Quelques mois après l?heureuse découverte de Sugarcane au Bateau Ivre, une nouvelle formation encore jamais aperçue du côté de la rue des Sapins à Rouen s?installe pour la première fois sur la scène du Bateau Ivre.
O?Brothers est un quatuor existant depuis une dizaine d?années, composé de musiciens originaires de Bernay dans l?Eure et du Mans dans la Sarthe, pas vraiment comme les autres. Pas seulement parce que l?appellation du combo correspond au titre d?un long métrage des frères Coën (la comparaison s?arrête d?ailleurs là) et que l?utilisation d?une flûte traversière n?est pas chose commune dans un groupe de Blues mais surtout parce qu?il se compose de deux paires de frangins, les Halby et les Reichert, ce qui explique le nom du groupe. Et cela se ressent d?emblée dans l?expression de leur musique, tellement l?unité manifeste et la complicité affichée sont au rendez vous?
Une agréable impression rejaillit de leur prestation scénique où chacun des quatre musiciens sait se mettre au service de la musicalité sans tirer la couverture à soi pour chercher à s?afficher en tant que leader. En plus, ils enrichissent de senteurs tantôt Celtes et tantôt Progressives, un savoureux répertoire de grands standards et de compositions de Blues électrique saupoudré de Boogie, de Rock?n?Roll et d?un soupçon de Reggae.
Karl (Halby) est un guitariste chanteur qui mérite d?être vu et entendu. Il a récemment remporté au sein de Buddy Blues, le tremplin 2005 du Festival Blues de Traverse de Cléon en Seine Maritime. Son chant rauque, puissant et enjoué titille le point sensible et son jeu de guitare s?affirme prépondérant et intégral, aux doigts comme au bottleneck autant en soutien rythmique qu?en solos maîtrisés.
Son compère Jean Pierre (Reichert) n?est pas en reste, il conjugue avec dynamisme et réussite des élans guitaristes salvateurs et des envolées vocales convaincantes.
L?un et l?autre s?affirment réellement complémentaires et bénéficient d?une assise rythmique permanente balancée par la basse de Jannick (Reichert) renforcé sur quelques morceaux par le djembé et la frappe des mains de Dimitri (Halby).
Ce dernier, virtuose à la flûte traversière et adepte de musique médiévale, s?en donne à c?ur joie en distribuant de séduisantes sonorités et apporte une évidente vitalité doublée d?une chaleur communicative indéniable.
Pas étonnant de voir se conclure la soirée à plus d?heure en dansant une furieuse farandole sur une Gigue Boogie endiablée distillé par O?Brothers? Un nom à retenir et un état d?esprit résolument festif à partager sur les plateaux de la région Ouest et à retrouver plus précisément dans les stations balnéaires de la côte Bretonne en juillet août prochain. Plus d?infos et quelques extraits de titres en format MP3 sur : http://www.halby.info/obrothers .
Des réjouissances amorcées avec le New Beatniks Blues Club Band où l?on retrouve deux artistes souvent présents dans la région au sein de différents groupes, Rémy Genty à la basse et à la guitare 12 cordes et Alex Mirey à la guitare (qui brille de mille feux dans Sugarcane).
Un chant lead partagé dans un registre acoustique qui offre une jolie ballade entre Folk et Blues, principalement emprunté aux Beatles et à la richesse des Blues Classics pour séduire un auditoire plutôt clairsemé? Pourtant la soirée fut belle et méritait assurément le déplacement.
Lucky Jean Luc
17-01-2006
Bjorn Berge
Il est vrai que la venue de Bjorn BERGE, dans la commune de mon adolescence, est pour moi un immense plaisir. La musique de cet artiste norvégien va bien au-delà du label blues qui le suit. Jouant seul sur scène et sur disque, l?inspiration électro-acoustique du colosse scandinave va également puiser sa source dans le hard rock, le funk et le hip hop. Bjorn BERGE, en live, c?est de l?énergie pure. Sa technique est basée sur le picking et le bottleneck empruntée au blues, mais agrémentée de clins d??ils pertinents à Black Sabbath, à Red Hot Chili Peppers ou à Motörhead.
Que ce soit sur sa six ou douze cordes Takamine ou sur sa Jaguar Fender, Bjorn sait retrouver l?essence d?un morceau afin de lui redonner forme dans son style si personnel. Un pad grosse caisse midi lui permet de marteler le tempo du morceau tout en assurant la basse et l?harmonie à la guitare. Il est également d?une grande efficacité à faire vivre le spectacle par son humour et son langage riche de fuck truc ou fuck machin. Sa redoutable maîtrise du rythme et son chant rocailleux parachèvent l?idée que je me fais d?un artiste seul sur les planches.
Keep it greasy, Thursday, Ace of spades et Black Jesus, sont quelques morceaux repris de son album St Slide, fidèle miroir de son engagement scénique. Avec Bjorn BERGE, l?équipe de programmation culturelle de la municipalité de Canteleu a mis le compas dans le mille.
Mad Man
09-02-2006
The Hoodoomen
Cette soirée de février 2006 restera dans ma mémoire pour longtemps. D?abord parce qu?à l?idée de revoir ce groupe, je me doutais que j?allais passer une belle soirée, et aussi parce que ma curiosité m?emporta vers un endroit où je ne m?attendais absolument pas aux sensations que j?allais vivre.
