New Line Up | Nouvel arrivant dans l?équipe, je profite de cette soirée au Bateau Ivre pour faire la connaissance d?une bonne partie des membres de l?Oreille Bleue venue encourager une nouvelle formation dont c?est la première représentation officielle: New Line Up. Les connaisseurs de la scène Blues rouennaise ne manqueront pas de me faire remarquer que l?adjectif « nouveau » n?est certainement pas le plus approprié pour qualifier ce quartet. Je répondrais que la nouveauté dans le cas présent ne tient pas tant au personnel qu?à la musique pratiquée.
En effet, New Line Up a été formé par trois garçons qui se connaissent et ont joué ensemble durant près de dix ans au sein de Foolbox à savoir Jérôme « Mad Man » Lemesle (chant, harmo), Pascal Hernandez (basse), Pascal « Gringos » Rigault. Je n?ai jamais eu l?occasion de voir Foolbox sur scène, mais grâce à cet outil miraculeux qu?est Internet, j?ai pu glaner ça et là quelques renseignements précieux. Là où Foolbox était un groupe qui voguait entre Blues, Soul et Blues-Rock, les trois compères qui viennent d?engager un nouveau batteur (Pascal Delahaye) ont décidé avec New Line Up de recentrer leur répertoire vers le Swing et le Boogie.
Coupe du Monde de rugby oblige, le Bateau Ivre est bien calme jusqu?à onze heures. Je me retrouve quelque peu esseulé au milieu de quelques fans de Rockab? venus assister au concert de New Morning Trio (ex-Morning After). L?organisation de la soirée est la suivante : les deux groupes alternent à la fin de chaque set. Je dois avouer que cela ne m?a que moyennement convaincu. J?aime beaucoup le Rockabilly (surtout quand il est pratiqué avec talent, ce qui est le cas en ce qui concerne le New Morning Trio), mais je trouve que ce type d?organisation a tendance à briser la dynamique des groupes.
Dès les premières mesures, New Line Up communique son plaisir évident de retrouver la scène, de se faire plaisir et de faire plaisir. Ces quatre là semblent avoir été sevrés de scène et font preuve d?une énergie qui si elle semble parfois un peu brouillonne n?en est pas moins authentique. Jérôme, tout de noir vêtu, semble tout droit sorti d?un groupe de pub-rock anglais type Dr Feelgood ou Nine Below Zero (époque « Live At The Marquee ») et entraîne tout le monde dans son sillage. Les trois Pascal ne demandent que cela. La complicité est évidente entre un Pascal « Lob » solide à la basse et le véloce Pascal « Gringos » que j?ai trouvé vraiment à l?aise sur les différents styles explorés par le groupe. Quant au troisième Pascal, complet novice dans ce genre de musique, il essaie autant que possible de s?appliquer derrière ses fûts. Des débuts dans l?ensemble encourageants, même si Pascal va devoir apprendre le difficile art de la nuance pour plus mettre en valeur les soli de « Gringos » et Jérôme que j?aurais aimé plus entendre à l?harmo.
Comme me l?a dit « Gringos » avant le début du concert, le premier set du New Line Up fait la part belle à différents styles (Chicago Blues, Rythm?n Blues, Swing). Je trouve en tout cas le répertoire très bien monté avec des morceaux qui s?enchaînent sans temps mort. Ce premier set est conclu par une reprise (très convaincante) de « Hard Times » de Ray Charles. Nous retrouvons les quatre gaillards près d?une heure et demie plus tard. Dans les mains de « Gringos », la Fender Statocaster a laissé la place à une belle Ibanez pour un deuxième set quasi exclusivement Swing, Jump et Boogie. Un set ambitieux, là encore bien foutu même s?il m?a semblé manquer un peu de variété au niveau des tempos. Il aurait peut être été pas mal de glisser de temps à autre un blues lent pour pouvoir respirer et faire respirer un Pascal Delahaye plus en difficulté (et c?est bien légitime) sur le répertoire proposé au long de cette deuxième partie. Ainsi, si la reprise du « Route 66 » de Nat King Cole est réussie, je reste sur ma faim sur le terrible « Beautiful Girl » de Nick Curran, pas assez sautillant à mon goût.
Il est une heure et demie quand les amplis du combo rouennais se taisent pour de bon. Les verres s?entrechoquent, les sourires se lisent sur les visages, et on se dit que c?est finalement bien là l?essentiel. La centaine de personnes présente ce soir-là est venue assister au premier concert officiel d?une formation qui par son énergie, son envie de bien faire se met en toute modestie au service de la musique avec un seul mot d?ordre : plaisir ! | Jérôme Mad Man |