Voilà quelques temps que nous n?avions franchi la porte de cette splendide salle de la banlieue Est de Paris, où le Blues prend une place importante et indéniable au c?ur de sa programmation annuelle. Cela nous avait permis par le passé de succomber aux Allemands de BB and the Blue Shacks, cette fois-ci, Michel Rèmond, toujours prêt à déceler des artistes talentueux, nous a concocté une soirée où le Boogie Woogie allait s?exprimer sous toutes ces facettes. D?abord avec le Belge, Renaud Patigny, puis avec l?Aquitain Julien Brunetaud et ses musiciens, au sein du JB Boogie.
Renaud Patigny est loin d?être un inconnu, découvert et apprécié, en Belgique en 2002 au Spring Blues Festival d?Ecaussinnes en duo avec l?Américain Carl «Sonny» Leyland et au Cahors Blues Festival en 2003 en pigiste de luxe de la formation Mississippi Heat, chère à son compatriote, Pierre Lacocque. Il avait démontré à l?époque toutes ses qualités de pianiste virevoltant et instinctif, prêt à craquer l?étincelle et à foutre le feu? En solo, le constat est le même, distillant de savoureuses improvisations, instrumentales pour la plupart, qui se transforment parfois en standards reconnus, il impose, par son jeu de mains aux déliés fulgurants, des enchaînements de notes bienvenues et salvatrices. Derrière son piano, il ne tient pas en place sur son fauteuil, assis, debout, plié en deux et même sur les genoux, son adresse déconcertante ne faillit jamais et son large sourire tourné vers la salle rayonne. Les présentations humoristiques de chacun de ses titres ne manque pas non plus de piquant, le public en raffole et en redemande? Comme en témoigne, cette standing ovation bien méritée à la fin de son set.
Les musiciens du groupe JB boogie venaient prendre place mais avant d?entamer leur set, René Malines et Jocelyn Richez leur ont remis en public pas moins de trois récompenses décernées par le site Internet Bottlenet.org : le bottlenet Elmore James (meilleur artiste soliste) à Julien Brunnetaud, le Bottlenet Willie Dixon (meilleur artiste accompagnateur) à Anthony Stelmaszach et enfin le bottlenet Mamie Smith (meilleure démo) pour le groupe.
Que dire de plus de leur concert qui n?ait déjà été dit sur l?Oreille bleue : JB Boogie a encore prouvé qu?il était plus qu?à la hauteur des récompense attribuées. Richesse du jeu, dextérité, chaleur, entrain,?il n?y a pas assez de qualificatifs pour décrire les qualités pianistiques de Julien Brunetaud.
Sa voix fait merveille, il n?a pas besoin de coller les lèvres au micro car elle porte haut. Anthony Stelmaszach à la guitare était très inspiré, son jeu était intense, avec un swing et un son jazzy remarquable. Le tout était soutenu par une base rythmique solide et toute en finesse grâce aux talents de Thibaut Chopin à la contrebasse (qui nous a démontré un talent certain à l?harmonica) et de Fabrice Bessouat à la batterie. Julien a fait encore merveille en soliste. Le répertoire était composé entre autres de titres de Willie Dixon, Amos Milburn, Otis Spam, Duke Ellington et bien sûr de compositions personnelles.
Et quel ambiance lorsque Renaud Patigny à rejoint Julien au piano pour nous offrir un festival musical à quatre main qui se croisaient, se décroisaient. Deux rappels et le standing ovation furent la preuve que le public fut conquis et enthousiasmé par le talent de nos jeunes et talentueux artistes.
Bravo aux techniciens qui ont préparé la scène, à l?éclairagiste et une oreille bleue d?or au technicien son pour la qualité remarquable de la restitution sonore. Enfin un grand merci à Michel Rèmond pour le haut niveau de sa programmation et pour sa grande gentillesse.
Julien et Renaud
Frère Toc & Lucky Jean Luc
Photos : Christian Rock
09-01-2005
Mama's Biscuits
Dans la fourmilière que constitue les Puces de Saint Ouen, pleine de fripes, de fringues, de brocante et de bibelots, où les communautés se côtoient et se mélangent, il est un bistro concert incontournable qui perpétue sans détour le spectacle vivant et la musique « live ». Au 50 de la rue Jules Vallès, à l?endroit même du célèbre Baryton, le One Way s?ouvre aux autres et s?érige tout simplement comme un lieu de rencontres, d?échanges et de rassemblement. Tous les samedis, dimanches et lundis, Christine et Luc, secondés depuis peu par la jolie Ramona, accueillent chaleureusement les clients plus ou moins branchés par les formations musicales à forte inspiration Bluesie. Le sourire est naturel, l?entrée gratos, la bière est fraîche et les concerts qui débutent vers 18 heures de qualité? Une bonne occasion en ce dimanche de janvier d?aller se réjouir les esgourdes avec la venue de Mama?s Biscuits, formation de la région parisienne au sein de laquelle s?épanouissent quelques pointures de la scène Blues hexagonale.
Stan Noubard-Pacha est depuis longtemps le guitariste attitré de Benoît Blue Boy, Thibaut Chopin, son contrebassiste régulier et le polyvalent batteur Simon Boyer s?exprime notamment du Jazz New Orléans (avec Marc Laferriére) au Blues déjanté (avec Jeff Zima), tous trois réunis au service de la chanteuse Véronique Sauriat qui apporte sa sensibilité toute féminine à un chant touchant et voluptueux. Les groupes de Blues ne sont pas si nombreux dans notre beau pays à pouvoir puiser en profondeur dans le répertoire des années 50 et 60 en évitant les grands standards du genre.
Véronique et ses acolytes réussissent aisément leur travail de défrichage et de découverte avec ce qu?ils proposent sur scène où la diversité des morceaux s?inscrit comme évidence.
Stan peut alors laisser défiler ses élans communicatifs de sa « six cordes » profitant d?une rythmique judicieuse d?un tandem Boyer/Chopin en osmose complète. Thibaut installe par moment sa « grosse mémère » au repos s?essayant sans coup férir à l?harmonica, à la guitare et au chant. Véronique propose aussi un jeu de guitare simple et délicat quand elle délaisse le micro sur quelques titres?
Une musique chaude, riche et profonde qui se prête volontiers aux invitations, le piano n?attendant que çà, Julien Brunetaud ne s?est pas fait prié? Benoît Blue Boy à l?harmo et au chant, « Chicken » Fab Bessouat (de JB Boogie) et Guillaume Kissel (des Bloosers) aux baguettes, Monsieur OO et Jeff (du Hot Fella? Blues Band), Manu Guillou à la gratte et Sébastien Duval (du Thierry Anquetil Blues Band) à la basse électrique s?en sont payés également une bonne tranche?
Quand je vous disais que l?endroit était propice à la réunion et aux partages, des instants forts vécus à fond, autant sur scène que dans la salle, qui font qu?à peine avoir quitter les lieux, on a qu?une seule envie : revenir?
Programmation complète sur www.oneway-cafe.com
Après avoir apprécié par le passé à plusieurs reprises JJ Milteau en formule à quatre ou cinq musiciens, l?Espace Culturel Beaumarchais de Maromme, dans la banlieue de Rouen, nous offrait l?occasion de l?écouter simplement entouré de deux accompagnateurs.
Comme un bonheur n?arrive jamais seul, nous découvrons avec plaisir une belle structure récente et confortable d?une capacité d?environ cinq cent places assisses copieusement fréquentée. De bon augure pour vivre une agréable soirée surtout que la restitution sonore se révéla impeccable? JJ Milteau, muni de ses harmonicas, se présente sur scène soutenu par son fidèle compagnon de route, Manu Galvin équipé d?une guitare acoustique. Une complicité acquise depuis de nombreuses années qui s?entend dés les premières notes lâchées par le duo dans un répertoire instrumental où ils peuvent s?épanouir de bout en bout et jubiler à chaque instant. Entre nuances et virtuosité d?un côté, souplesse et technicité de l?autre, le feeling se dégage en quantité appréciable et se répand sur l?ensemble du public présent dans la salle qui se complait à frapper dans ses mains en rythme (ou presque)?
Si effectivement l?harmonica est, par excellence, l?instrument des voyageurs, JJ Milteau ne se gène pas pour nous transporter du Tennessee en Louisiane et même du Mississippi jusqu?en Afrique du Sud sans oublier de nous conter, entre chaque titre, l?historique de son instrument préféré qui colle à merveille avec l?histoire chronologique du Blues. Après toute une partie du concert à deux, une choriste à la voix chaude et rauque se joint au duo, en entonnant d?emblée un touchant «Natural Woman» en clin d??il amical aux plus grandes chanteuses du genre et, en vibrant hommage à Ray Charles récemment disparu, un «What I say» du meilleur effet.
Une présence vocale bien plaisante, qui prend encore une autre dimension, quand on apprend que Sylvia Howard remplace au pied levé, micro en main, Demi Evans, malade et hospitalisée (sans gravité) depuis peu.
Chapeau Mademoiselle ! La version enjouée du célèbre « Route 66 » finit de convaincre du talent singulier de cette dame qui s?exprime par ailleurs régulièrement au sein de sa propre formation aux accents Jazzies. Un tour d?horizon pédagogique et musical entre Blues et Rock?n?Roll, Jazz et Boogie Woogie qui se conclut par un « Everyday, I have the Blues » enjôleur et un « What a Wonderful World » nourri d?espoirs? De quoi alimenter la «standing ovation» finale, bienvenue et méritée.
Nous quittons les lieux heureux, à la fois de la prestation, sobre, brute et spontanée présentée par JJ Milteau, Manu Galvin et Sylvia Howard mais aussi de la découverte de cette nouvelle salle de spectacle de l?agglomération rouennaise, ouverte depuis 2002, dont nous reparlerons certainement dans l?avenir?
Lucky Jean Luc
Photos : Christian Rock
05-02-2005
Memo Gonzales
L'expo Au Fil'o'Fromage
C'est dans l'antre chaleureuse du restaurant Parisien Fil'o'Fromage, que se tenait le vernissage de deux nouvelles expositions auxquelles nous étions conviés. Connaissant depuis l'année dernière la qualité de l'accueil de nos ôtes, c'est sans hésitation que nous répondions présent à cette manifestation. Au programme, la présentation de "Chicago Backstage" ou la suite des aventures des "Blues Brothers Pictures" avec de nouvelles photos réalisées au grés de leurs nombreux périples bluesistiques par Jocelyn Richez et de Gérard De Castro, les "As" de la pelloche, ainsi que "La Belle & La Bête", confrontation visuelle entre la splendide collection de guitares vintages de Michel Gaudray (pilier de la Traverse) et l'originalité et la rusticité des désormais légendaires "bidons" et autres "contrebasses" conçues par Philippe Renault (les pochettes qui chantent le blues), déjà en vedette lors du festival de Cléon.
Décidément les couleurs Normandes flottaient bien haut en ce samedi, car outre la présence de Michel, Jeff Tréguer et son band, récent vainqueur du tremplin blues de la Traverse, était charger de l'animation musicale.
Ambiance conviviale autour du somptueux buffet, le souhait de Philippe étant exaucé avec une participation active de tous les acteurs gravitant autour du "blues", musiciens, photographes, programmateurs, peintres, simples amateurs... et devenir ainsi un véritable carrefour annuel de rencontres et d'échanges. La soirée finira fort tard avec la participation active de Little Victor et Sophie Kay, Christian Esther, Caraïbart et bien d'autres encore... Bref, "Chicago Backstage" et "La Belle & La Bête" complètent parfaitement "Crossroad Blues Ballade" en réservant encore des moments forts à tous ceux qui auront la possibilité de les croiser lors des manifestations avenir. Pour nous autres la soirée ne faisait que commencer, un autre grand moment nous était promis.
Un mois tout juste après l?excellente soirée consacrée au Boogie Woogie, la scène Jean-Roger Caussimon de Tremblay en France conviait de nouveau à la fête les amateurs de notes bleues en ce début de mois de février. Une fête plus colorée et plus métissée, un vrai carnaval de saveurs musicales proposées par les deux formations présentes au programme de cette soirée comme autant de réjouissances goûteuses et savoureuses.
A commencer par les Girondins de Flyin?Saucers qui sont, pour le moins, coutumier du fait. Leur répertoire prend sa source du côté de la Nouvelle Orléans, berceau de nombreux styles musicaux. Blues, Funk, Rock?n?Roll, Boogie, Tex Mex, Zydeco rares sont les combos dans notre beau pays a pouvoir offrir un telle ballade festive et variée en français comme en anglais.
Le line up quasi-identique depuis leur dernière sortie n?a supporté qu?un seul changement à la guitare avec le remplacement d?Anthony Stelmaszack, présent aujourd?hui de façon régulière au sein du JB Boogie, par Patrice Cuisset, guitariste du groupe Bordelais, Art 314. Ce dernier dans un registre complètement différent apporte un jeu personnel plus Rock, incisif, mordant et précis, tout en tension. Une ossature rythmique solide (Jean-Charles Duchein à la basse et Stéphane Stanger à la batterie), un harmoniciste chanteur persuasif grattant chaleureusement son « rubboard » (Fabio Izquierdo) et surtout un organiste inspiré doublé d?un chanteur leader profond et puissant (Cédric Le Goff) conjuguent toute la générosité déversée au cours d?un set des Flyin?Saucers? En quelques mots, çà l?fait grave à chaque fois !