Sorti de ma province, je me retrouvais sur le quai de la gare St LAZARE en direction du Club DROUOT. Une visite parisienne un soir d?hiver?.rien de tel pour vous ravivez les méninges. Ne connaissant pas particulièrement la capitale, je dois dire que trouver l?endroit à pourtant été un jeu d?enfant. Vous suivez les plus beaux boulevards (du point de vue architectural) et vous vous retrouvez nez à nez avec?..un restaurant de la compagnie italienne de restauration et là vous vous dites que vous avez dû vous « gourer » d?adresse. Et bien non, après une vague hésitation votre regard se portant sur la droite de la façade, vous découvrez un accès vous invitant à entrer dans l?antre de ce nouvel endroit, j?ai nommé le Club Drouot. Quelques marches à descendre (soixante ans auparavant, des musiciens plutôt R?n R?, montaient les marches pour s?acquitter de leur prestation et certains en profitaient pour rester en haut de l?affiche), une lourde double porte battante à pousser et se présente à vous un endroit chaleureux et vraiment convivial, une salle de concert où vous ressentez tout de suite une certaine sérénité. Peut-être est-ce là la récompense pour un certain Philippe GRANCHER qui en sa qualité de « prog » veille particulièrement à ce que tout le monde se sente bien. Tout le monde?.mais surtout les musiciens. La formule du lieu est intéressante : faire se produire tous les jeudis soirs à partir de 19h30 les meilleurs groupes Blues de France sur une scène parisienne.
Il était donc normal que nos amis les Hoodoomen soient confirmés au moins dans ce lieu dans leur qualité de meilleur groupe et pour qui connaît les Caennais, autant dire que nous n?en doutions pas un seul instant.
Mais ce soir là, c?est une nouvelle formule des Hoodoomen qui se présente devant nous. La parution officielle de leur nouvel album, Tribute, dans quelques jours, le troisième en quatre ans et l?écoute de l?enregistrement de cet album ne faisait que monter en moi l?impatience de les entendre en live.
Je dois dire que celle-ci fut bien récompensée. D?abord, le groupe s?affiche avec cinq musiciens : le groupe traditionnel auquel Drew Davies (saxe ténor) est venu se joindre pour l?occasion. L?intro du premier set, In The Wee Hours, se joue avec beaucoup de métier, une montée en puissance douce, sûre, afin de mieux appréhender l?auditoire. A l?entame du second titre, Mellow Down Easy, je me rends compte que l?apport du sax ajoute alors au groupe une nouvelle couleur, un soutien sensationnel dont se joue parfaitement Philippe Brière avec une belle complicité entre sax, harmonica et guitare. Les compères Francis Marie (drums), Eric Lebeau (basse) et Pascal Fouquet (ayant pour l?occasion adopté un nouveau look à l?image du nouvel album) donnent au groupe une homogénéité qui ne sera jamais démentie pour le reste de la soirée. Les nouveaux titres s?enchaînent, parmi eux : Too Late, joué dans une tonalité plus adaptée à la puissance de la voix de Philippe Brière ; une version revue et corrigée de Stand by me, Blues With a Feeling joué avec un son un peu plus saturé ou un peu plus riche en « tongue blocking (pour les amateurs) donnant vraiment l?ampleur du nouvel album.
Le deuxième set démarre en trombe. Le public acquit à la cause d?un blues des années 50 le fait bien comprendre. Je n?étais pourtant pas au bout de mon émotion quant à l?occasion d?une improvisation totale dans ce set, Drew Davies pris l?initiative d?emmener dans un rythme endiablé le groupe sur un morceau que je qualifierais de tout à fait exceptionnel. Ce garçon au talent et à la virtuosité impressionnante a littéralement décoiffé la salle. Il fallait toute l?expérience d?un Pascal Fouquet et d?un Francis Marie renforcée par la basse attentive d?Eric Lebeau pour suivre le saxe ténor de cette nouvelle recrue dans son délire : impressionnant, redoutable, en plein sur un nuage porteur de grandes espérances pour ce groupe déjà bien familier des scènes françaises et internationales. S?enchaîneront encore Juke pour les vrais amateurs et One More Time interprété magnifiquement par Drew Davies.
Les applaudissements chaleureux du public soulignaient bien là, la qualité de la prestation du groupe. Les couples de danseurs improvisés envahirent d?ailleurs très vite tous les espaces disponibles entre les tables pour participer à la fête.
Pour les irréductibles qui auraient pu se laisser à penser que, bon après tout, le Blues n?est jamais que du Blues, Philippe Brière asséna le coup de grâce dans l?interprétation de Hate To See You Go dans un jeu très remarqué entre son ampli Kalamazoo et une certaine idée de l?utilisation de l?effet de larsen obligeant d?ailleurs l?artiste à jouer dans une position pas forcément conforme aux bonnes meurs de la déontologie vertébrale.
Bref, du grand, du beau, du chaleureux Hoodoomen avec leur musique West Coast, bien comme on les aime.
C?est avec regret que le moment fut venu de quitter cette salle merveilleuse pour rentrer, avec dans ma tête des images et des sons que je n?avais encore jamais entendu de ce groupe aux qualités décidemment très remarquables.
Un retour vers Rouen, non sans me dire pendant le trajet, que cet endroit deviendra un site incontournable dans la programmation parisienne.
Pour en savoir plus sur le Club Drouot : http://surlaroute66.free.fr/Depart/reportages'18.htm
Ricky Bluesfeeling
Photos : Didier Chaumier
11-02-2006
Barrence Whitfield
Ce n?est pas la première fois que L?Oreille Bleue a l?occasion de vivre d?agréables sensations en voyageant au c?ur de la région Nord Pas de Calais.
