De temps à autre, le Saxo nous réserve quelques bonnes surprises dans sa programmation, la venue de Spoonfull, trio du Sud de la France (à ne pas confondre avec le quatuor bas normand, Spoonful avec un seul l) fut l?occasion de passer un agréable week end emprunt d?un Blues métissé, riche et diversifié. En effet, les trois protagonistes de la formation mettent en commun leurs influences multiples pour restituer une musique, jamais cloisonnée dans un registre en particulier, ouverte au maximum et libre de tous carcans. A commencer par Mathis Haug, chanteur à la voix modulée, profonde et nuancée, guitariste imaginatif et investit, à la fois tempéré et déjanté, qui puise, parmi tant d?autres, auprès de Bob Dylan, Tom Waits, John Hammond ou Jeff Zima, la force de se créer sa propre personnalité. Il est accompagné par Julien «Fabio» Capus, aisé et concerné à la contrebasse et pour la première fois, en remplacement (de luxe) de Guy Vasseur à la batterie, l?ex-percussionniste des Marvellous Pig Noise, Jean Brice Viétri. Ce dernier, malgré le peu de répétitions, s?impose en formidable metteur en rythme, qui apporte, par sa façon d?aborder les instruments de percussions, tout en souplesse et en variétés, un volume supplémentaire et formidable au répertoire proposé.
Une confirmation d?emblée et une osmose exceptionnelle qui font de Jean Brice Viétri, l?un des meilleurs de l?hexagone (et même au-delà) derrière ses fûts, ses cymbales et ses percus. Des reprises (hyper) personnelles (Jumpin? Jack Flash, Fever?) et des compositions hybrides forment un climat fascinant et saisissant, stimulé par la complicité évidente et le plaisir de jouer ensemble entre Mathis et Julien, joliment transmis à Jean Brice.
Au final, une ballade savoureuse et appréciée, nourrie d?échanges et d?improvisations, qui nous fit voyager dans une alchimie concrète, réjouissante et communicatrice. Un vrai régal?
Lucky Jean Luc
Photos : Jean Louis Rochard
11-01-2004
JB Boogie
Il y quelques mois, Lucky Jean Luc rentrant d'un voyage d'étude sur la qualité des soirées houblonnées de Bordeaux, m'offrait une démo accompagnée de ces mots: "tu vas voir, tu ne vas pas en revenir".
Je dois avouer que presque un an après, je n'en suis toujours pas revenu. Cette démo est une merveille mais elle m'a surtout donné une envie folle de les voir sur scène. Quand j'ai appris que JB Boogie jouaient à L'Art puce Café, je n'ai pas hésité. Quelques kilomètres en voiture, une tajine de mouton et une ballade au puces puis nous entrons dans ce fameux haut lieu du Blues Parisien. Une première pour moi. Je dois avouer avoir été étonné par la taille des lieux, nos café concerts dans notre province ne sont pas aussi petit, mais ici le patron compense par la qualité de son l'accueil. Le temps de secouer les mains de quelques connaissances, d'être présenté aux musiciens et la petite bande monte sur scène. Je dois être franc, j'attendais beaucoup de ce concert et je n'ai pas été déçu. Fabrice Bessouat aux baguettes ou aux balais fait tourner un "shuffle" extraordinaire sans même donner l'impression de faire le moindre effort. Une bonne partie du Swing de l'ensemble viens des fûts, j'en suis convaincu. Nicolas Dubouchet, leur contrebassiste habituel, n'ayant pas pu faire le déplacement, c'est Thibaut Chopin qui assure l'intérim et de bien belle manière. J'avoue avoir guetté les erreur de mise en place et autres ratés liés au manque de connaissance du répertoire. Je dois reconnaître qu'en dehors de quelques signes des autres membres pour s'assurer qu'il suivait, je n'ai rien remarqué de notable. N'importe qui pouvait aisément croire que c'est le "tripoteur de grand mères" attitré du groupe.
A la guitare, Anthony Stelmaszack a de l'énergie à revendre et même si ses phrases ne sont pas toujours très propres ou que quelques solis passent un peu à l'arraché, il compense ces quelques imprécisions par de l'inventivité ce qui en fait l'un des guitaristes Français que je trouve les plus agréables à écouter.
Son délié des notes, quelle que soit la vélocité, son placement rythmique dégoulinant de shuffle, sa voix chaude, tout est bon. Mais au delà de ces individualités, JB Boogie est avant tout un groupe ou chaque intervenant prend sa place et respecte celle des autres, une machine a Boogie Swing infernal. Le b?uf avec Amar Sundy nous a montré que même avec plein de technique, il n'est jamais facile de trouver sa place avec un groupe déjà chaud.
Et pour boucler le concert, un pochetron est venu faire le b?uf. Imaginer le pilier de bar avec couperose et démarche titubante monter sur scène et prendre le micro. Et bien il ne faut pas se fier aux apparences et après quelques secondes d'inquiétude, il faut bien reconnaître qu'il nous à scotcher ce Papy Blues. Après le concert nous avons un peu discuté avec les musiciens et en plus d'être bourrés de talent ils sont adorables. Nous entendrons encore parler d'eux, c'est une certitude.
Anthony avec Amar Sundy
Pascal Lob
Photos : Christian Rock
14-02-2004
Bill Wyman’s Rhythm Kings
Christophe Becker
La Traverse de Cléon nous a habitué à vivre d?agréables soirées depuis de nombreuses années, régulièrement en Mars et en Novembre. Cette nouvelle saison 2004 démarre par une date exceptionnelle, pas seulement par ce que nous sommes en Février mais surtout par la nature particulière de l?invité, en l?occurrence le bassiste historique (pendant un peu plus de 30 ans) des Rolling Stones, Mister Bill Wyman.
Une (mini) conférence de presse vers 18 heures nous a donné le ton de la soirée, je cite l?intéressé : « ? pas seulement du Blues, mais aussi du Jazz, du Boogie, du Rockabilly, du Rock?n?Roll, du Rhythm and Blues? ».
Avant d?apprécier la musique du Britannique, les Caennais de Bluetones s?installait sur scène pour? une trentaine de minutes. Une juste récompense et une belle confirmation des talents de cette formation (Thomas Troussier à l?harmonica, Luc Mulot à la basse et un nouveau batteur, Lionel Langlinay) qui s?exprime dans un registre de Jump Blues, autour des chansons composées et interprétées par le charismatique guitariste chanteur Christophe Becker. Une prestation qui aurait sans doute mérité qu?on lui consacre un peu plus de temps?
Il est vrai que le nombreux public présent attendait avec impatience l?arrivée du Bill Wyman?s Rhythm Kings et son line up de huit éléments plutôt impressionnant. D?entrée, le niveau musical s?affichait bien haut avec une classe évidente et une facilité déconcertante. Un diapason soutenu par la guitare lumineuse d?Albert Lee, les fantastiques cuivres de Franck Mead et Nick Payne, les envolées maîtrisées à l?orgue de Georgie Fame, le dextérité de la guitare de Terry Taylor, le stimulant jeu de baguettes de Graham Broad consolidé par la basse métronomique d?un Bill Wyman imperturbable. Mais c?est principalement l?émotion dégagée par la chanteuse Beverley Skeete, frissonnante, parfois même bouleversante et déchirante, et surtout l?énergie transmise par Mike Sanchez, showman hors pair, pianiste virevoltant et chanteur accrocheur, qui apportèrent quelques lots d?instants inoubliables.
Comme annoncé, le répertoire se révéla d?une diversité maximale en explorant de nombreux styles, puisé au c?ur des années 50 et 6O, réhabilitant ainsi des titres peu joués ponctués par quelques morceaux connus de tous (I put spell on you par exemple). Il faut bien reconnaître que le spectacle fut rondement mené, rodé et calibré par des musiciens concernés et chevronnés, emprunt d?une finesse effective, d?une tranquillité manifeste et d?une force docile. Au final, c?est le sentiment encore vivace, d?avoir vécut une sympathique soirée qui prédomine, sans pour autant être certain qu?elle restera pour toujours indélébile dans ma mémoire. Ceci dit, des comme celles-là, je souhaite volontiers en vivre toutes les semaines !