Le Texan Memo Gonzales entouré de ses Bluescasters « Européens » concocte un patchwork bluesical et dansant presque aussi varié.
Du Blues Rock Texan bien entendu mais aussi du Rock?n?Roll, du Swing et du Jump Blues. Memo en impose sur scène, banane gominée sur le crâne, déhanchements prononcés lascifs, harmonica rivé en bouche et voix chaude dans le micro mais c?est surtout son guitariste chanteur, Kai Strauss qui porte haut le flambeau du groupe.
Il utilise selon les titres différentes guitares, Strat?, Gibson ou même une étonnante guitare à deux manches pour mettre en avant au mieux la technique aboutie et la richesse énorme de son jeu de six cordes. Bénéficiant d?un rythmique salvatrice peaufiné par la basse ½ caisse d?Erkan Özdemir et par les baguettes de Klaus Schnirring, il assure volontiers le spectacle poussant même le délire jusqu?à jouer avec un chiffon qui recouvrent les cordes? Un nom à retenir : Kai Strauss.
Comme la tradition le veut, Memo invita les Flyin? à participer sur deux morceaux pour conclure en beauté et sceller la complicité existante entre les deux groupes.
Une fois de plus, le plateau proposé par Michel Rémond fut de qualité. Ajouter à cela, la restitution sonore et la mise en lumière impeccables, l?accueil souriant et la buvette bien achalandée (de bonnes bières Belges), autant d?éléments qui rendent le lieu éminemment sympathique et qui mettent en valeur le travail effectué par toute l?équipe de la Scène Jean-Roger Caussimon?
Lucky Jean Luc & Laurent Hovray
Photos : Laurent Hovray
07-02-2005
Awek
La maison ne reculant devant aucun sacrifice, je suis dûment mandaté par « Mister Lucky Jean-Luc » pour rendre compte des prestations de « Back Door & Awek » qui se produisent à Risoul, charmante station de sports d?hiver des Hautes-Alpes.
Je m?y rends donc en compagnie de Tom, le « castor junior » de la tribu familiale et petit dernier (7 ans déjà?) Il semble décidé à me faire plaisir et à oublier ses remarques acidulées sur mes goûts musicaux : « Papa, tu nous soûles toujours carrément avec tes VIEUX BLUES?» Bien que chaudement couverts par ces -12° degrés, nous arrivons le nez rouge et l?oreille bleue (désolé, je n?ai pas su résister) au club «TOURISTRA» où ont lieu les concerts. Une fois confortablement assis, je reste dubitatif .
- Je suis rassuré de constater que la moyenne démographique du public de mon rang (moi, y compris) doit approximativement avoisiner l?âge de Tom !
- Je suis un peu inquiet, malgré la qualité irréprochable de la salle de spectacle et de la scène ornée d?un yellow cab, je redoute un public copieux peu captivé par le jeu des musiciens (vous savez quand on rentre et sort, comme dans un moulin?)
Aux premiers accords de Back Door me voilà rassuré : les compères guitaristes de ce duo électrique envoient du bon blues «roots à souhaits» et je me régale? Puis, le chanteur attrape un « harmo mal rangé » comme dirait l?autre, et c?est la démonstration magistrale? « Ouah » fait Tom qui pense tout d?abord qu?il fait simplement « çà » avec la bouche et les mains !??! Le set ne faiblit pas, la panoplie musicale est colorée et occasionnellement enjolivée de belles parures à la slide, je suis étonné et l?auditoire semble apprécier.
Ensuite et rapidement, les successeurs Awek s?installent et balancent leur blues, alternant compositions réjouissantes et reprises bien senties :
- Bravo aux sonorisateurs et éclairagistes qui contribuent efficacement au succès de la soirée !
- Tom me glisse soudain « Tu ne trouves pas que le batteur?.il est classe.. » C?est vrai : imaginez un sosie de Lucky Jean-Luc filiforme et repu de cassoulet aux asperges, au look soigné qui pratique la batterie avec une énergie et un feeling hors du commun.
- Le bassiste est efficace, sobre et distingué à la fois, bref : le bassiste des contes de fées.
- Le guitariste chanteur, aux doigts magiques et à la voix de velours, pratique un jeu d?une personnalité rare : aussi à l?aise dans ses chorus au caractère affirmé ou que dans les plans ultra classiques et abordant tous les styles (country /westcoast/pop/rythmn?blues/soul). Difficile de lui trouver un rapprochement? Peut-être un Popa Chubby qui serait devenu subtil et beaucoup plus inspiré !
Naturellement un b?uf vient clore le spectacle et c?est?l?apothéose ! Le chanteur de Back Door a revêtu la veste à paillette de Roger Lanzac dénichée dans les loges?Cet accoutrement prédestiné lui porte plus de chance qu?un « mojos » dans l?ordre puisqu?il décuple alors ses facultés... Ainsi, la foire aux reprises peut étrenner les succès répétés ( I can tell / Got my mojo working). Le public est conquis : « Jean-Claude DUSSE » frappe dans ses mains, « Popeye et Gigi » reprennent les ch?urs, même les enfants s?exaltent? Le pari difficile d?accrocher les vacanciers aux plaisirs des 12 mesures est gagné. Pour être tout à fait franc, j?aurai misé au départ sur une hémorragie affluant vers les succulentes raclettes proposées à « La patate chaude » ou au « planté de bâton », les sympathiques étapes gastronomiques de la station. Avantageusement ce soir, le blues chaleureux triomphe. Même sans vin chaud, la messe est dite.
Épilogue :
Ah oui, une dernière anecdote à méditer par les incollables du « blind test »?
Trois jours plus tard, après avoir vainement essayé de rattraper mon intrépide Tom, lors d?une sortie de piste qui nous entraînait tout droit vers les falaises d?Etretat ; je profitais de l?accalmie de la remontée en télésiège pour proférer les remontrances paternelles habituelles sur les risques et dangers de l?insouciance enfantine?
Il coupa court à mes reproches : « Ah oui, mais tu te rends compte que grâce à moi, tu as découvert une nouvelle rouge et même la fin d?une noire? Tu vois qu?il faut toujours suivre son fils ! » Et comme je le dévisage perplexe, en fin psychologue il réussi à me déconcerter un peu plus, en fredonnant un air à la fois familier et inconnu? Plutôt satisfait qu?il ne s?époumone point sur le « Quand te reverrais-jeuuuu, pays merveilleuuuux?. » traditionnellement réservé au sportifs cinéphiles, je le félicite sur le choix de cet air pur qui m?interpelle. Une question me brûle toutefois la langue : je reconnais ce truc?sans parvenir à le définir précisément?
« Dis-moi, Tom, c?est quoi ce que tu chantes là ? »
« Ben voyons, Papa, c?est la 3ème chanson du 2ème groupe de l?autre jour? »
En descendant maladroitement du télésiège, je me dis que cela doit être parfaitement exact et alors que j?ouvre la bouche pour le prier de m?attendre, j?entends une petite voix déjà filante me lancer « Quand je te dis qu?il faut toujours écouter son fils !!! »
Gringos
25-02-2005
Rhoda Scott
Nous connaissons bien les Hoodoomen à l?Oreille bleue, ce qui n?était pas le cas du public venu entendre Rhoda Scott et pour qui ce groupe fut une révélation. Pourtant, ils n?étaient pas au meilleur de leur forme ; Pascal Fouquet ne bénéficiait pas d?une bonne balance son pour sa guitare et Francis Marie, souffrant, rassemblait ce qui lui restait de forces au dessus de sa batterie et serrait les f?dents pour amener le set jusqu?à son terme.
Cependant, nous pouvons dire qu?ils ont assuré avec les honneurs et la conquête réussie de ces nouveaux spectateurs prouve encore leur indéniable qualité musicale que nous espérons retrouver dans un nouveau répertoire ( il pointe son nez à travers l?interprétation de quelques titres). Les chorus de guitare de Pascal, le jeu à l?harmonica de Philippe Brière et sa voix chaleureuse ont laissé le public dans un état de bien-être joyeux, prêt à s?offrir au jazz dynamique et swinguant de l?organiste Rhoda Scott.
Virtuosité, extraordinaire sens du rythme, swing, mémoire musicale extraordinaire, énergie, charisme sont quelques qualificatifs qui définissent bien Rhoda Scott. Cette fille de Pasteur a forgé sa sensibilité dans les petites églises noires des Etats-Unis. Formée et primée à la Manhattan school of Music de New York, elle rejoint la formation de Count Basie. Elle a fait ses contrepoints et son harmonie auprès de celle qui était réputée pour avoir reçu parmi les plus grands (Bernstein, Stravinsky) : mademoiselle Nadia Boulanger au conservatoire de Fontainebleau. Aussi on comprend mieux qu?elle soit aussi à l?aise dans le classique, le jazz, le gospel ou le blues.
Le plus impressionnant est l?extraordinaire prouesse avec laquelle elle effectue d?impressionnantes lignes de basse avec son pied gauche (elle joue toujours pieds nus) tout en envoyant sur ses deux claviers une ligne mélodique riche et intense. Elle était accompagné par un percussionniste de grand talent(1), ancien élève du grand Kenny Clarke qui à révolutionné le jeu à la batterie (malheureusement je n?ai pas bien retenu son nom de famille et j?espère réparer cette erreur au plus tôt).
Elle s?adapte toujours à son public et ce soir elle proposa un répertoire de standarts du jazz et du gospel que tous pouvaient reconnaître. Son talent et son charisme ont opéré sur un public n?ignorant pas qui il venait entendre et quelle sympathique démarche de sa part d?inviter les Hoodoomen à la rejoindre pour un b?uf final en concluant cette belle soirée par un Sweet home Chicago.
Tous nos remerciements aux organisateurs pour cet excellent moment, pour l?accueil chaleureux et pour le champagne à prix très abordable qui soulignait bien le pétillant de cette soirée.
(1) ndlr: Il s'agissait de Lucien Dobat.
Frère Toc
Photos : Didier Chaumier
25-02-2005
Acoustic Soul Factory
Carol et Eric
Cela fait plusieurs années que la Britannique Carol-Ann Croft déverse son chant enthousiaste, habité et rauque au sein de plusieurs formations appréciées sur scène comme le quatuor Pimento et le trio Acoustic Soul Factory. Ce dernier groupe dans lequel le Normand Eric Préterre, (multi) instrumentiste reconnu, notamment comme saxophoniste de Jazz dans le Rouen Big Band, s?applique à jouer de la guitare, de la basse, de l?harmonica, de la flûte et des percussions tout en chantant divinement.
Cet apéro concert au Restaurant des 2 moulins fut l?opportunité d?écouter une version originale en duo, épurée et débridée, simplement composée de deux voix, d?une guitare acoustique et de percussions? Quoi qu?il en soit, le chant prenant de Carol-Ann s?accorde à l?unisson avec les envolées vocales d?Eric, joliment mis en valeur par un jeu de guitare accompli, l?ensemble copieusement saupoudré de kazoo, de tambourin posé au sol sur une planche en bois frappé du pied et de percussions aussi diverses que variées.
Une agréable ballade en plein c?ur des musiques populaires américaines où le répertoire constitué s?harmonise entre grands standards incontournables (comme par exemple Proud Mary, Walk on the Wild Side ou Start it Up) et belles chansons à (re)découvrir (comme euh? de jolis titres qui ne vous diront certainement pas grand-chose).
Un registre, de reprises et de compositions, maîtrisé et joyeux, nourri d?une complicité visible et évidente, qui fournit une envie implacable de fredonner en coeur, de battre la mesure et de laisser bouger son corps?
En guise de final, le guitariste Laurent Magniez pris la place d?Eric Préterre, pour nous offrir en avant première quelques compos récentes signées Pimento?
Pour les amateurs de duos acoustiques, le rendez vous est désormais fixé tous les vendredis à Déville les Rouen à partir de 19 heures où quatre groupes se relayeront à l?affiche et à tour de rôle : XXL, Acoustica, Trick Bag et Carol-Ann Croft volontairement accompagnée d?un musicien différent à chaque fois?
Pour plus d?infos sur les dates, il est vivement conseillé de consulter la page de ce site : « A voir à Rouen ».
Carol et Laurent
Lucky Jean Luc
Photos : Christian Rock
07-03-2005
Boney Fields
Emergeant des entrailles du Métropolitain, nous remontions l'avenue de la Porte de Clignancourt. La nuit était tombée, nos respirations embuaient l'air froid de cette soirée hivernale. Après avoir longé le marché du plateau avec ses squelettes dépouillés d'étals bien alignés au cordeau et être passés sous le périphérique, nous délaissions l'avenue Michelet et ignorions fièrement la rue des Rosiers pour tourner dans la rue Jacques-Henri Fabre. Le soir, loin de l'agitation des marchés de la journée, l'endroit est plutôt sinistre, sans âme qui vive, quelques ombres se hâtant furtivement vers leurs pénates. Nous avions pénétré dans ce qui fut la cour des miracles, appuyée contre les fortifs nord de Paris, adossée à la barrière de Clignancourt. Dans cette endroit fait d'échoppes disgracieuses entassées les unes contre les autres, avec leur rideaux de fer de fer tagués, le long de ces trottoirs jonchés de détritus divers, flottent les fantômes des biffins, des chiftires, des crocheteurs, des pêcheurs de la lune... Les boutiques fermées des fripiers rappellent que nous arpentons le domaine des anciens chiffonniers. Nous nous glissions enfin dans la rue Jules Vallès, au coeur du royaumes des puciers; deux enseignes lumineuses apparaissaient dans la lumière jaunâtre des lampadaire; laissons la première aux amis de Jean Baptiste Poquelin, seule la deuxième nous intéressait, celle du One Way Café.
