Que ce soit en formation complète ou seulement accompagné d?un guitariste, un concert vécu en compagnie de la belle Québécoise Dawn Tyler Watson délivre son lot d?instants rares riches en émotion. La petite église de Mézy sur Seine, copieusement garnie, a été l?occasion de vérifier cet adage. Installé en plein c?ur du lieu de culte devant l?autel, le duo de la «vieille province» composé de la chanteuse et du guitariste chanteur Paul Deslauriers donna lieu à de formidables échanges, emprunts de complicité visible et d?osmose palpable. Alimenté de louanges, d?espoirs et de plaintes, le répertoire de reprises et de compositions se promène allégrement du Blues au Gospel, du Folk au Rock?n?Roll en titillant la corde sensible sans fioritures et sans artifices. Impossible de rester insensible aux envolées vocales de Dawn, modulant son chant à profusion, souvent caressant ou parfois survolté, imitant avec verve des cuivres comme la trompette ou le trombone.
Encore moins de résister au feeling phénoménal distribué par la «six cordes» de Paul, maîtrisant autant la technique slide au bottleneck que l?élan de virtuosité de ses dix doigts. Il se révèle également séduisant et vibrant au niveau vocal. La complémentarité des deux voix, le jeu de guitare dépouillé et aboutit, transmettent des ondes positives et bénéfiques qui touchent et bouleversent au plus profond. Un long sentiment de satisfaction, une bonne dose de jubilation et un fulgurant éclair de bonheur à recevoir, à partager et à savourer sans retenue. Le nombreux public présent ne s?y est pas trompé, réservant une véritable standing ovation en guise d?offrande bien méritée et d?approbation réellement sincère.
Sur le chemin du retour, simplement heureux mais pas tout à fait rassasié, nous faisons une halte à la salle polyvalente de Buchelay, histoire de saluer quelques connaissances quand l?Irlandais Rab Mc Cullough déverse son Blues Rock dynamiteur. Mais la ravissante Dawn Tyler Watson obnubile continuellement mes pensées et bercera encore mes rêves, pour longtemps?
Lucky Jean Luc
Photos : Christian Rock
10-11-2004
JB Boogie
Tout était réunis pour vivre une agréable soirée en cette date du troisième anniversaire de L?Oreille Bleue (Pascal Lob a créé ce site le 9 novembre 2001) :
- un certain nombre de potes sympathisant(e)s ont répondu présent pour se retrouver autour d?une table pour dîner (à 19), sans oublier la surprise, bien gardée, faite à Pascal, pas au courant de l?affaire, grâce à la complicité de sa compagne, Séverine.
- la programmation bienvenue, par le Festival Blues sur Seine, de JB Boogie que nous sommes nombreux dans l?équipe à apprécier, certainement la meilleure des raisons pour festoyer tous ensemble. Malheureusement, l?ambiance fut plombé d?entrée quand le patron de l?établissement nous a contraint de retirer nos chapeaux en expliquant : «casquettes, bonnets ou chapeaux, je ne fait aucune discrimination, c?est pareil pour tout le monde» ou encore «quand nous étions jeune, nos parents nous ont appris à nous découvrir quand nous rentrions dans une maison»? Heureusement que les chemises à fleurs sont autorisées sinon je me voyais déjà torse nu, risquant l?émeute au niveau de la gent féminine ! Il s?en fallu de peut que nous décidions de quitter les lieux mais la joie de partager le repas et le plaisir d?être ensemble furent plus fort, renforcés par la perspective d?écouter Julien Brunetaud et ses acolytes. Couvre chefs au rebus, nous sirotons un kir normand et nous entamons la terrine de canard au poivre vert qui excite nos papilles gustatives quand les premières notes distillées par le combo du Sud Ouest (à l?exception du contrebassiste originaire du Nord) stimulent nos sens exacerbés. Difficile de rester concentré sur l?assiette, même si la dinde au cidre accompagné de frites (fraîches !) et d?haricots verts (en boite !) combla nos appétits quand le chant inspiré et le piano funambule de Julien Brunetaud décollèrent vers les sommets quasi-inaccessibles de la perfection. Au moment de la tarte aux pommes, la guitare libérée et la voix charmeuse d?Anthony Stelmaszak fourmillèrent dans nos jambes, impossible de rester en place jusqu?à la pose ! Le café ingurgité, nous voilà (enfin) libéré pour le deuxième set, idéal pour mieux apprécié le répertoire swinguant et dansant proposé par JB Boogie qui repose sur une assisse rythmique précieuse distribuée par Fabrice Bessouat, trépignant à la batterie et Vincent Talpeart, bondissant à la contrebasse. Ce dernier s?intégra à merveille dans l?univers proposé alors qu?il ne jouait seulement que pour la deuxième fois au sein de la formation aquitaine.
