La magie du Blues s?installe au comptoir
Pour la 8eme année consécutive, le festival Blues autour du Zinc déverse son flot de notes bleues au quatre coins de la ville de Beauvais. Pour ces deux soirées, le principe est assez simple, huit troquets sont investis par une bonne dizaine de groupes, et avant la ziquemu ! C?est parti pour une tournée des bars magistrale? d?où le nom du festival. Je découvre pour commencer mon périple, les Britanniques de Trafficker et retrouve, à peine ma première bière commandée, la compagnie de Didier Chaumier, l?envoyé spécial de "Blues Feelings" ? Avec un Blues Rock mélangé de Rhythm and Blues dosé d?une petite pointe de Soul, les quelques morceaux écoutés transmettent un authentique feeling ou la cohésion entre chaque musicien est véritable. Le jeune guitariste chanteur Tommy Allen, leader du groupe, s?affiche avec un charisme certain et une réelle efficacité. Un peu plus loin, Mathis and the Mathematics, proposent un style hybride, riche en influences, en dehors des sentiers battus. Compositeur, guitariste, harmoniciste et chanteur, Mathis s?affirme en "Song Writer", à la voix puissante et prenante. Accompagné par un contrebassiste et un batteur, son jeu de guitare acoustique, nourri d?effets, peut paraître génial pour les uns, déconcertant pour les autres. Dans tous les cas, il ne peut laisser indifférent? Le voyage continu et les rencontres aussi, je salue Jean Marcel Laroy de "Blues Magazine", Joël "Biggalipjoe" Bizon, journaliste free lance de la presse spécialisée et Michel "Pacific" Rémond, le monsieur "Blues" de l?espace JR Caussimon de Tremblay en France. La formation Sugarland Slim, originaire d?Angleterre, puise son inspiration dans le Blues d?avant guerre, entre Mississippi, Delta et South Blues, en apportant juste c?qui faut de modernisme pour dépoussiérer l?affaire? Une bien belle découverte même si la basse électrique a des difficultés à se fondre avec le reste des instruments tous acoustiques? Lance et Donna, américains vivant en Europe, propose un répertoire également Roots ou la guitare à résonateur de Lance s?active avec énergie et talent, stimulé par le son du "bâton de pluie", pour le moins étonnant, de Donna? Une révélation ! En voulant assister à la prestation du duo 100% féminin (Chloé Vaughan et Carole Palmer), c?est en fait le trio beauvaisien Necessity qui occupe la scène à ce moment là. Très inspiré par l?Afrique (noire comme arabe), leur Blues alimente un répertoire métissé et copieux très "Border Line" en flirtant avec le Reggae, une surprise bien agréable ! La soirée est déjà bien avancée, la fatigue commence à se faire sentir, la ballade se termine en passant par le Magic Mirrors, splendide lieu itinérant, sorte de combinaison entre un chapiteau et une salle de danse des années 50 au parquet en bois et au décor tellement accueillant? Le temps de saluer Laurent Macimba, président du festival, et je vais rejoindre les bras de Morphée?
Réveil (très) tardif, gueule de bois, jambes lourdes, estomac dans les talons, sieste (bien méritée) dans l?après midi, je me décide, en ce samedi ensoleillé, à faire un choix dans la programmation pour éviter des allers-retours aussi incessants que fatiguant à la longue. J?assiste, à l?heure de l?apéro, à la balance de Carole Palmer et Chloé Vaughan, mère et fille, pour me donner une idée d?un registre "unplugged", sans artifice, ou juste voix et guitares se suffisent à elles mêmes? avec un charme indéniable ! Un peu plus loin, je déguste une bière locale ambrée, répondant au joli nom de Milliacus, goûteuse, douce, savoureuse et légèrement sucré. C?est décidé je me pose dans ce bistrot pour la soirée. Je ne vais vraiment pas le regretter et prendre une sacrée claque !!! Le duo australien composé de Derrin Nauendorf à la guitare acoustique et au chant soutenu par David Downing aux percussions, m?a littéralement estomaqué !