Par le passé, de Grande Synthe à Calais, de Wimereux à Marcq en Baroeul, il nous a été permis de découvrir des artistes talentueux, des lieux appropriés et autant d?ambiances chaleureuses qui vont avec.
Cette fois-ci, c?est la commune d?Aulnoye-Aymeries, située prés de Valenciennes et de Maubeuge, qui s?offre, par l?intermédiaire de son service culturel, une journée toute entière consacrée à la musique enregistrée et vivante.
Pour bien débuter la journée, la 5eme édition de la foire aux disques occupe la médiathèque de 10 à 18 heures et rassemble un large éventail de disques vinyls en tous genres qui côtoie sans rougir les supports plus modernes audios et vidéos.
Ainsi, d?un stand à l?autre, Stone et Charden s?affaire avec Motorhead, le pick up se pacse au laser, Louis Jordan s?adjoint à Sid Vicious, le saphir se confronte au pixel.
De quoi satisfaire le collectionneur acharné, l?amateur éclairé et le quidam esseulé.
Dés 19 heures, le théâtre Léo Ferré ouvre ses portes, le bar est rapidement investit et l?atmosphère se réchauffe, une chose est sûre, la quatrième mouture de Lâche pas la Patate brasse du monde?
Des Dj?s, installés aux platines dans la salle, amorcent leur set à grands coups de 45 tours collectors savamment sélectionnés avant l?arrivée sur scène des Belges de Seatsniffers.
Un combo énergique et speedé, remarqué et apprécié en 2002 au Cahors Blues Festival, qui propose un style personnel inspiré du Rock?a?Billy des origines avec des pointes de Country Music et de Rhythm and Blues.
Des morceaux courts, denses et puissants qui font vibrer le plexus et secouent la moelle. Walter Bröes, Gibson ½ caisse en bandoulière entraîne dans son sillage les saxophones basse et baryton de Roël Jacobs, comptant, l?un et l?autre, sur les fûts et les cymbales du trépidant Piet de Houwer et les cordes scintillantes de la contrebasse de Jack Fire. Le chant fringant partagé à trois entre Walter, Roël et Piet, convainc définitivement des arguments certains de cette solide formation.
Le temps d?une pause animée par la charmante Didjette Baby Soul, les Seatsniffers reviennent sur scène en soutien de Barrence Whitfield.
Nouvelle tenue et registre quelque peu différent mais énergie identique couplée à la voix dévastatrice et aux cris ravageurs de ce formidable showman de Boston qu?est Barrence Whitfield pour son unique date en France.
Un premier morceau très Rock?ab fait place progressivement au registre Rhythm and Blues incendiaire des albums eighties comme « Let?s Lose It » ou « Dig Yourself » gravés par le personnage.
Les yeux écarquillés et les oreilles attentives ne sont pas de trop pour décrire la claque magistrale reçue joliment mise en son et en lumière.
Parcourant les planches d?un bout à l?autre, Barrence invective l?assistance et déverse sa hargne sur des titres aussi explicites que Shame on You, Mad House ou King Kong.
Pas de répits pour personne : ni pour les musiciens (Boogie à donf?), ni pour le public (jet d?eau fraîche sur la tête), ni pour lui même (bagarre avec le n?ud du fil du micro emmêlé autour du pied).
Quelle indéniable présence charismatique !
Comme l?a si bien dit André Leroy, organisateur et présentateur de la soirée : « Inutile de crier, Barrence Whitfield criera plus fort que vous ! » Waaaaaaaaaaou !
Intermède bienvenu de microsillons craquants à souhait, histoire d?assurer une transition toute en douceur avant de suivre la prestation des Jim Murple Memorial, venus de la région parisienne.
Présenté comme les spécialistes de Jamaïcan Rhythm and Blues aux accents prononcés de Ska et de Rock Steady, les JMP ne peuvent également laisser insensibles les amateurs de Swing et de Rhythm and Blues 50?s.
Chanteuse pétulante, association judicieuse entre guitariste manouche et guitariste électrique, contrebassiste et batteur complémentaires, saxophoniste et trompettiste chahuteurs forment un collectif de musiciens vrais et concernés.
Des compositions (en anglais et en français) résolument festives, stimulantes et dansantes qui rassemblent au-delà des adeptes de Rastafari tant le cocktail proposé est riche d?ingrédients savoureux et variés.
Pour conclure la soirée dans le même esprit, les platines de Gaz Rockin?Blues Mayall (fils de son père de bluesman) diffusent des galettes insensées où se mélangent Soul, Reggae, Jump, Blues et Rock?n?Roll et stimulent les derniers irréductibles.
2h30 du mat?, rassasiés et heureux, il ne nous reste plus qu?à remercier toute l?équipe d?organisation qui par cette programmation éclectique a convié un nombreux public bigarré de tout âge et de tous styles. Une réussite en de nombreux points?
A la prochaine dans l?Schnord !
Mad Man & Lucky Jean Luc
11-03-2006
Junior Watson
Fred Chapellier
La programmation de la sale Jean-Roger Caussimon est attirante et malgré la distance, nous nous sommes encore fait prendre dans ses filets.
C?est à Fred Chapellier d?ouvrir le bal, accompagné d?Abder Benachour à la basse, de Patrick Machenaud à la batterie, de Damien Cornélis au clavier et enfin de Lorenzo Sanchez à la guitare. Basé sur ses compositions, le show de Fred, bien que d?une très grande qualité, ne nous a pas complètement séduit. Peut être est ce du a ses textes en français, mais nous sommes restés un peu dans l?attente, comme si le show avait été trop court pour qu?il décolle vraiment ou plutôt non, le show à décollé et le public était conquis, c?est nous qui n?avons pas suivi. Pourtant les guitares d?inspiration Texas Blues collaient à merveille avec une basse batterie ronflante et des nappes de clavier planantes. Nous étions probablement les seuls à ne pas être conquis, tant pis pour nous.
