18h00- sous une pluie battante, direction le pays de Caux, quelques centaines de Kilomètres plus loin, nous arrivons à ce port de plaisance plus connu sans doute pour sa bénédictine et autrefois pour sa pêche morutière, que pour sa capacité à faire vivre la note bleue. C?est sans compter sans le dévouement des protagonistes de ce café-concert placé là en haut de la cote de Delattre de Tassigny et dont notre curiosité s?est enquérie. Olivier nous reçoit. La présentation du lieu est fort agréable. Une jauge limitée à 60 voir 80 personnes et une scène aménagée permettent à l?évidence de faire vibrer la musique sans contrainte. Les propriétaires du lieu s?activent et font vivre l?espace magique. En dehors des périodes d?été, c?est environ 40 représentations qui s?affichent régulièrement par an, soit pratiquement une par semaine. A l?époque où les groupes ont de plus en plus de mal à trouver des espaces pour jouer, un endroit comme celui-ci mérite que l?on s?y attarde, et complément à cette présentation, la note gastronomique y est très acceptable pour le prix.
L?arbre en arbre, c?est le nom de ce café concert vous l?aurez compris, reçoit ce soir un Géant du Blues, M. Cisco Herzhaft. Connu de nos chroniques, Cisco après avoir réalisé un carton plein au Festival Blues de la Charité sur Loire, se présente au public dans une version que nous n?avions pas encore vu à ce jour, une prestation en solo.
Bien appuyé par une sonorisation d?une d?exceptionnelle qualité digne de la plus belle et sans doute de la plus prestigieuse scène de Normandie, je parle ici du SOUBOCK, Cisco nous anime de son chant et de son jeu de guitare majestueux. Fidèle à lui-même, l?artiste déploie tout son talent. La seule rythmique accompagnant l?artiste, n?est autre que cette capacité qui lui est propre, à savoir s?accompagner lui-même sur sa seule guitare. Son jeu de picking n?a aucun égal en France. Le chant posé, Cisco témoigne de son parcours et rend hommage à ces Hommes qui ont écrit la fabuleuse histoire du Blues. Lead Belly d?abord guitariste chanteur qui aura une influence primordiale sur l?artiste, au point d?en narrer chaque fois une petite page de son histoire, celui que l?on appellera aussi « ventre de plomb », puis de Moses Vinson, pianiste de boogie qui lui aussi influera sur la musique de celui que l?on considère aujourd?hui comme le maître incontesté du ragtime. Bing Bill Bronzy et Muddy Waters seront eux aussi du voyage, sans oublier John lee Hooker. Puis viendra un hommage particulier et si mérité sans doute, avec « Debora?rag ».
Un, puis deux, puis trois sets durant, Cisco Herzhaft, nous fait vivre avec enthousiasme, sa foi et ses vibrants hommages aux hommes qui ont écrit la page de la note bleue. Cisco est interprète, il est aussi compositeur. Ces compositions n?ont d?égales que le talent de l?auteur.
Ce soir là, nous repartons à regret vers notre campagne profonde, avec dans la tête encore et encore les notes et les images que l?artiste a réussi à nous faire partager.
Que du bonheur et après tout?. n?est-il pas là l?essentiel ?
Ricky Bluesfeeling
29-08-2008
Cisco Herzhaft
était sur scène lors du festival
Blues en Loire
C?est sous un ciel de pleine lune, ronde et claire, dans une nuit noire et froide que vos serviteurs arrivent au SOUBOCK. L?endroit est impressionnant de beauté. La bâtisse tout de bois vêtue, à la ligne extérieure sobre accueille le public avec prestige. La hauteur de la façade de l?entrée, bercée par un éclairage judicieux vous donne ce frisson qui vous transporte déjà dans ce nouvel univers avant même d?en avoir franchit la porte.
Accueilli par nos Amis du staff, la porte franchie, l?espace nous couvre de son manteau de douceur. L?endroit vous envahit. Magnificence des lieux, choix architectural de très bonne facture, cet établissement est le summum de ce que l?on peut construire de nos jours, dans le respect le plus total de son environnement. Le son y est tout simplement exceptionnel.