Let the good times roll?
Bill Wyman
Albert Lee
Mike Sanchez
Lucky Jean Luc
Photos : Christian Rock
27-02-2004
Double Stone Washed
Double le vendredi, Stone le samedi et Washed le dimanche
C?est toujours avec un certain plaisir (ou le contraire) que L?Oreille Bleue se déplace en dehors de Normandie pour vivre de nouvelles émotions et découvrir des lieux qui (nous) changent.
La venue des Double Stone Washed et de leur manager, Laurent Chêne dans le Pas de Calais fut l?occasion rêvée de retrouver cette formation repérée et appréciée au Cahors Blues Festival en juillet 2003, et de partager un florilège de moments privilégiés?
Tout d?abord au B52?s d?Outreau, son décor de Saloon et sa cuisine simple et populaire où l?ami Nono Macquet s?évertue, depuis plusieurs années, à diffuser la «bonne parole», puis à Béthune à l?Oxford Café (Pub du pétillant Jacky «à qui on ne la fait plus depuis longtemps», joliment secondé par la belle Agathe) où Hervé Loison (des Hot Chickens) s?installe le vendredi aux platines et propose du «Live» chaque samedi, sans oublier l?American Chevy Burger de Violaines, pour une plongée en plein c?ur des Fifties, motivé par la danse Country, les belles mécaniques Américaines et les concerts du même acabit?
Trois endroits, trois ambiances, trois clientèles différentes, mais une ferveur, une passion, une chaleur humaine identiques au cours desquelles les Double Stone Washed ont aisément confirmé leurs qualités pressenties et placé la barre bien haute?
Ce qui frappe d?entrée, c?est cette autonomie complète d?un système unique de restitution sonore en prise directe (je n?en dirais pas plus) et cette faculté d?adaptation du combo en fonction de l?environnement, sans nuire (bien au contraire) à la musicalité, à la cohésion et au dynamisme du groupe.
Rodés par des années passées sur la route en alignant plus d?un millier de prestations, les quatre compéres s?affirment dans un registre Tribal constitué de Blues torride, de Rhythm and Blues incandescent et de Rock?n?roll dynamiteur, saupoudré de parfums Vaudous salvateurs? Du British Pub Rock dans toute sa splendeur !
Difficile de ressortir un élément du groupe, tellement l?unité est flagrante et l?implication de chacun évidente. Cependant, le chanteur Lilian Descorps vide ses tripes et s?impose en formidable harmoniciste, au charisme tranquillement affiché et à la sollicitude décuplée pour ses partenaires. Une homogénéité également due aux liens des Villafagne entre le guitariste Franck et le bassiste Frédéric, jumeaux au quotidien pour l?état civil et complices affirmés et engagés depuis toujours sur scène. Il faut les voir se lancer des regards amusés, se jauger mutuellement, s?échanger de somptueux phrasés pour repousser encore plus loin leurs limites et flirter avec les sommets inaccessibles de la perfection? Des frissons d?une rare intensité auxquels participe également, avec brio et force, le batteur Bruno Rodriguez au toucher fin et précis, sans excès et sans surenchère, en adéquation avec la complémentarité exprimée.
Deux longs sets qui prouvent véritablement que les Double Stone Washed se positionnent comme une fantastique entreprise, distillant de l?énergie à profusion, de la générosité naturelle et un état d?esprit hors du commun? Tempérament, Respect et Fraternité : il ne faut tout simplement rien changer, messiers !
It?s only Rock?n?Roll !
Lucky Jean Luc
Photos : Christian Rock
26-03-2004
The Prisoners
Les musiciens de la région de Louviers ont la chance de posséder avec la Gare aux Musiques (ouverte depuis Juin 2000), un véritable petit bijou fonctionnel, structuré et harmonieux. Deux locaux de répétitions, dont l?un est équipé d?une console numérique (72 voies !) pour se transformer en studio d?enregistrement et une salle de concert d?une capacité d?environ 130 personnes qui propose une programmation régulière et variée. Un lieu (et son équipe), totalement dévolu aux amoureux de la Note, où est organisé des résidences artistiques et techniques, des formations juridiques, des stages (sur le son notamment), des cours de chant et une source complète d?informations.
http://www.ville-louviers.fr/ville/gare/gare.htm
Trois groupes régionaux se sont succédés sur scène à l?occasion de cette 10eme scène ouverte.
Le trio Macadam (clavier guitare chant, basse et guitare) a ouvert les débats dans un registre Pop Rock aux textes en français calibrés.
Alois Blues Band et ses trois guitaristes, visiblement encore en chantier, mirent du c?ur à l?ouvrage, sans (me) convaincre de leurs potentiels réels. Une assise rythmique délicate, un chant chaotique et des guitares qui se mangent entre elles, autant d?éléments qui rendirent leur prestation indigeste et déconcertante.
J?avais découvert en février 2003 les French Prisoners (ils s?appelaient encore à l?époque The Prisoners) au travers de l?écoute appréciée de leur démo quatre titres Spooky Rock?n?roll.
Il me tardait de confirmer la bonne impression ressentie par un concert digne de ce nom. C?est maintenant chose faite et j?en suis bien content. Un band au look recherché qui s?exprime dans un registre à la British Pub Rock mâtiné de Blues Classics, de Boogie, de Slow et de Rhythm and Blues.
Rien d?étonnant quand on sait qu?il est emmené de main de maître par le Britannique David Russell, guitariste plein de feeling au toucher aérien, sans démonstrations techniques superflues, au chant feutré et habité maîtrisant à merveille ses envolées au «Mississippi Saxophone». Il n?hésite à aucun moment à échanger de nombreux phrasés avec l?orgue concerné de Patrick Bon se reposant avec délice sur la rythmique constructive d?un bassiste déterminé, Manu Sergé et d?un batteur effréné, Michel Chevallier. Une cohésion manifeste pour une performance d?ensemble qualitative et riche qui installe French Prisoners parmi les meilleures formations normandes du milieu Blues ne demandant qu?à s?exporter aux quatre coins de l?hexagone (et au-delà?). La soirée aurait pu s?achever ainsi mais David invita sur quelques morceaux un ami, Paul Bishop, spécialement venu d?Angleterre, équipé d?un banjo électrifié, aux sonorités personnelles nourries par un rack d?effets stupéfiants pour distiller un final festif en forme d?apothéose. Il faut souligner également la restitution sonore excellente, les lumières plaisantes et la bière bien fraîche servie à la pression, tous trois indispensables pour agrémenter une soirée réussie. J?vous dis qu?ils sont veinards les Lovériens?
Lucky Jean Luc
Photos : Christian Rock
02-04-2004
XXL
Depuis quelques temps déjà, le Bistrot? Paul situé au centre commercial du Bois Cany à Grand Quevilly propose, un dîner concert, le 1er vendredi de chaque mois. Une bonne occasion en ce début d?avril, d?assister à la prestation de XXL, une formation qui se produit depuis un certain nombre d?années en Normandie.
Désormais en trio, elle continue à restituer avec allant et bonne humeur, un répertoire principalement constitué de Blues en français, pioché auprès notamment de Benoît Blue Boy, Paul Personne et surtout, Bill Deraime.
Bernard Binet chante d?une voix rauque et efficace en assurant la rythmique de sa guitare acoustique. Jean Luc Bachelet s?active au ruine babines et ponctue le rythme à l?aide d?un tambourin. Loig Paul donne un volume supplémentaire à l?affaire de sa guitare électrique et participe aux ch?urs.
A l?arrivée, ce fut un plaisir d?écouter tous ces titres qui ont marqué une époque et m?ont véritablement influencé dans ma quête personnelle. Aussi indispensable que nécessaire pour alimenter cette passion intacte et bien vivante qui m?habite aujourd?hui?
