Karen Coleman et Claire Malone | En 1991, Alan Parker exposait la (dure) réalité de la vie d?un groupe musical dans la ville de Dublin, sur fond de combats ouvriers (aussi réels et que nécessaires) en réalisant un long métrage qui marqua son époque du nom de cette formation, The Commitments. Film au succès immense (un milliard de spectateurs l?aurait vu depuis sa sortie) et culte pour beaucoup d?entre nous, que l?on soit musiciens, professionnels ou amateurs, passionné de la note bleue ou de musique en général, tout simplement cinéphile ou adepte régulier des discothèques, dynamisé par une bande son torride et infernale que certains qualifient de Soul Music ou encore, Rhythm and Blues.
Un répertoire enraciné et magistral que la commune de Bolbec, non loin du Havre, nous a permis de (re)vivre en créant l?événement pour cette date unique dans la région (et même en France) en invitant les Commitments, version 2005. La salle de roncherolle, d?une belle capacité, plus habituée certainement aux luttes sportives qu?aux échanges de décibels, accueille ce «big band» Irlandais fort de ces 9 musiciens et choristes. Une fois les doutes estompés sur le rendu sonore du lieu, il fut aisé de se laisser porter par un déferlement de titres connus, comme autant de grands classiques indémodables et éternels, lents ou rapides, propices aux rapprochements humains et favorables aux déhanchements perpétuels. Un registre composé principalement de reprises, vitaminées et goûteuses, déversées tout au long des deux heures de concert, puisées notamment auprès d?Otis Redding, Aretha Franklin, Sam and Dave et autre Wilson Pickett. Une seule chose à faire pour s?en convaincre : ouvrir les yeux, écouter attentivement et fondre de bonheur?
La machine, dopée au groove, se mit en marche et l?unité s?affirma d?entrée. Claire Malone, la blonde et Karen Coleman, la brune trouvent toutes les deux leurs places, autant en chant lead qu?en accompagnement, avec un timbre de voix, aussi différent que complémentaire, souvent langoureux et toujours sensuel. Les envolées vocales puissantes de Joe Walsh stimulent le point sensible se faisant tour à tour tendres ou enragées.
Le soutien quasi-permanent de la trompette de Ray Martin et du saxophone ténor de Serge Stavila permet aux cuivres d?occuper leurs rangs légitimes et indispensables quand le clavier et l?orgue de Daniel Antoine étoffent joliment la plupart des titres exprimés.
La rythmique dense et échevelée, savamment construite par la basse de Darren Hanley et la batterie de Dick Massey, tient la baraque pour laisser libre cours à la guitare de Kenneth Mc Cluskey. Tous deux figures emblématiques du triomphe cinématographique du début des années 90.
Une réussite à mettre également à l?encontre du sens du show de tous les protagonistes de la soirée qui transmettent leur bonne humeur communicative et réussissent à transformer un gymnase en formidable piste de danse. Cette revue, rodée et calibrée, chaleureuse et sincère, se situe certainement parmi les toutes meilleures en Europe, les centaines de personnes présentes et visiblement heureuses ce samedi peuvent en témoigner? | Joe Walsh |