Incontournable dans la généreuse programmation du Festival Blues sur Seine de Mantes, le Tremplin Découvertes permet de mettre en avant des (nouveaux) talents de la scène Blues française. Pour concourir, il suffit de pratiquer une musique d?inspiration bluesie, acoustique ou électrique, avec des textes en anglais ou français de compositions ou de reprises, et surtout d?avoir gravé une galette n?ayant jamais été distribué. Cette année, 59 groupes ont déposé leur candidature, 8 ont été retenu pour la finale de ce dimanche au Centre d?Action Culturelle Georges Brassens. Avec le soutien de la Fondation de la Poste, un jury composé de membres avertis : FNAC, Sacem, Médias " Blues " dont presses écrites, radios, sites Internet ( ?Pascal L?Oreille Bleue? en fait partie), Cahors Blues Festival, représentants du Festiblues de Montréal et d?autres personnalités? Tous ce beau petit monde est convié pour une après midi riche en émotions et en prix divers et variés. Le principe est simple, les groupes se succèdent à raison d?une vingtaine de minutes sur scène pour convaincre. L?ordre de passage a été tiré au sort, c?est le groupe bas-normands, Bluetones, qui essuie les plâtres, pas évident dés 14 heures d?être performant. Cependant, sans balance (ou presque) le quatuor caennais autour du charismatique chanteur-guitariste Christophe Becker, allait chauffer l?assistance avec son Jump Blues aux influences Swing et Rock?n?Roll. Luc Mulot à la basse, Thomas Troussier à l?harmonica et Patrice Robert à la batterie forment les autres éléments perturbateurs de la formation. Axel Puvis de Chavannes, chanteur et guitariste acoustique, accompagné de Hervé Poupon à la contrebasse et de Simon Ville aux congas et aux percus, prirent le relais. Avec un répertoire de compositions en anglais, le trio, originaire d?Ile de France, distilla une musique plus proche des Songs Writers et du Folk avec de doux accents latins? Pour suivre, Les Saligauds Elégants (tout un programme !) ne respirent pas la mélancolie. Si les textes en français pleins d?humour font mouche, leur style entre Blues et Swing, Rhythm and Blues et Boogie, donne des fourmis dans les jambes? Vincent Pagis (guitare, clavier, chant), Marc Loy (guitare, chant), Daniel Dimov (saxophone, chant), Gilbert Pétrides (basse), Stéphane Commecy (batterie) composent ce "band" de rigolos originaires de la région parisienne ! Il est un peu moins de 16 heures, quand les calvadosiens d?Hoodoomen investissent la scène. Faut-il encore les présenter ? Comme les autres, ils bénéficièrent de conditions délicates, et toutefois, dés les premières notes, la magie s?installe avec leur West Coast millésimé ! Pascal Fouquet, exceptionnel adepte de la six cordes, Philippe Brière, formidable harmoniciste et véritable chanteur, soutenus par la meilleure section rythmique de sa génération, les Marie Brothers, Francis aux baguettes et Bernard à la basse. Pour l?occasion, le pianiste présent sur leur enregistrement, Fabien Saussaye, renforce la qualité toute proche de la perfection? Le public chavire, le jury semble conquis? certains l?étaient sûrement avant ! Le trio acoustique, Ded Harpo, se propose aux suffrages. Avec des textes en français et un répertoire Swing-Blues, l?originalité du groupe se caractérise par l?utilisation d?instruments "fabrication maison". Ainsi, Vitas a équipé sa guitare d?un résonateur dans l?esprit d?un "Dobro" et utilise une espèce de cymbale avec son pied droit, Osvald joue de la basse électro-acoustique 5 cordes et des percussions actionnées par ses pieds, grosse caisse pour la jambe droite et caisse claire pour la gauche, Ded chante et se ruine les babines? Autre formation "débranchée", Back to the Roots, en provenance du Nord de la France, présente, comme son nom l?indique, un répertoire en anglais ancré dans les racines profondes du Blues. Autour d?Alain Augustyniak au chant et à la planche à laver, Christophe Leux s?active à l?harmonica et à la voix, les guitares "sèches" de Dominique Grébert et de Serge Douai peaufinent l?enracinement.Les musiciens, originaire de la Marne, Blues Drivers, ont assuré dans un style Blues Electrique fortement influencé par le jeu de guitares de SRV et autres consorts? Compos en français, bonne cohésion, superbes mises en place ou Fred Chapellier s?impose en talentueux chanteur-guitariste dont le reste de la formation (basse, batterie, clavier) ne fait pas de la figuration. Dernier à passer l?examen, les Nantais de Scratch My Back s?appuie sur un registre de standards du Blues (Caldonia, notamment) et de compos échevelés. Fort de 6 musiciens inspirés, Kévin Doublé (chant, harmonica), Olivier Sueur à la batterie et Miguel Hamoun à la basse, les cuivres Sylvain Fétis au saxophone Ténor et Yves Brouillé à la trompette, Julien Broissard parti exercer son talent aux Amériques, c?est un guitariste du pays de l?Oncle Sam, Josh Miller qui l?a remplacé avec brio, pour ce coup-là et peut être plus? Les dés sont jetés, le jury se rassemble et comptabilise les votes. Il est 19h45 quand Jean Guillermo, président de festival, annonce les résultats accompagné des responsables du Festival de Blues de Montréal. Grand Prix du Tremplin : The Hoodoomen, avec a la clé, une date de concert au Québec en Août 2003, lors du festiblues, devant une assemblée estimée à prés de 20000 personnes ! Prix du Blues chanté en français (soutenu par la Poste) : Les Saligauds Elégants, en prime un chèque de 1600 euros ! Prix du Festival de Blues de Cahors : Scratch My Back et Bluetones, qui fera partie de la programmation officielle du " Cahors Blues Festival 2003 " Prix Acoustique : Back To The Roots Prix Electrique : The Hoodoomen Ces 2 derniers gagnants se produiront lors de l?édition 2003 du Festival "Blues sur Seine". Une excellente qualité de l?ensemble des finalistes, qui prouve, mais j?en étais personnellement convaincu, que la scène Blues est bien vivante dans l?hexagone et s?exprime en diversité avec caractère et détermination ! The Blues is not dead !!!!!!!!!

