Samedi 14 avril 2007, nouveau déplacement vers Beauvais pour une soirée qui s?annonce des plus sympathiques.
Les Bo Weavil sont la tête d?affiche d?une réjouissance que nous savourons déjà par avance.
Placée au c?ur de la citée, la salle surnommée à point nommé « l?Ouvre Boite » nous entraîne dans ce qui fait de plus aimable : la démocratisation de la culture au c?ur des quartiers.
L?endroit est sympathique, offrant une capacité d?accueil intéressante. Quelques marches plus basses nous découvrons l?antre de la « boite »
Dès l?arrivée sur scène de Mathieu Fromont (guitare /harmo et chant) et de Vincent Taelpart (batterie) les gorges se serrent. La tristesse semble être dans le c?ur des artistes?il n?y a pas foule ! surprise, damnation ou désespoir, nous ne sommes qu?à peine une dizaine de spectateurs dont la moitié est composée de l?équipe de l?Oreille Bleue?.bref ce n?est pas la grande foule!
Qu?à cela ne tienne, Mathieu engage le set et met en place progressivement les bases du succès du groupe, le groove. Ça tourne, ça swing et le public présent rend aux deux compères l?énergie nécessaire pour boucler l?affaire. Extraordinaire, précieux comme un diamant, les notes s?enchaînent, les phrasés d?harmo simples et précis engagent le public qui n?hésite pas une seule seconde à accompagner en frappant dans les mains s?additionnant à la rythmique, solide et méticuleuse de Vincent aux balais.
Quel bonheur ces garçons, jamais sans doute l?expression de leur musique n?aura été aussi poignante pendant ce set à rallonge puisqu?il n?y eut pas d?intermède au cours de la représentation, choix volontaire sans doute de la part des musiciens qui préférèrent là, la communion entre l?expression de leur dernier album « Mo? Diggin » et un public, totalement acquit à leur cause.
Bien leur en a prit, car le tonnerre d?applaudissement témoigne si besoin de l?excellente qualité de la prestation, débouchant forcément sur un rappel bien mérité.
Les Bo Weavil seront à la traverse à Cléon à la mi-novembre de cette année, ne les loupez sous aucun prétexte, la soirée sera grandiose.
En attendant et pour en connaître un peu plus sur ce duo détonnant et découvrir leur discographie, visitez leur site : www.bo-weavil.com
Red, groupe haut en couleur, prend la place pour la deuxième partie du concert.
Olivier Lambin est roux, et c?est sans doute pour ça que lui et sa bande s?appellent Red. Mais pas uniquement. Le rouge, c?est aussi à la fois le feu et le sang, l?amour et l?enfer, des territoires vers lesquels nous mène leur musique. N?en déplaise aux inconditionnels du douze mesures, avec eux on sort du cadre de la musique du diable, mais l?esprit y est. Une voix rocailleuse posée sur un rock tendu, ténébreux. Les eaux boueuses ne sont pas loin, mais l?énergie dégagée par le combo empêche de s?y enfoncer, et nous élève même parfois vers un univers cosmique. C?est ce contraste qui fait la force de Red. Boueux et aérien à la fois. Primitif et sophistiqué. Sauvage et élégant. Sombre et étincelant. Une violence et une rage retenues. La classe, quoi.
Olivier Lambin tient le plus souvent la basse, tout en chantant. Parfois, il troque la 4 cordes contre une guitare Grestsch, rouge évidemment, et rectangulaire façon Bo Diddley, au son bien sec. A sa droite, Jérôme Excoffier aux allures de Keith Richards, jongle à merveille avec ses trois Telecaster. Léo Prud?Homme, aux claviers, apporte la dimension aérienne au son, pendant qu?à la batterie, Tonio Marinescu tient la baraque.
Ces gars-là se connaissent bien et ça s?entend. L?ensemble est solide, soudé, compact, concentré. Sur la scène, les regards se croisent. Pas bavard, Olivier Lambin se contente d?un court « merci » entre chaque morceau. Pas du genre à raconter sa vie ou à délivrer des messages.
