?Cognac...Cognac... Trois minutes d?arrêt?. C?est le message, adressé par une voix faussement sensuelle d?une opératrice de la S.N.C.F. locale, que les usagers du chemin de fer ont entendu dés leur arrivée à la gare de la Sous-préfecture Charentaise. Pour ma part, c?est en voiture que je m?y suis rendu. Tout ça pour faire une petite bise à Madame la Sous-préfète, que je ne connais pas mais qui, évoluant dans l?ombre pesante des fonctions de son galonné mari, s?ennuie peut-être ? Avant de passer ma première nuit dans une chambre d?hôte partagée avec Lucky Jean-Luc, Xavier et Chris de TRB, c?est dans une atmosphère chaude et colorée que je me lance dans cette aventure cognaçaise. Avec cette première incursion, le mercredi soir, dans les bars animés par la faune plus ou moins autochtone, je sens un vent de folie planer sur l?endroit que j?allais explorer pendant les quatre prochains jours. Rencontre avec Riton de la sécu du site et Chris Andrieu qui connaît déjà les tatouages et piercings secrets d?une des serveuses d?un troquet du centre ville. Bref, ça démarre fort.
Jeudi 22 juillet.
Doctor Feelgood, à s?y attendre, n?est pas là pour faire ni dans le bémol ni dans la ?demi-molle?. Eléctrique et survitaminé, le show des repreneurs de l?affaire Lee Brilleaux est un véritable hymne offert aux bars bruyants et à leurs effluves. Après deux morceaux de la cuvée nouvelle, retentit le fameux ?Milk and alcohol? des 80 ?s du band. Le guitariste en véritable commercial de chez Jean Rozé, chemise blanche, cravate bleue et poignet de force à la main droite, nous fait revisiter le mythe du guitariste puissant et sans concession de l?époque de Wilko Jonhson. Ce salaud de mousse de Portsmouth ose même nous gratifier, grandeur nature, d?un ?Back in the night? sans pareil ainsi que du cultissime ?Mad man blues? de qui l?on sait. S?en suivront ?Roxette?, des premières heures et ?Down at the doctors?. Pour moi, l?énigme venait du chanteur. Comment remplacer un front man historique, dont on connaît l?immense carrière et qui, pour l?anecdote, a ouvert pour le groupe Kiss en 1976 aux Etats-Unis. Cela ne s?invente pas. Il fallait un véritable agité du bulbe rachitique, un virtuose du show à la Iggy Pop, un mec où à chaque instant tu te dis qu?il va péter quelque chose sur scène, pour remplacer ?le Phénix des hôtes de ces bois après un juji gatame? (Jean-Pierre de la Fontaine - Fables, Ju-Jitsu et pertes collatérales - Editions Presse Purée). Avoir une section rythmique comme l?ont eu nos deux sus dépeints protagonistes, est un véritable bonheur ; j?en conviens et je les envie. Long live the Doctors.
22h30 : En tête d?affiche d?une soirée hors norme, Georges Clinton et ses 20 co-listiers du Parlement / Funkadelic. Fan des Meters, de Sly Stone et des JB?S, mon attention était tout particulièrement captée par le show annoncé comme inénarrable du trublion de la ?old school?s funky beat? des 70?s. Difficile de se faire une sérieuse opinion, tant l?intro du concert me paraît douteuse de longueur. Le ?Frère Jacques? de bienvenu du clavier leader, sympathique d?entrée, suivit de la parodie de ?Lazy? à la Jon Lord de Deep Purple et de l?échange clavier-violon Tzigane avant de retomber dans un parfait chaos sonore de plus de dix minutes me fait perdre patience devant tant d?absence de rythme .L?entrée de Sir Nose, l?anti héros funk créé par Mister Clinton, tout de poils blancs vêtus capte une demi seconde mon attention malgré le nombre impressionnant de musiciens et de choristes qui se relaient subséquemment et non-obstent sur les planches. Passé une grosse demi heure d?un Funk plus Platonique que Priapiste (Onaniste à la rigueur!), apparaît enfin le chevelu historique. Après un long groove que Georges Clinton a su faire monter crescendo, l?ensemble retourne rapidement dans une platitude brouillonne. Un fameux chorus de trompette, à la Freddie Hubbard, nous entraîne dans un univers funky acid-jazz que l?on ne voit pas tous les jours sur scène, mais de trop courte durée pour pleinement me donner l?envie de rester. Après une heure passée à attendre le diable, Lucky Jean-Luc et moi décidons d?aller voir si sa queue ne traînerait pas dans un des bars du coin.