Et comme le clame «Bilou» : « ? toutes les musiques ont quelque chose de bon, quand le feeling les éclaire par le fond.» (Qu?est-ce-qui fait bouger le gé ?/Avant la paix/1999). Il y a bien longtemps que XXL l?a compris?
Lucky Jean Luc
10-04-2004
Rolf Lott
C?est à l?initiative de Jocelyn Richez, chroniqueur dans plusieurs magazines spécialisés et concepteur du site «La Route du Blues» http://www.route-du-blues.net, que cette soirée a pu voir le jour. Le principe était simple, réunir les membres (le plus possible) de la Gazette de Greenwood, créé par Olivier Lataillade, groupement de diffusion et websine sur le Net http://gazettegreenwood.net consacré au Blues, pour se rencontrer de vive voix, échanger des points de vue, partager des moments privilégiés et festoyer autour d?une succulente tartiflette copieusement arrosée. Le tout, dans le cadre chaleureux de l?Art Puces Café, animé par le talent profond et sincère du guitariste chanteur Allemand, vivant du coté de Montpellier, qui fait partie de LGDG, Rolf Lott. Au-delà du plaisir de se retrouver (environ à une bonne vingtaine, comme d?hab? les absents auront eu tord), les trois longs sets proposés, ont prouvé toute l?étendue d?un registre assimilé, digéré et magistralement retranscris.
Si l?exercice en solo est plutôt délicat, Rolf maîtrisa son sujet sereinement en s?accompagnant seulement d?une guitare (acoustique ou électrique) qui n?a plus de secret pour lui et d?une planche en bois, idéale pour assurer la podorythmie. Son chant, loin d?être anodin, habité et sobre, communiqua un élan supplémentaire et indispensable qui peut toucher la corde sensible de l?amateur de notes bleues. Certains monteront sur scène à tour de rôle, Zyde Phil au frottoir, Pascal M à l?harmonica, Le Révérend, Lefty Marco, Pierrot Mercier et un quidam visiblement éméché à la guitare, histoire de participer activement à la fête. D?autres se contenteront d?écouter religieusement et tous apprécieront avec c?ur à leur juste valeur. Quelques heures agréables vécues ensemble où hochements de têtes, frappes des mains en cadence, doux regards attentifs et sourires sur les visages furent des éléments essentiels. Surtout pour des gens, sur la même longueur d?ondes, heureux d?être ensemble pour mettre en commun leur passion intacte et vivace pour cette musique. C?est tout simplement çà, l?esprit du Blues et c?est tellement bon à vivre?
Lucky Jean Luc
11-04-2004
Mudcat
Si les ?uvres accrochées aux murs de l?Art Puces Café et les pierres de taille du Centre Tchèque pouvaient prendre la parole, sure qu?elles vous renverraient en pleine gueule toute l?énergie communicatrice et dévastatrice que les musiciens de Mudcat ont déversé pendant ces deux soirées. Un spectacle total et jubilatoire, propice à l?amusement et à la danse, nourri par un délire musical sans frontière à forte charge émotionnelle transmis en plein c?ur au nombreux public cosmopolite présent (légèrement féminin doublé de son lot de dragueurs invétérés). Difficile de définir le registre du quatuor originaire d?Atlanta en quelques mots, tant le répertoire assimilé fait le tour magistral des musiques enracinées et populaires Américaines. Country, Bluegrass, Ragtime, Gospel, Hillbilly, Boogie, Swing, Rock?n?roll et bien évidemment Blues imprègnent de façon inéluctable un climat pénétrant qui tangue avec bonheur vers des envolées, tantôt Tziganes tantôt Juives, aux accents noceurs de Fanfares, surtout lorsque trombone, harmonica et percussion se rajoutent à l?affaire. Ainsi, Danny "Mudcat" Dudeck s?impose en formidable guitariste acoustique au «slide» déjanté, en pianiste bondissant et en showman hors pair. Julie Jerzey prêche la bonne parole, apprivoise goulûment son saxophone et caresse affectueusement son tambourin. Snave impose une rythmique implacable de sa basse électrique, quand il ne souffle pas ardemment dans une flûte traversière ou ne gratte pas la «six cordes» avec brio. Le Canadien Marty Vickers derrière sa batterie concocte un jeu de baguettes aussi détonnant qu?indispensable. Sans oublier, le chant lead et les ch?urs partagés entre Danny, Julie et Snave qui apportent une touche indélébile et renforcent la folie ambiante.
Une générosité clairement affichée et joliment palpable qui dépasse le cadre d?un concert ordinaire où une foule de détails importants (sorties dans le public instruments en main en se pavanant sur les tables, guitare derrière le dos ou posée dans les bras d?une belle admiratrice, saxophone hypnotiseur joué les yeux dans les yeux, volonté affirmée de glisser quelques mots dans la langue de Molière?) embellissent les messages essentiels d?Amour, d?humanisme et de pacifisme naturellement revendiqués par les personnalités attachantes qui forment la bande à Mudcat?
A défaut d?être obligatoire, un long moment de scène vécu en leurs compagnies se révèle être absolument festif, résolument positif et tellement revigorant qu?il en devient quasiment inoubliable !
Pour plonger dans leur univers, une visite sur le site www.mudcatblues.com s?impose?
Lucky Jean Luc
02-05-2004
Tommy Castro
Comme mon plaisir est immense d?enfin pouvoir admirer la performance scénique de Tommy Castro, l?idalgo Californien au charme gominé et à la blancheur bucco-dentaire toujours irréprochable, ruineur de Sloggy de son état et charismatique bluesman de tout premier ordre. Vauréal, parce qu?on le vaut bien, commune concomitante de Cergy, nous ouvre les portes d?un petit club très sympa et ambitieux. La chaleur du lieu se fait rapidement sentir avec l?entrée en scène du Harvest Blues Band qui ouvre la marche. Ce quatuor français, sans crinoline ni carnet de bal, entame à deux cents à l?heure un Palace of the king version Popa Chubby qui laisse présager de belle perspectives. Le tempo, sûrement trop élevé par l?ampleur du défi, les fait commettre quelques Panini sur la mythique intro de Couldn?t stand the weather, mais qu?importe, ils sont là pour tout donner. Visiblement, tout comme moi, ils adorent Booty and the beast le premier album de Popa Chubby, puisque nous auront également droit à des versions très fidèles de Same old blues et de Lookin? back. Le chanteur de cet Harvest est bien en place. Sa voix rocailleuse et puissante reste très offerte au maître de Brooklyn précédemment cité. Le guitariste ne sait plus où donner du manche tant ses interventions frisent le heavy métal, dans la lignée d?un Kenny Wayne Shepperd, d?un Tony Spinner ou d?un Stevie pathologiquement surexcité. Un groupe à revoir tranquillement dans l?ambiance d?une soirée bien à eux.
Laissez moi encore respirer cet instant précieux qui précède l?apparition du grand Tommy.
Tout comme disait Clémenceau ?le plus important dans l?amour, c?est quand on monte l?escalier?, je sens s?écouler en moi l?émoi des premières marches du bonheur tout comme la groupie affolée qui gravit la dernière strate du bonheur imminent. Dès les premières notes de Right as rain, le ton est lancé, Tommy Castro donne l?assaut et son blues soul me transporte immédiatement d?un continent à l?autre.
Chairman of the board et Like an angel du même album enfoncent le clou dans mon crâne déjà enclin à l?extase la plus totale. Avec Me and my guitar, et Exception to the rule, les brûlots du premier album ne sont pas oubliés. Son hommage à John Lee Hooker en milieu de concert est des plus surprenant mais son intensité rappelait les meilleurs moments de Wilco Johnson ou de Georges Thorogood. Quelques titres de Guilty of love et de Gratitude, son dernier album, viennent clôturer avec force l?évènement de ce week end. Avec un band étonnamment brillant de simplicité, Tommy a su nous gratifier d?un blues qui sait faire traîner calmement les notes dans les coins, et ça, ça vaut tout l?or du monde. Sa voix, visiblement fatiguée sur la fin, n?a point cédé, alors bon repos Monsieur Castro, à bientôt et merci.