La carrière et l?empreinte de Junior WATSON dans le blues moderne sont sans conteste. Après trente années à arpenter les planches au côté de groupes comme Canned Heat ou the Mighty Flyers, ou accompagnant Big Mama THORTON, Charlie MUSSELWHITE, Kim WILSON ou notre regretté William CLARK, Junior WATSON nous fait l?honneur de poser son étuis guitare et de jouer du manche pour le public venu remplir la salle de Tremblay.
Bien qu?il dispose d?un sérieux organe vocal, dont il nous servira quelques amuse-gueule, c?est le flamboyant John NEMETH qui assure le chant lead. Costume noir et chemise blanche de gala, le sieur NEMETH est de cette race d?artiste classe qui sait me ravir par d?un côté, sa technique et d?un autre son charisme. De sa voix chaude et du son électrique de son harmonica, typique des bluesmen de la côte-Ouest américaine, il envahit l?espace sonore avec une telle décontraction, une telle quasi-suffisance qu?il frise un certain branleurisme croonerien. Mais c?est aussi ça le show made in USA. Il sait néanmoins se mettre en retrait, pendant les chorus de Junior WATSON, afin que les yeux de l?assistance ne se focalisent que sur le maître de la six cordes.
Quel plaisir de voir ce musicien sortir tous ces enchaînements d?accords borderlines et terriblement jazzy et blues à la fois, tous ces turnaround sophistiqués, toutes ces rythmiques brisées et syncopées afin de produire des effets d?une grande richesse émotionnelle.
Junior WATSON semble avoir le goût du risque. Il ose tout, au point d?être obligé de lancer quelques gros signes aux autres musiciens afin de ne pas finir en sucette. Sans son immense talent et sans une confiance évidente dans la réactivité de ses comparses, nous n?aurions pas assisté à ce déferlement de brisures rythmiques et à une telle dose d?inattendu.
Les Rockets, quant à eux, ne sont pas très lookés, mais se démarquent par leur générosité et leur engagement au service de l?ensemble. Composé du batteur Wes STARR, du contrebassiste Eric PRZYGOCKI et du piano-organiste John STREET, le trio a grandement contribué au déroulement sans faille de cette démonstration de blues dans la tradition des maîtres californiens. A remarquer, en rappel, la reprise du célèbre When the saints go marching in. Peut-être un hommage au stand tenu par Philippe RENAULT, au profit des musiciens sinistrés de la Louisiane ? Pour sur, qu?elle belle soirée.
Lorenzo Sanchez
Junior Watson
John Nemeth
Pascal Lob & Mad Man
Photos : Jocelyn Richez
05-05-2006
Giles Hedley
Giles Hedley
Vendredi 5 mai et samedi 6 mai a eu lieu deux soirées uniques.
Giles HEDLEY et Christophe PELISSIE jouent le Blues, mais pas n?importe quel Blues. Il s?agit du Blues traditionnel, le Blues du Delta.
On ne sait définir avec exactitude les origines de cette musique, mais ce qui est sur c?est qu?après une si grande traversée dans les âges, une si longue, et quelques fois, si douloureuse existence, le Blues traditionnel est toujours présent dans la mémoire collective. Et on ne peut que se réjouir que cela se passe en France et encore plus lorsque cela se passe à Rouen.
Ces soirs là, j?ai rendez-vous avec une grande partie de l?équipe de vos serviteurs (l?Oreille Bleue). Nous avons rendez-vous dans un café comme il en reste peu à Rouen. Authentique, fidèle à la mémoire des bistrots d?antan, haut de plafond, une salle de 30 à 40 couverts dont les habitués se retrouvent régulièrement. Une ambiance chaleureuse, détendue, un accueil convivial, c?est en tout cas le parti pris que tient tous les jours le maestro du lieu, Michel MALCKOWIAK, ancien responsable de communication, puis journaliste. Michel aime la musique ; plutôt sélectif dans ses choix il reste très ouvert. « J?attache une grande importance à distiller pour ma clientèle des soirées à thèmes de qualité ». Bien lui en pris car les quelques privilégiés qui ont réservé leurs places au café de l?époque se souviendront longtemps de cette tranche de vie particulière.
D?une voix chaude, d?un timbre profond, d?une passion résolument traditionnelle, l?homme qui se présente au public est très attachant, simple, généreux et affublé d?un humour très british ce qui ne gâche pas la fête. Citoyen britannique, Giles HEDLEY 60 ans a déjà fréquenté la scène rouennaise, notamment au Bateau Ivre et à la Traverse. Habitué des scènes anglaises où il réside, l?artiste n?est autre que le réfèrent du Blues traditionnel outre - Manche.
De nombreuses émissions de radios, de nombreux festivals, il n?en finit pas de mener en solo ou avec son groupe The Aviators, sa route tout au long du circuit blues en Angleterre et en Hollande, se retrouvant sur les mêmes scènes que Mike SANCHEZ ou Nine Below Zero entre autres. Etonnement, Giles n?a pas encore croisé la note bleue sur les scènes U.S.
Les années 80 sont décisives pour lui, le Blues ne fait pas vivre son homme, il vend même ses guitares. Une rencontre inespérée avec Bob Morgan, lui a ouvert alors un autre horizon?.. Et quel horizon !
