La 25eme édition (joyeux anniversaire !) s?est déroulée du dimanche 16 au samedi 22 juillet. Une semaine riche et intense avec son lot de nombreuses découvertes et de jolies confirmations que vous retrouverez ci-dessous par ordre alphabétique.
Les découvertes :
- Boney Fields
Pendant près de deux heures, le mécanisme parfaitement huilé piloté par le trompettiste et chanteur américain Boney Fields n?a pas faillit un seul instant à son objectif : jouer le Blues dopé au Funk arrosé de Soul, de Rhythm and Blues et de Reggae pour transformer l?Espace Bessières en véritable Dance Floor.
Pour cela, chaque musicien offre le meilleur et participe allégrement à forger un répertoire bouillonnant, de compositions (tirées de son dernier opus, We Play The Blues) et de reprises (des standards des Meters et autres Cameo), qui touche au plus profond.
Crescendo, les ambiances se multiplient, les cuivres exaltent, les voix s?harmonisent, la rythmique en impose et les solistes s?affirment.
Une véritable unité et une cohésion manifeste qui ne se démentent jamais emmené de main de maître (de cérémonie) par le chant puissant et feutré et la trompette ravageuse d?un Boney Fields resplendissant, habillé d?un splendide costume queue de pie et chaussé d?un chapeau melon de couleur Bleu Roi, à la tête d?un orchestre sans frontières, recruté en région parisienne, qui tire des origines diverses de chacun une force certaine et une richesse indéniable.
Les saxos alto et ténor de la Française Nadège Dumas, le trombone et les maracas du Martiniquais Pierre Chabrèle, la guitare du Sénégalais Hervé Samb, la batterie de l?Italien Kia Mattioli, la basse du Mauricien Mike Armoogum et les claviers de son compatriote Jerry Léonide s?inscrivent comme une formidable Internationale du Funk au groove irrésistible.
Pas grand-chose à envier au Godfather, James Brown, avec des concerts de cette trempe si ce n?est la programmation méritée et espérée en tête d?affiches des plus grands festivals européens.
Get up, get on up !
- Bo Weavil
En la personne de Boogie Matt (guitare/chant/harmo, rien que ça !) et de Sleepy Vince (contrebasse et battoche de service), Bo Weavil ne sait pas servir le blues sans y adjoindre une dose de street spirit ou de roots from hell.
Le duo revisite avec panache des airs de Lightnin? hopkins, de John Lee Hooker mais également de nombreuses compos telles que le sublime Duckin? and dodgin?. Matthieu et Vincent redorent l?image d?un blues du trottoir d?en face grâce à leur propension à dérouler des picking machiavéliques et des rythmes jamais rapide mais percutant. Cela donnerait bien l?envie de ressortir vos vieilles K7 ou vos crachouillant vinyls de blues.
Bo Weavil, c?est que d?la bombe en tube, un pur délice pour amoureux de blues fait saccades et de soubresauts cadencés propre aux faubourgs des grandes villes d?outre-atlantique. Pour tout dire, y a plus qu?à en manger.
- Charlaz
L?énergie de Charlaz ne peut se définir qu?en des mots abscons et dérisoires tant leur musique, à elle seule, suffit à exprimer leur potentiel d?agitateur de guiboles. Tantôt rock?n?roll, tantôt swing, le trio nous expédie une suite ininterrompue de brûlots atomiques. Si 16h30 peut paraître trop tôt pour le Biglemoi (danse zazou), ni moi ni le public présent n?ont reçu That all right mama ou Mellow saxophone comme un outrage aux bonnes m?urs, bien au contraire.
Le brio et l?enthousiasme de Charlaz décoiffe et produit un savant mélange d?atmosphère 50?s et 60?s. Francky Gumbo (manche-cordiste et mélodiste buccal), Yann Vicaire (tambourineur patenté) et Nicolas Dubouchet (contre-bastoniste et Lee Brilleauxiste vocal) forment un sacré triangle musical opiniâtre à la gaieté et à la recherche d?un plaisir auditif communicatif.
Des compos telles que King Frog et Victory Drive sont les exemples les plus criant de cette nouvelle force vampirique de vieux V 12 qui s?apprête à inonder les scènes de l?hexagone si le c?ur leur en dit. (Contact - www.charlaz.com.).
- Eddy Ray Cooper
Eddy Ray Cooper est un vrai chanteur de Rock and Roll. Omniprésent par son sourire charmeur et son désir profond de conquérir l?auditoire, sa musique et son charisme savent convaincre une partie du public de délaisser l?ombre salvatrice des gradins gauches pour rejoindre les barrières d?un front line très ensoleillé, preuve d?un sens aigu du spectacle. Bien que pour lui le country, le rock et le blues ne fassent qu?un, Monsieur Eddy nous livre une musique propre et rationnelle à l?image de ses maîtres à penser que sont Elvis Presley et Johnny Cash dont les hommages tapissent son show.
