Lors de leur précédent passage dans ce même lieu, je n'avais eu que des échos élogieux ce qui m'a poussé à acheter leur galette. Il n'y a pas de quoi se coller au plafond mais c'est suffisamment bon pour me donner le courage de sortir les voir. C'est donc décidé ce soir j'y vais. Neuf heures, quand je sors de table, il est un peu tôt alors je me zone devant la boite à images en attendant. Un vendredi soir, ce n'est peut être pas une bonne idée. Je ne sais pas si c'est le coté accueillant du canapé, la douceur du feu de cheminé ou l'émission de variétés (à ce propos, "variété" me paraît un terme usurpé, c'est toujours les mêmes) mais j'ai été assailli par une vague d'énergie molle, j'ai tout raté Florent Bruel. Quand j'émerge de ma période de méditation profonde, il est minuit passé, il fait moins zéro dehors que faire ? La médiation, ça a du bon, tout compte fait j'ai la pèche. Je saute dans mes bottes, enfile deux pulls, un blouson, un pardessus, un ciré, un châle, une écharpe, des gants et une cagoule et je saute dans la voiture. Arrivé à la porte de Bayou, j'ai trop chaud et j'ai les pieds gelés.
La méditation ne permettant pas encore de remonter dans le temps, j'ai raté le premier set, ils font une pause. Il n'y a pas trop de monde, pas de bousculades. Je salue une ou deux têtes connues. Quand le second set démarre, je me suis calé dans une chaise, voyons voir.
Le premier constat, c'est que ces mecs savent jouer le Blues, le second constat c'est qu'ils ont arrêté d'en jouer. Sinon c'est bon, propre, en place, et efficace. Le coté le plus Blues du répertoire est proche du style de Doctor Feelgood en moins rageur. Il n'y a pas beaucoup de monde et l'ambiance ne monte pas. J'ai le sentiment qu'il garde une réserve d'énergie pour nous catapulter un troisième set ravageur. Un petit problème de son pollue la soirée, on n'entend pas l'harmonica en façade. Changement de batteur en cours de route, on apprend qu'ils sont en cours de passation de pouvoir, et le nouveau ne connaît pas encore tout le répertoire. A la fin du set, la salle s'est un peu réchauffée. Mais les Chicanos n'ont pas encore décollé. Une petite discussion avec le bassiste me permet de savoir qu'ils viennent de Tarbes, qu'ils sont effectivement fans de Dr Feelgood et qu'ils préparent un nouvel album. Le dernier set démarre. Une partie de la salle se met à danser, à Rouen c'est un exploit, mais l'ambiance n'est pas vraiment chaude. J'ai le sentiment qu'ils n'ont pas eu assez de répondant dans la salle pour lâcher l'énergie que je les soupçonne de pouvoir dégager. C'est dommage, j'ai passé une bonne soirée mais je suis resté un peu sur ma faim. A revoir dans une bonne salle.
Pascal Lob
21-12-2001
The Hoodoomen
Comme d'habitude, je ne sais pas si j'aurai l'énergie, d'autant plus que ça fait au moins 120 bornes.
Comme d'habitude, à 9h j'appelle les pots, tout le monde est pris ou déjà couché (alors là j'hallucine).
Comme d'habitude, je me décide au dernier moment, j'y vais.
Comme d'habituuuuude.
Les 5 premiers kilomètres sous une pluie battante, j'avoue que j'ai douté. Puis j'ai chargé le CD de Bloosers, j'aurai pu rouler toute la nuit. Une fois et demi le CD plus tard je suis sur place. Le parking est bondé mais les 3 Brasseurs comme son nom l'indique, c'est une brasserie où c'est qu'on mange, alors sont-ils venus attirés par le Blues ou par la choucroute ???
A la porte je tombe sur Pascal Fouquet qui change ses chaussures, somme toutes banales, contre des superbes bicolores digne des plus beaux aspirants mafioso. La prochaine fois je crains de le voir avec des guêtres.
- Salut
- Oh salut Calou qu'est ce que tu fais là ? (et oui, il est gentil mais il s'obstine à m'appeler Calou)
Franchement, le soir ou les Hoodoomen jouent au 3 Brasseurs qu'est ce que je pourrais foutre là ? Ils ont peut être un robinet qui fuit et je dois avoir l'air d'un plombier ??? Ceci dit, il a l'air heureux de me voir comme si on était des copains d'enfance, rien que pour ce visage ravi je ne regrette pas d'être venu. Après une petite discussion extérieure sur les Emails échangés et non aboutis, nous rentrons rejoindre le reste de l'équipe. Première surprise, Philippe Brière a attrapé la même maladie que Pascal, il a les pompes qui blanchissent par endroit, méfions-nous. Deuxième surprise Francis "Swing" Marie s'est fait une coupe d'été, en décembre ? Je pense qu'il n'est pas mieux que les deux autres. Bernard Marie n'a lui aucun signe extérieur de la maladie qui les frappe mais je me méfie c'est probablement un porteur mal-sain.