Dans les années 90, une nouvelle rencontre avec Christophe PELISSIE agit comme un coup de c?ur. Christophe ou Pélo, rouennais, est déjà très connu dans le milieu de la musique, guitariste de Rock en Stock pendant quelques années, puis guitariste du groupe Infernal Blues Machine. « Pélo?. c?est un guitariste impressionnant de talent, une usine à fabriquer les notes sur le manche de sa guitare » se rappelle Michel, le patron, qui depuis longtemps déjà a dans l?idée de remettre sur scène celui dont Giles HEDLEY ne tarit pas d?éloge : « Christophe est un guitariste de génie? »
Peu avant 21h00, c?est Giles HEDLEY qui débute le 1er set pour une trentaine de minutes. Une demie heure pendant laquelle le public de connaisseurs qui constitue la salle, commence à prendre la mesure du talent de ce personnage.
Seul, assis face au public, sa guitare en mains, qu?elle soit de six ou de 12 cordes, son goulot de bouteille de cidre au doigt, accompagné à l?occasion de son harmonica. Le son grave d?une voix puissante et rude donne le ton en quelques instants. Incontestablement, nous allons assister à un grand moment de blues.
Puis c?est le temps du dîner, savoureux dîner, fait de finesse, de recherche, de création concocté par le chef de cuisine Jean Pierre RIMPAULP, un vosgien, l?un des trois meilleurs choucroutier de France, classé 3ème derrière les plus grands noms de notre cuisine française, j?ai nommé Mrs. BOCUSE et les Frères TROISGROS excusé du peu, et qui officie pour le plus grand plaisir des convives au Café de l?Epoque. (à quand la soirée choucroute ?)
Après le dîner, le deuxième set démarre. Giles HEDLEY libère tout son talent, un jeu de guitare authentique, subtil, une voix venue des profondeurs de l?âme, la salle revit alors l?émoi du Blues du Mississipi. (R. Johnson- Son House ? Sonny Boy Williamson II, Willie Mc Tell) leurs âmes planent au dessus de nos têtes. C?est l?extase! Mais le maître, m?en bouche un coin lorsqu?il se mets à jouer de son harmonica (de ses harmonicas devrais-je dire, basse dans la bouche et traditionnel sous la narine !) non seulement l?artiste excelle au chant, à la guitare, mais il est aussi un fameux harmoniciste, un spécialiste du jeu nez - bouche et croyez moi, il faut l?avoir vu pour le croire. Vraiment impressionnant, d?une prouesse technique que je n?ai encore jamais vu à ce jour!
C?est au cours de ce 2ème set que Giles invite Christophe PELISSIE pour un jeu à deux guitares, l?un accompagnant, l?autre chantant et lui répondant de ses accords précis, et comme si il ne s?agit là que d?une représentation entres- amis, Christophe se permet même quelques accompagnement au piano entre deux accords de guitare. Quel régal? Bien évidemment c?est sous un tonnerre d?applaudissements que sont demandés les rappels.
La soirée de samedi se passa de la même manière, à la différence prêt, que j?ai observé une salle extrêmement attentive, où pas un bruit n?a fusé au cours du 2ème set. L?esprit de ce Blues si riche et si rude est entré en chacun des convives.
Autant dire que ces soirées ne sont que plus révélatrice d?un immense talent et pour ceux qui ont eu le bonheur de réserver leur table à cette occasion, ce fut un grand moment.
Cet artiste très humble est sans doute le plus grand Bluesman Européen qu?il m?a été permis de rencontrer.
Giles Hedley et Christophe P?lissi?
Ricky Bluesfeeling
Photos : Lucky Jean Luc
14-07-2006
Awek
C?est par une belle et chaude journée d?été, en suivant les panneaux indicateurs « Au Martin Pêcheur » jonchant les chemins champêtres du Loiret à partir de la commune de Nargis, sans avoir peur de rouler jusqu?au « bout du Monde » pour stimuler son imagination fertile, que la découverte de cet endroit unique et magique, répondant au doux sobriquet de cet oiseau dévoreur de poissons, s?est réalisée.
Juste là, au bord du canal du Loing à deux pas de l?écluse de Montabon, où le temps semble s?être arrêter pour toujours et la réelle tranquillité comme seule raison de se manifester, se dresse une bâtisse imposante, où flotte le drapeau écossais, qui vous ouvre ses portes de midi à 1 heure du mat?.
Pour boire un coup (voire plusieurs !) ou pour se restaurer, à l?intérieur comme sur la terrasse, le supporter de l?équipe à l?emblème du chardon, Pete et sa compagne Sylvie, entourés d?un pétulant duo féminin au service, vous reçoivent en arborant un sourire aussi resplendissant que naturel.
L?histoire pourrait s?arrêter ici et mériter une chronique dans un guide touristique mais la passion du maître des lieux pour le spectacle vivant et la musique live permet, non seulement de se rassasier le gosier et de stimuler les papilles gustatives mais aussi de combler nos oreilles attentives et d?illuminer nos regards écarquillés.
Tellement enthousiaste le bougre qu?il fait filmer chaque événement et le diffuse en direct sur une petite télé située dans le pub pour être sûr de ne pas en manquer une miette?
Ainsi, tous les quinze jours où presque, les meilleurs musiciens du moment font une halte remarquée à Nargis comme les quatre Toulousains d?Awek en ce jour de fête nationale.
A cette époque de l?année, les formations se produisent en plein air, protégées par la grande toiture de l?appentis, où trône un barbecue magistral qui brûle chaque vendredi et samedi pour satisfaire les convives installés devant la scène sur de grandes tables et des bancs en bois propices à la décontraction et à la convivialité. Dépaysement, simplicité et authenticité garantis !