Nous délaissions la froide enveloppe vespérale pour pénétrer dans les entrailles chaudes, enfumées, palpitantes de vie de ce café, de ce rade à musique, de ce juke joint dont le coeur palpite aux rythmes syncopés et envoûtants de la musique du diable. Pour l'heure l'endroit était encore calme, rempli d'habitués autour du zinc et des tables. La bise à Christine et à Luc, les officiant du lieu. Au bout du comptoir, pas loin de la scène où trône une batterie rutilante, Boney Fiels discute le bout de gras. Luc saisis sa guitare et Boney sa trompette pour ouvrir les festivités le temps de quelques morceaux. D'autres musiciens investirent la place, au côté de Boney, d'autres encore avec plus ou moins de talent mais avec l'évident plaisir de participer à l'ambiance déjà prometteuse. La porte d'entrée s'ouvrit pour laisser s'engouffrer les musiciens de Boney. Vite fait, j'aperçus le bassiste Mike Armoogum, le guitariste Hervé Samb de "The Bone's Project". Bien sûr, j'oublie des noms, ma mémoire défaillante et prématurément poreuse ne m'étant d'aucun secours. Mais je fais confiance à Luc pour réparer mes oublis.
Dès que tous ces musiciens eurent rejoint la scène et saisis leur instrument, je compris très vite ce que Hiroshima veut signifier: des blues swinguant, des rythm'n blues percutants et des rythmes funky, même un reggae frénétique, "Stir it up", embrasèrent entièrement la salle. La chaleur monta brutalement de plusieurs degrés, les notes commencèrent à courir le long des murs jaunes du One Way, de ramper le long des plinthes noires pour remonter le long des jambes des clients, saisir leur tripes, agiter leurs têtes et leurs membres. Le blues n'était plus seulement un style musicale mais un état d'esprit, un feeling: we had got the blues! Pour une jam session, c'était une jam session et il me fallut quelques bières fraîches pour calmer la température de mon corps ballotté par ces rythmes joyeux. Pour les autres, un whisky de marque réputé, boisson distillé par quelque Belzébuth, fut largement perfusé dans leurs artères; mais la raison dit qu'il ne faut pas en abuser mais en user avec la plus grande modération ( ceci est dit pour ne pas être accusé d'incitation à l'ivresse). Place fut laissée au groupe Jazzpel avec des compositions jazz d'Esaïe Cid, et l'extraordinaire voix d'une jeune femme, à faire pâlir les plus grandes divas noires, Rachel Ratsizafy, vraiment une voix à vous laisser sans...voix.
Cette soirée festive nous a permis d'écouter quelques musiciens amis de Boney Fields: Ron Smith ( the Ron Smith group) et Kevin Diggs (the French revolution) à la guitare, Rasul Siddik (Power trio or quartet) à la trompette, Silvia Howard (que nous avons pu entendre chanter aux côtés de Jean-Jacques Milteau à Maromme)...Peu avant minuit, d'autres musiciens arrivaient encore pour faire le boeuf avec Boney mais un arrêté municipal, dans le souci d'assurer une nuit tranquille aux rats du quartier, mit fin à une soirée bien partie pour durer jusqu'aux confins de la nuit.
Le One Way voit passer un bel échantillon de la fine fleur des musiciens bluesy de Paname, de Navarre et des States. Je ne vous les nommerai pas tous ici, vous retrouverez trace de leurs passages sur le site bichonnée par Christine pour promouvoir son café: http://www.oneway-cafe.com, ou vous pourrez aussi consulter la programmation des concerts.
Ce soir là, à l?espace jazz Lionel Hampton de l?hôtel Méridien, je me suis retrouvé à genoux au bout de trois heures de concert, comme un chevalier devant une princesse. Car Madame Sharrie Williams en est véritablement une: "The Princess of Rockin' gospel blues". Et si un titre est bien mérité, c'est bien celui-ci.
Sharrie Williams a une voix chaude et pénétrante, puissante, qui est comme le mouvement de l'océan, parfois un balancement bienfaisant, tangage voluptueux qui vous berce, parfois roulement du ressac qui vous remue le sac à tripes, de ces grosses vagues qui viennent bousculer votre tranquillité. Dans son chant, il y a du rythme, de la joie, beaucoup de joie, de l'amour, et Sharrie en a à revendre pour son public, de la tristesse, un peu de souffrance mais toujours de l'espoir, et c?est beau ! C'est blues, c'est funk et c'est bon!
D'autant plus qu'elle s'entoure de musiciens talentueux: les Wiseguys : Le jeune allemand Lars Kutsche à la guitare, L?italien Marco Ray Franco avec sa basse au look étonnant, son fabuleux compatriote Pietro Taucher aux claviers et un jeune et imperturbable batteur aux fûts avec son frappé énergique. Il y a eu également ce moment plein de complicité lorsque deux artistes partagent leur amitié avec le public. Ce moment nous l?avons vécu avec la visite amicale d?Alvon Johnson, étonnant show man funky plein d?humour, talentueux à la guitare et au chant, notamment lors du duo avec Sharrie.
Loin de jouer les divas, elle s?assoit après son concert à une table dans la salle et partage ce moment avec ceux qu?elle a conquis, simplement et affectueusement. J?en ai gardé un merveilleux souvenir, entre joie et tendresse.
Merci, Princesse.
Frère Toc
Photos : Frère Toc
26-03-2005
Carlos Johnson
Les kilomètres de bitumes pour nous rendre sur le lieu d?un concert n?ont jamais été un problème surtout quand nous avons la chance d?être véhiculés dans la confortable « Lobmobile ». Ce fut (de nouveau) le cas pour assister à la prestation de Carlos Johnson à Compiègne dans l?Oise. C?est tout proche d?une Zone d?Activité Commerciale qu?est situé le Ziquodrome, dédié comme son l?indique à la Zique(mu), à deux pas du Boulodrome qui comme son nom pourrait le laisser croire n?est pas consacré au travail? Autant de routes aller-retour pour découvrir un artiste n?est quand même pas si fréquentes mais l?excellente notoriété acquise depuis plusieurs années par Carlos Johnson, originaire de Chicago, et les échos favorables de sa dernière tournée estivale furent des éléments inébranlables de motivation supplémentaire. Le moins que l?on puisse dire, c?est que sa réputation n?est pas usurpée?
Malgré quelques problèmes techniques, tout au long du premier set, résolus dès l?entame du second, Carlos Johnson, qui apparaît sur scène dans un somptueux « costume cravate », tout de marron et de blanc vêtu, avec chapeau rivé sur le crâne, prouve qu?il est un formidable showman autant qu?un exceptionnel guitariste gaucher qui joue de façon originale avec le pouce visiblement sur une guitare droitier à l?envers et pour les spécialistes, cordes installées en montage droitier. Il utilise à profusion, sur sa « six cordes », ses boutons de volume et de tonalités mais il se révèle aussi en chanteur inspiré à la voix profonde, chaude et enivrante, et s?impose comme un véritable « patron » sachant bien s?entourer. Comme le prouve, le jeu hallucinant et décontracté de basse 5 cordes concocté par Sam Green au sourire perpétuel greffé au visage, à la technique personnelle, accomplie et vrombissante (à tel point qu?il cassa une corde) dopée par des phrasés dithyrambiques jamais lassant, en osmose complète avec la manière de jouer du batteur derrière les fûts. Brady Williams aux baguettes fournit la vitalité nécessaire au travers de ses frappés d?une richesse audible et d?une ténacité visible pour façonner une rythmique indestructible sur laquelle il fait bon se reposer. Carlos Johnson ne s?est pas privé et Stéphane Le Navelan au clavier et à l?orgue non plus. En soutien permanent, il propose des envolées pianistiques très jazzies d?un attrait certain, peut être un peu trop structurées et abondantes, qui n?apportèrent pas toujours l?effet escompté. Le registre présenté, plutôt moderne, fait la part belle aux Blues lents (frissonnants !) mais également à la Soul Music, au Rhythm and Blues, au Funk et à la Variété (classieuse?) sans qu?à aucun moment le niveau musical baisse d?un iota et que le répertoire proposé devienne rébarbatif. De l?élégance naturelle au service d?une musicalité extrême qui fascine de bout en bout quelque soit le style exploré?
Chapeau bas, Mister Johnson !
Un grand merci aux organisateurs pour cette excellente soirée qui en promets certainement d?autres comme la venue prochaine de Duke Robillard, le samedi 14 mai à 20h30 au même endroit.
Lucky Jean Luc
Photos : Christian Rock
09-04-2005
Big Brazos
Dans les locaux de Radio666 en compagnie de Marc Loison (de dos) lors de l'?mission Sweet Home Chicago.
Cela faisait plusieurs fois que Marc Loison, animateur de Sweet Home Chicago sur l?antenne de Radio 666 (99.1 Mhz sur la bande F.M. à Caen et sur Internet http://blues.radio666.com ), nous sollicitait pour élaborer la programmation de son émission un samedi, à notre convenance, entre 13 et 15 heures.
Un mail « serpent de mer » habilement lancé début mars par Marc allait nous piquer au vif et quelques clics plus tard, nous convenions d?une date, ce sera le 9 avril? Le jour où les Big Brazos se produisent dans la capitale bas-normande, histoire de se faire doublement plaisir.
Au menu de l?après midi, outre quelques belles tranches de cochonnailles arrosées de p?tites bouteilles dédiées à Bacchus, la satisfaction d?écouter 3 des 4 musiciens de Big Brazos avec leurs instruments devant les micros en direct dans les studios du triple 6, en paroles et en musique, auquel participa également le Révérend, guitariste chanteur, du Révérend Blues Gang ( http://reverendbluesgang.com ) venu présenter des extraits de son double opus tout beau, tout neuf (CD et DVD !) « Live 2004 », pour une longue interview réalisée par Marc Loison et Christophe Munerel au c?ur de son émission Interférences (plutôt consacrée au Heavy Metal), sans oublier, la carte blanche offerte, dans la première partie, à L?Oreille Bleue avec des galettes sélectionnées par Pascal Lob, Christian Rock, Frère Toc (qui malheureusement n?a pu faire le déplacement) et votre serviteur. Autant d?éléments favorables pour tisser de nouveaux liens ou renforcer ceux déjà existants entre tous les protagonistes présents, heureux de partager un chaleureux moment de convivialité et de franche rigolade?
La soirée intensive vécue aux Caves Thorel en fut sans aucun doute l?exemple même. Bien content de franchir la porte d?un nouveau lieu où s?installe régulièrement le spectacle vivant (voir la page « A voir à Rouen ») situé sur le Port de Plaisance, un quartier incontournable de Caen, qui conjugue, quiétude relative pendant la journée (sauf le jour du marché) et ferveur trépidante dés le soir venu. Ainsi, touristes, autochtones et fêtards de tous poils se retrouvent dans les restos, les pubs et les cafés pour se distraire.
Quoi qu?il en soit, les Caves Thorel méritent à elles seules le coup d??il, construites de plein pied avec des pierres de taille à l?identique d?une salle voûtée en sous sol, il fait visiblement bon s?installer sur les chaises autour des tables, fabriquées les unes et les autres, dans des tonneaux. Mais elles possèdent aussi une judicieuse devise à découvrir sur place, en adéquation avec l?esprit du Blues et la musique, à la fois tendre et festive, distillée par les Big Brazos. (http://bigbrazos.free.fr)
Voilà quatre garçons qui procurent d?agréables sensations à chacune de leur sortie et qui s?épanouissent dans un univers qu?ils définissent eux même comme « Country Blues and Skiffle » dans lequel s?immisce des proportions variables de Boogie, de Cajun et de Zydeco. Il faut dire qu?ils connaissent désormais la musique, leurs prestations réussies à Cahors et à Bougy, l?été dernier, l?ont bien prouvé. Jérôme « Docteur Blues » Travers s?emploie chaudement à la guitare, Etienne « El Magnifico » Faïsse distribue savamment le rythme à la basse acoustique, André « Winer Jammer » Fougerousse souffle adroitement dans ses harmonicas et Lionel « Papa Gumbo » Le Puil s?active brillamment sur ses guitares en slide comme aux doigts. Une combinaison agréable des instrumentistes composée de phrasés souvent bienvenus, sans avoir besoin d?aller chercher le renfort d?étalage technique superflu et déplacé. Le chant, en leader comme en ch?ur, est aussi l?affaire de chacun suivant les chansons entonnées et s?harmonise dans une osmose, à quatre voix, communicatrice et joyeuse. Des titres, Mystery Train, Black Cat Bone, Statesboro Blues ou encore Trouble in Mind qui sonnent comme une évidence et s?associent avec des compositions gouleyantes (comme le fameux Tariquet Boogie), des noms d?interprètes retentissants comme Robert Johnson, Sonny Boy Williamson, Lightnin? Hopkins, Blind Willie Mc Tell côtoient sans détour aucun les plus récents comme JJ Cale, Doug Mc Leod ou Tony Joe White. Les versions électro-acoustiques bien senties s?enchaînent, font gigoter les têtes, frapper des mains et taper des pieds, esquisser quelques pas de danse jusqu?à soulever les passions exacerbées créant ainsi une ambiance pénétrante, de fort intimiste à plus torride, d?où se dégage un long sentiment vertigineux de communion palpable.
