| Révélations des tremplins des Rendez Vous de l?Erdre en 2006 et de Jazz à Vannes en 2007, les String Breakers ont connu quelques changements notables ces derniers temps. Arnaud Migné et Jérémy Habegger à la batterie et aux claviers ont respectivement laissé leur place à Mathieu Lemarié et Patrick Billion. Enfin, le guitariste Grégory Denis récemment installé en région parisienne, n?officie plus régulièrement au sein du groupe. Il est toutefois présent en cette veille de fête nationale et le combo nantais se présente ainsi sous la forme d?un assez inhabituel sextet.
Devant un public épars, les String Breakers livrent une première partie intéressante mais un peu timide. Il faut dire que l?assistance n?est pas des plus exubérantes, même si elle commence gentiment à se débrider en fin de set avec l?entraînant « Hound Dog », morceau-phare du répertoire du groupe. La pause arrive au bon moment et permet aux six musiciens de se ressourcer pour attaquer le deuxième set pied au plancher. Ca démarre fort avec un instrumental signé Kirk Fletcher, intitulé « Blues For Boo Boo ». A partir de là, le concert ne va cesser de gagner en qualité et en intensité jusqu?au final surprenant et enthousiasmant, à savoir une reprise du « Billie Jean » de Michael Jackson. A ce moment présent, le public si réservé deux heures plus tôt se fait désormais entendre et en redemande. Les pitreries de Pascal, maître des lieux y sont peut être pour quelque chose, mais à vrai dire, il faut surtout placer cette métamorphose sur le compte de la prestation livrée par les six musiciens.
En premier lieu, il convient de souligner la qualité de leur répertoire. Les String Breakers sont un groupe de Blues qui refuse de se laisser enfermer dans un carcan et qui recherche l?originalité. De Blues il est question avec des morceaux comme « Looking For A Man », « I Love You More » ou le classique « Sweet Little Angel ». Mais, la Soul et le Funk tiennent à présent une place équivalente à celle occupée par la musique du diable. Quel bonheur d?entendre des titres tels « It?s Your Thing » (The Isley Brothers, repris également par les?Jackson Five!), «?Bout to make me leave home » (Syl Johnson), « I Get A Feeling » (Johnny Guitar Watson) ou encore le somptueux « Drown In My Own Tears » (Ray Charles). N?oublions pas l?excellent « Eleanor Rigby » version Aretha Franklin, morceau Soul et Funk à souhait qui met en valeur toutes les qualités vocales de la talentueuse Laurence Le Baccon au chant.
Cette dernière n?a cessé de prendre au fil des concerts une vraie dimension. Elle a gardé sa fraîcheur, son enthousiasme tout en s?affirmant de plus en plus : elle conduit les morceaux avec brio et fait preuve d?une maîtrise assez incroyable. Sa prestation est parfaitement mise en valeur par une équipe rôdée qui prend plaisir à jouer ensemble. Sami Touré à la guitare et Vincent Blivet à la basse sont indissociables. On sent que ces deux là prennent leur pied à créer des rythmiques ciselées sur lesquelles les solistes s?expriment avec brio. On regrettera toutefois chez l?un comme chez l?autre un léger manque d?assurance dès qu?il s?agit de prendre un chorus. Dommage, car les idées sont là. Ils sont impeccablement accompagnés par Mathieu Lemarié à la batterie qui en intégrant le groupe a amené son sens du groove, sa connaissance des rythmiques Soul et Funk. Dans le même temps, le gaillard n?est pas malhabile lorsque les tempos deviennent ternaires et il possède un beau grain de voix qu?il aurait été plaisant de plus entendre. Dernier arrivé dans l?équipe, Patrick Billion au clavier, même s?il se cherche encore un peu au niveau du son, apporte des idées intéressantes. Quant à Gregory Denis, difficile de croire qu?il ne joue plus que deux à trois fois par an avec le groupe. Il semble ne jamais l?avoir quitté. Discret, d?une grande humilité, il est d?une redoutable efficacité, en particulier sur les tonalités mineures. Difficile de ne pas se laisser emporter par l?émotion durant ses splendides chorus sur « No Free Rides » et « Cheery Red Wine ». Luther Allison, de là où il est, aura sûrement apprécié...
Vous l?aurez compris, les String Breakers ont pris une nouvelle dimension. On peut d?ailleurs s?étonner que certains tremplins n?aient pas cru bon de les sélectionner, tant il y a là de la qualité. Qu?importe, il est évident que le groupe va continuer à faire parler de lui. Il ne reste plus qu?à espérer la sortie d?un album et un peu d?audace de la part des programmateurs de festivals. |
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