Pas toujours évident de jouer devant des gens qui veulent s?en mettre plein la cantine mais Awek dispose de suffisamment d?arguments pour convaincre les initiés comme les profanes, les affamés comme les rassasiés. L?ambiance est montée, les verres se sont vidés, les grillades consommées et l?assistance s?est régalée?
Rien d?étonnant quand on sait que cela fait douze ans que le groupe parcourt les routes de France et d?Europe, dans un premier temps en formule Power Trio (avec le chant et la guitare de Bernard Sellam, la basse de Joël Ferron et la batterie d?Olivier Trébel) qui a faite ses preuves en martelant un registre Blues Rock costaud et enflammé.
Mais depuis deux ans qui coïncide avec l?arrivée au sein du groupe d?un harmoniciste, Stéphane Bertolino, le registre proposé se (re)plonge vers les racines du Blues avec l?utilisation recherchée d?instruments « vintage » et d?amplis « d?époque » à la sonorité chaude et particulière.
Du Swing au Chicago Blues, de la West Coast au Shuffle, les styles explorés s?affichent comme autant d?offrandes à saisir sans retenue.
A commencer par les quatre protagonistes, soudés et disponibles pour tous, qui façonnent ce répertoire, aussi diversifié qu?enjoué, riche de nombreuses compositions.
Bernard Sellam s?impose en chanteur démoniaque, aux timbres de voix modulés, du grave à l?aigu, et en guitariste concerné et inspiré dont le feeling décuplé et les mimiques affichées transmettent tout le dynamisme emmagasiné.
Bénéficiant d?une rythmique salutaire confectionnée par les quatre cordes d?un Joël Ferron bondissant et les deux baguettes d?un Olivier Trébel irréfutable, la machine s?emballe et le groove s?installe.
Stéphane Bertolino n?est pas en reste, il a audiblement trouvé sa place et distille des interventions judicieuses qui enrichissent la matière constituée.
Une complicité jamais démentie et une confirmation du talent de ce combo, qui se situe depuis bien longtemps parmi les meilleurs rencontrés en concert dans l?hexagone.
Aujourd?hui au Martin Pêcheur, programmation à découvrir sur www.lemartinpecheur.com , demain certainement prêt de chez vous, il n?est que trop conseillé de se déplacer ou à défaut d?aller découvrir leur musique sur www.awekblues.com .
Lucky Jean Luc
17-09-2006
BB King
Si il avait fallu trouver un titre à cette chronique, cela aurait sans doute été : « De la difficulté de chroniquer le concert d?une légende »? Les choses se compliquent d?autant plus que je suis un fan absolu de BB King? Alors, mettons fin à tout suspens dès cette introduction : si je suis fier, ému d?avoir assisté à ce concert, je sais aussi que je n?ai pas vu le concert d?un musicien au sommet de son art. Pour être tout à fait honnête, je le savais avant même d?avoir entendu le timbre si caractéristique de Lucille : venir chercher le flamboyant BB King de « Live In Japan » était illusoire?
L?opportunité était quand même trop belle ! BB King à Paris pour l?avant dernière date européenne de son « Farewell Tour », je ne pouvais laisser passer l?occasion. En effet, à maintenant 81 ans, cette immense artiste a pris la décision (bien légitime) de faire ses adieux à l?Europe et de ne plus tourner exclusivement qu?aux Etats-Unis. Pour ses adieux à la scène parisienne, c?est le Zénith qui a été choisi. Je n?aime pas et je crois que je n?aimerai jamais cet austère « hangar » à l?acoustique assez déplorable. Toujours est-il que, en ce dimanche soir, le Zénith est plein à craquer. Le public, composé de connaisseurs et de néophytes, semble tout entier acquis à la cause du mythe avant même qu?une seule note n?ait retentie.
Durant deux heures, BB King et son groupe vont livrer un show parfaitement rôdé, avec les ingrédients habituels, inhérents à ce genre de concert. Premier « défi » pour le Band: faire monter la pression et chauffer la salle en attendant l?arrivée de Lucille et de son propriétaire. Conduit par l?imposant trompettiste et chef d?orchestre James Bolden alias Dr. Boogaloo, les huit musiciens proposent en préambule deux instrumentaux dans lesquels l?orgue Hammond et les cuivres s?illustrent. C?est ce moment que choisit BB King pour faire son entrée en scène, ovationné par les 6 000 spectateurs debout. Premier constat (assez peu surprenant), dès les premières notes : le bonhomme a perdu de sa vélocité. Il faut dire que le « Let The Good Time Roll » lancé à un tempo d?enfer par l?excellent Calep Emphrey Jr à la batterie ne pardonne pas et le légendaire guitariste visiblement peu à l?aise ne traîne pas en longueur. Rusé, BB King use d?autres artifices et finit de se mettre la salle dans la poche en se lançant (trop souvent à mon goût) dans d?interminables plaisanteries et bavardages. Au rayon des boutades, imaginant les articles du lendemain, il conclut par cette remarque : « B.B. King était très bon ce soir mais il a parlé toute la nuit et il n?a pas joué »? Il serait évidemment injuste et inexact de prétendre que cette déclaration est totalement fondée, même si elle n?est pas dénuée de pertinence? Toujours est-il que la musique proposée est plutôt agréable. Le répertoire ne réserve aucune surprise : BB King livre à son public les cultissimes ou standarissimes (c?est selon !) « Thrill Is Gone », Key To The Highway », « Why I Sing The Blues », « Rock Me Baby » ou encore « Blues Man ». La voix est toujours superbe, chaleureuse et puissante. Deux authentiques moments de bonheur se dégagent : « You Are My Sunshine » et l?instrumental « You Know I Love You » sur lesquels BB King excelle. Ce dernier morceau permet de se rendre compte qu?il n?a rien perdu de son légendaire vibrato main droite et restera gravé dans ma mémoire comme un des plus beaux moments musical qu?il m?ait été donné de vivre. Le concert s?achève au bout de deux heures sur « Guess Who ». Laissant le soin à ses musiciens de livrer les dernières mesures, BB King, après près de deux heures de show, quitte la scène sous les vivas du public parisien.