Agissant comme un amuse-gueule d?un week-end rempli de notes bleues qui me conduira de Cléon, pour le festival Blues de Traverse, à Utrecht aux Pays-Bas, pour le Blues Estafette? je prends la route des Yvelines en compagnie de mon ami Christian Rock, pour la venue des nordistes, Without. Avant de rejoindre la compagnie d?Emmaus ou à lieu le concert, nous filons jusqu?à Buchelay pour découvrir le groupe russe, Blues Cousins, qui s?active dans le bar du village. En arrivant vers 19h30, il nous est difficile d?entrer dans le troquet débordant de monde ! Nous réussissons à nous frayer un chemin jusqu?au comptoir pour commander une mousse et écouter le trio moscovite (guitare-chant, basse, batterie). Si la musique des Blues Cousins est plus proche du Rock?n?Roll, elle ne manque pas de vélocité et de pêche ! Avec un répertoire en anglais de standards du Rock, de Boogies (que ne renierait pas Georges Thorogood) et de Blues Rock péchu, les clients du café reprennent en c?ur Johnny be good et frappent dans leurs mains. Les nombreuses galettes vendues par le groupe à la fin du premier set en témoignent ! Le registre populaire et relativement "grand public", sans être d?une grande originalité a mis le feu, en particulier quand le batteur s?offre un énergique solo en jouant les "Francis Marie" (batteur des Hoodoomen) en se levant pour parcourir l?assistance baguettes à la main. Waouh ! Une bonne claque aux petites mauvaises odeurs ! Il est grand temps pour nous de rallier, Dennemont, ou se produise les Without. Nous arrivons pile-poil pour le début, un salut aux "chtios" gars du chnord et leur manager, Franck. D?entrée, je retrouve la cohésion ressentie sur leur galette (" On stage ") et une mise en place dans la lignée de leur prestation au Festival de Blues de Cahors. Without s?exprime avec talent et ne triche pas avec la scène ! A commencer par Stéphane Bak, véritable leader et chanteur, plus qu?inspiré qui n?hésite pas à échanger le chant-lead avec son compère, Eric Liagre. Ce dernier se paye de belles interventions de sa guitare qu?il partage avec l?habile jeu de six cordes de Christophe Dewaele (pour moi, l?un des meilleurs vu cette année !). La section rythmique (Olivier Mahieu à la basse et Stéphane Wils à la batterie) complète l?impression de qualité d?ensemble. Pour ne rien retirer à l?affaire, ils ont bénéficié d?une bonne restitution sonore pour un hangar plein de meubles et de bibelots. Avec leur répertoire entre Slows Blues langoureux et Blues Rock dansant aux jolies touches Funky, Without a su créer l?ambiance et emmené le public familial de ce soir sur des territoires qu?il n?imaginait pas? Deux bons sets, animés à la pause par des chorales d?enfants, ont confirmé tout le bien que je pense de cette formation homogéne et soudée. Un groupe qui a la chance de posséder en son sein, deux valeureux guitaristes et deux sincères chanteurs, pour se positionner dans le peloton de têtes des groupes hexagonaux ! Mais le meilleur de la soirée est à venir avec une "Jam Session" d?une rare intensité ! Pour le coup les musicos des Blues Cousins et le plus français des guitaristes américains, Peter Nathanson, se greffèrent au groupe Dunkerquois. Ce fut un pur moment de bonheur, ou chaque intervenant, comme Christophe, Peter et le gratteux russe (désolé pour son p?tit nom !) laissèrent de la place à chacun en se renvoyant de somptueux phrasés. Une fin de soirée en apothéose pour un bouquet final, déchaîné, furieux et renversant ! ! ! Le temps de nous remettre doucement et de serrer la main de tout le monde, nous prenons, Christian Rock et moi ; le chemin du retour, sans aucun regret de la bonne heure et demie de route aller-retour parcouru entre Rouen et Mantes ! We Feel Good !