Il n?en fallut pas plus pour donner envie au Révérend de prendre une guitare et d?apporter son grain de sel (celui qui manquait tant dans les z?haricots) tout comme Laurent Choubrac (de Caps and Hat) et Lefty Marco (de Midwest), les régionaux de l?étape, tous invités à faire le b?uf, devant une assemblée attentive et conquise.
Au final, de la simplicité et du bonheur partagés entre tous, sur scène comme dans la salle, renforcés par le service dynamique de la pétulante « Pépette », au sourire lumineux et au franc parler permanents, indispensable pour seconder le passionné et accueillant Philippe Thorel. Mais la nuit était loin d?être terminée, personne ou presque n?a émis le souhait d?aller se coucher, tous ravis de se retrouver dans un troquet à quelques pas de là, le verre à la main et la banane aux lèvres, jusqu?à plus d?heure?
En pleine action.
Avec le R?v?rend.
Avec Marc Loison.
Lucky Jean Luc
Photos : Christian Rock
16-04-2005
Breeze Kings
Sans faire de bruit aux portes de Paris, Christine et Luc continuent de tracer leur route aux commandes du One Way en proposant une programmation de qualité qui fait le bonheur des amateurs de musique « Live ». Pour le coup, ce dimanche, les Breeze Kings, élus à plusieurs reprises ces dernières années, meilleurs groupes de Blues d?Atlanta en Géorgie, allaient chauffer à blanc, ce lieu incontournable et festif des Puces de Saint Ouen. Si cette formation est arrivée jusqu?ici, c?est sans nul doute grâce à la soif intarissable de découverte de l?exploseur de savates en règle du magazine Blues and Co, l?ami Tonton Erick. Sans relâche, il arpente les pages Internet de différents sites de ventes de galettes (comme CD Baby www.cdbaby.com) et déniche souvent des trésors somptueux et inexplorés du continent Américain.
Pour les Breeze Kings, c?était à la fin 2003? De la rencontre quelques temps plus tard d?Erick avec Paul Linden, bon pote des Breeze Kings, harmoniciste de Sean Costello et pianiste de son état, allait naître une relation amicale forte et à force d?opiniâtreté et de bonne volonté, les Breeze Kings foulaient pour la première fois le sol Français pour quelques dates? Quelque chose me dit qu?avec des prestations de cette trempe, c?est loin d?être la dernière fois?
Une entrée en matière très Roots et acoustique donne le ton, guitare à résonateurs, harmonica chant, batterie et un étonnant bidon métallique « marsupilami » équipé d?un manche à balais et d?une corde, assurait la rythmique. Une savoureuse plongée dans le Delta Blues traditionnel, qui colle à la peau, pénètre l?épiderme et secoue les tripes décuplée par une seconde partie plus électrique, avec basse 4 cordes et guitare Stratocaster, qui remue de façon définitive le sang et procure une envie irrémédiable de bouger. Les clients, installés au bar comme autour des tables, ne se sont pas gênés pour se laisser aller à quelques pas de danse dans une ambiance de plus en plus sulfureuse?
Des compositions enlevées et inspirées côtoient des reprises respectueuses et bienvenues, entre autres, de Willie Dixon, de Houng Dog Taylor ou d?Elmore James qui prennent leur essor dans une alchimie concrète entre quatre musiciens réellement concernés par le Blues des années 50/60.
Carlos « Breeze » Capote en impose et s?affirme comme un chanteur à la voix puissante et racée, doublé d?un talent d?harmoniciste aux phrasés soyeux, nerveux et bien placés.
Jim Ransone, qui assure autant sur sa guitare métallique que sur sa guitare électrique, développe un jeu aussi riche que flamboyant embelli d?une touche personnelle non négligeable.
Le bassiste « bidoniste » Matt « 2-11 » Sickles et le batteur « Kokomo » Tim Gunther alimentent, avec détermination et souplesse, l?ossature rythmique indispensable à cette musique imprégnée d?authenticité et dégoulinante de sincérité.
Comme en témoignent, ce Hideaway habilement mélangé au Peter Gunn Theme, ce Little Red Rooster habité pour un Let the good times roll trépignant et cette Panthère Rose éclatante pour un I live the life I love and I love the life I live hypnotique qui constitue une piste sur l?état d?esprit véhiculé par le groupe et résume bien à lui tout seul la situation.
Paul Linden, venu comme accompagnateur, en a profité pour s?installer au piano, participer à la fête et envoyer notamment un vibrant « Boogie Woogie » de derrière les fagots rapidement rejoint par deux musiciens de Mudcat, originaire également d?Atlanta, en tournée dans l?hexagone de retour tout juste d?un concert à Grenoble pour de sympathiques retrouvailles?
En guise de final, une ardente « Jam Session » en forme de feu d?artifice avec cette sélection Géorgienne où Lil? Joe Burton souffla furieusement dans son trombone et Danny « Mudcat » Dudeck s?employa, comme d?hab, en slider déjanté sur le dobro et à gorge déployée au chant, pour offrir un démentiel Whiskey gravé sur leur dernier disque?
Une quasi première en France, stimulante et torride, que les programmateurs de salle de concerts ont certainement repéré, il m?a semblé en reconnaître quelques uns présents dans la salle? Un nom à retenir dès aujourd?hui : The Breeze Kings.
Pour plus d?infos : www.breezekings.com
Carlos Breeze Capote
Jim Ransone
Matt 2-11 Sickles
Lucky Jean Luc
Photos : Jocelyn Richez
16-04-2005
Blues Power Band
Lorsque le Blues Power Band nous a proposé une invitation pour leur concert du 16 avril à la Scène Bastille, à l?asso C?ur de Blues, nous n?avons pas hésité une seule seconde. Plutôt charmés par leur disque, ils nous fallait absolument découvrir ce groupe qui était le genre à prendre toute son identité sur scène. Dès le départ le groupe avait fait les choses en grand : salle « in » de Paris, concert filmé, cadeaux à l?entrée (disques, T-Shirt, etc.), rien n?avait été mis de côté? Bon, ne pas se laisser impressionner par les cadeaux : on est venu là pour écouter leur musique et si possible pondre un texte à la fin (d?ailleurs ce n?est pas les consos qui allaient nous en détourner, vu le prix d?une simple pression?)
Première petite partie d?une demi-heure avec un groupe sympathique : Urgences. Reprises rock sans grande prétention mais suffisamment efficace pour émousser notre oreille. Après un set expéditif où il faut noter la présence d?un bon pianiste (qui d?ailleurs reviendra plus tard faire le b?uf), le groupe laisse place au Blues Power Band.
De prime abord, une fois de plus ils ont mis le paquet. Enfin surtout le guitariste et le chanteur. Un look terrible, dans un costard blanc impeccablement tiré. La Flying V du premier apporte la touche finale. On sent un brin de second degré, et en même temps on se laisse prendre au jeu. Les Blues Power Band démarre sur les chapeaux de roues. Dès les premières notes ils nous assènent un blues rock vitaminé qui ne laisse personne sur place indifférent. Tout le monde commence à bouger et l?ambiance décolle. Les titres s?enchaînent dans un rythme endiablé et le guitariste solo (celui de la Flying) a à peine le temps d?enlever sa veste.
Musicalement, ils sont vraiment bons. Il n?y a rien à redire. Encore une fois on ne peut que constater la puissance de la section rythmique, ronde et énergique à souhait. La scène nous révèle aussi la complémentarité des deux guitaristes : l?un complètement excentrique mélange fureur de jouer avec dextérité, sans jamais tomber dans la pure démonstration technique, et l?autre, plus réservé, assure une partie de guitare rythmique avec une telecaster sobre et discrète, mais terriblement efficace. Le chanteur quant à lui incarne une bonne part du charisme du groupe. Sa voix rocailleuse et chaude fait preuve d?un enthousiasme communicatif sur les morceaux énergiques, tandis que sur les blues mélancoliques elle vous colle un frisson qui vous parcourt toute la colonne vertébrale.
Ce soir là les BPB assure un show impeccable duquel, il n?y a vraiment rien à redire (ils ont même gardé leur titre fétiche Making lve is good for you pour le rappel, histoire de finir en apothéose. Le seul petit regret que l?on peut émettre c?est peut-être qu?il y ait trop peu de compositions par rapport au nombre de reprises. Surtout, qu?on le sait à l?écoute de leur galette, ils savent composé. Alors, les gars, à quand les sets et albums composé de A Z ou presque ?
En tout cas merci pour ce bon moment passé avec vous !
Thomas Coeur de Blues
Photos : Thomas Coeur de Blues
17-04-2005
Popa Chubby
La ville de Courbevoie dispose d'un bel outil culturel avec l'Espace Carpeaux qui bénéficie d'un auditorium magnifique d'une capacité de 500 places. Philippe Lignier, le Directeur artistique de cet espace propose une riche programmation de Jazz et pour ce petit détour inhabituel par le Blues, il n'a pas hésité à faire venir l'artillerie lourde avec la figure la plus incontournable du blues rock actuel new yorkais, riche en envolées électriques et riffs méchants, j'ai nommé Popa Chubby. Mais la stature autant physique que musicale du bonhomme ne doit pas faire bien peur et est plutôt appréciée puisque la salle était comble et qu'il y avait belle lurette que toutes les places étaient vendues.
Un bon concert, sans surprise, rondement mené par le Chubby, encadré de musiciens au jeu solide et à la rythmique infaillible pour soutenir les longs chorus du maître new-yorkais; et un son Popa reconnaissable les yeux fermés.
Notre guitare héros était en bonne forme, serein, avec quelques kilos en moins me semblait-il. Steve Holley à la batterie et Nicholas d?Amato à la guitare basse construisaient un soutien rythmique suffisamment musclé pour que notre imposant leader y pose ses déferlantes musicales. Mike Lattrel aux clavier apportait le contrepoint mélodique indispensable qui manquait jusqu?alors aux prestations de Poppa Chubby, une formule que je lui suggérerai de conserver.
Deux standings ovations ont prouvé à quel point le style et la maîtrise de la Stratocaster par le chef de file du blues à Big Apple sont appréciés.
Personnellement, au-delà du talent technique impressionnant de monsieur Chubby, j?aimerai le voir partager un peu de complicité avec le public et transmettre plus d?émotion. De la puissance certes mais le blues même le plus rock se joue aussi avec les tripes. Mais Popa n?a jamais caché son côté businessman que confirme sa discographie importante.
Frère Toc
Photos : Lolo Crossroad
06-05-2005
Acoustic Roots
Un mail d?invitation de Rémy Genty pour cette soirée et un coup d?fil plus tard à l?ami Frère Toc, histoire de le sortir un peu de son isolement, lui qui n?a pas fait les choses à moitié en s?offrant une rupture du tendon d?Achille, nous voilà tous les deux installés au Scopitone, sympathique café de poche du centre ville de la rive droite de Rouen où l?accueillante Dorothée organise régulièrement des concerts.
Des formules solo, duo ou trio qui trouvent leur place dans cet endroit chaleureux où la relation entre musiciens et spectateurs se fait naturellement, pour ceux qui voudraient venir en big band, il vaudrait mieux prévoir de s?installer sur la terrasse dans la rue piétonne, par exemple, le jour de la fête de la musique. Quoi qu?il en soit, l?entrée est gratos, le sourire naturel, la pression fraîche et abordable, la déco s?la joue Spyché Pop Rock Baba Cool (çà n?engage que nous) et la musique est dans la même veine? Je laisse le soin à Frère Toc de vous narrer la suite, j?en profite pour me rassasier le gosier d?une bonne bière d?Abbaye? A la bonne votre !
Même pas le temps de finir ma mousse ! La rupture du talon d?Achille, c?est pas terrible mais imaginer qu?au lieu de cela j?ai eu une épicondylite aiguë au coude?un drame pour un buveur de bière ! Alexandre Mirey, que nous avions vu officier au sein du groupe Moonchild au dernier Tremplin de la Traverse, et Rémy Genty, l?incontournable bassiste de la scène musicale rouennaise, s?installent l?un avec sa guitare, l?autre avec sa basse, toutes deux acoustiques. Pendant une bonne demi heure, Alexandre chante de vieux standards Blues qu?il dépoussière avec dextérité sur sa gratte, jouant au pouce sans médiateur. Preuve s?il en est que ces morceaux restent des références éternelles et indémodables. Rémy assure un tempo efficace grâce à sa rythmique solide et mélodieuse.