0h30 : C?est finalement au ?Blues des anges?, délicieux endroit réservé aux festivaliers noctambules, que nous préférons nous rendre avec Christian Roch et Xavier afin d?applaudir les Chicken Legs Weaver, un trio anglais d?outre-manche. Que dire de plus sur ce complexe consacré à la nuit, illuminé de toutes parts, des charpentes apparentes aux tables disposées dans les jardins sur le bord de la Charente, à rendre vert de jalousie n?importe quel organisateur. Les musiciens anglais ont décidément l?art de nous surprendre, là où l?on s?y attend le moins. C?est dans un univers Linchéen, façon ?Blue Velvet?, que le trio nous fait basculer. Malgré leur allure endimanché propre à un groupe de swing, les Chicken Legs Weaver nous proposent un style déroutant, froid, ténébreux et intimiste plus proche d?une noisy cold-wave que d?un blues convenu. Le contrebassiste, tout droit sorti d?un clip de Soft Cell, s?active sur son pachyderme quadri-cordes tel le cybernaute psychotique d?un vieux ?chapeau melon et bottes de cuir?. Les sons slides et écorchés de la guitare, la voix rauque et saumâtre du singer-grateux, transfigurent avec talent la noirceur de l?âme humaine. Un délice décérébré pour les esprits ouverts, sûrement un calvaire pour les viscères des blueseux pur sucre. A part ça, la nuit fut douce et chargée d?émotions multiples.
Vendredi 23 juillet.
11h30 : C?est au tour des frenchies de Harp Sliders de nous faire réemprunter les doux et matinaux chemins de l?Eden blues pour un concert coloré et très attachant. ?Rock me Mama? nous met immédiatement dans l?ambiance acoustique et chaleureuse de se band haut en couleur. Manu Slide au chant-guitare-harmo-kazoo, Mister Gobo à la basse acoustique et Papy Washboard à la batterie-washboard sont des sacrés drôles de zozos d?oiseaux. Du fond du Mississipi aux confins du Yémen (Yeah men!), Manu et sa bande nous font l?honneur d?un blues du coin de la rue, comme tiré de l?essence même (pas du Yémen!) du blues. Un ?Sacré Baratin? que voilà. Dernier album : ?Solid Jive? Blues Box - BB002 - 2004 (bluesbox@ tiscali.fr).
12h30 : Don Croissant est, semble t-il, l?homme à voir. C?est au ?Mercure on the road?, site choisi de la fameuse chaîne d?hôtels consacrée aux boissons sacrément chères, que l?animal tout de fushia vêtu nous amena malgré lui. Le bleu azur de la piscine du célèbre établissement contraste sévèrement avec l?habit du dit zigue, mais qu?importe. L?intérieur du fly de la guitare est au diapason du costume, « rose cuisse de nymphe », criard à souhait, tout pour me plaire. Son tee shirt marin et sa casquette, genre roi de la frite de chez papy Brossard semble aux antipodes du décor. Un vrai délire visuel, du pur Kitch, comme un doigt dans l?antre des nantis. Dès les premiers pickings de Don Croissant, le fun de ce ?Tryphon Tournesol? grimé en ?Captain Haddock? transpire l?excellence. Telle une bande dessinée acide, garage et pépère à la fois, le son de ce trublion Belge est celui du type qu?a roulé sa bosse et qu?a rien à prouver. Il joue et nous en met plein la vue. Son ?Jumping Jack Flash? est une merveille de trouvaille, et fait ressembler ce standard du rock à un éternel du blues. Don croissant est un personnage à découvrir pour les fans de blues urbains et acoustiques comme Bo Diddley, John Lee Hooker et Bo Weavil.
