| La Rue Saint Pierre?.6ème festival d?Églises en scène.
Projet ambitieux que d?organiser un festival culturel permettant l?ouverture du patrimoine bâti et l?association des musiques de tous horizons. C?est ce que propose pour la 6ème année consécutive, l?office du Tourisme du canton de Clères.
Ayant appris l?existence de cette manifestation par le biais des musiciens participant eux-mêmes à cette rencontre culturelle, vos serviteurs se sont rendus en ce mardi 03 juillet 2007 au petit village ainsi appelé La Rue Saint Pierre, dans le département du 76, village enclavé entre Fontaine le Bourg, Buchy et Isneauville.
C?est en passant par le cimetière où reposent en paix des âmes charitables, que nous rejoignons la petite église du village, patrimoine ouvert pour l?occasion aux profanes, dont la construction remonte à 1534.
Après le témoignage et la présentation du lieu par Mme la Présidente de l?office de Tourisme de Clères, les musiciens prirent place sous la voûte céleste, dans le ch?ur de ce monument consacré avec pour toile de fond l?abside semi circulaire.
Ce soir pas de liturgie, mais place au Blues, au boogie et au jazz. Des standards remaniés, rafraîchis dont se nourrit avec délectation ce duo diabolique, je veux parler de Double Chess Colour (D.C.C.).
Deux musiciens pour ce combo et déjà un beau palmarès derrière eux et près de 80 concerts à leur actif depuis le début de l?année. Alain Messier au chant, à l?harmonica, au washboard et à la grosse caisse dynamique et Jean Marc Haussaire, aux guitares (électro-acoustique et électrique).
Un répertoire bien construit pour voyager entre un Blues rural et les standards des années 60 en passant en pareille circonstance, par l?inévitable Chicago Blues.
Influencés par Little Walter, Little Richard, John Newton, Juniors Wells, Carl Perkins ou bien encore Big Joe Turner, les deux compères nous donnent une leçon de virtuosité et de maîtrise musicale. « One more chance with you » permet de prendre la mesure d?un auditoire attentif, peut-être un peu inquiet (pensez donc du blues dans l?église) juste le temps d?observer, pour mieux rebondir sur « Proud Mary » et « Tutti frutti ».
Aucun doute, aussi éclectique que ce répertoire, on ne connaît pas. Alain Messier transporte le public, par la force de son chant et sa capacité à enchaîner les notes sur son dix trous, sans jamais donner l?impression d?être essoufflé, pendant que Jean Marc Haussaire assure un groove d?enfer à la guitare en servant un jeu pickin à la mesure de la technicité du duo. Le 1er set se terminera 13 morceaux plus tard avec un « Light out » d?enfer et un tonnerre d?applaudissements.
Quelques bavardages, quelques rencontres heureuses et nous sommes de retour pour le 2ème et dernier set de la soirée. « Amazing Grace » magistralement remanié et interprété ouvre les hostilités, suivi d?un « My Babe » ovationné. L?espace d?un instant, les yeux fermés, je quitte le sol et me laisse transporter dans mes songes. Je me mets à penser que ce groupe comporte plusieurs éléments tous autant talentueux les uns que les autres, me berçant, me balançant, m?enivrant, jusqu?à l?instant où de nouveaux applaudissements nourris retentissent. A cet instant mes yeux s?ouvrent et je réalise que ce combo n?est composé que de deux éléments.
Quelle finesse ! Quel prestige !
Ces artistes se jouent des notes, des rigueurs de la construction musicale, ils communiquent, ils partagent, ils donnent tout ce qu?il y a de meilleur chez eux et font vibrer et exalter ce public venu en nombre (200personnes), éberlué par un tel talent.
La richesse d?un savoir faire extraordinaire, basé sur la rigueur du travail, force le respect. Malgré cela, la modestie l?emporte et comme aime à le souligner Alain Messier, je cite « ? il y a des Papes dans la musique, nous ne sommes que des curés de campagne, mais ce que nous faisons, nous essayons de le faire avec nos tripes, notre conviction, pour le plus grand respect des gens qui viennent nous écouter ».
La soirée se terminera à quelques pas de l?église, par le verre de l?amitié offert par le comité organisateur de cette manifestation. Les éloges aux musiciens ne finissent pas de pleuvoir,
Chapeau bas Messieurs, les 4 heures, que nous avons passé avec vous ont été un régal, une prière, une exaltation. De grâce, emportez nous encore dans votre univers, continuez de faire briller nos c?urs, c?est tellement bon. |
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