Personnage entièrement soumis à sa seule cause mais très humain et à l?aspect de crooner sympa, Eddy Ray Cooper (Eddy pour son père, Ray Pour ses lunettes et Cooper pour ses jeans) partage la scène avec un guitariste bien singulier. Celui-ci tisse de bien étranges toiles psycho-rock déconcertantes qui modernise d?un son garage la trame conventionnelle du répertoire. La basse électro-acoustique et la batterie ne s?offrent pas d?écart mais leur prestation reste forte de justesse et d?abnégation.
La prestation du leader Antibois est astreinte au disponibilité des musiciens. Si ceux-ci sont les participants de son dernier album, rien ne préfigure du line up lors d?un prochain concert. Malgré tout, Eddy Ray Cooper et sa Gretch reste dépositaire d?un rock and roll outlaw et d?un blues spirit digne et cohérent.
Les intempéries, décalant la prestation du mercredi après midi aux docks en fin de soirée, ont permis à Eddy Ray et à son band de bénéficier d?une acoustique plus chaleureuse et plus accorte que celle que proposait la scène de la place Bessières. Cette incidence a permis à ce dernier ainsi que son actuelle formation de montrer une réelle propension à faire gigoter des mollets et à faire taper des mains un public, peu nombreux mais plus enclin à la fête que dans l?après midi.
- Guy Roël
Quand on est seul sur scène et que l?on peut se permettre de dispenser avec autant de fraîcheur un appareil aussi expressif, c?est que l?on a beaucoup travaillé et réfléchit sur le moyen d?apporter un maximum d?émotion au public. Guy Roël l?a fait. Sa maîtrise du rythme, sa valise grosse caisse magique et son picking blues laisse sans voix. C?est une vraie révélation.
Ses reprises de Keb? Mo?, de John Lee Hooker ou de Taj Mahal montrent que cet artiste est capable de se balader sur des tonalités acoustiques larges, au gré de ses humeurs. Son timbre vocal, ses doigts et son goulot de bouteille slideux crédibilisent son blues. Sa faculté de décliner des séries d?accords jazzy sur un manche que je pense open-tuné finalise mon opinion que Guy Roël est un vrai lonesome one man band particulièrement intelligent avec comme seul artifice son talent et sa verve, bref que du vrai bonheur à vivre et à écouter.
-Hoochie Coochie Men
Les Hoochie Coochie Men, sous la houlette d?Eric Frèrejacques au chant et à l?harmonica (et seul musicien professionnel du groupe) et avec la complicité de toujours de Richard Peyrichon à la guitare et aussi au chant sont appuyés par la rythmique de Fred Dormoy à la basse et de Charlie Malnuit aux fûts.
Puisant leur inspiration des racines du blues sur les bords du Mississipi aux sonorités électriques de Chicago, ils interprètent les compos écrites les unes en binôme par Eric Frèrejacques et Richard Peyrichon, les autres par Charlie Malmuit de leur dernière galette « Radio Bullshit ».
Ce groupe niçois, qui a déjà fait quelques premières parties de grands noms du Blues, distille une musique vivante festive et colorée avec générosité qui fait pardonner quelques imperfections et Eric ne se ménage pas à l?harmonica, poussant les limites au bord de l?asphyxie. Il ne serait pas étonnant de voir ce groupe du sud de la France tourner sur les scènes des différents festivals blues hexagonaux.
- Les contes du Mississippi
A voir les sourires sur les visages des enfants présents dans le Théâtre de Cahors à la fin de l?histoire exprimée par Eric Frérejacques (harmoniciste chanteur du groupe Niçois Hoochie Coochie Men), on ne peut qu?avoir été séduit par le voyage initiatique et imagé, tout au long du Mississippi, de Billy, le p?tit Cajun.
Peu d?artifice, juste une voix d?orateur et quelques notes de musiques jouées à l?harmonica et à la guitare soutenues par des percussions suffisent à capter l?attention de chacun pour peut qu?on veuille s?ouvrir à la magie du conte.
Tous les ingrédients nécessaires où les lieux fréquentés, parfois jalonnés d?embûches et les rencontres de personnages truculents captivent autant qu?elles peuvent
surprendre l?auditoire jusqu?à l?ultime adage adressé aux adultes, rencontre entre un homme blanc et un homme noir, qui fera réfléchir les petits comme les grands.