C?est à ce moment que nous n?avons pu, la belle Francine et moi, résister à l?envie d?esquisser quelques pas de danse. Et là, patatrak ! Le physionomiste, installé à l?entrée du restaurant, nous interdit tout bonnement de danser, en nous expliquant : « ?nous ne possédons pas la licence discothèque? ». Étonnement et hallucination ? Non, stupéfaction et rage ! En ce qui me concerne, je n?avais encore JAMAIS vu çà en vingt ans de fréquentation des débits de boissons, restos, cafés-concerts et autres salles de spectacle. Même le Méridien, situé porte Maillot à Paris, sans doute l?endroit le plus chic et guindé où la note Bleue s?exprime régulièrement, autorise à bouger son corps et à porter le chapeau ! Comme dirait Pascal : « C?est la goutte qui a mis le feu au poudre ! »
Après une nouvelle discussion stérile avec le patron de l?établissement, il chercha à nous expliquer que : « ? C?est la loi, j?ai signé un contrat avec la Sacem qui m?interdit de faire (ou de laisser ?) danser les gens? Je ne fais que respecter la loi. » C?est bien beau mais ce n?est absolument pas dans l?esprit ! Nous avons ressenti alors un fort sentiment mêlé de frustration et de dégoût, qui aurait pu nous gâcher complètement la fête. Heureusement, JB Boogie su nous faire oublier ses désagréments et Jérôme Mad Man à l?harmonica, Pascal Lob (magnifique chapeau rivé sur le crâne) participèrent joliment au voyage sur un titre ? Dommage que la réglementation draconienne de ce bar restaurant Vernonnais soit aux antipodes de l?état d?esprit que L?Oreille Bleue véhicule car cela aurait pu (du) être un belle bringue? Le maître des lieux gère son affaire comme il l?entend mais par bonheur, personne ne nous oblige à venir fêter la saison prochaine nos quatre années d?existence dans cet endroit de la Porte Normande. Nous finissons à partir d?une heure du matin au moment de la fermeture avec Julien, Anthony, Fabrice, Vincent et les autres tranquillement installés sur le trottoir, sans contraintes, pour continuer à partager quelques instants authentiques et privilégiés.
Un grand merci à tous (vous vous reconnaîtrez) d?avoir participé et vibré à l?écoute de la musique jubilatoire de JB Boogie qui mérite indiscutablement que l?on s?y attarde et que l?on se déplace pour aller le voir. Pour connaître les prochaines dates : www.jbboogie.com
Lucky Jean Luc
Photos : Christian Rock
14-11-2004
Without
Est ce que trois fois c?est une habitude ? Je ne sais pas, mais je dois dire que j?ai bien pris goût à ce rendez-vous annuel que nous propose le festival Blues sur Seine. Je sais que la notion de Tremplin ne plait pas à tout le monde, que la notion de classement sur des critères aussi subjectifs semble réductrice. Ajoutons à cela la différence de perception liée aux différences de style et on en arrive à la conclusion qu?un tremplin n?a aucun intérêt. Pour ma part, je vois les tremplins comme une excuse à la réalisation d?un plateau d?exception, j?y vois une occasion unique de voir des groupes que je ne connais pas et qui séparément n?auraient probablement pas réussi à me faire faire les 100 km que je fais pour ce tremplin, j?y vois une ambiance, convivialité, qui fait penser à un dimanche en famille, J?y vois Mike, présentant les groupes avec un niveau de flatterie digne de Michel Drucker, (Mike si tu m?écoute !!!), j?y vois la tension des participants, j?y vois la difficulté des jurés pour départager les groupes. Bref, j?y vois tellement d?autres choses qu?un simple concours?
En ce dimanche un peu frais, la lourde tache de nous réchauffer revenais à Without. C?était ma première fois et 30mn ne m?ont pas suffit. Le groupe est parfaitement au point, la batterie en est le moteur et la basse en est le chassis. Comme pour une voiture, avec un bon moteur et un bon châssis, on a une bonne voiture. La carrosserie, les peintures ou les enjoliveurs peuvent plus ou moins vous plaire, mais cela reste une bonne voiture. Au niveau du Tunning, je dois reconnaître que la carrosserie en guitare rythmique et la peinture des chants m?ont parfaitement convenu. Par contre, les gentes larges de la guitare solo saturée ne m?ont pas semblées adaptées à tous les types de conduite. Le pilotage d?un Swing aurait peut être mérité des roues à rayon, plus légères que les gentes larges qui par ailleurs se sont avérées fort efficace avec la conduite plus sportive des Blues Rock.
C?est ensuite à Kap Blues d?investir les lieux. Une guitare acoustique, un chanteur et une guitare lead en électrique, la formule est simple, il faut aller à l?essentiel, jouer efficace et ils le font. Ils semblent porter les stigmates de leur passé imprimé sur leur âme qu?ils nous laissent entrevoir au fil d?un set mené avec énergie mais sans empressement. Du Blues avec les tripes, avec la maîtrise et avec des textes en Français qui ont su me parler. Même si le chant du guitariste lead m?a semblé moins convaincant, il m?a fallu m?accommoder d?un système pileux totalement affolé et impossible à maîtriser. Une belle découverte pour moi, le tremplin à rempli son office.