13h30 : Conférence de presse de the Inmates, maison Rémy Martin - Cognac - 14 h 00. C?est en Citroën C4 de 1932, gracieusement conduit par un membre du ?Rétro mobile Club Cognaçais? que Christian Rock, Nadine (his wife), Mimi Gaudray et moi nous sommes rendus en l?antre d?un des maître du spiritueux local afin d?échanger sur l?actualité des mythiques Inmates, fleuron de la scène ?pub-rock? anglaise. Le rutilant teuf-teuf sait aller bon train, l?hôte est génial de détails d?époque, pour nous mener au rendez-vous tels des Valentin, Pujol et Terrasson d?occasion, tel une brigade du Tigre éphémère. L?accueil est formel et bienséant, tout comme la notoriété de l?institution. Nous voici maintenant devant les icônes de la scène du rock anglais, à l?image de Peter Gunn, un des deux guitariste de la formation. Seul Simon, le bassiste, est un membre rapporté du solide édifice. Après un bref instant de silence, la première question.
- La scène pub-rock est-elle encore une grande famille en Angleterre ?
- Avec les groupes, on se rencontre toujours dans les clubs ou dans les tournées mais le terme ?pub-rock?, pour nous, est associé à groupe ringard et ennuyeux. Ce qui nous caractérise, c?est le fait que nous refusons de jouer le jeu de l?argent et des médias qui ruine la culture en général. En matière de culture nous regrettons les combats de 68 et l?esprit de révolte des jeunes.
- Quels sont les changements apportés au groupe depuis les dix dernières années ?
- Premièrement, nous sommes heureux d?être toujours vivant après 27 ans d?existence ; deuxièmement, très fier d?accueillir Simon à la basse et n?avons pas l?intention d?arrêter de si tôt.
- Qu?avez vous retenus dernièrement de la scène blues française ?
- Notre musique est encrée, à l?image de Doctor Feelgood pour l?énergie, dans les origines du punk rock anglais. Fin soixante dix nous pouvions voir, dans de petits clubs des groupes comme les Sex Pistols ou plus tard Eddie and the Hot Rods qui n?étaient pas connus. Maintenant, nous avons croisés le groupe Rosebud Blue Sauce au Luxembourg.
- Ne vous ayant pas revus sur scène depuis la tournée ?Fast Foward? et ayant apprécié l?album ?Meet the Beatles Live in Paris?, avez vous dans l?avenir, le projet de revisiter un autre monstre du rock (question de l?oreille bleue) ?
- A l?origine, nous devions jouer dans une soirée avec Serge Gainsbourg. N?ayant pas accroché sur le répertoire ?disco-reggae? de l?artiste nous avons préférés jouer des standards des Beatles. Libération, le promoteur de la soirée à décidé de sortir le disque. Nous avons appréciés, mais ne souhaitons pas renouveler ce genre d?expérience.
- Connaissez vous, malgré tout, l?oeuvre de Gainsbourg ?
- Par la suite, nous avons écoutés et appréciés la grande carrière de l?homme.
-Qu?attendez vous de la nouvelle génération des rockeurs anglais ?
- Nous regrettons la main mise des médias et des majors qui étouffent la culture. Ils donnent à notre jeunesse des produits prédigérés. Ils formatent la culture et veulent faire de nos jeunes des adultes dociles, sans violence. c?est à la société entière de bouger pour que cela change. Nous, on continue de jouer notre musique. On aime voir, dans nos concerts, des gens de 20 à 50 ans. Heureusement il y a une grosse production underground. En fait, il y a deux sortes de jeunes, ceux qui choisissent la télé comme modèle et ceux qui vont chercher ailleurs, dans les clubs afin de trouver autre chose. Dites à vos enfants d?aller chez Virgin, après la fermeture, et demandez leur d?y mettre le feu.
- Que pensez-vous du piratage lié à Internet ?
- Pour la question du piratage, les Majors ont vraiment très peur. Ils exploitent le marché. Ils ont vendus du vinyl, puis est arrivé l?ère du C.D. Il a fallu tout racheter afin de renouveler sa discothèque. Puis est venu la période des bonus qu?il fallait de nouveau avoir. Ils exploitent le monde, c?est pour cela que nous disons qu?il faut les brûler. Les gens comme nous n?avons pas l?argent comme première motivation, même si nous vivons de notre musique. Les Grateful Dead ont été un des groupes de rock les plus piraté. Leur maison de disques, à l?époque, craignait le pire, pourtant ils ont eu une grande carrière et gagne encore de l?argent grâce à cette période.
