Salle comble pour accueillir une scène prestigieuse, au moins pour le nom que pour la qualité des artistes. Renouveler la soirée de janvier 2005, avec le même leader, est un pari audacieux mais qui ne semble pourtant pas avoir effrayé Bruno Tignol le programmateur de cette salle. « Jean Jacques Milteau est une valeur sure. Au-delà de cette affirmation, c?est avant tout l?homme que nous souhaitions retrouver, l?artiste à un charisme étonnant, il traverse le temps avec une fraicheur épatante, les fidèles de cette salle le savent bien, la preuve...la salle est complète ce soir ».
L?occasion est belle en effet avec la sortie du dernier album : « soul conversation » de découvrir une scène ou la voix est le principal fil conducteur de la soirée. Pour mener ce coup de maitre JJM s?est entouré pour la circonstance de Ron Smyth et de Mickael Robinson, accompagné du fidèle manu Galvin à la guitare, géant parmi les géants.
JJM trace la route de la soirée. Le départ est au sud des états unis, remonte vers le nord avec pour détour un soupçon de chant traditionnel du delta du Mississipi, pour finir dans le parfum subtil du festival de Woodstock.
Tout y est, ambiance gospel, mémoire positive du Blues, invitation à la réflexion. L?artiste se met à la disposition de ses compagnons de route, le souffle du ruine babine est épuré, la note bleue particulièrement touchante, la virtuosité remplacée par l?expression profonde et vibrante du ressenti intérieur. L?homme humble, adresse au passage un clin d??il à son ancien bassiste rouennais Michel charbonnel puis nous délecte 90mn de sa Soul Conversation, ce nectar dont lui seul à le secret.
Et puisqu? il est question de voix, alors rien d?étonnant que cette soirée ce soit terminée à capella.... avec un public acquit tout à la cause svp !
La conclusion de la soirée fut à la hauteur de l?évènement, une énorme ovation, salle toute entière debout, saluant copieusement et généreusement les artistes.
Un succès épatant, une magnifique soirée dont nous nous souviendrons encore longtemps.
Après avoir apprécié par le passé à plusieurs reprises JJ Milteau en formule à quatre ou cinq musiciens, l?Espace Culturel Beaumarchais de Maromme, dans la banlieue de Rouen, nous offrait l?occasion de l?écouter simplement entouré de deux accompagnateurs.
Comme un bonheur n?arrive jamais seul, nous découvrons avec plaisir une belle structure récente et confortable d?une capacité d?environ cinq cent places assisses copieusement fréquentée. De bon augure pour vivre une agréable soirée surtout que la restitution sonore se révéla impeccable? JJ Milteau, muni de ses harmonicas, se présente sur scène soutenu par son fidèle compagnon de route, Manu Galvin équipé d?une guitare acoustique. Une complicité acquise depuis de nombreuses années qui s?entend dés les premières notes lâchées par le duo dans un répertoire instrumental où ils peuvent s?épanouir de bout en bout et jubiler à chaque instant. Entre nuances et virtuosité d?un côté, souplesse et technicité de l?autre, le feeling se dégage en quantité appréciable et se répand sur l?ensemble du public présent dans la salle qui se complait à frapper dans ses mains en rythme (ou presque)?
Si effectivement l?harmonica est, par excellence, l?instrument des voyageurs, JJ Milteau ne se gène pas pour nous transporter du Tennessee en Louisiane et même du Mississippi jusqu?en Afrique du Sud sans oublier de nous conter, entre chaque titre, l?historique de son instrument préféré qui colle à merveille avec l?histoire chronologique du Blues. Après toute une partie du concert à deux, une choriste à la voix chaude et rauque se joint au duo, en entonnant d?emblée un touchant «Natural Woman» en clin d??il amical aux plus grandes chanteuses du genre et, en vibrant hommage à Ray Charles récemment disparu, un «What I say» du meilleur effet.
Une présence vocale bien plaisante, qui prend encore une autre dimension, quand on apprend que Sylvia Howard remplace au pied levé, micro en main, Demi Evans, malade et hospitalisée (sans gravité) depuis peu.
Chapeau Mademoiselle ! La version enjouée du célèbre « Route 66 » finit de convaincre du talent singulier de cette dame qui s?exprime par ailleurs régulièrement au sein de sa propre formation aux accents Jazzies. Un tour d?horizon pédagogique et musical entre Blues et Rock?n?Roll, Jazz et Boogie Woogie qui se conclut par un « Everyday, I have the Blues » enjôleur et un « What a Wonderful World » nourri d?espoirs? De quoi alimenter la «standing ovation» finale, bienvenue et méritée.
Nous quittons les lieux heureux, à la fois de la prestation, sobre, brute et spontanée présentée par JJ Milteau, Manu Galvin et Sylvia Howard mais aussi de la découverte de cette nouvelle salle de spectacle de l?agglomération rouennaise, ouverte depuis 2002, dont nous reparlerons certainement dans l?avenir?