- Mathis and the Mathematiks
L?acoustique intimiste des docks offre à Mathis et à ses amis matheux l?occasion de produire un son compacte et pythagoricien propre aux digressions déviantes d?un blues métastasé et underground des plus plaisant.
Le son des Mathematiks, annoncé comme électro et hors norme, sonne néanmoins très classique, avec quelques entorses de Denis Capus (clavier et matos divers). Mathis Haug (chant/guitare), Julien Capus (contrebasse) et François Estassy (batterie) s?en donnent à c?ur joie afin de produire un univers qui leur est propre, intuitif et intimiste.
Au final, le public assiste à une soirée de blues redimensionné aux normes nouvelles, qui de plus en plus abreuve nos sillons.
- Nina Van Horn
La voix de Nina Van Horn semble être au c?ur d?un curieux clivage qui divise deux camps : celui de ceux que ça ennuie rapidement et celui de ceux à qui ça fait pousser les poils à l?intérieur. En ce qui me concerne, je fais parti du second camp. Le timbre aigrelet et nasal de la front woman, l?énergie interne, la fragilité viscérale et l?urgentisme émotionnel qu?elle développe a su combler mes exigences les plus gauchères de ma cavité thoracique.
A faire pleurer une meute d?hyènes enclines à la famine, sa présence scénique, son sens du contact avec le public et l?explication en français des sujets de ses chansons ont su changer la donne. Les hostiles ont très rapidement été réconciliés avec l?artiste aux looks mi bikeuse, mi lady. La raison principale est la générosité de Nina et son engagement humaniste à défendre les femmes bafouées ou délaissées, ainsi que la cause des condamnés à la peine de mort, sujet polémiste et encore porteur de satisfaction dans l?état du Texas.
Le band que Nina Van Horn a regroupé autour d?elle et sa capacité à sublimer la chanteuse y est également pour beaucoup. Neal Black, à la guitare, est époustouflant de justesse et d?authenticité blues. Le point d?orgue de l?excellence revient peut-être à Fred Chapellier qui pour moi, scène après scène est en passe de devenir le blues man le plus incontournable tant son rayonnement guitaristique flirte avec le grandiose.
Sans payer de mine Fred, en bon guest Frenchie illumine le show de la sauvage du sud des States. Le présence de Pat Machenaud et de Damien Cornelis, respectivement batteur et claviers de Fred Chapellier assurent une capacité de nuisance et une cohésion rythmique qui a fait basculer les derniers indécis du côté des pro Nina. La basse virtuose de Kim Yarbrough, son sens insolent de la mélodie toujours opportune ainsi que ses soli slapés/tapés délicieusement whawhaté ont apporté la touche finale à une grande soirée de blues. Le public en redemande, mais le rappel ne viendra pas car la programmation à venir ne doit souffrir d?aucune attente ni, je le pense, d?un trop grand réchauffement humain au moment de l?entrée des légendaires Canned Heat. Néanmoins Nina, En recevant son bouquet de fleurs, nous lâcha un rapide et Joplinien Mercedes Benz d?au revoir, en hommage à l?accueil que le public a su lui réserver.
- Rag Mama Rag
Couple à la ville et duo sur scène, Deborah et Ashley Dow, Britannique de naissance et Lotois d?adoption, forment les Rag Mama Rag et proposent un somptueux voyage dans les racines du Blues pommadé de Ragtime.
Acoustiques et d?avant guerre (celle de 39/45), ils revisitent des standards de Robert Johnson, Big Bill Broonzy et autres Leadbelly et s?appuient sur des compos de la même veine pour mieux ressortir la quintessence d?un style essentiel et immortel en s?appuyant sur l?utilisation de nombreux instruments.
Guitare classique et hawaïenne, Dobro, ukulélé, kazoo et chant habité pour Ashley embelli par les phrasés plaintifs à l?harmonica et la présence opportune à la planche à laver, aux cuillers et aux percussions (derbouka africaine, tambourin et cloches) de Deborah. Une façon appréciable de communiquer sa passion et même de faire participer le public en l?initiant à une technique de chant (le Scat) constitué de syllabes et d?onomatopées. Une prestation rythmée, cordiale et joyeuse à apprécier autant en live qu?à l?écoute des cinq autoproductions gravées par Rag Mama Rag.
- Soul Travelers Quartet
Quoi de plus légitime que de retrouver une soirée Gospel à l?affiche d?un festival de Blues. Habituellement, les plateaux proposés, souvent solennels, viennent d?outre atlantique alors que le Soul Travelers Quartet prend sa source dans l?hexagone du côté de Montpellier dans l?Hérault. Et de quelle façon !