- Que pensez-vous du public français ?
- Nous aimons le public français. Il a toujours été notre plus fervent supporteur.
Remercions les Inmates pour leur franchise et leur sens de l?actualité. Ne reste plus qu?à les applaudir ce soir sur la scène du ?Blues des anges? où je ne manquerais pas d?aller y faire le « head banger », histoire de les honorer et de savourer les quelques bienfaits de la fée électricité.
16h30 : Retour sur le site du « Tonic day », pour savourer la performance de Mamadou Diabaté, savant conteur Malien d?histoire d?ailleurs. Mamadou Diabaté est un homme extraordinaire. Son art de la mélodie et son charisme naturel font de lui un pur joyaux de l?art africain. Dans la grande tradition des griots sub-sahariens, il maîtrise avec virtuosité la kora, instrument multicordes amplifié par une calebasse. Evoluant dans une structure modale pure aux arpèges mélodiques dont l?oreille occidentale sembles familières ; Mamadou Diabaté, de ses pouces experts, joue sans relâche des airs qui emplissent l?espace en s?emparant de l?émotion collective. Plus que touchant. Parfois les ornementations de sa Kora, aux timbres aigus proche du clavecin ou aux élans graves de la viole de gambe, nous entraîne dans la musique de cour d?un Prince Toscan du 17ème siècle ; parfois les mélopées diatones de l?instrument nous propulsent dans la végétation rase des brousses les plus reculées du continent noir. Au fond, ne peut-on pas conclure par l?incroyable évidence, la science ayant prouvé qu?il n?y a qu?une race humaine, qu?il n?y aurait, par conséquent qu?une source musicale commune provenant du puit de nos racines africaines inconscientes et que nos migrations millénaires n?ont fait que transformer au fil des mutations ethnoculturelles ?. ?Non, l?arrière, arrière, arrière grand-père de Johnny il a jamais joué de la musique heu... de couleur. A la limite, du yukulele comme Elvis, mais à la limite peut-être ? Pis c?est pas un babouin qu?a inventé le bec de gaz, ni le four à pain, ça se saurait que je sache...? (Réf : Mon combat contre l?herpès rectal par le négationnisme : Jean Serge Goebels - Edition : Terre Immonde)?. Moi je ne pense plus à rien d?autre qu?à la plénitude et à la légèreté d?un moment rare.
19h30 : Les Ugly Buggy Boys, LE « boys band» belge est mon second «bourre pif» du 11eme Blues Passions. Quand les Monty Pythons se mettent à faire du Blues, çà donne ce cocktail de Country Blues et de Spycho Billy de chez « Walnut groove » (le village des Hingalls). Derrière les salopettes en jeans et les chapeaux de pailles d?idiots du village se cachent de purs psychopathes consanguins. Rien ne vaut leur musique décalée, déjantée à l?image de leur reprise de «Smoke on the Water» version Tello Biafra et Mojo Nixon. Les titres s?enchaînent ainsi que leur indicibles grimaces de malades mentaux qui n?ont d?égales que la joie du public devant les cascades du contrebassiste plus fort que Lee Rocker et Colt Sivers réunis. Trop fou, trop drôle, trop bien?
21h30 : Le Blues Paradise accueille ce soir Tony Joe White, pour un show que j?entrevoyais fort mal. Qu?elle erreur ! Dès les premières notes, la guitare acérée et open tunisée de Tony Joe doublé d?un feeling énorme de rigueur est venue me bousculer. La rugueuse rythmique et le chant déchirant de l?artiste accompagné d?une seule batterie ont rapidement mis à mal mes préjugés. La teinte noire et sensuelle choisie par ce blues man est sans égal. Cela n?est pas sans rappeler notre feu John Campbell dans ses plus funestes écorchures sonores. L?harmonica de Tony Joe semble déchirer la nuit jusqu?à arracher aux ténèbres comme un dernier râle de plaisir mortifère, mais rassurez vous, je crois que tout va bien, c?est juste de la musique. 23h00 : c?est Deitra Farr qui démarre cette deuxième partie de soirée avec les musiciens de Lurrie Bell. C?est la grosse machine de Chicago Blues qui se met en marche, du classique, mais du bon. L?arrivée de Lurrie ajoute une touche supplémentaire, l?ayant entendu sur une électro, son passage à la strat? est très concluant. Pour le cas présent, ce sont les cordes de guitare que je n?aimerais pas être tellement les « bends » sont ravageurs et engagés. Un concert costaud.
