Le jeu de guitare de ce délicieux équilibriste, basé sur un open tuning gymnique et acrobatique, opère tout au long de ce tourbillonnant quatrième opus signé sous son patronyme de Jeff Zima, d?où son nom. Bien que ses parties de bobsleigh électrique soient reconnaissables, les influences musicales de cet allumé du manche sont difficilement définissables. Sautant sur tout ce qui tape et glissant sur tout ce qui bouge, entre Holiday on ice boogie et prêche rag-blues, Jeff Zima surfe partout, où y a des vagues et du son.
A nul moment Jeff ne déblouze ni ne molli tout au long de cet élégant et vertigineux exercice de style qu?est What a life ! Parfois acoustique et seul au monde, comme sur Good custard pie, Smooth and salty, stone hill rag, Knock me a kiss ou Kitchen sink rag, aucun doute n?est laissé sur l?immense talent de ce maître cordes. La prestation en band et électrique de Gimme back my eyes, My kinda woman, Steam locomotive blues et autre Can?t tell her sugar, n?en est pas moins turgescente et excitante, délurée et envoûtante, nerveuse et câline, et? et? et? Bien, les mecs !
Les compos de Jeff Zima ressemblent à une collection d?os de noirs greffiers ou d?humains malchanceux, longuement exposés à un soleil rasant, pour être décemment décrites ? Faites de deux tiers de Johnny Winter et de restes de Bob Brozman, le blues de Jeff Zima caresse le fond du ciel pendant que sa voix gratte les nuages. Accompagné par Fred Jouglas à la grosse basse et par Michel Jirkoff aux pinceaux rythmés, le millésime 2005 de jeff Zima, l?américain au c?ur français, est de celui qu?il faut goûter sans retard et sans modération. Les non-anglophone ne seront pas déçus, car les titres de la jaquette sont traduits avec une grande rigueur linguistique? C?est le petit plus Jeff Zima ! |