Dans un style de compositions Folk Blues d?une rare intensité, à l?énergie décuplée, qui prend aux tripes et vous ensorcelle inexorablement, pour ne pas vous conserver tout à fait intact ! David, aérien avec ses diverses baguettes, gesticule, saute, virevolte, invective le public et distribue des mimiques qu?un clown ne renierait pas. Derrin à la guitare acoustique est poussé dans ses derniers retranchements par son compère, sans pour autant se laisser dominer, son chant puissant et structuré s?impose et touche le point sensible? Ca déménage grave, le café s?embrase et le duo dynamise l?établissement, qui s?en souviendra pendant longtemps ! C?est mon coup de c?ur du week end, dans la même veine que Two Timers, autre formidable duo speedé et déjanté ! Après une courte pose, le quatuor de Sugarland Slim, déjà vu hier, va finir le travail avec son Blues endiablé et enraciné? C?est le point de non retour définitif, je ne contrôle plus rien, ou sont passé mes 20 euros ? C?est par où la mer ? Après un passage obligé par le Magic Mirrors pour clôturer la fête ou se déroule une soirée Electro (déprimée et déprimante ? !), je discute avec quelques musiciens de Sugarland Slim et un peu plus tard à l?hôtel, je partage un moment privilégié avec ceux de Trafficker. Mon anglais étant d?une pauvreté affligeante, la présence de la séduisante Hélène maîtrisant parfaitement la langue de Shakespeare, m?a bien rendu service? It?s a very pleasure for me ! 5h30, Good night? Lady and Gentlemen.
Il est un peu avant 16 heures, ce dimanche, quand je rejoins le Café Musiques pour assister à la prestation du Dany Bryant?s RedEyeBand, qui vient également d?Outre Manche. Quasi homonyme d?un chanteur de variété française speudo-latine pour ménagère de moins de 50 ans, la comparaison s?arrête là? Le domaine de prédilection du guitariste chanteur de tout juste 22 ans s?exprime plutôt dans un Blues Rock péchu agrémenté de quelques Boogies et Slows Blues bien calibrés. Adepte de la guitare Fender Stratocaster, qui a fait la renommée de Stevie Ray Vaughan, les similitudes ne sont pas fortuites? Power trio (avec basse et batterie), les titres s?enchaînent comme une hommage au maitre, sans plagia et mauvais goût, avec une certaine pertinence qui fait de ce jeune homme, un des (nombreux) musiciens à porter l?avenir du Blues en lui. Surprise de derniére minute pour terminer en beauté le week end, Kent Duchaine seulement accompagné de son Dobro et d?un bottleneck, nous gratifie de pures minutes d?allégresse en revisitant quelques standards de façon magistrale. J?en frémis encore !!! Comme un bonheur n?arrive jamais seul, les deux seules musiciennes présentes pendant ces 3 jours, reviennent avec leur guitare pour prêcher la bonne parole. D?abord la maman, Carole Palmer, engagée comme Joan Baez en clin d??il revival à Woodstock, ensuite sa fille, Chloé Vaughan, revendicatrice à la Annie Di Franco, révoltée comme Tracy Chapman pour s?achever en duo dans un esprit de communion finale emprunt de Blues Folk mélodiques?
Il faut tirer un coup de chapeau à Laurent Macimba, à toute l?équipe du Comptoir Magique et à l?ensemble des bénévoles dans l?ombre qui font un travail formidable, pour rendre le coté visible de l?iceberg aussi resplendissant et attractif. Une chose importante à signaler, tous ces concerts étaient gratuits, ce fut joies et partages dans chaque endroit fréquenté rapidement bondé, sourires au lèvres, poils hérissés, émotions dans les regards et chaleurs humaines communicatives. Qui a dit que le Blues n?était pas populaire ?
Lucky Jean Luc
14-03-2003
Après une soirée du vendredi mi figue-mi raisin a visiter les zincs, je reviens a Beauvais le jeudi suivant pour la soirée «Spéciale Dobro» dans le petit chapiteau Kitch appelé Magic Mirror qui permet un étroit contact avec les artistes.