Mais voilà mon ami Lucky, de la mousse de houblon accrochée aux bacchantes, qui me pousse déjà pour reprendre la plume. Une entrée en matière plaisante, qui prend une tournure différente plus en adéquation avec un répertoire de Folk Songs qui rend un bel hommage à Monsieur Robert Zimmermann alias Mister Bob Dylan.
Pour cela, Guillaume Petit donne de la voix, souffle dans ses harmonicas et s?active sur ses instruments, guitare 6 et 12 cordes et banjo, s?appuyant sur la combinaison en soutien permanent de la basse de Rémy et de la guitare d?Alexandre. L?apport de l?un et de l?autre ne fut pas négligeable pour mettre en valeur un registre composé de titres à (re)découvrir que Guillaume maîtrise sur le bout des doigts. Pas étonnant lorsque l?on sait qu?il a vécut une bonne période aux Etats-Unis pour mieux s?imprégner des courants musicaux populaires américains en particulier du coté de la Country, du Bluegrass et du Folk.
Le second effet du breuvage des dieux oriente Lucky vers le lieu d?aisance le plus proche ce qui me permets de glisser quelques remarques avant son retour. Ce n?est pas la première fois que j?entend Rémy Genty, accompagnant divers groupes et musiciens dans des styles différents pour souligner son talent polyvalent.
Alexandre Mirey a l?art d?étoffer chaque morceau d?une dentelle harmonique et de quelques chorus qui donnent une belle saveur musicale à l?ensemble.
Atteint de la même maladie que Lucky (celle du buveur de cervoise) je vais de ce pas arroser les géraniums et je ne doute pas qu?il profite que j?ai le dos tourné pour avoir le mot de la fin.
A défaut d?être certain que Frère Toc me laisse le temps d?exposer mes impressions, je peux affirmer que le plaisir de retrouver quelques têtes connues dans une ambiance conviviale et de partager avec de nouvelles personnes la même passion, donne une envie certaine de revenir?
Le rendez vous est donc pris pour la venue prochaine du duo de la région parisienne Stillife, le samedi 21 mai dès 19 heures. Nous serons là avec Frère Toc, pas trop loin de la pompe à bière?
Frère Toc & Lucky Jean Luc
07-05-2005
Imperial Crowns
Kevin Farrel
Après la découverte phénoménale et inoubliable des Californiens d?Imperial Crowns, l?été dernier, au Cahors Blues Festival, la piqûre de rappel volontaire assénée en ce mois de mai promettait d?être furieuse et étourdissante. Elle le fut pour le moins. Mais avant de se plonger avec délectation dans l?univers sulfureux concocté par les Couronnes Impériales, ce sont les Lillois d?Outsliders qui s?employaient à chauffer l?assistance présente, curieusement en petit nombre, en ce samedi soir à l?Ouvre Boîte de Beauvais.
Dans un format, Power Trio, qui ne supporte pas la moindre faiblesse, les trois compères s?approprient avec détermination un répertoire de standards de Blues (comme The Sky is Crying ou The Thrill is gone) et de Blues Rock Texan emprunté notamment du côté de ZZ Top et de SRV (dont le fameux Crossfire par exemple). Profitant d?une rythmique nerveuse et tangible fournit par les baguettes et les ballets de Marc Vedrine et la basse 5 cordes de Luc Dewerte, Christophe Marquilly, qui a sévit longtemps au sein du groupe Stocks, s?impose en chanteur investit et propose un jeu de guitare accompli et mordant. Des versions bien senties, huilées et séduisantes qui s?affirment par une implication maximale de chacun où la vigueur nécessaire et indispensable se fait agréablement sentir. Du costaud et du lourd, tempéré par une ballade Irlandaise à la guitare acoustique chantée en français puis confirmé par le célèbre La Grange qui impose le respect en guise de final et donne une envie certaine de connaître les dates des Outsliders prés de chez soi en se connectant sur www.outsliders.com .
Une excellente préparation à recevoir la déferlante diabolique déversée par les fameux Imperial Crowns venue tout droit de Los Angeles en Californie. Comme en juillet dernier, énergie décuplée et intensité extrême composent les ingrédients principaux de leurs prestations scéniques véhiculées autant par l?attitude proposée que par la musique exprimée.
Même si la section rythmique a changé, Jimmie Wood et JJ Holiday peuvent désormais compter sur la complémentarité et l?engouement de Michaël Barsimanto arrivé derrière les fûts et de Kevin Farrel qui s?emploie à la basse électro-acoustique 4 cordes et à la basse électrique 6 cordes en fonction des titres allégrement puisés dans le dernier album studio Hymn Book gravé par le combo.
Jimmie Wood, regard de braise et leader naturel, trépigne, bondit et s?affirme comme adepte de l?harmonica obsédé et du tambourin excité, modulant son chant à profusion d?une voix d?outre tombe et vigoureuse à un chant plus caressant et voluptueux jusqu?à lâcher des cris ravageurs.
Impossible de résister, il captive, capture et envahit inconsciemment l?esprit de tout un chacun dans une effusion de joie suprême et de plaisirs fatals.
Son fidèle complice, JJ Holiday, bien présent en ch?urs, a sorti sa collection de guitares plus originales les unes que les autres qu?il pratique à l?onglet et s?active comme un forcené en slide comme en picking.
Il concocte des entrelacs de notes successives, aussi (sur)prenants que bienvenus, qui, par ses effets bénéfiques, remuent le sang dés le début, secouent les tripes d?un bout à l?autre et purifient l?âme au plus profond.
A l?arrivée, une musique personnelle et libérée de tous carcans qui s?exprime dans un bain de fusion originelle où se mêle le Blues, le Rock?n?roll, le Funk et le Rhythm and Blues? Et même le Twist, comme ce dernier morceau partagé au chant entre Jimmie et l?ami Little Bob, fan de la première heure d?Imperial Crowns?
Comme le disait, ce soir-là, Little Bob : « Y?a tout la d?dans ! »? Pour sûr et même plus encore ! Le meilleur moyen de s?en convaincre, c?est de courir les applaudir sur scène, il doit bien rester pour cette tournée quelques dates en? Europe ! Au cas où, ils sont prévus au programme du Cognac Blues Passions 2005 qui aura lieu du jeudi 28 au dimanche 31 juillet prochain en Charente.
Pour en savoir plus, une visite s?impose sur www.imperialcrowns.com
Lucky Jean Luc
Photos : Thomas Coeur de Blues
17-05-2005
Napoleon Washington
Nous connaissons tous les Hoodoomens, ils passent et repassent en basse Normandie, dans l'Eure et bizarrement assez peu en haute Normandie. Le concert de puzzle Blues en ce 17 mai 2005, (5ème édition je crois) à fait paraître en première partie, 4 gamins en foire. Un début pour prendre leurs marques, et 1h30 de bonheur intense sans s"arrêter. du Jump, et fait nouveau, quelques nouveaux morceaux plutôt genre Rock - mais à peine -augurant sans doute la mise en bouche d' une troisième galette, va savoir....bref des compagnons idéalement rodés à la bonne humeur. Et le public présent ne si est pas trompé. le magnifico Pascoulet, inimitable y est allé de son solo a vous couper le souffle, ce type là mon gars, vaut mieux lui laisser les clé de l' auberge, à coup sur c'est lui qui fermera tant il ne s' arrête jamais.
À propos pour faire un parallèle sans doute stupide, mais bon pourquoi pas, la légende courait dans le milieu du cyclisme professionnel des années 60, qu?un certain BARTALI, généreux coureur de l?équipe italienne, devenait irrésistible lorsque la veine de son mollet apparaissait gonflée, comme gorgée de cette énergie dont lui seul avait le secret. je me souviens encore de ce que racontaient les anciens, la veine, la veine... disaient-ils en observant ce champion, cela voulait tout dire et malheur a celui qui ne tenait pas dans la roue. Fermons la parenthèse, mais ouvrons la pour le petit Pascoulet n?avez vous jamais remarqué à quel point l'artère de son coup se gonfle lorsque celui-ci est en transe. Normal pour un groupe s?appelant les Hoodoomens me direz-vous.
Quant à Napoléon Washington, bipède généreux et agréable, n?ayant aucun rapport avec le sinistre Bonaparte dit 1er de son époque, au moins par sa coupe de cheveux, engager un set seul devant les 120 personnes de ce petit théâtre chaleureux et cela pendant plus d' une heure, chapeau bas Monsieur.
Un Blues rural, faisant quelques fois penser au films de Scorcess, vous prend les tripes jusqu' à vous faire dresser le poil sur les bras. Quelle force! À se demander comment il ne casse pas plus souvent le manche des ses guitares. Quelle profondeur! Wahouuuuuuuu ça déménage! Et lorsque l?artiste vous glorifie d'un morceau de JB Lenoir, alors là, c'est à vous taper le cul parterre.
La dernière partie de son récital, fait souvent référence au vaudou, encore me direz-vous, que voulez-vous a force de côtoyer des gens comme les Hoodoo. Et que dire de sa voix de chanteur, puissante, précise, totalement différente du personnage lorsqu' il vous parle, une surprise totale. L?artiste raconte un blues imagé, un Blues de la misère, fait de complaintes et de pleures le plus souvent, lorsque la rage, la colère de l'injustice se libère de cette poitrine suisse. Tout compte fait, l'homme nous enseigne le plus souvent que nos plaintes d'aujourd'hui ne sont rien encore comparées à la douleur que ressentaient ces pauvres black's. A plusieurs reprises, j'ai ressenti une salle respectueuse, silencieuse, ne désirant que taper la godasse pour rythmer le chant, pour accompagner ce personnage attachant, mais cependant bien incapable de s' exécuter tant l' expression de l' artiste vous prenait à la gorge. Oui, chapeau bas Monsieur l' artiste, pour l?avoir rencontré lors de son passage à la Traverse il y a quelques temps déjà, je peux vous dire que l?artiste est devenu grand!
Bref une sacrée soirée.............
Ricky Bluesfeeling
Photos : Marc Loison
21-05-2005
Stillife
Dans la continuité de leurs dernières initiatives, l?association rouennaise « C?ur de Blues » continue de sévir en invitant, ce samedi, Stillife.
Découvert en novembre dernier lors du Tremplin du Festival Blues sur Seine de Mantes, la courte prestation du duo acoustique parisien nous avait laissé sur notre faim, mais le potentiel entrevu nous promettait un agréable moment dans le cadre intimiste du Scopitone.
Tranquillement installé non loin de la pompe à bières, nous sommes en situation stratégique pour apprécier au mieux les envolées vocales de Chris Candream et guitaristiques de Lionel Riss, rejoint pour l?occasion par John Flower. Ce dernier agrémenta le show de ses interventions au sax soprano, percus bagagères et autre frivolités aussi harmonieuses qu?appropriées.
Axé sur l?efficacité et le groove, Lionel a laissé chez lui la poudre aux yeux pour servir un jeu de guitare aussi simple que rageur.
Malgré une grippe tenace lui tirant le pied droit vers la tombe, le gauche continue à battre la mesure et pendant presque trois heures il soutient le show sans faiblir. Une nécessité pour accompagner le chant de Chris comme il le mérite.
Il ne faut pas longtemps à l?auditoire pour se rendre compte que Chris possède une voix d?exception.
Alliant puissance et finesse, sa palette nous emmène du Blues lent le plus torride jusqu?aux frontières endiablées du Rock, pour atteindre des sommets d?émotion sur un titre A Capella. Mais au delà de leurs qualités individuelles, ce qui frappe le plus, c?est l?alchimie de leurs énergies. Ce ne sont pas les gens présents qui diront le contraire, la voix éraillée et la paume des mains endolories, visiblement réceptifs et motivés par autant de sollicitude.
Pour conclure cette soirée, la chanteuse Carol-Ann Croft et le guitariste Laurent Magniez du groupe rouennais Pimento s?offrent un bel échange avec le duo, emprunt d?une certaine complicité et d?une passion commune.
Frère Toc, Lucky Jean Luc & Pascal Lob
Photos : Frère Toc
21-05-2005
Blues Power
LES PAPIS FONT DE LA RESISTANCE ???
En 2ème partie, les Blues Power se mettent en scène?. Ce trio bien connu du milieu Rouennais, jouent un R?n?B sans coup férir. Les morceaux s?enchaînent les uns après les autres, appuyés par la rythmique énergique de Kevin Strange. C?est à reprendre son souffle (du Blues bien entendu).
Denis Cook, guitare solo menant les sets avec feeling et puisant sans doute toute son énergie dans la « mâchouille » permanente de son chewing-gum, vous fait décoller avec le rugissement et l?enchaînement de ses accords bien placés, minorant au passage la profondeur de sa voix au travers l?amplification de son micro, dommage, car ce type là, à coup sûr est tombé dans la marmite de la virtuosité dans ses années antérieures. Impressionnant de facilité, rien ne semble lui être impossible, semblant toujours « être ailleurs » lorsqu?il joue, ses mains enchaînent les accords; c'est simple, c?est de l?or en barre.
Dommage vraiment pour le son, car on aurait bien aimé l?entendre un peu plus. Mais que voulez-vous on ne peut pas mastiquer et chanter, faut choisir, à moins que ne soit que pour aider à avoir le phrasé un peu plus amerloc, va savoir?
Soutenu merveilleusement bien par la rythmique de la batterie, le public appuie des mains lorsque Kevin enchaîne son solo. C?est à faire planer !
