C?est par une belle et chaude journée d?été, en suivant les panneaux indicateurs « Au Martin Pêcheur » jonchant les chemins champêtres du Loiret à partir de la commune de Nargis, sans avoir peur de rouler jusqu?au « bout du Monde » pour stimuler son imagination fertile, que la découverte de cet endroit unique et magique, répondant au doux sobriquet de cet oiseau dévoreur de poissons, s?est réalisée.
Juste là, au bord du canal du Loing à deux pas de l?écluse de Montabon, où le temps semble s?être arrêter pour toujours et la réelle tranquillité comme seule raison de se manifester, se dresse une bâtisse imposante, où flotte le drapeau écossais, qui vous ouvre ses portes de midi à 1 heure du mat?.
Pour boire un coup (voire plusieurs !) ou pour se restaurer, à l?intérieur comme sur la terrasse, le supporter de l?équipe à l?emblème du chardon, Pete et sa compagne Sylvie, entourés d?un pétulant duo féminin au service, vous reçoivent en arborant un sourire aussi resplendissant que naturel.
L?histoire pourrait s?arrêter ici et mériter une chronique dans un guide touristique mais la passion du maître des lieux pour le spectacle vivant et la musique live permet, non seulement de se rassasier le gosier et de stimuler les papilles gustatives mais aussi de combler nos oreilles attentives et d?illuminer nos regards écarquillés.
Tellement enthousiaste le bougre qu?il fait filmer chaque événement et le diffuse en direct sur une petite télé située dans le pub pour être sûr de ne pas en manquer une miette?
Ainsi, tous les quinze jours où presque, les meilleurs musiciens du moment font une halte remarquée à Nargis comme les quatre Toulousains d?Awek en ce jour de fête nationale.
A cette époque de l?année, les formations se produisent en plein air, protégées par la grande toiture de l?appentis, où trône un barbecue magistral qui brûle chaque vendredi et samedi pour satisfaire les convives installés devant la scène sur de grandes tables et des bancs en bois propices à la décontraction et à la convivialité. Dépaysement, simplicité et authenticité garantis !
Pas toujours évident de jouer devant des gens qui veulent s?en mettre plein la cantine mais Awek dispose de suffisamment d?arguments pour convaincre les initiés comme les profanes, les affamés comme les rassasiés. L?ambiance est montée, les verres se sont vidés, les grillades consommées et l?assistance s?est régalée?
Rien d?étonnant quand on sait que cela fait douze ans que le groupe parcourt les routes de France et d?Europe, dans un premier temps en formule Power Trio (avec le chant et la guitare de Bernard Sellam, la basse de Joël Ferron et la batterie d?Olivier Trébel) qui a faite ses preuves en martelant un registre Blues Rock costaud et enflammé.
Mais depuis deux ans qui coïncide avec l?arrivée au sein du groupe d?un harmoniciste, Stéphane Bertolino, le registre proposé se (re)plonge vers les racines du Blues avec l?utilisation recherchée d?instruments « vintage » et d?amplis « d?époque » à la sonorité chaude et particulière.
Du Swing au Chicago Blues, de la West Coast au Shuffle, les styles explorés s?affichent comme autant d?offrandes à saisir sans retenue.
A commencer par les quatre protagonistes, soudés et disponibles pour tous, qui façonnent ce répertoire, aussi diversifié qu?enjoué, riche de nombreuses compositions.
Bernard Sellam s?impose en chanteur démoniaque, aux timbres de voix modulés, du grave à l?aigu, et en guitariste concerné et inspiré dont le feeling décuplé et les mimiques affichées transmettent tout le dynamisme emmagasiné.
Bénéficiant d?une rythmique salutaire confectionnée par les quatre cordes d?un Joël Ferron bondissant et les deux baguettes d?un Olivier Trébel irréfutable, la machine s?emballe et le groove s?installe.
Stéphane Bertolino n?est pas en reste, il a audiblement trouvé sa place et distille des interventions judicieuses qui enrichissent la matière constituée.
Une complicité jamais démentie et une confirmation du talent de ce combo, qui se situe depuis bien longtemps parmi les meilleurs rencontrés en concert dans l?hexagone.
Aujourd?hui au Martin Pêcheur, programmation à découvrir sur www.lemartinpecheur.com , demain certainement prêt de chez vous, il n?est que trop conseillé de se déplacer ou à défaut d?aller découvrir leur musique sur www.awekblues.com .
Lucky Jean Luc
07-02-2005
Awek
Club Touristra
Risoul
La maison ne reculant devant aucun sacrifice, je suis dûment mandaté par « Mister Lucky Jean-Luc » pour rendre compte des prestations de « Back Door & Awek » qui se produisent à Risoul, charmante station de sports d?hiver des Hautes-Alpes.