Leur dernier album m?avait fait forte impression et j?avais vraiment envie de voir Bourbon Street sur scène. Je ne peux pas dire que j?ai été déçu, mais je suis resté sur ma faim. Une section rythmique solide et un guitariste qui semblait détendu et dont le jeu a bigrement titillé mon intérêt. Seulement voilà, j?ai eu l?impression que le guitariste chanteur, avec ses allées et venus, n?a pas permis au show de vraiment démarrer. Du coup, je ne suis pas complètement entré dans leur univers, dommage, ils méritent que l?on se penche sur leur sort. Il faut absolument que je les revoie dans d?autres conditions.
Venant d?Angers, c?est ensuite Quart de Bleu qui a pris place sur la scène. Ils m?ont paru fébriles au départ et les premiers solos de guitare s?en sont ressentis. Puis doucement, les choses se sont calées, la rythmique est devenue plus fluide, la voix s?est installée et les guitares se sont envolées. Le set s?est malheureusement terminé au moment ou ça devenait terrible. Le groupe ne manque pas de qualités, c?est clair. Ils ont juste manqué d?un tout petit peu de métier pour véritablement nous montrer ce que nous n?avons fait qu?entrevoir.
Stillife sera pour moi la déception de cette journée. Ce duo a un potentiel impressionnant. Un chanteur avec une voix rare et extrêmement puissante et un guitariste acoustique au jeu rageur et ravageur. Mais ils ne sont pas juste deux, le guitariste utilise des effets, il enregistre une boucle rythmique pour ensuite faire son solo dessus. Malheureusement, à la première tentative il s?est raté et son solo est tombé à coté. J?ai eu l?impression qu?il en a été déstabilisé et qu?il n?a pas réussi à reprendre le fil ensuite. Pourtant, il n?y a pas eu d?autres difficultés en cours de route mais j?ai eu le sentiment qu?il se surveillait un peu trop et qu?il ne s?est plus vraiment lâché. Il faudra les revoir dans une ambiance plus détendue, ils doivent être affolants.
Accompagnée de Thibault Chopin à la contrebasse, de Simon Boyer à la batterie et de Little Victor à la guitare, Sophie Kay était venue nous présenter ses compositions en français. Oscillant entre le vieux Blues Swing et la chanson bluesy, ses textes, délicieusement bien écrits, dépeignent avec humour des tranches de vie quotidienne qui nous parlent. Une bien agréable prestation pour présenter un univers bien sympathique auquel il n?aura manqué, à mon goût, qu?une petite dose d?énergie et dont j?attends avec impatience de découvrir les autres facettes.
Le quatuor normand Spoonful est impressionnant. Ils laissent une trace dans les mémoires partout ou ils passent, cette prestation n?a pas dérogé à la règle. Pas de chance, on n?a pu entendre le son du Dobro (merci la sono) de Igor, heureusement il a est vite passé sur sa 335. Je dois être parfaitement franc, je les connais bien, je les ai vus de nombreuses fois et je constate chaque fois qu?ils ont encore fait des progrès. Igor a encore affirmé son chant et la pertinence de ses solos de guitare. Le nouveau bassiste apporte un groove un peu moins funk, ce qui n?est pas pour me déplaire. Apparemment je ne suis pas le seul, car ils repartiront avec 3 récompenses, rien que ça.
Avec Bulldog Gravy, on tape dans le dur, dans le lourd, mais surtout dans le neuf. Ben oui ! je trouve l?esprit novateur, comme si Muddy jouait avec les Clash. Le percussionniste sur tôle est là pour appuyer la batterie, un harmonica agressif s?accouple à une guitare saturée au son dégoulinant. La guitare acoustique et la contrebasse sont les notes de douceur dans le son mais pas dans le jeu. Tout ça dégage beaucoup d?énergie mais ils jouent un peu trop avec les larsens et autres bruits que j?ai plutôt tendance à fuir d?habitude. Si cela participe à l?ambiance du groupe, ça à fini par fatiguer mes pauvres oreilles, je dois commencer à me faire vieux.
Au de là des prix décernés qui n?ont un intérêt que pour ceux qui les reçoivent, il me reste féliciter l?équipe d?organisation de nous concocter un tel programme et pour l?accueil. Félicitons aussi les musiciens, certains sont repartis déçus, il aurait fallu leur remettre un prix à chacun. Quel dommage qu?il faille un tremplin pour les réunir sur une scène ?
Prix électrique: Spoonful
Prix acoustique : Bulldog Gravy
Prix Sacem : Kap Blues
Prix Cahors : Spoonful
Prix Cognac : Bulldog Gravy
Prix Montrèal : Spoonful