Mad Man
Photos : Christian Rock
04-05-2004
Sean Costello
Je connaissais les 3 albums de Sean Costello quasiment par c?ur et j'avais réservé ma soirée dès son annonce. Il faut au passage remercier Christian Legras de l'avoir programmé pour cette unique date en France cette année. C'est incompréhensible mais c'est un fait, j'aurai plutôt imaginé que c'est le type de musiciens que l'on devait s'arracher. Christian et l'Espace Blues méritaient donc une salle comble, ils l'ont eu et c'est tant mieux. Je me suis assis en début de table, peut être un peu trop prés de la sono à mon goût, mais j'ai ainsi pu les observer de près et j'ai pu apprécier la technique et l'aisance de chacun des musiciens.
Celui qui m'a le plus renversé est incontestablement le batteur. Une précision, une finesse de jeu, des tas de subtilités dans les coins et sans jamais en faire trop, toutes les qualités que l'on attend d'un batteur étaient là. Une Oreille D'Or pour Terrance N. Prather. Le bassiste, Melvin B. Zachary, très sobre, très simple, a servi de tapis mélodique sur l'ensemble des titres, rien d'exceptionnel mais rien à coté, du velours cousu main. J'avoue avoir beaucoup moins prêté attention à Matthew Wauchope, derrière ses claviers, je préfère donc ne rien en dire.
En ce qui concerne Sean Costello, c'est incontestablement un grand chanteur et un bon guitariste mais j'ai quand même trouvé qu'il se met un peu trop en danger à la six cordes et du coup il se rate de temps en temps. Rien de catastrophique, rassurez-vous, de simples erreurs de jeunesse, rappelons qu'il n'a que 25 ans et certainement trop d'énergie à canaliser. Paradoxalement cette explication ne tient pas en ce qui concerne sa voix. Posée, assuré, profonde, rappeuse et puissante une vraie voix de Bluesmen comme je les aime.
Certains n'ont dis que le répertoire, un peu tout azimut, est fait pour ratisser large. Il faut reconnaître que les titres de cette soirée, tirés principalement de ces deux dernières galettes ont allégrement voyagé entre le Chicago, le West Coast, la Soul et le Rock'n'Roll. Je préfère croire qu'il aime suffisamment les différents styles pour ne pas en choisir un en particulier. De toutes façons je suis fan, je lui trouverai toujours une bonne excuse, et ce n'est certainement pas cet excellent concert qui m'aura fait changer d'avis.
Le boeuf avec Pascal Fouquet.
Pascal Lob
Photos : Xavier Caupenne
11-05-2004
Pimento
Pour fêter la sortie de leur galette intitulée Fighting Monsters, le groupe Rouennais Pimento s?est offert un set d?environ quarante cinq minutes énergique et communicatif sur la scène chaleureuse de l?Exo 7.
Bénéficiant d?un gros son, idéal pour mettre en valeur le répertoire Pub Rock exprimé fait de reprises bienvenues et de compositions judicieuses (résolument Rock?n?Roll), Pimento a atteint un sacré niveau d?ensemble. Carol Ann Croft se donne toujours autant en alliant sens inné du show et envolées vocales maîtrisées,
Laurent Magniez s?affirme de plus en plus en guitariste stylé et imaginatif, Guillaume Vendange de sa basse explicite apporte un placement rythmique nécessaire et indispensable au jeu de baguettes voluptueux et limpide de Julien Surget.
Une unité incontestable et authentique qui s?exprime par une puissance palpable, une diversité audible et une intensité manifeste. Du fort bel ouvrage qui mérite sans nulle doute de s?exporter aux quatre coins de l?hexagone?*
Wait and See !
Lucky Jean Luc
Photos : Christian Rock
29-05-2004
Platinum Platypus
Voilà bien longtemps que je n?avais eu l?occasion d?entendre et d?apprécier, dans notre belle région rouennaise, une formation, forte de 12 (jeunes) éléments (d?une moyenne d?age d?environ 25 ans), capable de restituer, avec un vrai engouement et une telle sincérité, ce répertoire festif et indémodable de Rhythm and Blues, de Funk et de Soul Music pérennisé notamment par les Commitments. Mais aussi, Aretha Franklin, James Brown, Tower of Power et consorts qui s?invitent résolument à la fête. En fait, cela nous ramène au début des années 90, à l?époque où Ligne de Soul chauffait à blanc toutes les scènes Normandes, Platinum Platypus en est indiscutablement le digne héritier.
A commencer par la qualité des cuivres (Nicolas Rouvroy au saxo alto, Nicolas Amène au saxo ténor, Sylvain Dubos à la trompette et Clément Malabeuf au trombone) aux arrangements ciselés et aux placements impeccables, nécessaires et primordiaux dans ce registre exprimé.
Une rythmique péchue (Giani Fourez à la basse et Damien Train à la batterie) sur laquelle se repose la guitare vibrante de Sylvain Fassio, le clavier percutant de Stéphane Coubray et le chant inspiré de Mathieu Pailloux. Soléne Leroy, Linda Patel et Estelle Morin (cette dernière bien présente en voix lead sur Chain of Fools) apportent, de leurs ch?urs chaleureux et sensuels, un soutien permanent et indispensable. Une maîtrise évidente, une homogénéité perceptible et une jovialité notoire qui engendrent l?envie irrémédiable de bouger son corps et le plaisir unique de frapper en rythme dans ses mains. Une chose est sure, çà fait du bien par où çà passe? Get up, get on up?
Lucky Jean Luc
24-09-2004
Mama's Boys
C?est à l?initiative de l?association Blues Images et de l?ami Nono Macquet que la note bleue continue à briller dans la région Boulonnaise. Pour l?ouverture de la programmation automnale, le centre Socio Culturel Audrey Bartier de Wimereux accueillait les Californiens de Mama?s Boys, formation de Los Angeles, constituée dés 1992, rodée par des années de concerts en clubs et qui revendique pas moins de 250 concerts par an, pour la seule date française de leur première tournée européenne. Une raison supplémentaire pour nous stimuler à faire le déplacement jusque dans le Pas de Calais.
D?emblée, les choses se précisent, Mama?s Boys prouve, s?il en était besoin, qu?il est loin d?être un groupe à papa? La température ambiante grimpe rapidement de quelques degrés, laissant au rebus manteaux et blousons, pour mieux ressentir la vigueur d?un Blues électrique, pétaradant de toutes parts et dégoulinant de tous cotés, panaché de Boogie démentiel et de Blues Rock exalté. A commencer par l?ossature rythmique délirante et savoureuse mitonnée par les baguettes de Jimmy Goodal, furibond derrière sa batterie et par les cordes de Jeff "Slick Daddy" Henry, d?une précision chirurgicale sur sa basse.
Du p?tit lait pour Johnny Mastro qui balance son chant volcanique d?une voix trépidante quand il ne souffle pas divinement dans ses harmonicas et pour Dave Melton qui s?affirme prodigieux sur sa guitare autant en jeu de slide qu?avec ses dix doigts.
Au final, deux bons sets alimentés par une musique fertile et opulente, imprégnée et poisseuse, qui colle irrémédiablement à la peau et secoue légitimement le bas du ventre pour nous flanquer le coup de grâce inéluctable? Vibrant, frissonnant et torride !
Pour en découvrir plus : www.themamasboys.com
Lucky Jean Luc
Photos : Christian Rock
08-10-2004
Foolbox
Le vendredi 08 octobre 2004 à 23 heures au brooklin café, se trouvait le staff des chroniqueurs de votre webzine préféré dont 3 d'entre eux officiaient sur la scène devant un public restreint peut être par le nombre mais grand par sa qualité (pour les 13000 et quelques lobotomisés qui se sont entassés au Zénith, la star ac?, c'est au fond du couloir à gauche, la porte marqué WC).
Les cordonniers étant les plus mal chaussés, il serait difficile aux Foolbox de parler d'eux-mêmes sur leur propre site. Alors à moi, qui ne suis pas de la maison, de dire ce que j'en pense.
