Le 16/07/02:
L?OREILLE BLEUE NAGE DANS SON JUS,
LE CAHORS, LA BIERE ET ? LE BONHEUR !
Pour rejoindre la préfecture du Lot, j?ai choisi d?utiliser le train. Des le quai de la gare, l?écho des voix de diverses nationalités me donne un avant goût du voyage? Parti de Rouen vers 11 heures, j?arrive à Cahors vers 19h30. Le temps de m?installer à l?hôtel, de prendre une douche, je file sur le site du théâtre de verdure pour la soirée inaugurale. Au programme, l?anglaise Connie Lush and Blues Shouter puis l?Américain Calvin Russell. De la chanteuse britannique, je ne connais pas grand chose, seulement quelques lignes enjouées lors de la lecture du dernier TRB (Trois Rivières Blues). Pétulante, authentique et rare, voilà comment je définis la personnalité de Connie. Dégageant, une belle sensualité, elle n?est pas sans me rappeler, toute proportion (mammaire) gardée, l?hypnotique Candye Kane?
Le répertoire varié de la dame s?exprime avec générosité, bien soutenu par son boy-friend de guitariste, John Lewis, inspiré et juste, le bassiste Terry Harris aussi démonstratif qu?efficace et le batteur, Carl Woodward, bien dedans et aérien. Le nombreux public est sous le charme, surtout qu?en Miss Lush s?autorise une incartade en français et en anglais en interprétant de façon originale "Les feuilles mortes". L?organisateur ne s?y est pas trompé, offrant un magnifique bouquet de fleurs à la demoiselle? C?est ce que j?appelle, une excellente entrée en matière !
Calvin Russell se propose à nous pour prolonger la soirée. Je m?étonne encore aujourd?hui de (re)découvrir ce personnage dans un festival de blues, tant sa musique me paraît plus inspiré par la Country et le Rock que par la musique du diable? Des le 4eme morceaux, j?ai décroché préférant aller voir, les Rosebud Blue Sauce, dans un bar du centre ville. La prestation des Cadurciens d?origine entre Swamp Blues et Boogie, s?est révélée fraîche et sincère. Pour terminer ce début prometteur, je monte jusqu?au bout du Bd Gambetta, pour écouter le groupe Awek.
J?arrive au moment ou Nico Wayne Toussaint tape le "b?uf" avec le trio de Haute-Garonne, distillant d?énergiques chorus et d?habiles solos de son harmonica? Ca me donne envie de me faire plaisir, je me commande une Gueuze Bécasse pour atteindre 2h30 du mat?. Hum ! comme c?est gouleyant? Je m?en vais retrouver les bras de Morphée?
Le 17/07/02:
Après une courte nuit et un réveil en fanfare par la satanée installation des étals du marché en bas de l?hôtel dés 6h30 du mat?, je quitte ma chambre la tête comme une pastèque?
Au programme, ce mercredi, les Français de Cover Crops et les Belges, que je suis heureux de revoir, Last Call des 18h30. A partir de 23 h, pas moins de sept groupes de nos contrées (rien que du p?tit lait) répartis dans autant de troquets autour du boulevard Gambetta !
Je passe l?apres midi à zoner m?installant à la terrasse d?un café pour mater les jolies p?tits culs qui se balladent, je ne suis qu?un pauvr? homme ! A l?heure du thé, j?accueille Gilles et ses compères de Bluesville arrivé tout droit du Vaucluse. Le temps qu?ils s?installent pour faire la balance, je les quitte ne voulant pas rater la prestation de Last Call au théâtre de verdure. Devant un public (trop) clairsemé, la musique présentée par les Flamands se révèle tout aussi envoûtante que furieuse. Avec un répertoire fait de Swing, de Cajun, de Boogie en tirant meme sur la Musette et les Ambiances Latino-Mexicaines, le concert fait dans la drôlerie et l?originalité. Autour du charismatique chanteur, Henk Van Der Sypt à l?harmo, à l?accordéon et à la planche à laver, entouré par un bassiste RC Stook, et un batteur, Steve Wouters, assurant une rythmique infernale, éclairé par le très talentueux Luke Alexander (Ex- Electrics Kings) à la guitare nous promènent ainsi sur des territoires marécageux et embrumés !
