Les soirées «Revival» se multiplient à chaque saison, The Pretty Things, Nine Below Zero, Doctor Feelgood, pour ne citer que les meilleures, nous ont procuré d?agréables sensations. Canned Heat s?inscrit avec volonté et ferveur dans cette continuité même s?il ne reste plus du groupe originel que le batteur Fito de la Parra, seul «survivant» déjà présent en 1969 à Woodstock.
La première partie Thomas Brun ayant déclaré forfait, ce sont les régionaux de Blues Station Trio qui allaient le remplacer au pied levé. Une formation électro-acoustique qui s?approprie avec fraîcheur et réalisme quelques titres bien connus comme Start It Up, Walking by myself ou Got My Mojo Working.
Alain Messier module son chant et s?active à l?harmonica virtuose, consolidé par la guitare concernée de Stef Rousseau, la contrebasse posée de Cyrille Clet et les ch?urs bonifiants de chacun. Une prestation d?une demie heure emprunt de complicité affichée et d?une pointe d?humour non négligeable qui obtint l?assentiment du nombreux public présent impatient d?en découvrir plus sur les mythiques Canned Heat?
D?entrée la nouvelle équipe, formée par Fito de la Parra, s?est affirmée dans l?esprit n?hésitant pas à se «débarrasser» dés le début du concert au bout du 3eme morceau du célébrissime On The Road Again sous les gémissements d?exaltation de la salle rapidement acquise à sa cause. Une longue et savoureuse ballade entre Blues et Boogie aux accents Jazzy et Country autour de titres nouveaux (Bad Trouble, It don?t matter?) et anciens (Let?s work together?) de leur dernier album Friends in the Can.
Le chant lead, partagé par Dallas Hodge à la guitare, Greg Kage à la basse et surtout par la voix haute perchée de Stanley Behrens à la flûte, au saxophone et à l?harmonica, apporta cette diversité nécessaire pour installer un climat pénétrant et propice qui rompt la monotonie ambiante et créé l?effet de surprise.
Le jeu de guitare de John Paulus, limpide et précis, tout en feeling renforça ce sentiment de bien être et acheva de convaincre totalement. Au final, un show particulièrement en place, sans faiblesse apparente et sans redite audible, où l?unité affirmée de Canned Heat version 2004 n?a pas grand chose à envier au passé. Au contraire, il aurait plutôt fonction de rendre hommage à ceux aujourd?hui disparu? Don?t Forget To Boogie !
Stanley Behrens
Dallas Hodges
John Paulus
Lucky Jean Luc
Photos : Christian Rock
03-04-2004
Michael Hill
Dernière soirée de la saison à la Traverse de Cléon pour cette édition printanière de son festival, entièrement consacrée au Blues et au Rock.
En ouverture, honneur à une belle demoiselle Britannique d?à peine 20 ans, Joanne Shaw Taylor. D?entrée, elle distilla un jeu de guitare, franc et bien aiguisé, jamais maniéré, soutenu par un son en adéquation. Mais c?est surtout son chant, bien en place, d?une maturité étonnante pour une jeune femme de cet age, qui s?inscrit comme une agréable surprise. Entourée par des musiciens concernés et volontaires (Matt Little à la basse, Roy Adams à la batterie, Dick Decent au clavier et à l?orgue), elle enchaîna des titres entre Blues Rock péchu et Ballades suaves à forte inspiration piochée auprès de Buddy Guy et Stevie Ray Vaughan. Elle démontra un réel potentiel qui ne peut que se bonifier avec le temps et reçu une ovation bien méritée. Une révélation pour le moins et une évolution à suivre de près?
Son compatriote Aynsley Lister à coté, fait déjà figure d?ancien (26 ans et 4 albums à son actif). Il se présente sur scène en solo en s?accompagnant à la guitare électrique, un exercice délicat qu?il maîtrise à merveille comme sa prestation à Cahors en juillet 2003 l?a déjà prouvé. Des morceaux, signés (entre autres) John Lee Hooker, Lightin? Hopkins ou Robert Johnson mais aussi Rory Gallagher et Jimmy Hendrix, qu?il interprète magistralement. Tant au niveau musical que vocal, il apporte sa touche personnelle, entre respect de la tradition et envie de modernité, qui sensibilise au bon endroit et transmets ses ondes bénéfiques. Le public sembla conquis et en redemanda?
Dés le début du concert du New Yorkais Michael Hill, le niveau musical s?afficha bien haut sans jamais mollir. Pete Cummings à la basse 5 cordes fut tout bonnement vertigineux, là où Tony Lewis à la batterie fut phénoménal, tandis que leur leader, à la voix rauque et délicate, alimenta de notes (beaucoup trop ?) successives sa splendide « Les Paul ». Des compositions de Blues Rock urbain mâtinées de Soul et de Funk (très) plaisantes d?emblée mais qui au fur à mesure deviennent fatigantes, lassantes et même pesantes. C?est sans aucun doute à mettre à l?encontre de la richesse excessive de la musique (hyper pointue) des trois protagonistes. Une technicité aboutie et une surabondance qualitative qui finalement n?apporta pas grand-chose émotionnellement et procura plutôt l?effet inverse de celui escompté. La jam session finale avec Joanne et Aynsley donna lieu à quelques échanges toujours sympathiques sans pour autant faire oublier la démesure de la prestation de Michael Hill.
En résumé, un sentiment mitigé sur la performance de l?Américain et un plaisir partagé avec deux jeunes artistes Européens qui prouvent que la nouvelle génération semble prête à pérenniser le Blues dans les prochaines décennies?
Keep Blues Alive