Je m?y rends donc en compagnie de Tom, le « castor junior » de la tribu familiale et petit dernier (7 ans déjà?) Il semble décidé à me faire plaisir et à oublier ses remarques acidulées sur mes goûts musicaux : « Papa, tu nous soûles toujours carrément avec tes VIEUX BLUES?» Bien que chaudement couverts par ces -12° degrés, nous arrivons le nez rouge et l?oreille bleue (désolé, je n?ai pas su résister) au club «TOURISTRA» où ont lieu les concerts. Une fois confortablement assis, je reste dubitatif .
- Je suis rassuré de constater que la moyenne démographique du public de mon rang (moi, y compris) doit approximativement avoisiner l?âge de Tom !
- Je suis un peu inquiet, malgré la qualité irréprochable de la salle de spectacle et de la scène ornée d?un yellow cab, je redoute un public copieux peu captivé par le jeu des musiciens (vous savez quand on rentre et sort, comme dans un moulin?)
Aux premiers accords de Back Door me voilà rassuré : les compères guitaristes de ce duo électrique envoient du bon blues «roots à souhaits» et je me régale? Puis, le chanteur attrape un « harmo mal rangé » comme dirait l?autre, et c?est la démonstration magistrale? « Ouah » fait Tom qui pense tout d?abord qu?il fait simplement « çà » avec la bouche et les mains !??! Le set ne faiblit pas, la panoplie musicale est colorée et occasionnellement enjolivée de belles parures à la slide, je suis étonné et l?auditoire semble apprécier.
Ensuite et rapidement, les successeurs Awek s?installent et balancent leur blues, alternant compositions réjouissantes et reprises bien senties :
- Bravo aux sonorisateurs et éclairagistes qui contribuent efficacement au succès de la soirée !
- Tom me glisse soudain « Tu ne trouves pas que le batteur?.il est classe.. » C?est vrai : imaginez un sosie de Lucky Jean-Luc filiforme et repu de cassoulet aux asperges, au look soigné qui pratique la batterie avec une énergie et un feeling hors du commun.
- Le bassiste est efficace, sobre et distingué à la fois, bref : le bassiste des contes de fées.
- Le guitariste chanteur, aux doigts magiques et à la voix de velours, pratique un jeu d?une personnalité rare : aussi à l?aise dans ses chorus au caractère affirmé ou que dans les plans ultra classiques et abordant tous les styles (country /westcoast/pop/rythmn?blues/soul). Difficile de lui trouver un rapprochement? Peut-être un Popa Chubby qui serait devenu subtil et beaucoup plus inspiré !
Naturellement un b?uf vient clore le spectacle et c?est?l?apothéose ! Le chanteur de Back Door a revêtu la veste à paillette de Roger Lanzac dénichée dans les loges?Cet accoutrement prédestiné lui porte plus de chance qu?un « mojos » dans l?ordre puisqu?il décuple alors ses facultés... Ainsi, la foire aux reprises peut étrenner les succès répétés ( I can tell / Got my mojo working). Le public est conquis : « Jean-Claude DUSSE » frappe dans ses mains, « Popeye et Gigi » reprennent les ch?urs, même les enfants s?exaltent? Le pari difficile d?accrocher les vacanciers aux plaisirs des 12 mesures est gagné. Pour être tout à fait franc, j?aurai misé au départ sur une hémorragie affluant vers les succulentes raclettes proposées à « La patate chaude » ou au « planté de bâton », les sympathiques étapes gastronomiques de la station. Avantageusement ce soir, le blues chaleureux triomphe. Même sans vin chaud, la messe est dite.
Épilogue :
Ah oui, une dernière anecdote à méditer par les incollables du « blind test »?
Trois jours plus tard, après avoir vainement essayé de rattraper mon intrépide Tom, lors d?une sortie de piste qui nous entraînait tout droit vers les falaises d?Etretat ; je profitais de l?accalmie de la remontée en télésiège pour proférer les remontrances paternelles habituelles sur les risques et dangers de l?insouciance enfantine?
Il coupa court à mes reproches : « Ah oui, mais tu te rends compte que grâce à moi, tu as découvert une nouvelle rouge et même la fin d?une noire? Tu vois qu?il faut toujours suivre son fils ! » Et comme je le dévisage perplexe, en fin psychologue il réussi à me déconcerter un peu plus, en fredonnant un air à la fois familier et inconnu? Plutôt satisfait qu?il ne s?époumone point sur le « Quand te reverrais-jeuuuu, pays merveilleuuuux?. » traditionnellement réservé au sportifs cinéphiles, je le félicite sur le choix de cet air pur qui m?interpelle. Une question me brûle toutefois la langue : je reconnais ce truc?sans parvenir à le définir précisément?
« Dis-moi, Tom, c?est quoi ce que tu chantes là ? »
« Ben voyons, Papa, c?est la 3ème chanson du 2ème groupe de l?autre jour? »
En descendant maladroitement du télésiège, je me dis que cela doit être parfaitement exact et alors que j?ouvre la bouche pour le prier de m?attendre, j?entends une petite voix déjà filante me lancer « Quand je te dis qu?il faut toujours écouter son fils !!! »