Ma jambe avait la danse de saint guy au rythme de la musique des Foolbox qui nous ont servis un chaleureux blues électrique et trois compos avec parfois une pointe plus funky ou plus rock. Pascal Lob avait la lippe gourmande quand il scandait son chant avec un plaisir évident; Jérôme Mad man, multi- instrumentiste talentueux, assuraient une basse au contrepoint efficace (qui fait taire les derniers idiots qui penseraient encore que la guitare basse ne serait pas un instrument majeur) quand il ne soufflait pas sur plusieurs titres dans son accordéon à lèvres; la batterie de Fabrice pizza man donnaient un rythme solide à l'ensemble; ah! Et Pascal Gringos qui nous à offert de jolis petits soli sur sa strat Fender (et comme disait ma voisine: " en plus il a une belle voix")!
Les Foolbox: des musiciens qui jouaient bien ensemble et avec une belle énergie au service de la musique qu'ils aiment, que nous aimons: le blues.
Donc, ne vous en déplaisent messieurs les puristes de l'académie de musique, nous leur pardonneront volontiers quelques couacs ou fausses notes avoués mais que pas ou peu d'oreilles (celles des musiciens) n'ont entendus. Quel groupe pourraient se targuer de jouer avec fougue jusqu'à 03h30 du matin pour finir essorés, les doigts en feu et la voix éraillée (t?as pas essayé la foutinette avant de chanter, Pascal?). N'oublions pas qu'ils ne sont pas professionnels et que le lundi ils font comme la majorité d'entre nous: ils pointent au turbin le reste du temps, sans oublier qu'ils ont une vie familiale, ils l'offrent à la bonne cause qui est de faire vivre ce site (merci Pascal), à nous rendre compte des concerts et des tartines qui sortent, à répéter, à partager leur passion.
Conclusion, les absents, vous avez eu tort et vous n'avez aucune excuse.
Frère Toc
Photos : Christian Rock
15-10-2004
Double Stone Washed
Ceux qui ne sont pas sorti de chez eux ou qui sont allé traînés dans un rade quelconque, ont la chance d'ignorer ce qu'ils ont manqué en ne se précipitant pas au Brooklin café les vendredi 15 et samedi 16 octobre pour les concerts des Double Stone Washed.
En effet ils n'auraient plus que leur yeux pour pleurer. Allez, consolez-vous! ils seront en première partie du légendaire groupe Ten Years After le 20 novembre à la Traverse de Cléon. Maintenant que vous voilà informés, c'est comme la loi que nul n'est censé ignorer: on vous aura prévenus.
Les Double Stone Washed, c'est du British pub rock sur vitaminé, une rythmique costaude, des guitares aussi furieuses qu'efficaces au son bien lourd, une vois râpeuse de vrai bluesman-rockeur (ah que pas de variétoche comme Johnny ), un harmonica qui vous entortille le plexus solaire; et tout cela avec une parfaite synchronisation et complicité de musiciens qui ont plus d'un millier de concerts à leur actif.
Un merveilleux électrochoc qui vous secoue des pieds à la tête ( çà dansait devant la scène), qui fait exploser les bouchons de cérumen de vos oreilles ( çà c'est Lucky qui l'dit, j'voudrais pas lui piquer ses bons mots).
En conclusion, les Double Stone Washed, c'est une indispensable thérapeutique mais qui n'est pas sans risque d'accoutumance; en effet ne pas s'affoler le lendemain d'avoir d'imperceptibles tressautements du corps, une jambe qui gigote en rythme, le tout sur des airs de blues rock effrénés qui vous trottent encore dans la tête. Un seul remède: retourner écouter ce groupe sans modération.
Frère Toc
Photos : Christian Rock
22-10-2004
The Hoodoomen
J'éviterai les redondances en vous présentant les Hoodoomen, mes amis de l'oreille bleue l'ont déjà fait à plusieurs reprises et fort excellemment. De plus, les multiples récompenses qui leur ont été attribuées tant au niveau national qu'international (au Québec) sont plus qu'éloquentes en ce qui concerne leur talent et la qualité de leurs prestations. Je ne saurais trop vous recommander de visiter leur site (www.hoodoomen.free.fr) et d'y lire leur saga.
Nous voici donc très confortablement installés au So'Café, dans des fauteuils et canapés autour de tables basses, dans un cadre décoré avec le meilleur goût, élégant et chaleureux. Nous avons apprécié l'accueil des propriétaires, amateurs de musique bleue, qui ont bien l'intention de continuer à recevoir pour de chaudes et trépidantes soirées la fine fleur des musiciens bluesys qui sillonnent nos belles contrées. Un petit carton jaune toutefois pour une carte aux prix inversement proportionnels à la congruité des portions servies. Au final et pour être honnête, nous avons passé plusieurs heures de bonheur musical dans un lieu très agréable et taillé pour devenir un espace incontournable sur la scène normande du blues.
Une équipe de TF1 s'étant présentée, je me suis fait deux remarques: que les Hoodoomen sont vraiment très connus, qu'il serait possible qu'il signent un contrat avec cette chaîne pour animer une soirée Star'ac et que le directeur de TF1, enfin honteux d'avoir déclaré que le but était de rendre les téléspectateurs plus cons pour en faire des consommateurs serviles ( c'étaient d'autres mots mais ça voulait dire pareil), se décidait à relever le niveau culturel des émissions ( à ce moment de ce rêve, mon voisin me réveillât). En fait ils préparait un docu sur la région normande ( c'est quand même mieux que le Bigd[éb]il).
Dès que les Hoodoomen entamèrent leur premier set, il y eut une sérieuse montée de température et le public néophyte, ignorant que ces créatures avaient pactisé avec Satan, se laissait voluptueusement secouer au son des mélopées de l'harmo et de la voix de Philippe Brière, des riffs de la guitare magique de Pascal Fouquet, de la rythmique démoniaque du batteur Francis Marie et de leur nouveau bassiste Eric (celui-là, il a du signer un contrat avec le cornu à la queue fourchue pour en si peu de temps s'être parfaitement intégré au groupe et nous tricoter mine de rien, sous son air de musicien sage, une belle dentelle avec sa basse). Bon, hein! C'est pas des anges! Ils ont leurs petites faiblesses, leurs petits coup de pompes ( en parlant de pompes, vous avez vu leurs groles?). Au deuxième set, avec un son et une technique propre et tout, ils accompagnaient sagement la digestion des clients. Qu'à cela ne tienne, il a suffi d'allumer un briquet sous la plante de leur pieds, histoire de leur rappeler d'où ils venaient, pour qu'ils nous ravivent les flammes de l'enfer et nous interprète un "Stormy Monday" bouillant comme de la poix, et nous plongent jusqu'à la fin dans le stupre et la volupté d'une musique torride. Heureusement, la plupart des personnes présentes avaient fait leur catéchisme et surent résister aux rythmes joyeusement démoniaques des percussions lors du défilé autour des tables. Seul votre serviteur, grand pêcheur parmi les pêcheurs, se saisissant d'un couteau et d'un verre, debout, a succombé à la transe joyeuse (le sourire épanoui de Francis n'avait-il pas un côté sulfureusement tentateur?). Comme tout bon pêcheur, rongé par le remord, j'irai me frapper la poitrine au son des plus beaux gospel.
Chut! j'ai quand même emporté dans mon ermitage un bout de l'enfer sous forme d'un cd live, que j'écouterai entre deux pénitences, dans l'attente fiévreuse du prochain concert ou, maudit, je replongerai dans un orgie de notes bleues...
Frère Toc
23-10-2004
James Harman
Après avoir découvert, il y a quelques semaines le Centre Socioculturel Audrey Bartier de Wimereux, nous voyageons cette fois-ci encore un peu plus au nord jusqu?à Calais, au Centre Culturel Gérard Philipe, pour assister au concert exceptionnel de l?harmoniciste chanteur Américain James Harman accompagné par le belge Tee et ses musiciens. Une salle, qui n?est pas sans nous rappeler la Traverse de Cléon, par sa dimension, sa configuration et son état d?esprit, équipée ce soir de tables et de chaises pour recréer une certaine ambiance Cabaret.