La basse est contrôlée par l?ami Hervé Niquet et franchement, lorsque l?on écoute ce trio de loin, il faut reconnaître que l?on a envie de revenir.
Au passage un grand merci à Patrice, proprio du Saxo bar, place St Marc à Rouen. Sans lui, nombre de groupes de musicos se demanderaient encore comment trouver des dates pour satisfaire à la nouvelle doctrine imposée par nos politiques « peu couillus » et sans doute réfractaires à la musique du Diable.
Ricky Bluesfeeling
03-06-2005
Pimento
BBC
En première partie de Pimento au bateau ivre, le trio de BBC nous a proposé une musique dont l?énergie est puisée dans le registre du rock anglais. The Jam semble être une référence pour ces trois zigues de la scène locale. Des pointes de Ramones et d?Angel City, glanées ça et là, ponctuent le set d?un BBC très soucieux de nous faire remonter à la fin des 70?s où le rock était sans concession et sans état d?âme, 100 % ou rien. Mélodieuse et puissante à la fois, la musique de BBC est à classer dans le rayon « Rock pur » dont la performance reste convaincante par sa justesse et son honnêteté. Les fans de Inmates et de Nine Below Zero y trouveront également leur compte, les autres devront réviser leurs « a priori » où rester à la maison. Pour notre part rien ne vaut, chaque jour, de prendre un bon coup de rock dans la face.
A noter que BBC participe à l?enregistrement d?une compilation intitulé « Bluesy Experience », à l?initiative de l?association « C?ur de Blues » de Haute Normandie,
une galette à laquelle participe également le groupe Pimento qui se présentait sur la scène du Batô avec son nouveau répertoire.
Dés les premières notes, le son saturé et massif de la guitare de Laurent Magniez a fait parler la poudre.
Des riffs, simples, puissants et redoutables plus empruntés à un registre résolument Pop Rock Seventies ont de suite provoqué un mouvement de foule vers le devant de la scène. La rythmique, lourde et burnée, élaborée par Damien Train aux baguettes et Nicolas Garnier à la basse 5 cordes est venue étayée solidement l?édifice. La voix suave et rauque de Carol Ann Croft s?est attaquée avec brio aux compositions du groupe et aux reprises d?inspiration plutôt Bluesy (Mustang Sally, The Thrill is gone?)
Leur prestation est soulignée par une présence scénique qui, sans être trop démonstrative, est agrémentée de quelques attitudes rock?n?roll du meilleur effet. Et quelle sensualité torride et pimentée émane de Carol Ann lorsqu?elle chante cheveux au vent !
Nicolas Garnier nous montre l?étendue de sa technique avec plusieurs chorus au slap furieux qui a touché le public au plexus. Comme quoi une guitare ou une basse sont des armes à ne pas laisser entre toutes les mains. Pour le bouquet final, Pascal Bertout à l?harmonica rejoint les musiciens pour faire le boeuf sur les derniers morceaux. En trois sets, ce groupe nous a convaincu de l?évolution de son style et il faudra désormais compter avec le Pimento nouveau, cru 2005.
Mad Man, Frère Toc & Lucky Jean Luc
Photos : Thomas Coeur de Blues
03-06-2005
The Bluetones
Pour la sixième année consécutive, la ville de Saint Etienne du Rouvray organisait une grande manifestation festive dans le parc Henri Barbusse, «Aire de Fête». Sans vouloir faire de plagiat, je reprendrais les termes du dossier de presse qui définit au mieux cette manifestation : familiale et populaire, elle fusionne un air de kermesse avec une variété culturelle, alliant concerts, animations, théâtre, démonstrations et spectacles. Elle rassemble foire à tout, stands associatifs, scène théâtrale et scène musicale, riche en sonorités de tous les continents. Le kiosque de ce parc fut grâce au talent et au professionnalisme de Rémy Sagot et de sa société, F.A.S.T.E., transformée en véritable scène musicale, avec toute une structure ajoutée, des rideaux de fond, où aucun fil inutile ne traînait, le tout installé avec une rigueur exemplaire aux niveau des normes de sécurité. Nous ne pouvons que les remercier pour l?exceptionnelle qualité de la restitution sonore. Pour l?occasion, l?équipe municipale, composée de Francine Boyer, Vincent Robert, Katia Besnard et Nicole Ledroit, avait fait venir , entre autre, deux formations, Le trio Jeff Treguer accompagné à la batterie par JB Lepape et « Ze Bluetones », originaire de Caen. C?est avec beaucoup de plaisir que nous avons assisté à leur prestation placée sous le signe de la qualité et de l?énergie joyeuse et communicative. Je laisse ici la place à notre camarade Ricky, encore plein d?enthousiasme, pour vous restituer nos impressions.
La météo était incertaine et fort humide, mais Dieu aime la musique et miraculeusement la pluie s?était arrêtée le temps du concert, laissant même place à quelques éclaircies ensoleillées. Jeff Treguer Trio est un groupe encore peu connu dans le milieu musical rouennais. Pourtant il n?en est pas à sa première prestation et mérite d?être appuyé chaleureusement. Vainqueur du festival Blues de Traverse à Cléon, Jeff Treguer Trio s?est vu offrir la 1 ère partie du légendaire John Mayall.
Un style bien particulier, une musique traditionnelle et rythmée de mains de maître par les baguettes de JB Lepape soutenu par l?agilité de Cyril Cantayre à la contrebasse et avec la complicité sobre mais efficace de Philippe Adnet à l?harmonica dans un style proche de celui de John Horton, tel a été l?univers festif de ce début d?après midi musical : country, blues, folk. Jeff s?en est donné à plein poumons, avec une puissance de chant remarquable et remarquée par un public conquit. Il ne manquait plus que le barbecue pour se prendre à rêver aux paysages du Delta et du Mississipi. Le public enchanté en redemande et participe lorsque Jeff entame Got my Mojo Working, incontournable succès de Muddy Waters. Comme un bonheur ne suffit pas, porté par la liesse, Jeff enchaîne aussitôt avec un titre de Bill Deraime, Plus la peine de frimer, sur lequel sa voix nous a véritablement bluffé au point qu?en fermant les yeux, nous ne savions plus qui était qui ! C?était le gâteau sur la cerise ou la cerise sur le gâteau, comme vous voulez, un vrai régal !!! Un groupe sympathique et talentueux, à voir et à revoir. A quand la 1 ère galette ?
Deux heures plus tard, rassasiés et réhydratés au stand restauration, à l?abri d?une averse généreuse, nous rejoignons le kiosque à musique. Une tornade joyeuse du non de Ze Bluetones arrive sur la scène et la pluie, voyant qu?elle n?était plus de taille à l?affronter, préféra se retirer. Réunis autour d?une passion de la musique des années 1940 et 1950, ces Caennais ne sont pas des inconnus. D?une admirable présence sur scène, ces zico?s de Jump Blues nous déversent sans compter leur joie de vivre et leur plaisir de jouer leur musique. Que de moments heureux entre 2002, année de leur consécration au Festival Blues sur Seine, jusqu?à cet après midi magique de juin. Christophe Becker à la guitare et au chant, Luc Mulot à la basse, Lionel Langlynay à la batterie et Thomas Troussier à l?harmonica ont vite fait monter la température. Ils ont déjà à leur actif 4 galettes : une démo en 2000, trois titres retenus sur une compile nationale Blues Radio Vol 1 et 2 CD, From B TO M.J en 2003 et Step By Step en 2004. Reconnu par l?ensemble de la presse spécialisée comme étant le groupe qui monte, la prestation en cet après midi de juin restera dans toutes les mémoires.
Le public de St Etienne du Rouvray n?en croit pas ses oreilles et en redemande : Swing, Rockabilly, Jump?.que de l?énergie, que du bonheur grâce à Christophe Becker toujours aussi déchaîné, menant de main de maître son groupe là ou il faut et comme il le faut, soutenu par le complice de toujours, Thomas Troussier. Les musiciens évoluent entre eux avec osmose et talent. C?est simple, c?est de la classe à l?état pur.
Ne résistez pas et laissez tomber vos charentaises ; ces gens là, quand ils font raisonner les premières notes de leur instrument, vous transportent dans un autre monde. Ils vous font vite oublier vos p?tits bobos et vos p?tites misères. Surpris, que vous serez, vous vous surprendrez à battre la godasse et à taper dans vos mains. C?est ça la magie des ZeBluetones. Pour sûr que ce groupe là a du pactiser avec le Diable pour être aussi chaleureux et lumineux. On n?a pas fini d?en entendre parlé.
Oui m?sieur chez ces gens là m?sieur, on ne joue pas m?sieur, on ne joue pas, chez ces gens là on Swing, on Partage, on Rit et on Chante l?Amour?..oui m?sieur, j?te l?dis?. Nous y étions.
Frère Toc & Ricky Bluesfeeling
Photos : Frère Toc
04-06-2005
The Ugly Buggy Boys
L?opportunité de revenir dans le Nord, du côté de Dunkerque, pour vivre de nouvelles sensations quelques semaines seulement après la clôture d?un fameux Bay Car Blues Festival fut irrésistible. Plusieurs raisons à cela, tout d?abord, le plaisir de se retrouver à nouveau dans l?antre de la Marie Jane* où nous avons l?habitude de nous restaurer, chaque midi, pendant la durée du Bay Car depuis que les concerts « Off » organisés à l?heure du déjeuner nous ont permis de découvrir ce lieu. Un endroit réellement typique et éminemment chaleureux, par sa décoration de bois unique en son genre, donnant l?impression d?être directement installé dans une cale de bateau avec figure de proue fière d?allure sur la devanture et quelques mémorables maximes en anglais crochées aux murs, mais aussi par la gentillesse et l?état d?esprit de Florence et de Philippe qui se démènent comme des forcenés derrière le comptoir (surtout les soirs de concert) et en salle pour satisfaire la clientèle, tenir la barre et maintenir le cap. Ensuite, la perspective de revoir quelques têtes connues et appréciées de la sympathique équipe de bénévoles du Bay Car rencontrée comme chaque année vers la fin avril à Grande Synthe. Enfin, et pas des moindres, la venue du trio déjanté Belge, à l?intitulé poétique et prometteur, The Ugly Buggy Boys, véritable «bourre pif» de Jérôme Mad Man et de L?Oreille Bleue au dernier Cognac Blues Passions. A ajouter à cela, la quarantaine sonnante et trébuchante à fêter de notre pote Jako, autant d?éléments qui promettaient que la fête soit belle et elle le fût?
Quelle intensité ! Quelle ambiance ! Quelle déferlante !
La plupart des musiciens rencontrés dans le milieu Blues issus de la filière Belge ne respirent pas la mélancolie et proposent des prestations scéniques d?une qualité musicale indéniable? Tee, Elmore D, Big Dave, Renaud Patigny le prouvent régulièrement mais les Ugly Buggy Boys repoussent encore plus loin les limites de l?humour et de la dérision. Trois personnages allumés qui ne se prennent pas au sérieux, qu?on croirait échappés d?un dessin animé de Walt Disney ou de Tex Avery, habillés de splendides salopettes et de chapeaux de paille en tous genres distillent un cocktail stupéfiant d?un registre festif de Hillbilly, de Country, de Boogie et de Blues.
Les compositions savoureuses et les reprises décapantes (notamment une version hallucinée de Smoke on the Water à écouter d?urgence) entrelacées d?anecdotes vécues ( ?) aussi drôles qu?incroyables, ne desservent en aucun point le niveau élevé proposé par les trois compères aux noms imagés.
Averell « TC » Mac Ronald, adepte du jeu de guitare électrique accompli, autant en picking qu?en slide, Holly Dee Dice Dalton, stimulateur des quatre cordes de contrebasse et Nick « the stick » O?Sand, peaufineur de percussions aux baguettes comme aux balais, s?activent diablement et se délectent visiblement à partager un chant délirant ponctué de cris et de bruitages ravageurs sur la totalité des deux sets. Impossible de résister à une telle convergente d?énergie, d?enthousiasme et de positivité collant à merveille avec la chaude atmosphère qui régnait déjà à l?intérieur avant de plonger l?assistance fort nombreuse dans une espèce de liesse vertigineuse et survoltée. Pas étonnant de voir chaque visage se parer de son plus beau sourire quand le spectacle est ainsi, total et permanent, dans un formidable élan communicatif propice à la réunion et à la rencontre.
Une confirmation attendue qui ne peut que donner envie de se déplacer en nombre pour être certain de vivre un moment original et enflammé? Pour savoir si les Ugly Buggy Boys vont s?arrêter prés de chez vous, les prochaines dates sont consultables sur http://www.users.skynet.be/TUBB .
* 13B, Quai de la Citadelle 59140 Dunkerque, Tél. : 03 28 66 84 45 (juste à côté du trois mâts « Duchesse Anne »).
