois semblées décousue, à l’image de ses interventions en lead qui me semblaient n’avoir aucune cohérence avec le reste du spectacle. J’ai eu l’impression que comme un gamin, lorsque Mickey lui laissait la scène, il essayait de nous montrer tout ce qu’il savait faire, sans se soucier du lien avec le reste du show.
Ces détails ont pour mois un peu terni l’énorme prestation de Mickey Jr mais le public semble avoir totalement été subjugué et cette édition du Territ’ Thouars Blues s’est terminée sur une standing ovation finalement bien méritée.

Bravo à toute l’équipe de bénévoles de Blues & Co et aux musiciens présents de nous permettre d’assister à ce genre de choses, à l’année prochaine.