Kent Duchaine est du Minnesota et il revient pour la seconde fois.
C?est un artiste ?sobre? (musicalement) mais captivant, il joue un blues traditionnel, de bonnes reprise de Johnny Shines à Robert Johnson
Son vieux dobro 31 est une pièce de collection, sa voix est chaleureuse et il assurera une première partie qui ?met en jambe?
La suite est assuré par Eric Sardinas, un guitariste inconnu en France et qui sait se donné a public.
Un jeu de slide sulfureux, il rappelle parfois Johnny Winter dans la force de l?age, et les sons qu?il extirpe de ses vieux dobro sont tout simplement hallucinants
Son chapeau orné d?une tête de Crotale, ses longs cheveux noirs, ses tatouages immenses en fond un artiste ?bête de scéne?.
Le samedi suivant grande soirée Boo Boo Davis, Eric Sardinas et pour finir Popa Chubby.
Francis B. y était et nous et nous fait partager ses émotions.
En ouverture Boo Boo Davis, un peu léger et manquant de fraîcheur à mon goût, malgré l'excellent travail du guitariste, c'est surtout ce dernier qui a assuré le set.
Une section rythmique inexistante pendant les 2 premiers morceaux, et un Boo Boo Davis essayant de faire un show mais ne donnant même pas l'impression d'y croire lui même. Si jouer de l'harmo c'est cela, même moi qui adore cet instrument, je peux faire la même chose.
En conclusion : une grosse déception.
Eric Sardinas, un inconnu passant avant le set de celui qui a fait déplacer le public de ce soir : Popa Chubby. Le dossier presse disait : «et Dieu créa la foudre» alors Dieu a bien bossé et nous étions environ 800 a être foudroyé par un tueur armé d'un dobro électrifié venu des USA à Beauvais.
Avec des guitaristes comme Eric Sardinas le blues trouvera de nouveaux adeptes même chez les hardos.
Un style impeccable, un son énorme dans une bonne salle, une prestation scénique bien travaillée.
On aime ou on aime pas ce trio, mais impossible de rester sans réaction. Et je plains les groupes qui devront passer après lui sur scène, car s'il continue dans la même veine son nom sera connu bien au delà des puristes.
Non seulement il a subjugué par sa présence sur scène (et occasionnellement dans la salle), mais surtout il est digne de faire partie des grands comme J Winter (à la grande époque) ou R Gallagher.
Moi qui suis un ?fan? de Rory , j?ai retrouvé certains riffs de l?irlandais et une dextérité en slide comparable.
Accompagné par une rythmique basse/batterie "on rails to hell", il a montré a ceux qui ne le savaient pas qu?il est inutile d?avoir un long manche de guitare pour pouvoir tout jouer.
Eric Sardinas a laissé les gens vidés et aphones, il a d?ailleurs eu droit (lui seul) a un rappel digne d?une star WOOOO HHOOOOOOOOO !!!!!
Et il est revenu nous assener un dernier morceau étourdissant.
Impossible de faire réagir la salle après son passage . On se serait cru dans un véritable concert de rock?n Roll et non pas dans un concert de blues.
Les mots les plus souvent entendus en buvant la bière d?après concert ont été : «mais qui c?est ce mec, c?est un tueur»??.ETC
Eric Sardinas ???une affaire à suivre .
Ensuite pour conclure Popa Chobby un Bluesman plus connu que les deux autres, et tête d'affiche de la soirée
Bon musiciens, bonnes chansons, et une dextérité insoupçonnable lorsque l'on voit le personnage. On peut dire de lui, que c'est un bon professionnel ,et qu'il aime ce qu'il fait. Dommage mais je n?accroche pas, mais je pense qu?il n?était pas en grande forme ce soir, et surtout que passer derrière le show enflammé d?Eric Sardinas n?est pas simple, et le rends bien fade.
Compte rendu écrit avec l'aide de Francis Barré