Lucky Jean Luc
13-07-2005
Bulldog Gravy
Après un Pimento, en première partie, fier de ses derniers outrages sur la personne de la fée électricité, les Bulldog Gravy n?ont plus qu?à se mettre les pieds sous la table pour s?approprier les planches échaudées du cuirassé noctambule de la scène rouennaise. Si leur seul but est de nous passer en revue leur force de frappe digne d?un défilé chamarré, d?un pré 14 juillet offert aux muses antiques, l?objectif est atteint. Les dramaturges hellènes en seraient restés cois. Qui d?autres que ce fieffé band auraient été capables de captiver le public, de surprendre les plus avertis et de réussir à attirer l?attention des derniers clients amorphes. S?ils s?escriment dans un style très classique du blues, l?armature et le rendu sont des plus originaux. Leur façon décalée de jouer les bases du déjà entendu a déjà çà de bon. L?ensemble, au-delà de l?exercice live, me semble parfois trop b?uf entre copains, mais Mike Green et ses acolytes ont l?art de nous tenir en respect. La fièvre est montée progressivement au Bateau Ivre tout au long de la soirée et leur étrange volonté d?affirmer leur style jusqu?au bout a finalement et délicieusement épicé les diverses phases de leur show. La surprise a même résidée dans les sons étranges et inattendus de percussions hétéroclites mêlés aux saturations urticantes de la guitare de Philippe Sangara et de l?harmonica de David Giancola. En opposition, la contrebasse ronde de Farid Khenfouf, la guitare électroacoustique et la voix de Mike Green restent plus dans un esprit blues traditionnel.
Après un certain temps d?adaptation, j?ai commencé à ne plus réfléchir et à apprécier le spectacle.
Je souhaite vivement pouvoir retrouver cette ambiance prochainement car c?était ma première fois et comme toute première fois, çà pique un peu !
Mad Man
17-07-2005
James Harman
Ne pouvant me rendre au festival de Cahors afin d?assister à la prestation de James Harman , je ne pouvais pas manquer cette soirée à Grande Synthe. C?est un vrai plaisir de retrouver le « Zapping » pour cette occasion. James Harman et le public nordique est une bonne base pour passer un moment rare.
C?est Nathan James qui entame seul les premiers accords. Avec un harmonica autour du cou, un « pad » percussion au pied et une délicieuse « National Guitar » entre les mains, Nathan James installe immédiatement une atmosphère blues de haute qualité. Son sens de l?orchestration, ses placements voix et harmo, ses tours de passe-passe instrumentaux, laissent présager de biens bons moments. Il me surprend même avec des brillantes polyrythmies guitare / harmo. Les shuffles sans faille, les pickings, tout est bon.
Après un rag time acrobatique, James Harman vient le rejoindre. L?addition des deux personnages fait décoller le public qui comprend que l?heure est grave et l?instant magique. La voix chaude et nuancée de Monsieur Harman, le timbre de l?harmonica saturé rajoute une incroyable cohésion musicale. Le duo américain est très rapidement renforcé par Mark Thijs, alias Tee.
Tee est un talentueux blues man Belge qui n?a eu besoin que de quelques secondes pour trouver sa place. Le sens aigu du partage des taches par les deux guitaristes est remarquable, s?échangeant allègrement les fondamentaux et les chorus. Le registre blues médium des trois protagonistes colle parfaitement et la salle en redemande encore et encore. Ca siffle, ça crie et la totalité du public fait honneur au trio qui ne tardent pas de nous gratifier d?un « bis » unique, mais généreux.
Après concert j?ai pu apprécier la simplicité et la gentillesse des trois musiciens en échangeant quelques mots, ainsi que celle de notre hôte, le patron du « Zapping » qui avait préparé une paella maison pour les artistes et quelques invités. Aucune autre conclusion ne pouvait être espérée afin de clôturer cette expédition dans l?agglomération dunkerquoise avec les copains de l?Oreille Bleue.
Mad Man
24-09-2005
Sugarcane
Un peu partout aux quatre coins de l?hexagone, des formations naissent, se réunissent et s?épanouissent. Dans chaque ville, des musiciens se retrouvent pour partager leur ferveur réelle et leur passion commune pour la musique du Diable. C?est tout à fait l?exemple même de Sugarcane qui s?est formée en 2004 dans l?Eure et qui explore depuis les différents lieux de concerts de la région normande. Un remplacement de dernière minute d?un groupe qui s?est désisté et voilà nos quatre compères de Sugarcane installés sur la scène de ce lieu mythique du « live » à Rouen qu?est le Bateau Ivre.
Pour la troisième fois en quelques mois, ils proposent un joli voyage en plein c?ur du Blues et du Blues Rock des années 70 et s?affichent en musiciens enthousiastes, clairvoyants et généreux. Un registre constitué principalement de reprises bien senties où l?interprétation juste de chacun donne de l?épaisseur à un répertoire puisé chez les grands maîtres du genre.
A commencer par Alexandre Mirey, guitariste chanteur, loin d?être un inconnu pour l?équipe de L?Oreille Bleue, déjà aperçu avec Moonchild et Acoustic Roots. Il dispose d?une technique sur six cordes aboutie et n?hésite pas à abandonner son médiateur pour laisser parler le feeling en jouant avec inspiration aux doigts comme au pouce. Sa voix modulée et stimulante apporte un certain relief au style proposé. Il sait aussi s?installer au service de la rythmique pour permettre à son collègue Julien Decoster de s?exprimer pleinement. Ce dernier témoigne d?un jeu construit, percutant et racé qui fournit les ingrédients indispensables pour enrichir le domaine et booster ces partenaires. Ainsi, les deux guitaristes se respectent mutuellement et se relancent amicalement sans jamais se marcher dessus pour au final se révéler incontestablement complémentaire.
Bien aidé en cela par les gars de la rythmique qui fignolent un tapis de velours salutaire alimenté par la basse (5 cordes) de Pascal Beaudouin et les baguettes de Loïc Piednoir.
Une découverte bien plaisante et une performance au Batô qui promet d?une seule chose : une évolution favorable. Affaire à suivre? Pour obtenir plus d?infos sur le groupe et écouter des extraits de morceaux enregistrés en concert et en studio, une visite s?impose sur www.sugarcane.new.fr .
Lucky Jean Luc
06-10-2005
Doctor Feelgood
Le concept musical de Dr. Feelgood est au rock d?outre Manche ce que Durex est à la capote? Anglaise, certes, mais goût bitume et formidablement élastogène. Ce fameux band de plus de 30 ans ne voit pas arriver sa date de péremption car il est toujours aussi fiable qu?au premier jour. Pourtant, chacun sait que le combo d?origine a subit de multiples et profondes transformations.
La disparition de Lee BRILLEAUX, le dernier fil conducteur historique de la formation, marque la fin d?un périple trans-générationnel qui marquera à jamais l?âme des amoureux du rock sans fioriture. Malgré tout, Dr. Feelgood reste un de ces groupes chargés d?un caractère et d?une intemporalité à toute épreuve.
Ce concert gratuit, organisé par l?association Music 76, sous la tutelle financière du conseil régional de Haute Normandie, offre au public rouennais une prestation rodée depuis plus de cinq ans par ces irréductibles du pub-rock british. Robert Kane, au chant et à l?harmonica est un formidable front man qui ne laisse rien au hasard pour attirer l?attention et produire l?évènement sur les planches. Steve Walwyn, guitariste du groupe depuis 1989, doit probablement nettoyer la scène à la balayette afin d?en ôter les copeaux de telecaster laissés après la bataille. Phil Mitchell, le bassiste et le plus ancien du line up, est sans conteste, par son jeu précis et sommaire, un parfait exemple d?amnégation au service de l?efficacité. La surprise vient du batteur, le fameux Big Figure, membre fondateur et de retour dans l?aventure depuis quelques mois.
Le contenu du set est éloquent : Avec des tubes comme, Back in the night, Baby Jane, Roxette, Down to the Doctor, Mad man blues, Milk and alcohol et tant d?autres encore, Doctor Feelgood reste une vrai usine à gaz de riffs et de refrains qui nous remplissent d?allégresse par tant de fraîcheur, de générosité et d?énergie. Pour ma part, je suis grandement satisfait de la survie de cette formation mythique. Il y aura toujours quelques aigris pour dire que c?était mieux avant, mais qu?importe?
Mad Man
15-10-2005
Little Charlie & The Nightcats
Pascal Fouquet et Philippe Bri?re
La perspective d?assister au concert des Californiens de Little Charlie and The Nightcats (trop rarement programmés en France) a depuis plusieurs mois retenu l?attention de la majorité des chroniqueurs et des sympathisants de L?Oreille Bleue. C?est pourquoi il n?a pas été nécessaire d?insister beaucoup pour former une fine équipe d?une dizaine de personnes et rejoindre, ce samedi, la salle de l?est parisien où notre musique favorite s?installe régulièrement d?octobre à mai. La soirée promettait d?être belle, chaude et intense et elle le fut pour le moins?
Ce sont d?abord nos camarades Normands d?Hoodoomen, rencontrés à de nombreuses reprises, qui répondent à l?attente d?une assistance concernée dans ce lieu, copieusement fréquenté, qui affiche complet. Depuis plusieurs années les Hoodoomen s?activent sur toutes les scènes françaises et concoctent un registre de Blues aux fortes influences West Coast qui séduit le public. Philippe Brière charme par son chant enjoué et ses phrasés d?harmonicas bien plaçés, Pascal Fouquet captive par son jeu de guitare phénoménal et aérien, Francis Marie caresse, de deux baguettes expertes, ses peaux et ses cymbales tandis que Eric Lebeau à la basse, dernier arrivé et définitivement intégré, alimente la rythmique avec talent.
Un répertoire façonné et rodé qui s?étoffe à chacune de leurs sorties et s?enrichie de nouveaux titres qui seront gravés prochainement sur une galette, la troisième pour cette formation Caennaise. Pour être certain de se la procurer avant tout le monde, une souscription est ouverte sur le site : http://hoodoomen.free.fr . Quoi qu?il en soit, une redécouverte bien agréable et une entrée en matière idéale avant de baigner dans l?univers enflammé et communicatif des spécialistes du Jump et du Swing.
Malgré la déception rapidement estompée de ne pas voir Little Charlie Baty à la guitare, resté aux Etats-Unis après avoir eu l?immense douleur de perdre sa femme. Il est remplacé pour cette tournée européenne par une doublure de luxe en l?occurrence, Mister Rusty Zinn. Disposant d?une assisse rythmique d?un autre monde, riche au possible et dense à l?extrême, confectionnée par Lorenzo Farrell à la basse et Jay Hansen à la batterie, sur laquelle se balade l?harmonica expressif de Rick Estrin et la guitare vagabonde de Rusty Zinn, les titres rythmés et dansants s?enchaînent les uns aux autres avant d?enrôler définitivement l?ensemble du public avec un Blues lent pénétrant et saisissant à faire vibrer chaque centimètres de son corps?
La performance du quatuor va se révéler aussi bouleversante qu?explosive surtout que la complicité entre chacun s?affirme perceptible et évidente. D?un côté, Rick, habillé d?un splendide costume rouge et de lunettes noires, coiffé d?une impeccable banane structurée, personnage qu?on croirait directement échappé d?un cartoon de Tex Avery, dispose d?une voix chaleureuse et enjôleuse, communique drôlement avec la salle et concocte un jeu de scène aux déhanchés surprenants. Mais c?est principalement lorsqu?il porte ses harmonicas aux lèvres, installés sur un présentoir à côté de lui, qu?il transmet le mieux l?émotion, tendre et vive à la fois et étonne même en plaçant un de ses « ruine babines » dans la bouche sur un morceau sans pour autant perdre de feeling? Stupéfiant !
De l?autre, Rusty, costume noir classique mais barbe taillée et cheveux tressés couvert d?un bonnet mauve assorti à la couleur de ses chaussures, dispose d?un chant caressant et d?une facilité déconcertante à s?exprimer sur sa guitare, sachant se faire aussi discret et précis en soutien rythmique qu?enragé et survolté par des envolées guitaristiques dont il a le secret. Ébouriffant !
En guise de rappel, le duo des deux compères (harmo-chant et guitare) conclue ce récital exceptionnel sous l?approbation d?un public debout, enthousiaste et passionné frappant en mesure dans ses mains? Du bonheur apparent sur scène comme dans la salle et de la joie sur les visages pour tout le monde !
Un grand merci pour cette excellente initiative à Michel Rèmond et à toute l?équipe, administrative comme technique, de la Scène Jean-Roger Caussimon pour nous avoir permis de vivre, une fois encore, un moment mémorable. Le rendez vous est d?ors et déjà fixé pour le plateau du 19 novembre prochain où Billy Flynn et les Cash Box Kings suivi du chanteur harmoniciste Lynwood Slim accompagné des Rosebud Blue Sauce (de Cahors) seront à l?affiche. Il ne serait pas étonnant de voir L?Oreille Bleue se déplacer de nouveau en nombre?
La première visite marquante dans cet endroit typique du Port de Plaisance de Caen pour le concert de Big Brazos en avril dernier avait donné lieu un grand moment de réunion et de partage, quelques mois plus tard, la même sensation à imprégner les murs des Caves Thorel et un sentiment de bien être s?est dégagé sur l?assistance toute entière. Une association de deux guitaristes complémentaires qui propose une ballade haute en couleurs en plein c?ur de l?Afrique et plus précisément du côté du Cameroun, le pays d?origine de Roland Tchakounté. Roland, sourire aux lèvres en permanence et Mick, regard attentif et omniprésent, peuvent se targuer d?une complicité évidente et d?une connivence affichée.