Le Soubock est avant tout un investissement colossale de dix années de maturation et de finalisation, de deux années de dur labeur pour la bande de copains plus dingues les uns que les autres et d?une année d?exercice prouvant que le choix du projet est juste. La liste (déjà longue) de tous les artistes qui s?y sont produits impressionne. Que de beau monde ! Ces prochaines années, verront à coup sur, cet endroit, comme LA salle de spectacle incontournable de la musique de qualité. Et justement, c?est parce que l?affiche est grandiose que vos deux compères ont fait pour vous le déplacement.
Peter Nathanson en première partie. Guitariste reconnu dans le milieu de la note bleue, passionné par le jeu de guitare de Hendrix dont il apprendra la moindre ficelle, l?artiste quitte son Massachusetts natal pour s?installer en France dans les années 2003. L?histoire de l?homme et sa guitare se mesure à coup de dizaines d?années que déjà le résultat est prometteur. Cinq albums sont à son actif.
Appelé par la prog. du SOUBOCK à la rescousse pour remplacer au pied levé nos amis de CrockerSaK, indisponibles, Peter ne s?est pas fait prié pour présenter au public son savoir faire. L?accent ricain bien calé dans la gorge, il joue pour nous ce soir dans un exercice de style pas très habituel sans doute pour lui. L?artiste est en solo, dépourvu d?artifice. Sa dobro et son électroacoustique crient un blues épuré, la voix de Peter chante les femmes, la vie et la non violence. L?artiste raconte (l?ami qui pique la femme de son pote?.un classique) vibre, (Dallas de John Dawson Winter III ? entendez par là Johnny Winter-) et chante Robert Johnson, Jimmy Reed, Willy Dixon et Bob Dylan.
Une bien belle première partie nous laissant quelque fois un peu sur notre faim, lorsque les riff s?enchaînent tous aussi semblables les uns aux autres.
Seconde partie ; Cisco Herzhaft.
Assurément, le sexagénaire a du métier, une présence scénique jubilatoire, un physique de battant, une « gueule d?acteur de cinoch qui quelquefois me fait penser à Jean Reno. Cette force de vie est une ovation à lui tout seul pour le pickin? qui fait de ce français bien de chez nous, l?un des plus grand bonhomme de la scène Blues mondiale.
Après avoir passé une partie de sa carrière, avec les plus grands (John James, Fred Mc Dowell, John Lee Hooker, Moses Winson) et à voyager jusqu?au c?ur de la note bleue, Cisco conquière les plus grandes salles dont celle de ce soir, le Soubock.
Dès les premières notes, le trio composé de Cisco (chant et guitares) ébranle le public. Le son puissant de la Quéguiner, le jeu précis et délié des mains de Cisco sur la guitare, la conviction du style, et la voix posée, donnent la hauteur de ce que sera cette 2ème partie. Admirablement accompagné de ses fidèles complices, Bernard Brimeur à la contrebasse, magicien du swing et Patrick Cassotti, à la batterie, virtuose du balai et des baguettes, l?ambiance ne cessera de monter tout au long de la représentation. Tout y passe, ragtime, country blues, bluegrass, compos personnelles tirées de ses derniers albums, contines de nos écoles à la sauce Ciscorag et même la marseillaise ? New Marseillaise Rag, de son avant dernier album Gost Cities. Cisco rend hommage aux plus grands, Cisco raconte la prohibition ? Canned Heat memories, du même album et Cisco transpose les styles, See See Rider de Robert Lockwood Jr, en une improvisation ragtime délirante.
Rien ne semble arrêter l?artiste tant la maîtrise de son art est totale. Cerise sur le gâteau, Cisco nous livre entre chacun des morceaux interprétés, une page d?histoire de la musique du Diable. Cisco interprète une part de son dernier album, Cisco Cocking à paraître dans les tous prochains jours, un vrai régal.
La soirée se termine avec les nombreux rappels du public et un b?uf bien sympathique avec Peter Nathason, cette fois ci à la guitare électrique, et à mon sens bien plus à l?aise avec ce genre d?instrument.
Une soirée exceptionnelle, dans un endroit unique, pour un publique ravi?.que demander de plus ? Sinon que d?y revenir très vite bien sur.