Avant toute introspection dans cette Vieille école d?une sensualité torride et d?un romantisme égratigné à souhait, je me dois de vous dire qu?à mon sens, il s?agit là d?un album de vraies et pures chansons françaises. Toujours très critique en matière de Blues en langue d?Oïl, je m?avoue sans détour conquis par la qualité de l?écriture, la sincérité et l?esthétisme linguistique de MANUTO.
J?espère ne pas heurter la sensibilité de l?auteur en disant que cela n?est pas sans me rappeler l?exquis premier album de Gérald De PALMAS, en un peu plus membré (La Dernière année ? 1994 : Sur la route, Mon alter ego, Sans recours etc?) ainsi que le dernier F.F.F. de Marco PRINCE en bien plus Blues (Vierge ? 2000 : Alice, Je déteste le dimanche, Mauvais fils etc?).
MANUTO développe son registre sur un mode médium mais néanmoins plein de vigueur, comme celui d?un John CLEARY accompagné par Billy GIBBONS. Entre Mississipi et Rio Grande, MANUTO love nonchalamment son Blues, sonnant et trébuchant, au gré des sentiments d?un crotale enclin au chaos amoureux.
Attention, nous sommes en présence d?un CD puissant qui recèle des titres qui mériteraient une reconnaissance nationale si les représentants des majors ne laissaient pas autant de place aux poufs à chansonnettes. Hors de moi, Silence et Pour nous, sont des exemples de morceaux sans faille. La palme du sublime revient au très valseux Mettre un peu de soul ou au fameux Le plus bel endroit de la terre, trop cru pour être un tube, ce dernier reste pour moi le moment le plus frais et le plus positif de ces 48 minutes de réel bonheur.
Composé de Manuel DESTANQUE, de Bruno CESARONI (basse) et d?Etienne BRACHET (batterie), le trio laisse facilement transparaître, en filigrane, les spectres vivants de stevie WONDER, de Lenny KRAVITZ pour le groove et des vieux ZZ TOP pour l?énergie blues rocailleux.
Comme disait Sigismond-Gaétan De SAINT ANTIOCHE dans son célèbre pamphlet Anarcho Monarchiste, Les sept différences entre le trône d?Eude II de Rhénanie et les toilettes d?Adolphe THIERS (éditions : A la turca - 1855) : Il est souvent nécessaire de dépasser la vision régalienne que l?on a de l?absolue nécessité en regard de l?urgence revêtant parfois des contours moins nobles. Comme dirait également Thierry ARDISSON, un autre Anarcho Monarchiste? MANUTO, Serge ! |