La magie "Vaudou" embaume la ville de Cahors? Le temps de retrouver mes esprits, je file sur le boulevard pour écouter mes p?tits préférés de Bluesville, Philippe Faissolle à la voix rauque, Philippe Sangara à la guitare et au splendide Dobro, David Giancola à l?harmo à la fois si discret et tellement présent, étayée par les gars de la rythmique, Benjamin Savoldelli à la batterie et Gilles Artero à la basse? Après quelques morceaux, un couple m?interpelle en me demandant si je suis Américain ? C?est vrai qu?avec ma casquette, mon short et mes presque 120 kilos, on peut se tromper ! La charmante Frederique des Pays-Bas et le relax John d?Irlande vont partager avec moi deux bonnes heures de live ! Malgré la barrière de la langue, mon anglais parlé comme une vache normande et leur français riche d?une dizaine de mots, la communication réussie à s?établir, en passant du concert des Bloosers, à Mr Tchang puis un retour vers les Bluesville, le tout agrémenté de quelques saveurs houbloniques du meilleur cru ! Ce fut un moment sublime et merveilleux qui restera vivace dans mon esprit ou seul la passion pour la musique a eu raison de nos différences culturelles? Je quitte à regret mes nouveaux potes autour de minuit, pour retrouver le trio toulousain d?Awek qui s?appuie sur un solide répertoire entre Blues-Rock et Boogie? La soirée se termine par un "b?uf" d?exception ou a tour de rôle Nico Wayne Toussaint (harmo, chant) et sa compagne Natty (basse), Pascal Fouquet (guitare), Francis et Bernard Marie (batterie et basse), tous trois des Hoodoomen, Luke Alexander (guitare Last Call), le bassiste des Cover Crops et un harmoniciste sans groupe qui ne devrait pas le rester longtemps, François de Toulouse, décalaminent cette musique du diable, tellement tripante et jouissive ! !
HE ! CAHORS, THE BLUES IS ALLRIGHT ! ! !
Le 18/07/02:
Après une longue sieste de 6 heures, je retrouve par hasard à l?heure de l?apéro Francis des Hoodoomen et me décide à m?immiscer à l?endroit ou tous les "acteurs" du Festival se retrouvent. Le meilleur moyen de s?imprégner de l?ambiance générale, c?est de déjeuner en compagnie des bénévoles, des techniciens et des musiciens sans qui, ces cinq jours d?allégresse et de passion ne serait que misère et désolation?
Le repas bien arrosé, cet après-midi allait être ponctuée, par la musique du Breton Philippe Menard, le "One Man Band" du Blues. Véritable virtuose de la guitare (slide, acoustique et électrique), de l?harmonica et soutien efficace de la rythmique ( grosse caisse et percussions " fabrication maison "), l?homme-orchestre , dans la cour du Conseil Général du Lot, concocte un savoureux cocktails de compositions lumineuses et de standards du Rock (R. Gallagher, J. Hendrix) et du Blues (R. Johnson), en leurs redonnant une âme et une autre dimension? La bonne heure et demie passée en sa présence fut riche en émotion d?une musique "Roots" authentique. Vers 18h30, je suis convié à la conférence de presse de Benoît Blue Boy, ou étant là pour apprendre, je me contente de lui adresser quelques mots et de lui donner les coordonnées de "L?Oreille Bleue". BBB et les Tortilleurs soutenu par les cuivres Texan The West Side Horns et Hector Watt à la guitare sont au programme de cette 3eme nuit avec en ouverture les Belges The Seatsniffers. Avec un style fortement influencé par le Rockabilly et le Blues des années 50, sans délaisser le Rhythm and Blues de la même époque, la performance du quatuor allait agir comme une révélation? Walter Bries au chant et à la guitare, Roel Jacobs aux Saxophones (baryton et alto), Luc Houben à la basse et Piet De Houwer à la batterie ont véritablement dynamité le théâtre de verdure avec une énergie délirante et une inventivité débordante ! Je suis resté scotché par leur show et je leur promets de belles dates à venir en France? Je me fis un plaisir d?aller les féliciter en compagnie de Joël de Blues Feeling qui en profita pour réaliser une interview. C?est la SPLENDIDE découverte de ce Cahors Blues Festival Cuvée 2002 !
Dans l?affaire, j?ai loupé les 2/3 du concert de BBB, ce qui ne ma pas empêcher d?apprécier avec toujours autant de plaisir sur quelques titres, la guitare du meilleur grateux en France, Stan Noubard-Pacha, la basse de Thibault Chopin, et le jeu de baguettes de Fab Millerioux. Renforcés pour l?occasion par les somptueux Rocky Morales au saxophone et Al Gomez Jr à la trompette, complété par le guitariste Hector Watt, venus tous spécialement des Etats Unis pour recréer l?odeur si chaude et épicé de " BBB en Amérique " ! ! !
Pour continuer le voyage, je rejoins les Normands Hoodoomen qui s?essaye avec leur Jump Blues efficace du meilleur effet, retenant un public conquis sur la terrasse du bar. Vers 2h du mat?, direction les "Docks" pour la 1ere "Jam Session" de la semaine ou les locaux Rosebud Blue Sauce se produisent. De nombreux musiciens allaient se succéder sur la scène, il m?est difficile de tous les nommer, je m?autorise à souligner la présence d?Eugène Hideaway Bridges (programmé Samedi) venu "jammer" son Chicago Blues en avant première.