En ouverture, les Nordistes de Stincky Lou and The Goon Mat ont déversé, comme à chacune de leur sortie, un Blues enraciné tellement poisseux et un Boogie suintant assurément efficace qui se transforment en envie irrémédiable de bouger pénétrant au plus profond chaque centimètre de la peau. Impossible de résister à un tel déferlement concocté par Mathias Dalle au chant, à la guitare et aux percus, Laurent Goossens à la contrebassine et Fabian Benardo à l?harmo, sans esquisser quelques pas de danse en nous plongeant dans un climat festif d?un Blues d?avant guerre, méchamment énergique et joliment crade. Le public plutôt réservé au début, s?appliqua à frapper en rythme dans ses mains en se laissant finalement porter par cet élan communicatif.
Nous avions déjà vu James Harman accompagné par Tee à Ecaussinnes et nous avions pris une claque monumentale. Je ne connaissais à l?époque qu?un ou deux albums du californien, j?ai depuis eu l?occasion de me plonger dans sa discographie, de m?immerger dans son monde musical et d?adorer ça. Je trépignais donc d?impatience pensez donc, Tee à la guitare, Vincent Talpaert à la contrebasse, Willy Maze à la batterie et Chris Rannenberg au piano, que du gros calibre, de l?imparable.
Le show a démarré avec juste les accompagnateurs, on n?entendait pas ou mal la guitare, j?ai pensé qu?ils allaient vite remédier au problème mais non, à croire que nous étions les seuls à ne pas l?entendre, en tout cas la technique n?est pas intervenue et Tee est resté engoncé dans un son sans puissance et sans présence. Du coup cela nous a privés de la magie que l?on pouvait attendre d?une telle soirée. Attention, je ne dis pas que c?était une mauvaise soirée Chris Rannenberg à fait virevolter son piano comme un damné, Willy Maze et Vincent Talpaert ont Swingué comme des Cats quand ils sont Cat et James Harman dégage une présence, une classe incontestable. Son chant et son jeu d?harmo sont incroyables de maîtrise et d?aisance. Pourtant le concert n?a pas atteint les sommets que l?on pouvait en attendre, dommage.
Lucky Jean Luc & Pascal Lob
Photos : Mimi G
30-10-2004
The commitments
Karen Coleman et Claire Malone
En 1991, Alan Parker exposait la (dure) réalité de la vie d?un groupe musical dans la ville de Dublin, sur fond de combats ouvriers (aussi réels et que nécessaires) en réalisant un long métrage qui marqua son époque du nom de cette formation, The Commitments. Film au succès immense (un milliard de spectateurs l?aurait vu depuis sa sortie) et culte pour beaucoup d?entre nous, que l?on soit musiciens, professionnels ou amateurs, passionné de la note bleue ou de musique en général, tout simplement cinéphile ou adepte régulier des discothèques, dynamisé par une bande son torride et infernale que certains qualifient de Soul Music ou encore, Rhythm and Blues.
Un répertoire enraciné et magistral que la commune de Bolbec, non loin du Havre, nous a permis de (re)vivre en créant l?événement pour cette date unique dans la région (et même en France) en invitant les Commitments, version 2005. La salle de roncherolle, d?une belle capacité, plus habituée certainement aux luttes sportives qu?aux échanges de décibels, accueille ce «big band» Irlandais fort de ces 9 musiciens et choristes. Une fois les doutes estompés sur le rendu sonore du lieu, il fut aisé de se laisser porter par un déferlement de titres connus, comme autant de grands classiques indémodables et éternels, lents ou rapides, propices aux rapprochements humains et favorables aux déhanchements perpétuels. Un registre composé principalement de reprises, vitaminées et goûteuses, déversées tout au long des deux heures de concert, puisées notamment auprès d?Otis Redding, Aretha Franklin, Sam and Dave et autre Wilson Pickett. Une seule chose à faire pour s?en convaincre : ouvrir les yeux, écouter attentivement et fondre de bonheur?
La machine, dopée au groove, se mit en marche et l?unité s?affirma d?entrée. Claire Malone, la blonde et Karen Coleman, la brune trouvent toutes les deux leurs places, autant en chant lead qu?en accompagnement, avec un timbre de voix, aussi différent que complémentaire, souvent langoureux et toujours sensuel. Les envolées vocales puissantes de Joe Walsh stimulent le point sensible se faisant tour à tour tendres ou enragées.
Le soutien quasi-permanent de la trompette de Ray Martin et du saxophone ténor de Serge Stavila permet aux cuivres d?occuper leurs rangs légitimes et indispensables quand le clavier et l?orgue de Daniel Antoine étoffent joliment la plupart des titres exprimés.
La rythmique dense et échevelée, savamment construite par la basse de Darren Hanley et la batterie de Dick Massey, tient la baraque pour laisser libre cours à la guitare de Kenneth Mc Cluskey. Tous deux figures emblématiques du triomphe cinématographique du début des années 90.
Une réussite à mettre également à l?encontre du sens du show de tous les protagonistes de la soirée qui transmettent leur bonne humeur communicative et réussissent à transformer un gymnase en formidable piste de danse. Cette revue, rodée et calibrée, chaleureuse et sincère, se situe certainement parmi les toutes meilleures en Europe, les centaines de personnes présentes et visiblement heureuses ce samedi peuvent en témoigner?
Joe Walsh
Ray Martin et Serge Stavila
Daniel Antoine
Kenneth McCluskey
Lucky Jean Luc
Photos : Christian Rock
05-11-2004
Soul & So
Voilà un groupe nouvellement venu sur la scène haut normande puisqu'il ne se produit que depuis mai 2004 dans les café concerts de l'agglo rouennaise. Leur répertoire est essentiellement Rythm'n'blues, composé de nombreuses reprises d'Otis Redding, Wilson Picket, Sam and Dave, etc... avec quelques incursions dans les répertoires des Rolling Stone , des Beatles et autres légendes de la Pop music.
Créé début 2003 par deux sympathiques cheminots, Hervé Guillarmic(chant, guitare, clavier) et Jacky Drouaire ( batterie), mis à l'évidence de leur atomes crochus en matière musicale, ils seront rejoints par Vincent Tondeur (guitare, voix), pour qui la pratique de la guitare n'a si peu de secret qu'il a fait profession de transmettre son savoir musical, et Jean-Paul Pomares à la basse. Au bout de nombreuses répétitions, la nécessité d'étoffer la rythmique ouvre grande la porte du groupe à deux cuivres: Laurent Loisel au saxo ténor et Pierre Parc à la trompette. Ainsi, tous les ingrédients étant réunis pour la recette d'un bon groupe, il n'y avait plus qu'à travailler la préparation avec les bons dosages, laisser mijoter à feu doux en surveillant bien pour que çà n'attache pas à la cuisson, être généreux sur les épices ( vitalité, énergie, plaisir de jouer, envie de communiquer avec un public) pour un met bien relevé. Attention, mesdames et Messieurs, voilà un groupe tout chaud pour régaler vos esgourdes et suffisamment relevé pour vous démanger l'arrière train au point de ne plus pouvoir rester assis et de vous trémousser de manière peu contrôlée. Évidemment, il y a toujours des constipés ( et Dieu sait qu'à Rouen çà ne manque pas) qui certes apprécient la musique qui leur est servie mais dont le difficile transit intestinal les empêche de la vivre avec leur corps et leurs tripes. Nous en avions quelques exemples au Brooklin café le vendredi 05/11; par contre je soupçonne le maître officiant du Bateau Ivre de secrètement diluer des dragées Fuca dans les consos tellement le public tenait difficilement en place.
