Après avoir déambulé savamment et goulûment dans la mythique Bourbon street et après avoir écouté quelques anonymes valeurs du cru à l?instar de Vince Johnson and the Plantation Allstars, je m?arrête sur le Bourbon Saloon ou l?affiche m?apparaît familière.
Bryan Lee en personne se produit avec son Blues Power Band. C?est pour moi l?occasion de le voir, in situ, promener le blues qu?on lui connaît. Quelques équilibrismes de, Brent Johnson, son jeune guitariste adjoint et sa SG marron saumâtre, couleur des bayous voisins, me laisse entrevoir tout son potentiel. Avec quelques Classiques comme Stoop Down Baby ou Mary Had a Little Lamb, le Band de Bryan met l?ambiance très rapidement.
Au bout de vingt minutes de blues électrique intense ponctuées de riffs pointus et de parties slide terriblement exécutées par le jeune Brent Johnson, accompagné Par John Perkins (batterie) et Slim Louis (basse), Bryan apparaît enfin.
C?est le second set de la soirée. Bryan est accompagné par une femme qui l?aide à grand peine à rejoindre le plateau. Il paraît amoindri dans sa motricité, mais une fois installé sur son tabouret, c?est tout de suite une explosion émotionnelle sonore qui s?installe. Autant Brent brille par sa virtuosité et sa loquacité musicale, autant Bryan résonne par sa présence et un sens aigu voire sobre mais avec toujours cette capacité de placer la note qui tue juste au bon endroit. C?est un blues au tempo souvent médium que mister Bryan nous joue, mais toujours avec autant d?élégance et d?authenticité. Merci Monsieur Lee.
Cette soirée, encore à son début m?a rassuré sur un point, il y a encore d?immenses choses à voir et à découvrir dans ce quartier historique et hystérique de la Nouvelle Orléans. Fourmillant de fêtards plus enclin aux beats martelés par les clubs à dollars et à la Budweiser pas bon marché qu?au Blues et au Jazz, la rue principale du carré français ne s?endormira qu?au matin naissant du jour suivant.
Mad Man
17-03-2009
Bryan Lee
Le Soubock
Cauville
New Line Up
On ne cessera de le répéter, mais ce qu?accomplissent Fabrice Gobé (propriétaire du lieu) et Marc Loison (programmateur) au Soubock est une sorte de petit miracle ! Il y a en effet quelque chose de délicieusement irréel dans le fait de voir des pointures de la scène Blues actuelle (le regretté Sean Costello, John Nemeth & Junior Watson, Sean Carney?) venir se produire ici en plein c?ur de la Suisse normande, dans ce cadre somptueux.
En ce mardi ensoleillé de mars, l?hôte de ce café-concert n?est autre que Bryan Lee, le célèbre bluesman aveugle louisianais. Pour ouvrir une soirée qui s?annonce prometteuse, les quelques 120 à 130 spectateurs présents découvrent New Line Up qui entame son « Normandy Spring Tour » (suite des aventures à retrouver très prochainement sur le site!). En réalité, le mot « découverte » n?est pas des plus justes pour une partie du public. Je veux bien sûr parler des représentants et sympathisants de L?Oreille Bleue, venus en nombre sous la houlette de Lucky « Rabbi » Jean-Luc encourager ceux que Marc Loison a désigné comme les « Bluetones haut-Normands ». A peine le temps d?ingurgiter mon assiette jambalaya que les quatre gaillards bondissent sur scène pour nous servir une bonne rasade de Blues-Jump-Swing à la sauce West Coast. Les morceaux s?enchaînent sans temps mort, avec des mises en place efficaces et cette habituelle générosité qui semble être leur marque de fabrique. Le groupe a cependant parfois tendance à se laisser emporter par son enthousiasme ce qui amène un certain manque de nuances. Rien de préjudiciable et il paraît évident qu?avec les échéances à venir, Jérôme « Madman » Lemesle au chant et à l?harmo, Pascal « Gringos » Rigault flamboyant à la guitare, Pascal « Lob » Hernandez à la basse et Pascal « Magnum » Delahaye à la batterie vont acquérir les quelques automatismes qui leur font encore défaut.
Le flyer du Soubock annonçait la couleur et disait vrai: « Une voix haut perchée et véhémente, un groupe électrique 100% voué à sa cause, un répertoire inusable pour un concert de légende ». Pas de doute, avec Bryan Lee et le Blues Power Band, l?intensité montait d?un cran. Une première remarque s?impose : on est ici à mille lieux de certaines prétendues « stars » du Blues. Ce type-là est complètement fidèle à l?esprit de sa musique, il ne triche pas, et vous sert un show à son image: d?une grande humanité. Son répertoire n?est peut être pas des plus original, mais tout cela est interprété avec tant d?âme ! Un repertoire fait de compositions tirées de son dernier opus (le superbe « Katrina Was Her Name » produit par Duke Robillard) et de standards que l?on retrouve notamment sur « Live At The Old Absinthe Bar?Saturday Night » : « The Things That I Used To Do » (Guitar Slim), «Killing Floor» et « How Many More Years» (Howlin? Wolf), «Flip, Flop and Fly» (Big Joe Turner), ou encore «I?ll Play The Blues For You» d?Albert King. Parfaitement porté par un groupe composé de Richard Ward (alias Dr Porkchop) à la basse, de l?excellent John Perkins à la batterie et du pianiste italien Enrico Capanito, celui que l?on surnomme « Braille Blues Daddy » montre sur ce dernier titre son sens du groove et sa capacité à rendre hommage à ses idoles tout en conservant sa touche personnelle. L?entraînant et mythique «The Blues Is Alright», repris en ch?ur par un Soubock aux anges, vient conclure de fort belle manière une soirée qui aura permis de mettre en valeur un artiste talentueux et généreux que l?on espère retrouver rapidement sous nos latitudes.