Après quelques plaisanteries nous parlons de l'intérêt croissant que leur porte le petit monde du Blues. Pascal ne comprend pas pourquoi, moi oui.
Enfin ils montent sur scène et démarrent avec un titre musical, dans la tradition des intros de concert. Déjà je comprends qu'ils ont encore fait des progrès depuis la dernière fois que je les ai vu. Mon jugement se confirmera au fil des titres. Chaque instrument a complètement trouvé sa place dans le puzzle. Tout s'imbrique à merveille, la basse-batterie suffit à faire tenir les morceaux, la guitare et l'harmonica, qui se complètent parfaitement, viennent juste ajouter des touches de couleur. La voix parfois claire mais plus souvent rocailleuse n'a plus qu'à venir se poser sur ce tapis musical. Un point supplémentaire pour eux, les solos ont pour but de mettre en valeur les morceaux pas les musiciens. L'harmonica n'est pas envahissant mais Philippe n'a lui non plus pas pu s'empêcher de chanter quelques phrases dans son micro d'harmo. (Pitié messieurs les souffleurs arrêtez).
Pour le show, ils sont tous descendus dans la salle. Francis Marie avec une caisse claire scotchée à la ceinture. C'est frais, c'est sympa et ça met le feu à la salle.
Puisque qu'on parle de la salle, il faut dire que ce n'est pas une salle de concert mais une brasserie. C'est plein de tables, de poteaux, de choucroute, de frites et de monde. Car il y a vraiment du monde. La configuration fait que l'on n'en voit qu'une petite partie mais la salle est grande, et les tables occupées. L'autre point noir c'est que seul une dizaine de tables peuvent voir les musiciens, les autres les regardent à la télé. Dommage que le son ne soit pas lui aussi retransmis car au fond de la salle, les Hoodoomen n'arrivent plus à couvrir le brouhaha des conversations.
2 sets plus tard, je prends 5 minutes pour leur serrer la main et leur donner rendez-vous au 28/12 à Rouen au Brooklyn Café.
A quand l'album ? Ils y travaillent mais faut pas le dire, il y aura sûrement un clavier.
Pascal Lob
Photos : Didier Chaumier
28-12-2001
The Hoodoomen
C'est à moins de 10mn de chez moi, là pas de risque de perte de courage. Vers 7 heures, un petit coup de fil à Pascal "Gringos" Rigault pour savoir à quelle heure on se retrouve, il me rappelle que l'on répète ce soir de 20 heures à minuit. Juste le temps de préparer ma guitare et mon micro et je pars rejoindre FoolBox au local, je n'ai pas mangé, tant pis. Habituellement, notre conduite en répétition est exemplaire, ce soir Fabrice Malmaison (le batteur) a apporté du Whiskey pour fêter la dernière de l'année, méfions-nous. 4 heures plus tard, on a été plutôt sérieux, la bouteille a survécu. On l'achèvera une autre fois. Le temps de réserver un local pour la prochaine et on décolle direction Brooklyn.
Quant on arrive sur place, ils ont fini le premier set. On les retrouve autour d'une bière. Je n'ai pas noté de signe d'amélioration de l'état de Pascal Fouquet et Philippe Brière. Ils sont toujours atteints du même mal. Bernard Marie présente les signes avant coureurs, avec le dessus de ses chaussures en léopard des neiges. Je crois qu'il est foutu. Il ne m'a pas fallu longtemps pour me rendre compte que Francis "Swing" Marie est définitivement perdu. Il se bat contre les rasoirs, et ce sont les rasoirs qui gagnent. L'un d'entre eux particulièrement hargneux, s'en est pris à sa magnifique chevelure (parce qu'il le vaut bien). Méfiez-vous des rasoirs, par ces temps froids, ils sont d'humeur détestable.
Ils reprennent possession de la scène avec un morceau en trio basse, batterie, guitare. Gringos qui ne les a pas vu depuis longtemps a déjà compris. Ce qui suivra finira de le convaincre. Le Brooklyn est un petit cafcons où les conditions d'écoute sont correctes, pour peu que la balance ait été bien faite.