Roland joue de la guitare acoustique et chante d?une voix enjouée, profonde et poignante ses textes écrits en Bamiléké qui scintillent d?authenticité et s?illuminent de sincérité, pourtant difficile à comprendre pour un européen mais facile à ressentir pour un amateur de notes bleues.
Mick (déjà remarqué au sein du Révérend Blues Gang) s?active sur sa guitare à résonateurs, au bottleneck comme aux doigts, et dispose d?un toucher virtuose, juste, riche et fluide qui embellie le répertoire exprimé. A l?arrivée, un savoureux mélange de Blues aux sonorités africaines qui stimule les sens, remue le c?ur et prend aux tripes?
Tous les musiciens locaux présents dans la salle ne sont pas priés pour se retrouver sur quelques bons vieux standards, piochés notamment chez John Lee Hooker ou chez Jimmy Reed, des guitaristes comme Lefty Marco (de Midwest) et Laurent Choubrac (de Caps and Hats), des harmonicistes comme Samuel Blaire, Phil Adnet (du Jeff Treguer Trio) et Philippe Brière (des Hoodoomen) ont proposé de beaux et singuliers échanges. Sans oublier, Mike Lécuyer (accompagnateur de Roland et de Mick) qui entonne son célèbre « Gare du Nord » et offre la primeur, au micro et à la guitare, d?une chanson inédite, « Chaque mois », à paraître dans la compilation « Bluesy Experience » éditée par l?association rouennaise « C?ur de Blues », sortie prévue début 2006.
Un grand merci à tous ces musiciens éclairés, à Philippe Thorel pour sa gentillesse et son accueil ponctué du service énergique de la truculente Pépette. Il serait dommage de louper les prochains rendez vous, surtout que l?entrée est toujours libre et gratuite, le samedi 10 décembre avec Vleb et Gérard Tartarini et le samedi 17 décembre avec les Double Stone Washed dès 21h30. Ambiance joyeuse et atmosphère chaleureuse garanties?
Lucky Jean Luc
Photos : Jocelyn Richez
19-11-2005
Lynwood Slim
La soirée mensuelle organisée à la Scène Jean Roger Caussimon de Tremblay en France en Seine-Saint-Denis est devenue depuis quelques temps un rendez vous incontournable pour tout amateur de musique bleue de la région parisienne (et même d?un peu plus loin).
Comme à l?accoutumée, deux plateaux de qualité se succèdent et expriment toute la tonicité et la vitalité des musiciens de la scène Blues actuelle qu?elle soit Américaine ou Française.
Les Cash Box Kings tout droit venus de l?Illinois pour leur première tournée européenne reprennent principalement les grands standards du genre, entre Chicago Style et Boogie, et s?offrent quelques compositions de la même veine. Leur performance se révèle épatante de fraîcheur et stimulante du début à la fin.
Quatre jeunes musiciens talentueux qui conjuguent avec bonheur, tradition et modernité, et apportent une énergie décuplée à un répertoire toujours agréable à entendre.
Comme le prouve, l?harmoniciste chanteur Joe « Low Rollin? » Nosek trépignant et bondissant de toutes parts, qui renforce son jeu d?harmonica, limpide, vif et clair, par une présence scénique surprenante et cocasse. Jouant notamment au jeu de la question réponse, instrument en bouche, entre le micro chant et le micro d?harmo? Un sacré personnage !
Ses compères partagent tous le chant lead (une chose plutôt rare) avec réussite et ne sont pas en reste, Travis « White Lightning » Koopman à la guitare, Chris « CB » Boegger à la (slim) contrebasse et Kenny « Beedy Eyes » Smith à la batterie s?activent comme de beaux diables et se délectent visiblement à jouer ensemble. Un sentiment d?unité qui se répand sur l?ensemble des spectateurs comme une véritable aubaine à recevoir en pleine face?
L?arrivée de Billy Flynn comme invité, qui s?est produit depuis le c?ur des années 80 derrière de nombreux musiciens comme Pinetop Perkins, Otis Rush ou Luther Allison entre autres et a enregistré plus récemment avec Kim Wilson, chante avec détermination et présente un jeu de guitare précis et de mandoline électrique attrayant. Cependant il manque d?un peu de folie mais ne change rien à l?affaire, les Cash Box Kings méritent à eux seuls le déplacement et une invitation régulière à passer prés de chez nous? C?est tout le mal que l?on puisse leur souhaiter !
Le temps de souffler et de siffler une bière, changement de plateau pour accueillir Lynwood Slim qui a choisi de se faire accompagner sur cette tournée par les Rosebud Blue? Sauce qui eux même ont demandé l?appui de Julien Brunetaud. Nous étions informé de l?événement depuis fort longtemps et nous étions un peu fébriles à l?idée de retrouver une telle équipe sur scène. Fan aussi bien de l?un que des autres, nous n?avons pas été déçus. Le tapis de contrebasse habillement tricoté par Abdel Bouyousfi s?est tranquillement entremêlé des points de croix de la batterie de Pascal Delmas. Ce dernier, nouvel arrivé au sein des Rosebud est parfaitement intégré à l?équipe et sait parfaitement soutenir les envolés des uns et des autres. J?ai depuis son arrivée dans le groupe un peu plus de réticences concernant Cyril Laurent. Il m?a démontré que j?avais tort, ses interventions de saxo alliant mélodie et finesse étaient parfaitement intégrées à l?esprit. Nous avons déjà eu l?occasion de vous parler du jeu de Julien Brunetaud et ce n?est sûrement pas cette soirée qui nous fera revenir sur notre avis. Le délié de son touché me surprend à chaque fois presque autant que ses mélodie. Coté guitares, Nico Duportal semblait aussi à l?aise sur ce répertoire que sur le sien, mais au bout du compte, sont ils différents. Chacune de ses notes respirait le Swing, l?énergie et la bonne humeur. Son plaisir de jouer était évident et notre plaisir à l?écouter l?a été tout autant.
Et Lynwood Slim, me direz vous ?
Et bien il a été étonnant de décontraction, de simplicité d?aisance et de Swing. Son chant est un mélange de velours, de duvets et de vitamines c, apportant à l?auditoire douceur, chaleur et énergie qui nous ont été bien utiles pour affronter les deux heures de route dans le brouillard au retour. Il a su utiliser son harmonica à bon escient sans en abuser, laissant une large place à chacun des accompagnateurs pour s?exprimer. Il a même utilisé sa flûte traversière pour reprendre le « Tough Duff » qu?il avait enregistré avec Junior Watson sur la tartine Back to Back.
J?appréciais déjà beaucoup ce qu?il a fait sur disques cette fois je suis définitivement conquis.
Présenté ainsi, on pourrait croire que chacun a joué dans son coin, loin s?en faut. L?osmose était évidente et les accompagnements renforçaient chacun des solos, soutenant le soliste et le poussant à se dépasser. Les regards, sourires en coin et yeux qui pétilles de malice que l?on a pu surprendre nous ont confirmé qu?il ne s?agissait plus de musiciens accompagnant la vedette américaine mais d?un véritable groupe.
Merci messieurs pour cette belle soirée et merci à l?équipe des lieux autour de Michel Rèmond, d?être capable de programmer ce genre de soirées.
Lucky Jean Luc & Pascal Lob
26-11-2005
Marvellous Pig Noise
Cette nouvelle soirée organisée au Bateau Ivre, sous l?égide de l?association C?ur de Blues, sonne comme un boulet de canon dans mes oreilles attentives d?affiches prometteuses. Sous l?impulsion de Lucky jean Luc, Thomas et ses copains ont eux l?aimable audace de faire profiter le public rouennais de la venue d?un des groupes le plus excitant de l?instant, en la personne des Marvellous Pig Noise.
Afin d?ajouter au délice de l?instant, il est bon de rappeler l?excellente prestation des Sugarcane, en formule duo, qui ont eu la délicate tache d?ouvrir le spectacle. Issue d?un groupe beaucoup plus électrique, les deux acolytes guitaristes, se sont dédouaner de leurs influences de groupe afin de nous délivrer un set Blues acoustique chaleureux et très apprécié d?un public enthousiaste et provisoirement ignorant de la magie de ce qui allait suivre.
Dès les premiers accords d?une inénarrable maturité, les Marvellous Pig Noise dénotent avec tout ce qui a pu être entendu dans la région. Les différents instruments sont magiquement reliés les uns aux autres, non pas par la seule compétence du régisseur son, mais par l?osmose spirituelle de ces Magnificents Five. C?est peut-être de là que leur vient leur revendication du Gospel. De cette faculté de chanter le beau, l?optimisme, ainsi que les déboires et les peines de c?ur, qu?est né l?esprit Marvellous.
Qu?il s?agisse de Pierre Citerne (chant et harmo), de Jérôme Dusfour (guitare et chant), de Marcel Muller (basse et chant), de Nicolas Sarran (batterie et chant) ou de Mike Lattrell (clavier, mandoline et chant), tous jouent et chantent merveilleusement bien. Individuellement et en même temps, le spectacle sonore de leur musique n?a que peu d?équivalent en France. Tantôt bluesy, tantôt funky, les Marvellous Pig Noise ont séduit chacun d?entre nous. Leur grand professionnalisme musical et leur potentiel à combler nos oreilles laisseront un souvenir précieux au public ainsi qu?à Michel, le grand timonier du Bateau Ivre.
Mad Man
03-12-2005
Shaggy Dogs
Lorsqu?on est amoureux de musiques vivantes comme le Blues ou le Rock, la vie vous réserve souvent de bien belles aventures musicales.
Arrivé à Paname en fin d?après midi et ne repartant que le lendemain en milieu de matinée pour des raisons professionnelles, il parait naturel d?appeler un ami parisien pour partager une petite bouffe avec lui. Mais lorsque cet ami a depuis belle lurette plongé dans la marmite du Rock?n Blues, qu?il écume depuis les salles et les lieux enfumés de concerts, appareil photo en main, je ne m?étonne plus de me retrouver embarqué vers Etampes pour y découvrir un groupe de Pub Rock des plus énergiques et trépidants qu?il me soit donné d?entendre, j?ai nommé les Shaggy Dogs.
Pas cabots pour un rond, mais convaincus de leur passion et de leurs choix, ces quatre là délivrent un rock aux thèmes musicaux sobres et efficaces, qu?ils envoient en rafales juteuses et brutes de pomme dans le plexus pour expédier un public trémoussant dans la quatrième dimension des seventies, du sauvage Rock?n Roll déferlant des cités industrieuses et ouvrières à décoincer le cul de la fière Albion. En ces temps là, Doctor Feelgood et d?autres mauvais garçons dévergondaient la belle Angleterre, sa fausse et hypocrite virginité enfin violée. Une décade plus tôt, des combos tel Johnny Kid and the Pirates ou Fleetwood Mac lui avait déjà pas mal secoué le panier.
L?âme effrontée de Lee doit trinquer au coin du bar avec celle de Johnny Kid, le breuvage des dieux à la main, un sourire se dessinant au coin de lèvres, en voyant ces petits frenchies rendre hommage à son rock rugueux, pas très poli, et se dire que la musique des quartiers ouvriers londoniens qu?il a déversé dans les rades pas « so british » du tout n?est pas près de disparaître.
Le Pub de la Terrasse à Etampes est un bien bel endroit pour accueillir les Shaggy Dogs qui ce soir enregistrent leur concert pour nous accoucher d?un beau bébé : un cd live.
Pascal Redondo, alias Green Bullet, alterne un chant rugueux, aux intonations impertinentes avec le son âpre, parfois acide mais toujours puissant de son harmonica.
Jacker distille avec ses guitares des thèmes efficaces et des soli frappés sur son instrument de la manière la plus rock?n roll. Tout cela tourne avec la régularité d?un derviche tourneur qui entraîne le public dans sa sarabande. Avec Mike Green des Pirates et Wilko Johnson de Dr Feelgood, Jacker a de solides références.
Patrice « el Professor » Vilatte assène sur ses fûts et ses cymbales une frappe puissante qui n?est cependant jamais trop lourde. Avec la complicité et la force tranquille du souriant Toma à la basse, ils construisent une assise rythmique solide et carrée sur laquelle peuvent s?appuyer les autres comparses du groupe.
De nombreux invités les ont rejoints pour partager un ou deux titres avec eux.
A commencer par Pascal Swampini (du groupe rock Nervous Break Down) et sa stratocaster, Francis (avec ses lunettes noires pour cette nuit presque blanche) au chant, Manu Delumeau à la guitare sur un titre de Lee Brilleaux, Stéphane Andrieu à l?harmonica, Xavier Blanchard et sur un dernier titre blues au rythme enlevé, le sex-symbol Lord Tracy du groupe Jesus Volt.
Avec tout ce beau monde, les Shaggy Dogs ont animé une soirée musicale chaude et festive, Pascal Redondo et ses comparses sachant créer rapidement et durablement une complicité joyeuse avec le public.
Avec impatience, nous attendons le cd live pour retrouver toute l?essence de leur prestation et se replonger dans l?atmosphère de ce concert.
Et comme les Shaggy Dogs doivent être vus et entendus, consultez l?agenda des prochains concerts sur leur site http://www.shaggy-dogs.com/, de quoi garantir une excellente soirée en perspective.