Pascal Fouquet et Philippe Brière | La perspective d?assister au concert des Californiens de Little Charlie and The Nightcats (trop rarement programmés en France) a depuis plusieurs mois retenu l?attention de la majorité des chroniqueurs et des sympathisants de L?Oreille Bleue. C?est pourquoi il n?a pas été nécessaire d?insister beaucoup pour former une fine équipe d?une dizaine de personnes et rejoindre, ce samedi, la salle de l?est parisien où notre musique favorite s?installe régulièrement d?octobre à mai. La soirée promettait d?être belle, chaude et intense et elle le fut pour le moins?
Ce sont d?abord nos camarades Normands d?Hoodoomen, rencontrés à de nombreuses reprises, qui répondent à l?attente d?une assistance concernée dans ce lieu, copieusement fréquenté, qui affiche complet. Depuis plusieurs années les Hoodoomen s?activent sur toutes les scènes françaises et concoctent un registre de Blues aux fortes influences West Coast qui séduit le public. Philippe Brière charme par son chant enjoué et ses phrasés d?harmonicas bien plaçés, Pascal Fouquet captive par son jeu de guitare phénoménal et aérien, Francis Marie caresse, de deux baguettes expertes, ses peaux et ses cymbales tandis que Eric Lebeau à la basse, dernier arrivé et définitivement intégré, alimente la rythmique avec talent.
Un répertoire façonné et rodé qui s?étoffe à chacune de leurs sorties et s?enrichie de nouveaux titres qui seront gravés prochainement sur une galette, la troisième pour cette formation Caennaise. Pour être certain de se la procurer avant tout le monde, une souscription est ouverte sur le site : http://hoodoomen.free.fr . Quoi qu?il en soit, une redécouverte bien agréable et une entrée en matière idéale avant de baigner dans l?univers enflammé et communicatif des spécialistes du Jump et du Swing.
Malgré la déception rapidement estompée de ne pas voir Little Charlie Baty à la guitare, resté aux Etats-Unis après avoir eu l?immense douleur de perdre sa femme. Il est remplacé pour cette tournée européenne par une doublure de luxe en l?occurrence, Mister Rusty Zinn. Disposant d?une assisse rythmique d?un autre monde, riche au possible et dense à l?extrême, confectionnée par Lorenzo Farrell à la basse et Jay Hansen à la batterie, sur laquelle se balade l?harmonica expressif de Rick Estrin et la guitare vagabonde de Rusty Zinn, les titres rythmés et dansants s?enchaînent les uns aux autres avant d?enrôler définitivement l?ensemble du public avec un Blues lent pénétrant et saisissant à faire vibrer chaque centimètres de son corps?
La performance du quatuor va se révéler aussi bouleversante qu?explosive surtout que la complicité entre chacun s?affirme perceptible et évidente. D?un côté, Rick, habillé d?un splendide costume rouge et de lunettes noires, coiffé d?une impeccable banane structurée, personnage qu?on croirait directement échappé d?un cartoon de Tex Avery, dispose d?une voix chaleureuse et enjôleuse, communique drôlement avec la salle et concocte un jeu de scène aux déhanchés surprenants. Mais c?est principalement lorsqu?il porte ses harmonicas aux lèvres, installés sur un présentoir à côté de lui, qu?il transmet le mieux l?émotion, tendre et vive à la fois et étonne même en plaçant un de ses « ruine babines » dans la bouche sur un morceau sans pour autant perdre de feeling? Stupéfiant !
De l?autre, Rusty, costume noir classique mais barbe taillée et cheveux tressés couvert d?un bonnet mauve assorti à la couleur de ses chaussures, dispose d?un chant caressant et d?une facilité déconcertante à s?exprimer sur sa guitare, sachant se faire aussi discret et précis en soutien rythmique qu?enragé et survolté par des envolées guitaristiques dont il a le secret. Ébouriffant !
En guise de rappel, le duo des deux compères (harmo-chant et guitare) conclue ce récital exceptionnel sous l?approbation d?un public debout, enthousiaste et passionné frappant en mesure dans ses mains? Du bonheur apparent sur scène comme dans la salle et de la joie sur les visages pour tout le monde !
Un grand merci pour cette excellente initiative à Michel Rèmond et à toute l?équipe, administrative comme technique, de la Scène Jean-Roger Caussimon pour nous avoir permis de vivre, une fois encore, un moment mémorable. Le rendez vous est d?ors et déjà fixé pour le plateau du 19 novembre prochain où Billy Flynn et les Cash Box Kings suivi du chanteur harmoniciste Lynwood Slim accompagné des Rosebud Blue Sauce (de Cahors) seront à l?affiche. Il ne serait pas étonnant de voir L?Oreille Bleue se déplacer de nouveau en nombre? | The Hoodoomen |