Je décernerai un "Calou d'argent" ce soir pour Francis "Swing" qui l'est particulièrement. Si c'est en rapport avec la longueur des cheveux il faut le raser à blanc. Un autre "Calou d'argent" à Bernard Marie, l'autoroute basse de la soirée qui joue le side man posant le tapis des morceaux sans se faire remarquer. Ce mec est le seul bassiste que j'ai vu, qui lorsque que l'on lui laisse un espace pour faire un solo arrête de jouer de la basse pour faire son solo avec la bouche (je vous l'avais dis : il est atteint). Je ne dirais rien sur guitare, harmo, chant, comme toujours complémentaires et irréprochables.
En toute fin de concert, Dominique Fanger est venu les rejoindre pour prendre l'harmo et le chant sur un titre. Habituellement Pascal "Gringos", qui est gaucher (le pauvre) ne peut pas participer au b?uf. Là, on sort de répète, il a donc sa guitare et son ampli dans la voiture. Il se joint à la fête, Dominique Fanger me cède le micro pour que je puisse massacrer le texte de Mustang Sally. Puis Dominique réinvesti, pour un titre, la scène que j'ai quittée. Ils finissent entre eux. Une personne du public leur a demandé du Funk. Je préfère passer sous silence ce qui a suivi pour ne par faire d'ombre à leur carrière.
En dehors du titre auquel j'ai participé et que je suis bien incapable d'analyser. Le b?uf a gardé une qualité qui n'a pas détonné par rapport au reste de la prestation, ce qui est toujours agréable.
Pour avoir testé la scène, mais surtout le son sur scène, je décerne le "Calou d'or" de la soirée à Philippe Brière, capable de chanter sans retour. Notons que les autres doivent maîtriser leur art pour jouer sans entendre le chant.
En sortant du Brooklyn, Pascal "Gringos" est comme moi, conquis.
Pascal Lob
Photos : Didier Chaumier
29-12-2001
Soulmen
J'ai reçu leur démo la veille. La première écoute m'a convaincu d'aller les voir. Le problème c'est que c'est à 120 bornes et que je n'ai pas envie de les faire seul. Second problème personne n'est disposé à m'accompagner. Je finis par convaincre ma femme qu'il y a longtemps quelle n'a pas mangé de choucroute. Je coordonne le coup avec la baby-sitter et nous voilà en route pour une soirée de Rhythm & Blues.
Quand nous arrivons sur place, ils sont à table, nous en faisons autant. Une tartiflette plus tard, les musiciens quittent leur table. J'en profite pour aller saluer Daniel Simeon (sax) avec qui j'ai échangé quelques Emails. Jean Marie Guillaume (batterie) et Laurent Piel (trombone) se joignent à la conversation. S'ils sont aussi bons sur scène qu'ils sont sympathiques la soirée s'annonce bien.
11 h 30, le concert démarre. 11h35, je suis amoureux des cuivres. 11h40 ces fameux cuivres nous balancent un "pain" (chez nous, on appelle ça comme ça) monumental dont ils parleront longuement à la poste et pendant des années lors des veillées au coin du feu. Cela ne changera d'ailleurs rien à mon avis à leur sujet.
Lors de l'écoute de la maquette, je n'avais pas été convaincu par les voix. J'apprend que la chanteuse ne fait plus partie du groupe. Le chant de Nicolas Hemery (guitare chant) par contre est bien plus convaincant que sur la démo. Les reprises sont toutes ultra connues et l'ambiance est bonne. Jacky Hemery (guitare chant) et Cyril Robieu (basse) sont équipés d'émetteurs, ils font une petite balade dans la salle ce qui finit de chauffer l'ambiance. Globalement, ils sont très agréables à écouter. Les reprises sont peut être un petit peu trop conformes aux originaux à mon goût, mais le groupe marche bien et ils prennent un tel plaisir à jouer qu'ils nous emportent. La seule fausse note de l'ensemble vient peut être de la basse. S'il gagnait un peu en précision et en fluidité cela multiplierait la puissance de l'ensemble par deux ou trois. Peut être aussi qu'un chanteur qui n'aurait pas à s'occuper d'un instrument finirait d'en faire l'excellent groupe qu'ils semblent prêts à devenir.
A la pose, nous discutons 5 minutes avant que je ne parte. La baby-sitter ma donné la permission de 2h et j'ai encore 1 h de route. C'est la mort dans l'âme que je quitte les lieux sans avoir vu la seconde partie. Je retournerai les voir dès que possible.