A l?heure de mettre un point final à ces quelques lignes, que dire ? Le show proposé par ce grand maître du blues, sans atteindre des sommets, reste un spectacle de qualité. Sur la route du retour vers les vertes collines normandes, je ne fus gagné par aucune frustration, aucune déception. J?avais et je garde toujours cette impression d?avoir vu un très honorable bonhomme sans doute conscient de ses limites, mais qui a le mérite de ne pas tricher avec son public. Ce n?est déjà pas si mal !
Nicolas
21-10-2006
Gary Primich
Touchez Pas Au Grisbi
Touchez pas au Grisbi (F) et Gary Primich (USA) and The Wildcards (GB)
De retour, en ce doux mois d?octobre, en Seine Saint Denis, à la Scène Jean Roger Caussimon de Tremblay en France, lieu dans lequel nous avons pris l?habitude de vivre de belles sensations, pour l?ouverture de la programmation Blues saison 2006/2007 : à l?affiche, les locaux de Touchez pas au Grisbi et l?américain Gary Primich, accompagné par les britanniques de Wildcards, pour son unique date en France !
Découvert en novembre 2005 au tremplin Blues sur Seine de Mantes et lauréat du prix Sacem récompensant les meilleurs textes en français, le groupe Touchez pas au Grisbi ne manque pas d?arguments pour interpeller, séduire et convaincre.
Un look d?enfer de rigueur, costards noirs, chemises blanches, pompes bicolores et lunettes fumées plongent l?auditoire en plein c?ur des années 50 et 60 à tel point qu?il ne serait pas étonnant qu?ils planquent sous leurs vêtements un (gros) calibre et que des p?tites pépées les attendent dans les coulisses?
Mais pour l?instant, c?est de leur univers musical qu?il est question, des compositions entre Blues et Rock?n?Roll, dopé au Swing et au Rockabilly, pour un répertoire original, chanté en français, drôle et imagé, qui ne tombe jamais dans la facilité. A cela, il faut ajouter un surprenant Medley Disco-Funky et des reprises bien senties comme Summertime Blues, Route 66 ou New Orleans (tirée de la B.O. du film Blues Brothers 2000).
Ludovic Grden ne manque pas de gouaille au chant et s?affirme avec doigté à la six cordes, Goran Stojanovic à la basse et Pierre-Olivier Lair tiennent la baraque rythmique quand les phrasés incisifs d?harmonicas de Gilles Marsalet font mouche.
Un authentique appel du pied pour se mettre à danser, certains d?entre nous ne se sont pas fait prier?
Ce jeu de scène communicatif à l?humour décapant ne peut laisser indifférent et l?enregistrement vidéo effectué ce soir-là s?inscrivent véritablement comme une attrayante carte de visite et un clin d??il, à peine voilé, au genre cinématographique de cette époque. Applaudissements bienvenus et sourires affichés, pour les flingues et les frangines, nous irons vérifier plus tard?
Juste le temps de siroter une bonne mousse brassée Outre-quiévrain pendant que les techniciens installent le backline avant l?arrivée de Gary Primich, harmoniciste chanteur et compositeur né à Chicago, soutenu, pour cette tournée européenne, par les grands bretons de Wildcards.
Si le registre Blues West Coast/Jump/Swing de Gary Primich constitue la trame principale de la soirée, l?interprétation musclée des quatre britanniques marque une différence, avec les derniers enregistrements chez Antone?s ou Electro-Fi du résidant du Texas, par l?originalité des instruments utilisés sur scène et surtout par le volume sonore décoiffant du combo.
Le jeu acéré et mordant de Vince Lee, équipé d?une guitare électrique au gabarit peu commun s?affirme complémentaire des envolées stimulantes de la ½ caisse électrifiée et surdimensionnée de Martin Wowles.
Les shuffles tenaces et les breaks inventifs de Kevin Crowe sur ses fûts et les métronomiques touchés aériens d?Al Wallis sur son étonnante basse à résonateurs confirment la solidité de la formation et permettent au leader de s?exprimer sans retenue.
Les phrasés d?harmonicas aussi puissants que nuancés, enrichis par une technique irréprochable et un feeling perceptible, nourris auprès des maîtres du genre du South Side de Chicago, mettent en valeur la voix modulée et enthousiaste de Gary Primich qui contrôle les mises en place et exprime pleinement son sens du show.
Dés les premières notes, impossible de ne pas s?enquérir de quelques hochements de tête et autres mouvements de pieds avant de frapper dans ses mains en rythme et de succomber aux déhanchements du bassin jusqu?à la dernière joute bluesicale.
La salle, copieusement garnie et visiblement satisfaite, s?empresse d?offrir une ovation appuyée et bien méritée à cette performance.
Voilà qui doit combler Michel Rémond, ainsi que toute l?équipe de la Scène Jean-Roger Caussimon, et nous motiver pour assister aux prochains plateaux (exclusifs) comme celui du 13 janvier 2007 intitulé French Harp Summit. Un spectacle complet autour du ruine babines à voir et à partager. C?est sûr, nous en reparlerons?