Le cru 2002 du Cahors Blues Festival prend doucement sa vitesse de croisière, faisant la part belle à l?essence même du BLUES : Communion, Partage et Esprit de Fêtes ! ! !
Le 19/07/02:
En arrivant sur le site, l?attachée de presse me propose d?aller découvrir un endroit étonnant situé à une quinzaine de kilomètres de Cahors : Le Café du Monde. En compagnie de Jean (Blues sur Scène), du responsable de "Blues in Meudon", de Joël (Blues Feeling) et du maître de cérémonie du festival, Youssef, nous arrivons chez Gilda et Bernard Droguet, une douceur agréable de Bâton Rouge flotte sur cette ancienne gare entièrement rénovée et décorée par le couple en restaurant-spectacle, ou la cuisine s?inspire chaque semaine d?un pays diffèrent? Dépaysement garanti ! Pour le moment, les concerts proposés sont acoustiques en solo ou en duo d?inspiration Blues. Il faut dire que Bernard connaît la musique et l?écriture en tant que parolier de Dick Rivers et d?autres pointures de la variété française. Dans quelques temps, l?endroit s?enrichira d?une salle de concert à par entière, en transformant un bâtiment situé à quelques mètres de l?actuel resto pouvant accueillir des formations plus complètes et une centaine de spectateurs? Avis aux amateurs !
De retour au théâtre de verdure vers 18h30, j?assiste à la prestation de l?Américain Preston Reed. Guitariste acoustique, il maîtrise son art et toutes les techniques de jeu de la six cordes avec un talent certain. J?ai eu cependant un peu de mal à accrocher à cette séance de haute technicité? Joël (Blues Feeling) m?offre la possibilité de l?assister pour l?interview des Bluesville, car comme moi, il est tombé sur le cul a l?écoute de leurs deux galettes !
Le temps de dîner, je ne vois que la fin du concert de Peter Nathanson qui propose un Blues moderne et urbain de bon niveau. Ce soir, je préfère aller à la découverte des groupes présents sur le Boulevard du Blues dont le principe est simple :
Prenez un long et large boulevard (Gambetta par exemple)
Clôturez-en chaque extrémités
Installez-y 7 groupes français des 4 coins de l?hexagone
Squattez les plus belles terrasses des cafés de Cahors
Mélangez en secouant bien fort sans risquer d?en perdre en route.
Résultat, vous obtiendrez un Blues dans tous ses états, varié, inventif et tout simplement bandant ! ! !
Du Blues-Rock péchu inspiré par SRV des Blues Drivers au style déjanté de Mr Tchang saupoudré d?un peu de Rosebud Blue Sauce soutenu par les Marie Brothers des Hoodoomen, brassé par le Jumpin? Chicagoant des Bloosers au combo New-Orleans des Flyin? Saucers?
Ces derniers originaires de Bordeaux sont pour moi la révélation coté français de cette 21eme édition. Leur musique remplie d?humour inspirée de Zydeco, de Swing, de Rock?n?Roll est dans la pure tradition des ambiances louisianaises festives et jubilatoires, sûrement déroutantes pour un puriste? La formation composée de cinq éléments perturbateurs, le guitariste Anthony Stelmaszack inspiré et réellement doué, le chanteur (plus harmonica et rubboard) au charisme naturel Fabio Izquierdo, soutenu à l?orgue et au chant du toujours sérieux Cédric Le Goff, la rythmique sans faille avec le batteur Christophe Schelstraete et le bassiste (pour l?occasion) Thierry Andrade. Du fort bel ouvrage ! ! !
Pour continuer la nuit, je rejoins le lieu ou les Bluesville ont partagé la scène avec le band de Nico Wayne Toussaint. Tout particulièrement quand l?ensemble des musiciens et leurs instruments (3 guitares, 2 harmonicas, 2 basses, 2 batteries et 2 chanteurs) ont magistralement interprété le standard "I?ve got my mojo working" !
Un grand moment rare et fort de ce 21eme festival ! ! !
Déjà 3h du mat?, je file jusqu?au "Docks" pour le traditionnel "b?uf" de fin de soirée. Animé par les Dunkerquois Paint It Blue consolidés par de nombreux intervenants ou la diversité et la richesse de chacun, n?ont d?égales que leurs envies de tout donner et de mettre tout en commun ! Ca le fait, les gars !
