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C?est au cours du dernier festival Blues de la Traverse à Cléon de novembre 2008, que l?Oreille Bleue est attirée par un musicien chanteur d?une exceptionnelle maturité. Alex MIREY joue pendant les changements de plateaux, dans un espace que les organisateurs de la Traverse réserve habituellement aux artistes. Entre deux grosses formations, l?une caennaise (Spoonful) et l?autre américaine, l?artiste n?a aucun complexe?
L?O.B. Alex Mirey?un petit flash back sur ta vie de musicien ?
A.M. J?ai commencé à m?intéresser à la guitare à l?age de 12 ans. Comme tout le monde je pense, je suis passé par les cours théoriques, mais ce n?était pas mon truc. Trop compliqué, trop stéréotypé, trop prise de tête, cela a dû durer?.3 mois. Tout ce que cela a réussi à faire, c?est de me faire arrêter la guitare.
L?O.B. Pourtant, tu as une belle réputation de guitariste ? Ne me dis pas que tu as appris seul ?
A.M. Pourtant, oui en quelques sortes, mais tub sais je ne suis pas le seul guitariste à avoir fait cela. En fait, après ce passage évasif, je me suis remis à la guitare à l?age de 14 ans. J?ai donc mis deux ans à digérer cette « formation théorique » comme quoi ce n?était vraiment pas mon truc. Mais c?est deux années mont été profitables je pense. Tu sais quand la musique te tient au corps, tu y reviens forcément un jour. J?ai travaillé dans mon coin, j?ai beaucoup observé et travaillé. Comme je n?avais pas de chanteur, je me suis essayé à chanter moi aussi. A cette époque, je devais avoir a peu près 16 ou 17 ans.
L?O.B. Cela fait donc 14 ans que tu arpentes les scènes ? Quel est ton plus beau souvenir ?
A.M. Une petite précaution d?abord. Cela ne fait pas 14 ans que je fréquente les scènes, disons plutôt que cela fait 14 ans que je me passionne pour ce que je fais, 14 ans que je travaille assidûment, pour moi d?abord et pour la musique.
Mon plus beau souvenir ? Je dirais sans aucun doute le moment où au cours d?une représentation, j?ai entendu : « le petit Alex est demandé à la caisse centrale ». J?avais 14ans et je gratouillais un peu, tu vois je crois bien que tout est venu de là.
L?O.B. Quelles ont été tes influences ?
A.M. D?abord, il y a Rory Gallagher. J?aime le personnage, sa musique. Mon album préféré reste : TASTE - « on the board » - ensuite il y eu Robin Trower, Hawey Mandel, Steel Hillage sans oublier Johnny Winter et Peter Green. Un peu plus tard, j?ai été fasciné par Jimmy Hendrix.
L?O.B. Pourtant, là, à t?écouter, tu as au fond de toi une âme de routard, une âme de vieux Bluesman?
A. M. Déjà ? Eh je ne sais pas comment je dois prendre ça? (Rires).Je n?ai que 31 ans tu sais. Disons que j?ai beaucoup écouté des gens comme Lead Belly, celui dont on dit encore aujourd?hui qu?il est le roi de la 12 cordes, une grande influence de Cisco Herzhaft il me semble. J?interprète souvent un de ses morceaux, « Western plain », j?adore sa structure, son phrasé. Je m?éclate complètement à chaque fois que je le joue. Y a des morceaux comme ça, ça ne s?explique pas.
L?O.B. Et à part Lead Belly?
A.M. Dans le traditionnel, je me suis fais une oreille avec Big Bil Bronzy, Robert Johnson, Howlin Wolf, Sonny Boy Williamson, le 1er bien sur, je ne suis pas harmoniciste pour deux ronds (rires) il y a des gens qui font ça mieux que moi comme Philippe Adnet par exemple, et il y en a d?autres.
L?O.B. Et le chant alors ?
A.M. Alors ça c?est une autre histoire. Tu sais que je commence à peine à supporter ma voix ? Non, non je t?assure, c?est pas une blague ! C?est en écoutant tous ces grands bluesmen, James Dewar, Stephen Stills, Robert Johnson, Steve Winwood, Paul Rodgers ou bien encore Nick Drave que j?ai pu progresser. Ces gens là m?ont servi d?appui en quelque sorte pour façonnée mon expression musicale.