01h00 : Allez ! J?irais bien me finir au Blues des Anges avec les Inmates qui nous gratifie d?un concert unique. Là, c?est un autre univers ? çà tape, çà claque ? et de la disto par là et du trémolo par ici. Vingt sept ans d?existence et toujours autant d?énergie. Mais on est plus dans le Blues ? Ben non ! Encore une sacrée journée qui s?achève? Allez ! A demain?
Samedi 24 juillet
11H30 Eden Blues
Démarrage sur les chapeaux de roues pour ce troisième jour de festival. Tranquillement installé sur le gazon légèrement humide et toujours accueillant de la scène de l?Eden blues, nos ardeurs à peine endormies sont ressuscités par les Parisiens de Big Dez avec leur registre Blues Rock, notamment influencé par les Fabulous Thunderbirds époque «Tuff enuff». Ainsi, l?assise rythmique façonnée par la basse syncopée de Lamine Yerfi et la batterie étincelante de Stéphane Miñana apparaît comme un tapis de velours pour le clavier sautillant de Bala Pradal, l?harmonica virtuose de Marc Schaeller et surtout, la guitare et le chant de Philippe Fernandez. Un leader à la force tranquille qui se place judicieusement tant au niveau musical que vocal tout en restant attentif aux jeux de ses partenaires.
15h00 Groove au Château
L?acoustique de la salle voûtée du château François 1er se prête formidablement bien à l?évènement auquel on va assister. Avec sa prestation solo et a cappella, Lurrie Bell perpétue toute la magie et l?émotion du blues traditionnel. Pour les amateurs de z?yeux qui piquent un peu, les premiers accords et les premières notes chantées par l?ami Lurrie donnent le ton, on se sent définitivement dans le Chicago d?un autre siècle. Sauf que nous, on est pas con, on va vivre ça dans un château (Ah ! la vieille Europe). C?est plutôt bienvenu car la réverb? naturelle de l?endroit amplifie chaque son et lui donne une force supplémentaire?
16h20 Tonic Day
Le premier rendez-vous avec Eric Bibb accompagné de Michael Jerome Browne, nous mis d?emblée en adéquation avec l?atmosphère, fortement teintée de Folk et de Blues, dispensée par les deux compères, soutenu selon les morceaux par un bassiste, un pianiste et même, un accordéoniste. De quoi nous donner envie d?en découvrir un peu plus lors de son passage du lendemain sur le « Blues Paradise »? 21h00 Blues Paradise
Ce n?est pas pour rien que l?Américaine Sharrie Williams se fait appeler la Princesse du Rockin? Gospel Blues, l?univers qu?elle propose fait assurément le tour de la question. La dame se présente dans une splendide robe d?un blanc immaculé enjolivée par une somptueuse lumière, son chant puissant et mélodieux se fard d?un sourire illuminant son visage et ces Wiseguys de musiciens sont d?emblée au diapason. Les envolées guitaristiques de James Owen apportent une dimension colorée de Funk, de Rock et de Blues renforcé par la basse massive de Marco Franco et les claviers tortueux de Pietro Taucher. L?auditoire semble réceptif au show de Sharrie et chavire définitivement dans l?allégresse quand elle s?aventure micro en main dans le public? Une flopée de plaisirs intenses qui s?inscrivent au plus profond de soi comme autant de marques indélébiles.
23h00 Blues Paradise
Il fut question de pur Gospel dans l?esprit des membres originels d?une formation créée dans les années 20 en Caroline du Nord. Les trois chanteurs, le guitariste chanteur et le batteur actuels de Dixie Himmingbirds continuent à prêcher la bonne parole. Une musique sobre et enracinée, délibérément dépouillée et dépourvue d?artifice, sans pour autant répondre aux sirènes de la modernité. Les amateurs du genre furent comblés, les autres s?ouvrirent des portes peut-être inexplorées ?