Voilà, cher lecteur, tu as compris que nous avons affaire à un groupe au chanteur overdosé à l'énergie et à la bonne humeur, au sein duquel nous sentons une complicité certaine entre les musiciens et un plaisir de jouer évident. Bien sûr ils sont loin de la perfection, mais ils sont amateurs (au meilleur sens du terme, le mot amateur venant du verbe aimer ), tous chargés d'obligations professionnelles , voire familiales (je met çà dans les dents de ceux qui trouvent toujours à redire et qu'on ne voit jamais à l'oeuvre).
J'ose modestement une ou deux suggestions: de lever la punition des joueurs de cuivres pour qu'il ne soient plus au coin mais positionnés plus latéralement et leur permettre de s'avancer en avant scène pour leurs solis, et augmenter un peu plus le volume du clavier qu'on entend pas toujours très bien.
Et comme dit mon ami Lucky Jean-Luc (qui ne peut pas être foncièrement mauvais puisque c'est un Jean-Luc), en réponse aux critiques autorisées regrettant que ce ne soit que des reprises de standards ou un manque d'homogénéité dans le répertoire, les Souls & So jouent aussi bien si ce n'est même mieux en six mois d'existence que certains groupes qui tournent depuis plusieurs années. Avec mon ami Christian Rock ( qui aura l'occasion de faire d'inoubliables photos de leurs prestations futures), nous n'avons certainement pas boudé notre plaisir à l'écoute de standards des Rolling Stone ( c'est plus tout jeune, c'est connu, mais qu'çà fait du bien de s'dire qu'on aime toujours entendre ces bons vieux morceaux).
Comme toute bonne recette, on se dit qu'une petite pincée de sel supplémentaire où qu'un tour du moulin à poivre de maître Robuchon suffiraient pour un met presque parfait, mais Soul & So est un groupe de qualité encore jeune et prometteur. Je leur souhaite de toujours garder une patate et une joie communicative et je les invite d'ici un an ou deux, avec la maturité et l'expérience acquises, à venir convaincre un public averti et un jury, en compétition avec d'autres groupes, de leur vitalité sur une vrai et incontournable belle scène dans le cadre du Tremplin du blues à la Traverse de Cléon.
Frère Toc
Photos : Frère Toc
03-12-2004
Platinum Platypus
Pas moins de douze musiciens et interprètes devaient se caser sur la toute petite scène de ce lieu mythique des nuits rouennaises ( tu me remercieras plus tard Michel). Problème résolu en mettant les cuivres en première ligne, le chanteur, les choristes et le guitariste en deuxième ligne et le clavier, la batterie et le basse en ligne arrière et voilà notre petit régiment prêt à charger le public avec les plus pacifiques des armes, leurs instruments, leurs voix et leur talents. Un répertoire incontournable puisé dans ceux des plus grands ( James Brown, Aretha Franklin, Steevie Wonder, etc..) constituait leur arsenal.
La question qui se pose avant de les entendre et en voyant leur nombre est de savoir s'ils vont jouer en harmonie et si l'interprétation sera homogène. La réponse ne se fait pas attendre dès les premiers morceaux et nous rassure vite. Question d'autant plus inutile que sur les douze, neuf enseignent la musique.
Si vous voulez connaître leur noms et leurs rôles dans la formation, je vous invite à lire la chronique enthousiaste de mon bon ami Lucky Jean-Luc sur leur prestation du 29 mai 2004 dans ce même lieu incontournable de la culture rouennaise (qu'est-ce qu'il ne faut pas écrire pour se faire offrir un verre par le patron!).
Ces drôles d'ornythorinx, ( faites comme mézigue, chers lecteurs, demandez-vous pourquoi ce drôle d'animal des contrées australiennes est dessiné sur leurs affiches et pourquoi il est en platine... ouais, euh, ils auraient pu s'appeler les Silver Beavers ...ou les Gold Mustelides... par exemple... quoique les castors et les loutres fassent plus banals que les ornythorinx. Bon et puis il n'y a pas de quoi en faire tout un Plat...) ces drôles d'ornythorinx, disais-je, ont la fougue joyeuse de leur jeunesse, du plaisir à jouer, l'envie de faire bouger et la recette fonctionne plutôt bien. Une "cool, soul, stirring up music", de quoi raviver les piles de vos vibromasseurs pour mieux trémousser de l'arrière train.
Des cuivres bien présents, dont un sax ténor survolté qui envoyait sacrément et une rythmique omniprésente masquaient malheureusement la voix un peu faible du chanteur lead (on ne peut pas toujours avoir la voix d'Andrew Strong), celles des choristes et étouffaient carrément la guitare dont les solos étaient inaudibles et le clavier de ce fait trop discret. Les musiciens n'étaient pas en faute mais une balance impossible à régler correctement à cause de moyens techniques insuffisamment adaptés rendait la mission impossible au technicien son. Rassurez-vous, chers jeunes platypus plein d'avenir, cela n'a pas fait obstacle à la joyeuse frénésie du public ivre ( je veux dire "soul") du Bateau.
Remarquez, ne changer rien, une trop bonne balance qui laisserait exploser un chant brut de blues et des choeurs envoûtants, qui libérerait d'infernaux solis de guitare et des envolées pianistiques redoutables pourrait avoir des effets incontrôlables sur le public, pour peu que Nicolas Amène ne l'achève à coup de sax ténor. et ce soir là, j'entendrai mon ami Lucky doctement conclure au dessus d'une tartine de houblon à demi (de bière s'entend) entamée: "c'est une tuerie!"
Frère Toc
Photos : Frère Toc
10-12-2004
Texaco
Texaco: nm propre, tiré ni du grec, ni du latin (et puis on s'en fout) quelques blues mais très vite du jazz rock dans lequel ce groupe évolue très à l'aise en distillant des chorus au feeling envoûtant et dont la température peut monter au paroxysme.
Je les avais déjà entendu à l'Anatole Bar, le 10 décembre2004, dans un style plus électro-acoustique, suivant les exigences du propriétaire des lieux, soucieux, et c'est tout à son honneur, de respecter le calme du voisinage. De ce fait, ce soir là, le style était plus intimiste, tout à fait dans le style d'une musique jouée dans un club jazz.
Pour ma part, j'avais trouvé cela très bien, mettant en relief un feeling d'enfer, faisant monter la température de l'auditoire. J'étais vite emporté par le jeu fascinant de Jean-Baptiste Gaudray, hypnotisé par le saxophone de Laurent Meyer. Hakim Molina à la batterie, avec ses balais, soutenait avec une précision et un doigté d'une justesse effarante l'ensemble; Yves Martinez en véritable homme orchestre un tantinet déjanté nous assurait une infatigable rythmique à la basse appuyée d'une jambe levée si haute comme pour mieux en marteler la puissance, des riffs d'harmonica dans lesquels il se courbait jusqu'au sol pour creuser encore plus dans la matière brute de la note, et le chant ( ah! pas mal le chant mais s'il allait fourailler encore plus loin au fond de ses tripes...). Il y a belle lurette que je ne suis plus parent d'élève car il m'inquièterait c'gars là! La seule critique que d'aucuns pouvaient émettre était de ne pas adhérer à leur musique, trop loin du vrai blues pour certains, délibérément trop jazz pour d'autres, et là nous tombons peut être dans une affaire de goût.
Donc pas d'hésitation, subjectif je suis, et c'est sans crainte que je tranche de mon avis dont l'impartialité ne peut être discutée (sous peine de s'en prendre une dans la tronche): J'ADORE.
Et c'est aussi sans aucune hésitation que je me retrouve en bonne compagnie au club 83 de la Chouque le vendredi 14 janvier de l'an de grasse (oui, je sais: de grâce; il y en a qui vont vraiment s'en prendre une!) 2005.
Alors là, attention les esgourdes, finit la 22 long rifle à la guitare, le PM à la batterie, le tir au pigeon au saxo et tout ce que vous voulez comme armes de salon. Nos musicos sorte l'artillerie lourde, du jazz rock, moult blues et un ou deux boogies assénés aux décibels, façon missiles anti-cons. Et nous retrouvons les mêmes chorus prenants, une température musicale à dilater le sphincter des culs coincés, et un saxo, mes cocos... j'ne ne vous dis qu'çà!