Deux chanteuses Marynikol Leborgne (alto) et Emma Lamadji (mezzo) associés à deux chanteurs David Bardy (ténor) et Fred Lewin (baryton) illuminent un répertoire authentique, jovial et sincère qui ne s?enferme pas sur lui-même et s?ouvre à d?autres styles.
Ainsi, le Funk rejaillit, le Rhythm and Blues transparaît, la Soul Music se manifeste et même le Ragga jumelé au Hip Hop s?invite à la fête.
Quand le sacré s?associe avec bonheur au profane, point de prêches à la gloire de Dieu et autres sermons donneurs de leçons juste un discours pacifiste universel à percevoir et un minimum de Foi en la musique pour y croire?
Chaque choriste s?exprime à tour de rôle en chant lead et partage sa ferveur naturelle pour le chant, parfois tendre et frissonnant mais principalement déterminé et survolté. Impossible de ne pas se mettre à danser et à taper dans ses mains devant de telles envolées vocales mises en valeur par quatre musiciens remarqués.
Jérôme Dusfour à la guitare, Mike Latrell au clavier, Marcel Muller à la basse (appréciés au sein des Marvellous Pig Noise) et Fabien Terris à la batterie fournissent la trame musicale indispensable à l?alchimie de ces voix touchantes et stimulantes.
Bien plus qu?une simple découverte, une révélation, tout simplement.
- Tia and The Patient Wolves et Big Dave
Prévu initialement en plein air à 18 heures, la prestation de Tia and The Patient Wolves et de Big Dave s?est déroulée au c?ur de la nuit vers 2 heures du matin aux Docks, à cause de l?alerte orageuse et pluvieuse.
Un déplacement de scène et d?horaire qui n?eu pas d?incidence sur la qualité de la prestation de Tia et de ses musiciens, Olivier Pérez (ex-Wanana Blues Blasters) à la basse et Fabrice Bony (ex-Rosebud Blue Sauce) aux baguettes renforcés pour quelques dates par l?excellent harmoniciste chanteur Belge, Big Dave.
Laetitia Gouttebel s?affirme de plus en plus en guitariste mordante au jeu fluide et en chanteuse convaincante à la voix suave bénéficiant d?une rythmique soudée et sachant se fondre dans les élans vocaux rocailleux et les phrasés d?harmonicas poisseux de Dave Reniers. Ce dernier prouve qu?il n?a rien à envier aux meilleurs spécialistes du genre bien connus en Californie ou dans d?autres états des Etats-Unis et se situe aujourd?hui comme l?un des meilleurs en Europe.
Quatre personnalités nourries de notes bleues qui mettent en commun leur passion pour cette musique et restituent un set de Blues vrai, ensorcelant et lancinant, idéal pour satisfaire le public présent aux Docks qui, ce soir là, prend des airs de club enfumé à l?ambiance chaude et moite.
Des échanges réels sur fond de complicité sans faille qui se traduit par une bonne humeur palpable et communicative.
Depuis, une seule envie : revoir en live dés que possible la jolie Tia et ses musiciens?
- Travellin? Brothers
Aucun de nous n?avait entendu parler des Travellin? Brothers et nous n?avions pas la moindre idée de ce qui nous attendais. Articulé autour des frères Cañibano (Aitor à la guitare et Eneko à la basse) et de leur cousin Jon Kareaga au chant, le groupe est renforcé de la batterie de Isi Redondo un ami d?enfance des deux frères et du jeune pianiste Ander Unzaga, originaire du même village en pays basque espagnol.
Il n?y avait pourtant rien d?exceptionnel dans le style plutôt Rock de leur Blues, rien d?exceptionnel dans la virtuosité des musiciens et rien d?exceptionnel dans les mises en place ou les structures des morceaux. Ils ont même utilisé quelques grosses ficelles que d?autres cherchent plutôt à éviter.
Pourtant, est ce la parfaite exécution de ces effets un peu convenus ?
Est-ce la cohésion que leur apporte leur fonctionnement à la manière d?un clan (comme ils le disent eux-mêmes) ?
Est-ce la férule d?Aitor, qui pilote la prestation musicale du groupe à coup d??illades, de sourires en coin et de hochement de tête et d?un évident plaisir, semblant maîtriser le déroulement des morceaux même en b?uf avec les Hoochie Coochie Men qu?ils ont invité à les rejoindre.
Est-ce l?énergie du sautillant Jon, qui assure un show intense et généreux tout en distillant un chant puissant à l?interprétation inattendue et inspirée ?
