Rarement le pénible trajet entre Compiègne et Rouen ne m?aura paru si court.
Dans l?auto-radio, le dernier Rock?n Stock, Modern Vintage. Ce soir d?hiver, la N31 a soudain pris des airs de Route 66. Le miracle de la musique, sans doute
Dès les premières mesures, une chose saute aux oreilles : le son. Magnifique, puissant, chaud, rond. En un mot : énorme.
Ca commence fort, avec « Daddy?s Guitar », un swamp blues poisseux à souhait. Au blind test, j?en connais plus d?un qui aurait juré entendre JJ Cale, avant que l?accent frenchy de Michel Pons ne vienne trahir les origines hexagonales du combo normand. Musicalement, on approche de la perfection, tant la cohésion du groupe en impose. Et déjà, Jean-Pierre Tran, que je découvre, laisse éclater son talent. C?est juste parfait.
Montée en puissance avec « My Rock?n Roll Car », au riff imparable. On atteint déjà la vitesse de croisière, mon Scenic se transforme comme par magie en Cadillac. Très beau travail sur les voix, et Tran s?envolle encore un peu plus avec sa Telecaster.
Sur « Rock'n'stock Boogie », endiablé, j?enclenche le régulateur de vitesse, de peur de perdre le contrôle de mon véhicule. La transe prend possession de mon pauvre corps.
Belle compo country-folk, « Mister Obama » transforme soudain ma Cadillac en cheval au trot enlevé. Michel Pons sort son harmonica, ambiance feu de camp et botte de foin. Puis encore un bien jolie compo : « Lady C », balade sentimentale, me ferait presque verser une larme.
Sur « Black Dog », on reprend la route, tranquillement. Accompagné par une charmante voix féminine. La traversée de Beauvais est un enchantement. Un miracle, vous disais-je.
Grosse montée de testostérone avec « The Life Of Mr Keith », dont le titre laisse imaginer la teneur : un gros riff stonien tient le morceau. L?élève Tran a bien retenu la leçon de maître Richards. Avec toujours des choeurs féminins qui viennent adoucir l?atmosphère très musclée du morceau.
Puis arrive « Stay With Me », blues rock au tempo bien profond. Grosse basse qui prend les tripes et guitare rageuse.
Balade rythm?n blues, « She?s gone » brise le c?ur. Je me remets à chialer.
Pas longtemps, car avec le rockabilly « Two Girls In A Buggy », je tapote nerveusement sur mon volant, le c?ur léger. Remise en selle assurée.
Je ne suis pas très fort en anglais, mais je crois comprendre que Michel Pons revient des States avec « Comin' Back From NY City », plutôt garage. Et apparemment, ça lui a donné la pêche. Soudain, mes cheveux se mettent à pousser et ma tête bascule d?avant en arrière. Ca devient franchement dangereux. Pour un peu, et je me sifflerais bien une petite mousse.
Changement de couleur avec « The Girl Who Done Me Wrong », plus funky tu meurs. Le groove du duo basse-batterie fonctionne à merveille. L?envie de me trémousser me démange. Je me retiens, j?ai envie de lâcher le volant pour taper dans les mains.
L?album se termine en douceur avec l?émouvant « Daddy And Kate », sur le thème de l?absence.
Un bien bel album donc, qui me donne envie d?aller écouter les précédents, et de découvrir le groupe sur scène. Pour couronner le tout, la pochette est très soignée. |