L?O.B. On te vois beaucoup en solo ces derniers temps. Une raison particulière ?
A.M. Oui et non. La vie de zico?s c?est pas toujours facile, c?est dur de trouver des dates. Comme c?est tout aussi difficile de conjuguer plein de paramètres en même temps. Lorsque je joue seul, je suis moi-même et je ne gère que moi-même. C?est le plus profond de moi qui est là. Tu comprends si je pars en délire sur un morceau, il n?y a que moi qui gère. Avec des musiciens autour ce n?est pas toujours évident.
L?O.B. Depuis peu, le public te vois jouer d?un drôle de truc avec tes pieds, c?est originale cette idée d?accompagnement ?
A.M. Ah, tu veux parler du clavier ? C?est un clavier basse. Longtemps resté aux oubliettes. Cet instrument à une histoire particulière. C?est Pascal Beaudouin, mon contrebassiste du groupe « Sugarcane » qui me l?a déniché un jour lors d?une foire à tout. A présent je l?utilise régulièrement dans mes concerts solo?..je me sens moins seul (rires).
L?O.B. Alex Mirey n?est pas un inconnu du public Rouennais, tu as accompagné beaucoup de monde, ce qui est frappant chez toi c?est ta sincérité et ton minimalisme?
A.M. Merci, mais je ne sais pas si l?on peut dire cela de moi. Disons que si minimalisme il y a, il est essentiellement dû au fait que je fais avec les moyens dont je dispose, mais peut-être aussi parce que je ne ressens pas le besoin d?avoir le dernier cri de la technologie. J?aime explorer, j?aime créer. La technologie par exemple, elle élargie la palette d?outils, la palette de couleurs, c?est incontestable, elle améliore le son, souvent trop à mon goût, tu comprends ? Elle permet de travailler plus rapidement et dans de meilleurs conditions, mais trop de technologie tue la technologie. En ce sens, oui je veux bien que l?on dise que je suis sincère. Attention, je ne rejette pas la technologie, bien utilisée, elle a permis de révéler bien des âmes. Malheureusement, elle a aussi déguisée, trop assistée certains artistes qui pensaient eux, avoir du talent. C?est le piège si tu n?y prends pas garde.
L?O.B. S?il fallait classer ta musique, te référencer, ce serait quoi ?
A.M. Houlala, le mot est jeté : « référencer » mais a-t-on besoin toujours de référencer les gens, les artistes ? Ma musique est ma musique, c?est tout. Je la joue comme je la sens, avec mes qualités s?il y en a et aussi avec mes défauts. Je n?aime pas cette relation à une référence. Disons que j?aime le Blues et qu?en dehors de cela, je suis assez ouvert à d?autres styles musicaux. Je considère que j?ai trop peu de connaissance sur le sujet, à la fois historique comme géographique pour me situer. Gardons à l?esprit que je joue pour m?éclater et c?est tout.
L?O.B. Bon si tu veux, en dehors de cela, tu joues avec plusieurs formations je crois ?
A.M. C?est exact, on ne peut rien cacher à l?Oreille Bleue dit donc (rires). Ce n?est un secret pour personne, Alex Mirey joue aussi avec Sugarcane, c?est une version électrique qui tourne bien. J?ai aussi une version acoustique avec Pascal Beaudouin à la contrebasse et une autre version toujours acoustique mais plus « jazzy » avec Julien, guitariste. Il m?arrive aussi d?être avec d?autres formations comme par exemple le groupe Dusty Dogs, c?est un peu plus rock. Je partirai en tournée une semaine avec eux dès le début Janvier 2009. Et il y a eu aussi une version country avec Acoustic Roots, c?est pas jeune, 2005 avec Guillaume au banjo et Rémy Gentil à la basse.
L?O.B. Des dates à venir ?
A.M. Elles sont précisées sur le site de l?Oreille Bleue?non ? Je joue prochainement à l?Underground à Elbeuf et puis il y a le tremplin de la Traverse. Ce sera un grand moment je pense. 4 groupes sont retenus. Ce sera bon esprit. Il n?y a pas de compétition entre nous, nous voulons seulement faire vivre et partager notre musique, c?est ce qui est le plus important à mes yeux.
L?O.B. Merci Alex, nous te souhaitons longue route.
A.M. Merci à toi. Et merci à l?Oreille Bleue. Ce que vous faite pour le Blues est formidable, vraiment. |
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