Ludovic Grden
Stan Stojanovic
Gilles Marsalet
Gary Primich & The Wildcards
Gary Primich
Vince Lee
Martin Wowles
Al Wallis
Gary Primich
Lucky Jean Luc
Photos : Christian Rock
08-12-2006
Giles Hedley
Second incursion dans le monde du Blues pour Michel, le patron du Café de L?époque à Rouen. Notons qu?il a profité de l?occasion pour tapisser les murs avec les toiles de Charles Ducroux et quelques pochettes de vieux vinyles qui collent parfaitement à l?esprit musical de la soirée. Pour la seconde fois il a convié Giles Hedley pour cette soirée Blues, mais cette fois il partage la scène avec Simon Prager.
C?est d?ailleurs ce dernier qui ouvre les hostilités pour égailler notre l?apéritif. Autour d?une guitare picking de belle tenue, Simon place une voix assez haute sur des reprises de vieux standards qui lui vont comme un gant. Malgré quelques imperfections avec la langue française, il présente les morceaux avec humour, racontant quelques anecdotes sur la vie de l?un ou de l?autre avant de jouer le titre. Il développe une énergie et un plaisir de jouer communicatif.
Puis il cède la place à Giles Hedley. Son jeu de guitare picking, slide et harmo sont au service de cette voix profonde et chaude qui me remue les tripes. Étonnamment, il puise dans un répertoire assez proche de celui de Simon, mais lui donne un relief différent, une autre vision qui rend les deux prestations complémentaires et qui nous amène tranquillement vers la pause et donc le repas.
Après le dessert, Simon reprend la scène pour deux ou trois titre, puis il est rejoint par Giles puis par Christophe Pélissié à la guitare ou au LapSteel. Leur plaisir est évident et communicatif, le niveau musical est élevé et même si les trois guitares s?emmêlent un peu par moment tout le monde est ravi, que demander de plus.
Espérons que l?expérience se renouvelle un peu plus souvent.
Pascal Lob
16-12-2006
Keith B Brown
Roland Tchakount?
Décidément, les soirées Blues organisées à la Scène Jean Roger Caussimon de Tremblay en France accueillent de belles chambrées. Il faut dire que les plateaux proposés sont souvent de qualité et que le public a pris maintenant l?habitude de se retrouver sur place.
Pour conclure cette année civile, l?affiche promet d?un coup d?oeil d?être alléchante avec Roland Tchakounté et Keith B. Brown qui se produisent dans le cadre du festival Africolor.
Roland Tchakounté a trouvé une place bien méritée au sein de la scène Blues hexagonale, à tel point qu?il a été choisit pour représenter la France début février 2007 à l?International Blues Challenge de Memphis.
Ses chansons, interprétées en Bamiléké (langage originaire du Cameroun) ne laissent jamais indifférentes, elles donnent le frisson et marquent l?âme de l?auditeur un minimum réceptif.
L?émotion vraie et palpable n?est jamais très loin, installée entre les notes, flanquée derrière les mots ou cachée sous les lunettes de Roland.
Apre, puissant et tout simplement beau, l?univers de Roland Tchakounté, entre Blues et Boogie, imprégné par sa vie, est aussi communicatif qu?ensorceleur.
Toujours entouré par le jeu intensif de guitares acoustiques et électriques peaufiné par Mike Ravassat, il se présente dorénavant sur scène accompagné par les élans bienvenus d?un percussionniste, Mathias Bernheim.
Ce dernier renforce encore cette impression de bien être et stimule l?osmose indispensable à la réussite de l?ensemble.
Tout le monde est visiblement heureux, sur scène comme dans la salle, et un long sentiment de plénitude plane entre tous. Quel bonheur !
L?Américain Keith B Brown fait dorénavant partie de ces bluesmen, attendus et authentiques, qui nous rendent fréquemment visite au sein de différentes formations. Pour l?occasion, c?est avec des musiciens français, l?harmoniciste Bordelais Cadijo et le bassiste contrebassiste (gaucher) Bernard Viguier qu?il conclue, par cette date, sa tournée européenne.
Son Blues charismatique évoque l?inspiration inépuisable des maîtres du genre tels que Robert Johnson, Skip James (dont il a incarné avec brio le rôle dans le film de Wim Wenders, A Soul of A Man), Son House et Muddy Waters.
Il interprète à merveille une succession de morceaux et reste inlassablement dans le tempo, surtout en solo dans son style caractéristique Country Blues ou Blues Country (comme on veut ;-). Ce côté Country est accentué par la façon de jouer de l?harmonica de Cadijo, aux phrasés denses et précis, qui n?enlèvent rien au groove irrésistible concocté par la basse de Bernard Viguier.
Keith B Brown effleure avec une facilité, qui semble être innée, les cordes de sa guitare, presque comme une caresse, aussi douce qu?appréciable.
Son chant, cajoleur et touchant, s?exprime pleinement dans un répertoire ouvert et nuancé.
Ce trio de musiciens à l?apogée offre une belle leçon singulière pour un voyage au c?ur du Delta Blues, où les racines s?affichent sans retenue. Une confirmation attendue pour nous et un plaisir non dissimulé pour l?auditoire, généreux en applaudissements.
Le temps de saluer quelques amis, de remercier les organisateurs et d?échanger quelques points de vue, nous quittons les lieux satisfaits et comblés par cette soirée qui résonne dans nos têtes comme un retour aux sources? Keep Blues Alive !