Malgré la faible affluence ce soir-là à Beauvais, Red ne fait pas semblant de jouer. Comme tous les grands artistes, il donne tout, comme si c?était son dernier concert. Dure la vie de musicien. « La vie de musi-chien » me confirmera Jérôme Excoffier venu avec ses acolytes à la rencontre du public après le set.
Pour en savoir plus, retrouvez ce groupe sur : http://profile.myspace.com/redfrench
J'avais entendu parler des Bo Weavil plutôt en bien, j'avais donc prévu d'aller les voir à Caen. Ca fait un peu de route mais malgré (ou parce que) qu'il les ai déjà vus 3 fois, Jean Luc accepte de m'accompagner.
En sortant du bureau, le temps de le ramasser en ville de passer me changer et en route vers une soirée Blues. Je vous passe les difficultés à trouver La maison de l'étudiant qui nous a fait arriver en retard. La scène est déjà occupée par Midwest. Il fait noir mais Francis Marie nous a vu arriver, il est assis à coté de Bernard Marie et de Philippe Brière (3 Hoodoomen). J'aperçois Thierry Anquetil non loin. Normal, on est sur leurs terres. Il m'a fallu un peu plus de temps pour reconnaître Marc Loison un Greenwoodien (1) à la guitare sur scène. Je suis arrivé bien trop tard, le peu que j'ai entendu de Midwest m'a semblé fort agréable mais ne m'a pas suffit pour me faire une opinion.
Les frères Marie nous quittent en cours de première partie pour aller animer une soirée b?uf dans un bar proche. Nous les rejoindrons peut être plus tard.
A la pose, juste le temps de me présenter à Marc Loison, de s'abreuver et nous regagnons la salle.
Bo Weavil
Le duo de choc est sur scène. Boogie Matt à la guitare, à l'harmo et au chant a l'air d'un mafieux, costard et chapeau à mi-chemin entre Robert Johnson et Al Capone. Je m'attends à tout instant à le voir nous sortir une mitraillette à camembert. Sleepy Vince à la contrebasse, avec sa banane très années 50 à plutôt l'air de sortir de la série TV "Les jours heureux". Voyons voir ce que ça donne.
Et bien j'ai vu.
Le son de guitare sale et baveux, la voix profonde et la contrebasse régulière nous emportent dans le Blues d'avant guerre. En fermant les yeux, j'avais l'impression d'entendre ces vielles galettes de Charley Patton, John Lee Hooker,et autres Robert Johnson. Je ne suis pas un grand amateur du genre mais alors là, tout y est le look, le son, l'âme, l'énergie et le talent.
Qui a dit qu'il fallait être noir pour jouer le Blues ?
Sleepy Vince nous fait claquer les cordes façon Rockab, ce qui fait que tout en gardant sa ligne de basse il amène un fond de percussions d'autant plus important qu'il n'y a pas de batterie. Le public ne s'y troupe pas et sur les Boogies, se laisse aller à taper dans les mains.
Après quelques morceaux, il passera à la planche à laver pour notre plus grand bonheur, puis à la batterie avec un jeu plutôt minimaliste qui colle parfaitement au style. Ce mec a été touché par la grâce.
Pour Boogie Matt, je ne sais vraiment pas comment vous dire, il n'y a rien a jeter. Voix, guitare, chant, je prends tout. Il a du se forger l'âme à coups de 78 tours ou alors c'est un extraterrestre. E.T a le Blues il n'a pas pu téléphoner à la maison, par contre la communication avec la maison de l'étudiant a vraiment été d'une grande qualité, pas la moindre interférence. A la fin du concert, j'ai l'impression d'être à une de ces soirées entres amis ou le maître de maison sort sa guitare pour nous montrer ses dernières trouvailles. En sortant de la salle, le public arbore un sourire béat qui fait plaisir à voir. Je dois être comme eux, voir pire.
J'ai passé un quart d'heure à ne pouvoir dire qu'une chose "C'était bien, vraiment bien".
(1) Petite communauté de fous de Blues regroupés autour du Webzine La Gazette de Greenwood