Parce que c'est pas un expansif de la jactence, l?ami Laurent Meyer, pas du tout le genre " poussez-vous d'là que la populace asservie m'admire »; ce serait même plutôt le contraire au point que de temps en temps, Yves Martinez le poussait gentiment un peu plus vers le centre de la scène. Il sait tirer le meilleur de son instrument et plus rien ne l?arrêterait (et certainement pas moi) tant il est parti haut et loin.
Du décibel, j'en voulais bien, je me serait bien mis au pied de la scène , fort belle, de ce haut lieu des nuits dansantes, mais pour mon goût, il y avait un volume un poil trop fort, au point que je me suis mis en retrait pour mieux apprécier. Il faut dire que nous aurions du être cinq cents mais par un illusoire renfort nous nous vîmes qu'une trentaine en arrivant au concert de Texaco.
C'était bien dommage. Autrefois le viking n'était-il pas un intrépide conquérant (hein, guillaume!), avide de découvrir et de défricher de nouvelles terres, remontant la Seine à coup de rame dans son fier drakkar? Bah, ce n?est apparemment plus le cas de ses descendants, ou de ce qu'il en reste, question d'aller découvrir et défricher de nouvelles contrées musicales par delà la variétoch formatée façon pompe à fric.
Mais quoi ? J?apprends que Texaco sera au festival blues de Cahors qui se déroulera du 19 au 21 Juillet prochains. De vous à moi, le Lot c?est une région magnifique pour vos vacances d?été et si vous passez par Cahors?
Frère Toc
Photos : Christian Rock
18-12-2004
Soul & So
Aïe! Aïe! Aïe! Il faut les surveiller ceux-la. Ils sont pas loin d'allumer le feu de la soul dans les caf'concs rouennais. Je ne répèterai pas les propos déjà tenu dans ma précédente chronique les concernant, mais c'est sûr, ils ont la moelle, au point que Pierre Parc s'est éclaté la lèvre sur l'embouchure de son cornet à piston, à croire que les virages sont dangereux dans les riffs de trompette. Je le prend avec humour mais çà n'a pas du être drôle et je la joue à la Drucker: "Mon cher Pierre, si tu me lis, excuse-moi, j'espère que ta lèvre s'est bien guérie et surtout reviens nous en pleine forme en 2005!" C'est bien simple, ce soir là au Saxo les jeunes de 7 à 77 ans ne tenaient pas en place et les vigoureuses reprises des standarts du rhythm'& blues et du rock mettaient une sacrée ambiance.
Je voyais ma fille qui m'avait accompagné s'éclater à l'écoute d'une musique qui est née à une époque où je piquais encore de l'argent dans le porte-monnaie de ma mère pour m'acheter des carambars à 5 centimes sur le chemin de l'école ( carambars vite remplacés par des P4 que je crapotais sur ce même chemin). Allez, les gars, faites chauffez la chaudière et passez l'aiguille* sur la voie direction le Bayou, on vous y attend le 29 janvier 2005 en compagnie des Sam Soul.
*expressions de cheminots, on se demande pourquoi.
Frère Toc
19-12-2004
Trouble M
Cela faisait bien longtemps que les Trouble M (ils s?appelaient encore à l?époque Troublemakers) n?avaient fait parler d?eux, leur passage au Bateau Ivre fut une excellente occasion de redécouvrir cette formation qui m?avait personnellement marqué au cours des années 90.
Une soirée riche et péchue, entre Blues et Rock, reprises enjouées et compositions inspirées par quatre musiciens qui maîtrisent leur sujet avec détermination et implication.
Yann Gueudeville s?impose en chanteur convaincant et se fait virtuose à l?harmonica, jamais avare pour échanger de somptueux phrasés avec la guitare de Dominique Garriot.
Ce dernier, démonstratif et impressionnant, s?aventure sur des chemins colorés et souvent inexplorés avec une facilité déconcertante. Olivier Gall à la basse (5 cordes), à la fois posé et inventif, confirme son talent intact qui fait de lui l?un des meilleurs bassiste de notre région. Hakim Molina, aérien et volubile, derrière ses fûts, apporte avec brio et générosité, sa contribution nécessaire et indispensable. A l?arrivée, un concert en trois actes, nourri de complicité naturelle et emprunt d?une débauche d?énergie, qui ne peuvent laisser en aucun cas indifférent. Une chose est certaine, il faut de nouveau compter sur la bande de Yann et ses acolytes, je m?en réjouis très sincèrement?
Lucky Jean Luc
Photos : Thierry Chion
26-12-2004
Simon Shuffle Blues Band
Quel joli prétexte de pouvoir réunir, derrière le nom du Simon Shuffle Blues Band, des musiciens de talents qui s?unissent pour partager leur passion immense, intacte et sincère pour la musique du Diable. Constitué au départ d?une entente Poitevine autour de Simon Boyer aux baguettes (qui est à la source du combo) et des deux guitaristes chanteurs Xavier Pillac et Jeff Magidson, la formation a un peu évoluée depuis. Jeff Magidson, américain installé depuis longtemps dans le Poitou et leader aussi du groupe John Doe, est reparti pour quelques temps aux Amériques et c?est un autre ricain de Jeff, vivant dans le Tarn du coté de Gaillac, qui trouve sa place légitime dans le Simon Shuffle? Bon, c?est vrai que lorsque le trio de Jeff Zima (c?est de lui qu?il s?agit) monte dans le Nord, c?est Simon que l?on retrouve aux commandes derrière les fûts? Vous me suivez ? Pour être complet, la contrebasse originelle tenue par Dominico Stocchi devait revenir à Gilles Chavaucherie qui joue régulièrement avec le pianiste de Boogie Woogie Jean-Pierre Bertrand. Malheureusement absent pour raisons personnelles, il fut remplacé à la main levée par Thibaut Chopin qui sévit notamment avec Benoît Blue Boy. Une soirée haute en couleurs, en échanges et en rebondissements qui permit à chacun des quatre protagonistes de s?exprimer sans contrainte pour mieux prendre son pied.
A commencer par Simon Boyer qui se révèle être bien plus qu?un batteur conventionnel et s?affirme en percussionniste d?exception magnifiant tous les éléments de sa batterie, des toms aux cymbales en passant de la grosse caisse au charley. Il suffit de l?observer pour déceler toute la délicatesse et la richesse de son jeu, aux touchers aériens aussi subtils qu?indispensables.
Thibaut Chopin, quant à lui, a assuré grave, comme à chacune de ses sorties, en contrebassiste rompu à tous les répertoires de Blues. Il s?intègre à merveille dans l?équipe et se délecte les babines de quelques solos dont il a le secret, offrant de surcroît une rythmique bénéfique et essentielle aux deux guitaristes de service.
Xavier Pillac nous gratifie de son registre de Blues en français lorsqu?il prend les choses en main en leader naturel. Sa guitare électrique regorge de bons sentiments et son chant rauque et prenant stimule les sens, en musicien aussi gentil qu?intelligible, il sait aussi s?effacer au mieux pour assurer la rythmique de Jeff Zima.
Un Jeff Zima, fidéle à lui-même, qui se lâche aisément se gargarisant au passage d?un accompagnement d?une telle qualité. Gesticulant, bondissant, sautillant, trépignant? Il peaufine un jeu de guitare spontané dopé de vivacité et de générosité, aussi furieux en slide que parfois, docile avec ses doigts. Grimaçant, jovial, déroutant, vivifiant? Son chant habité et imaginatif faussement anodin délire bien souvent, toutefois il s?harmonise d?une justesse impitoyable avec la musique exprimée. Le genre qui fait se trémousser dans tous les sens en battant la mesure des pieds et des mains tout en secouant énergiquement la tête, le sourire greffé aux lèvres? Ca vous dit ?
A l?arrivée du Blues sous toutes ses coutures enjolivé de Boogie furieux, de Swing ravageur et de Shuffle destructeur qui transpire d?authenticité, de sagacité et de libéralité.
Du plaisir à l?état pur !