Le 20/07/02:
Une dernière journée de festival, c?est un peu comme la fin des vendanges (surtout dans le sud-ouest), à la fois triste et heureux Triste car des demain, je retrouve la quiétude d?une vie somme toute banale. Heureux car la tête rassasiée de mille couleurs musicales, je sais qu?un peu de repos et une bonne grasse nuit de sommeil me seront bénéfiques? Sous une chaleur quasi-tropicale, j?ai eu la chance de déjeuner en compagnie de Brigitte et Philippe Menard, deux êtres absolument adorables et sensibles, comme il est rare d?en rencontrer. La sieste bien méritée eu sur moi un effet de dopage, j?assiste à la balance d?Eugène Hideaway Bridges. L?après midi s?écoule tranquillement comme cette pression bien fraîche qui rafraîchit mon gosier? Bientôt 20h, je m?installe rue Caviole pour le repas Louisianais animé par l?excellent Philippe Menard et son répertoire tellement chaleureux? Le repas sucré-salé et le vin à discrétion m?amènent à rejoindre la grande scène vers 22h ou Eugène distille une musique gorgée de Soûl, de Blues et de Chicago Style du nouveau millénaire. Fin guitariste au toucher influencé par BB King, il se révèle être un chanteur à la voix chaude et sensuelle. Le public a répondu présent, le théâtre de verdure est en ébullition autant pour le musicien de la Nouvelle-Orléans que pour le beau bébé Popa Chubby et son Blues-Rock "couillu" ! De la prestation du New-Yorkais, je ne peux vous parler que des trois premiers morceaux, préférant aller à la rencontre de groupes que je n?ai pris encore le temps d?écouter : Without et Back to the Roots, originaire du Nord. Pour les premiers, je me serais mordu les oreilles de ne pas avoir pu assister à leur concert tant l?échange de phrasés entre les 2 guitaristes (Christophe Dewaele et Eric Liagre) fut communicatif et la section rythmique avisé, avec Olivier Mahieu à la basse et Stéphane Wils à la batterie, le lead-vocal de Stéphane Bak de haute volée bien partagé avec son compère Eric.
J?apprécie leur Blues-Rock dansant mais je suis moins réceptif toutefois aux Slow-Blues à la Gary Moore? A suivre de prés dans les mois à venir ! Pour les seconds, j?ai faillis louper le beau voyage dans les racines profondes du Blues et du Gospel au choix délibéré pour le son acoustique des deux guitaristes (Daniel Duez et Dominique Grebert aussi au Dobro), consolidé par le chant et l?harmonica de Christophe Leux et le washboard et la voix du créateur de la formation, Alain Augustyniak. Il est 2h du mat? quand je prends la direction des "Docks" ou les Hoodoomen terminent leurs sets dans le style West Coast Blues. Le quatuor (préféré de L?Oreille Bleue sans équivoque !) s?appuie sur le meilleur guitariste français des groupes n?ayant pas encore de label de distribution, le sensationnel Pascal Fouquet, son compère le chanteur-harmoniciste Philippe Briere au souffle posé et à la voix suave n?est pas en reste sans oublier la rythmique sans faille d?une parfaite collaboration de presque 25 ans, la "Marie Connection", de leurs petits noms pour les dames, Francis aux baguettes et Bernard à la basse. Frissons et Emotions à profusion !
La soirée et le festival se clôturent par la Jam Session ou l?emblématique Américain de service squattera la scène privant ainsi quelques autres sicos, notamment de Without, de pouvoir partager ses moments uniques ! Dommage !
Je garde cependant en moi, cinq formidables jours et nuits ou j?ai eu l?impression d?être en permanence en lévitation, les pieds décollés de 50 cm du sol, tant la programmation judicieuse de têtes d?affiches (BBB et les Tortilleurs, Popa Chubby?), de découvertes européennes (Connie Lush, Last Call, Seatsniffers) et de la crème de la crème des groupes hexagonaux formèrent un cocktail goutteux, métissé, détonnant et surtout perpétuellement intéressant?
Sans vouloir jouer les "Leches-Bottes Blues", je tiens à remercier le chaleureux accueil de Bernard Viguie et de l?ensemble des permanents et des bénévoles (IN-DIS-PEN-SA-BLES !), de Jean-Philippe Kaufmann et de son équipe technique (ES-SEN-TIEL-LE !), l?ensemble des musiciens d?exister pour laisser le BLUES aussi vivant et vivace, et surtout le public d?en être un maillon irremplaçable !
Une mention toute spéciale à Christian et Jean-Pierre de Trois Rivières Blues, à Joël de Blues Feeling pour leur soutien, leur aide, leur délires et leur C?UR GROS COMME CA ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! !
A l?année prochaine Cahors, La 21eme édition est ancré dans le 21eme siècle, je suis convaincu qu?il restera un festival incontournable du 3eme millénaire?