La petite heure passée à l?écoute des Bluetones, groupe originaire de Caen, a permis de voyager au c?ur des années 50. Leurs compositions, influencées par T-Bone Walker et Pee Wee Crayton, s?épanouissent dans un judicieux mélange entre Jump, Swing, Blues et Rock?n?Roll. Leader au charisme affiché, Christophe Becker, renforce son chant par de naturelles mimiques et stimule son jeu de guitare par de véritables élans communicatifs. Thomas Troussier s?affiche avec prestance sur scène et distribue de son "Mississippi Saxophone" des interventions posées et nerveuses. Luc Mulot à la basse et Patrice Robert à la batterie assurent la rythmique indispensable à créer l?alchimie entre ses quatre éléments. Cette formation posséde tous les ingrédients pour devenir un groupe essentiel de la scène Blues hexagonale, la récente victoire du prix du Festival de Cahors au tremplin de Mantes, leur permettra d?être programmé dans le Lot en juillet prochain? A suivre de près et à découvrir en concert?

Spoonful, jeune et talentueux groupe de la région caennaise, s?exprime dans un registre entre Blues moderne et Funky Music. Fortement inspiré par Albert Collins, Lucky Peterson et Keb?Mo, leur répertoire, nourrit au biberon de la musique noire-américaine, se compose de ( toutes nouvelles) compositions léchées et propres, qui donnent l?impression d?être déjà des classiques. Igor Pichon au chant-lead, à la guitare électrique et même au dobro, s?affirme de plus en plus comme un leader naturel. Nicolas Marie, derrière son orgue et son clavier, sait être habile et aérien, pose sa voix rauque (un peu forcée) dans une bonne version de Mustang Sally. Yann Moroux, virtuose de la guitare-basse donne la réplique à Gilles Delagrange au jeu de baguettes à la fois digeste et énergique. Découvert au printemps dernier, Spoonful confirme ses réelles possibilités et se projette dans un avenir prospère et ensoleillé? A déguster d?urgence en live? Move your body !

J'ai découvert leur dernière tartine il y a quelques mois, et en regardant la programmation de Blues Sur Seine, j'ai sauté au plafond. Inutile de dire que j'ai immédiatement bloqué la soirée. A l'heure ou tout le monde est à l'apéro, nous avons donc pris l'autoroute en direction de Rosny. Heureusement, j'ai la galette de Napoléon Washington (découvert la veille à le Traverse) pour agrémenter le trajet. Il faut dire que le copilote n'est pas encore au point et nous a fait faire quelques détours, mais nous sommes arrivé. Le temps de saluer quelques têtes connues, c'est Awek qui prend place. Le trio est efficace et bien huilé. Ils maîtrisent leur sujet et ont présenté un très bon set. Cadencé par Olivier Trébel à la batterie et propulsé par le moteur Joël Ferron à la basse, Bernard Sellam a su montrer que sa guitare Blues Rock sait être douce et tendre. Malgré la qualité de la prestation, ils n'ont pas réussi à m'enthousiasmer. J'aimerai les revoir dans un bar enfumé, l'ambiance devrait m'aider à les suivre. Une petite pause, le temps que les enfants de l'école d'harmonica du coin, animé par Greg Szlapczynski, s'installent pour nous présenter leur travail. Bravo Greg, c'est très agréable de voir des enfants s'intéresser au Blues. Le Milteau de demain était peut être là. J'avais hâte de voir BB & The Blue Shacks et j'étais un peu inquiet aussi, allaient-ils être à la hauteur de ce que j'attendais ? Et bien non, ils ont été bien au-dessus. La cohésion du groupe, l'énergie, la technique et le feeling, tout était là, tout était bon. Le groupe s'est adjoint les services d'un clavier pour l'occasion (désolé j'ai oublié son nom) qui bien que plutôt discret, a agrémenté avec beaucoup de classe quelques Boogies. Henning Hauerken à la contrebasse est déconcertant d'aisance. Andréas Bock à la batterie allie précision et énergie. Michael Arlt est un bon chanteur, mais c'est son frasé d'harmonica qui m'a étonné. Sa promenade dans le public a subjugué les enfants avec lesquels il s'est assis. Un beau moment de communication musicale. Mais celui qui m'a assis, c'est Andréas Arlt à la guitare, un grand feeling et de très belles mélodies dans ses solos. A l'image de leur dernière tartine, leur Jump Blues ma accroché à la première note pour me reposer en fin de soirée avec l'impression d'avoir assisté à un quelque chose de magique. Après quelques photos avec les musiciens, les organisateurs et la presse, nous reprenons le chemin de la sortie. Bravo, Jean Guillermo et toute l'équipe, vous nous présentez de bien belles affiches et nous passons de bien belles soirées bleues.