Dimanche 25 juillet
11h30 Eden Blues
Après un court décomatage en règle, démarrage de fortune afin d?aborder la quatrième et dernière journée de la meilleure des façons. Le début de matinée est offert à Big Mama et à Joan Pau Cumellas, duo Catalan qu?une sérieuse réputation précède sur le site. Dans la tradition des vieux blues noirs américains, la guitare et la voix de Montserrat Pratdesaba nous emmènent dans un univers acoustique riche de belles harmonies et d?effets vocaux déchirants. Aussi les arpèges de l?électro ac? et les trémolos plaintifs de la chanteuse sont enrichis par la brillante prestation de son comparse, à l?harmonica. Celui-ci possède une technique mélodique exceptionnelle doublée d?une étonnante maîtrise des aigus, en bref, y souffle dans son biniou comme un gros malade, ça fait comme des houf! houf! mais en plus joli. Malgré la formule duo, nous avons eu droit à une sacrée dose d?énergie. Pendant que Lucky Jean-Luc va se restaurer, je vais m?entraîner à faire des houf! houf! comme lui, enfin j?espère.
15h00 Groove au château
En guise de digestif, nous reprenons une bonne dose d?authenticité communicative avec la voix ensorcelante de Sharrie Williams et la guitare vagabonde de James Owen. Un répertoire maîtrisé de standards du Blues et du Jazz somptueusement interprété et magnifiquement habité du début à la fin. Impossible de résister à un tel déferlement émotionnel qui touche irrémédiablement la corde sensible jusqu?aux larmes et se conclue en apothéose par une standing ovation bien méritée.
16h30 Tonic Day
Le pianiste Sidney James Wingfield, né dans l?Iowa, tourne régulièrement depuis trois décennies des deux côtés de l?Atlantique. Installé en solo sous la tonnelle champêtre du Tonic Day, cet adepte du Piano Blues comme du Piano Boogie à la voix aussi puissante que grave bouscula la léthargie ambiante et la lourdeur manifeste de cet après midi dominical ensoleillé.
21h00 Blues Paradise
La prestation d?Eric Bibb, la veille, nous avait suffisamment ému pour nous donner l?envie de l?entendre sur la scène principale. La douceur de sa voix et la beauté de ses mélodies sont les ingrédients indispensables pour savourer pleinement les dernières heures de ce périple charentais. La qualité d?un artiste se mesure sur scène et là, difficile de ne pas être conquis par le talent dégagé par ce dernier. C?est seul qu?il se présente sur les planches afin d?installer un climat de plénitude et de paix assez rare avant l?arrivée progressive de Michael Jerome Browne, de Dave Bronze, de Ruthie Foster et de Martin Simpson. Eric, pas avare de partager, invite Mamadou Diabaté et sa kora pour quelques douces mélopées en solo. Au retour de tous les protagonistes, le ton monte d?un cran. L?ensemble reste plutôt cool, mais la tension est plus palpable. L?hommage rendu au Révérend Gary Davis par les Dixie Humminbirds apporte les éléments nécessaires, comme une offrande faite à un Eric Bibb en totale osmose, que la touche finale et vocale de Sharrie Williams sublima. Une bien belle réunion joyeuse et sincère? 23h00 Blues Paradise
Les plateaux étiquetés « Soul Music » ne sont pas légion dans le cadre d?un festival de Blues. Le président d?honneur de cette édition, Howard Tate et ses huit musiciens vont pourtant nous donner des raisons de le regretter.
Quelle classe naturelle, quelle voix suave et quels cuivres rutilants ! Arrivé sur scène dans un costume étincelant, Howard entonne quelques Jump Blues bienvenus, avant de glisser sereinement vers une Soul Music élégante et soyeuse mâtinée de Blues électrique et de Ballades sensuelles. Un répertoire exceptionnel puisé dans sa dernière production discographique « Rediscovored » comme en témoigne la version habitée et personnelle du « Kiss » de Prince.
Une fois de plus, le Cognac Blues Passions aura laissé des traces profondes et marquantes en proposant un tour d?horizon, riche et varié, d?une musique populaire réellement présente et sereinement vivante. Un grand merci à Joël Joanny et à Michel Rolland et à leurs équipes d?intermittents et de bénévoles qui permettent le bon déroulement d?une telle manifestation.