Personne n?a été capable de comprendre quel est le vent de folie qui a soufflé ce soir là sur Cahors, mais cette tornade basque à fait l?unanimité. Et comme Jon l?a scandé dans le refrain d?un des morceaux « We gonna burn down you?re house ». Je dirais même que vous avez failli mettre le feu à la ville messieurs.
Pour une première prestation en France, espérons que cela leur aura ouvert des perspectives qui nous permettrons de les revoir prochainement mettre le feu à nos salles nationales.
- Two Timers.
Il faisait chaud en cette fin d?après-midi et encore une fois, il n?y avait pas une grande foule devant la scène. Qu?importe, il en aurait fallu plus pour empêcher la pétillante Sarah James de décoiffer les présents. Sa voix puissante ne correspond pas vraiment à son physique, mais passé l?effet de surprise c?est un bonheur ininterrompu jusqu'à la dernière note. Coté percussions, elle est tout bonnement incroyable, d?énergie et de précision. Non content d?appuyer le rythme à la grosse caisse, Gordon Russel délivre quelques rifs rageurs que n?aurait pas réfuté le bon vieux Doctor. Il résulte de ce cocktail des effluves de Country, de Rock, de ballades et de ma fois fort peu de Blues.
C?est sans importance, c?est probablement l?un des meilleurs moments de ce festival.
Les confirmations :
- Charles Pasi
Le public présent s?est manifestement concentré sur les gradins les moins exposés afin de ne pas subir les assauts incessants et assassins du bel astre particulièrement présent cet après midi. La scène de la place Bessières, quand à elle, est encore irradiée de quelques bribes solaires alors que s?avancent Charles Pasi et son band présent à Cahors pour confirmer leur récente reconnaissance au tremplin de Blues sur Seine.
La partie acoustique de la guitare d?Antoine Holler, la voix sensuelle de Charles, la solide rythmique de John Grandcamp et de Jimmy Sofo (basse) cajole délicatement nos oreilles mais ne semble pas prendre l?ampleur attendue. Je ressens un peu de nervosité parmi les musiciens qui ne semblent pas à leur plus bon aise. La partie guitare électrique proposée par Antoine est orientée très blues lents. Malgré l?exécution irréprochable, il me semble percevoir un frein qui empêche l?ensemble de vraiment décoller. La magie de la voix de Charles opère toujours autant, mais la distance avec le public, les harmonicas longtemps exposés à plus de 35° et les 50 minutes de prestation n?ont pas été suffisantes pour donner la chance à ses jeunes musiciens de monter en puissance.
Alors qu?en coulisse, on leur demande de conclure, la formation nous balance un dernier morceau chaud bouillant dont ils peuvent être fiers (comme du reste d?ailleurs), car cela semble préfigurer un second souffle blues qui sonne comme autant de volonté de tout donner, mais peut-être un peu tard quand on ne dispose que d?une petite heure ?
Le Charles Pasi Band, malgré sa courte existence, est une formation à voir et à revoir. S?ils passent dans un bar près de chez vous, allez d?urgence savourer le feeling de ces poulbots blues pleins de ressources.
- Double Stone Washed
Des kilomètres de bitume avalés pour des centaines de dates assurées et à chaque sortie, depuis bientôt 15 ans, le même attachement pour ce Pub Rock engagé et ce British Rhythm and Blues vindicatif que les Double Stone Washed se produisent dans une salle de concert, un club enfumé ou, comme à Cahors, la terrasse d?un troquet.
Cette fois ci, de récentes compositions (à paraître sur leur nouvelle galette) agrémentent leur show acharné constitué principalement des titres enregistrés en concert en première partie de Ten Years After, il y a presque déjà deux ans.
Jamais repus et toujours d'aplombs, les DSW continuent à bourlinguer et s?ils s?arrêtent prés de chez vous, il n?est que trop conseillé de se déplacer? Diable qu?ils le méritent !
- Jeff Zima
Jeff Zima est un personnage à part dans le grand théâtre du blues contemporain. Récipiendaire d?une musique tonitruante, rurale et hirsute qu?il qualifie lui-même de trash blues, peut-être héritée de Lightnin? Hopkins, de T Model Ford, de Hound Dog Taylor et de son propre esprit légèrement secoué, Jeff Zima doit son originalité à la spontanéité de son jeu carambolé et à la désinvolture de ses compositions heavy rag inénarrables et à ses impertinents boogies dont le charme débonnaire et pragmatique de son omnipotente fantaisie n?a d?égal que sa dextérité Homérique, loin de tout dogmatisme bienséant, à nous servir de tels agglomérats de notes névrotiques mais jamais inopportunes.
Son premier set est pétillant à souhait et les enfants de passage, près de la piscine de l?Archipel le salut comme un des leurs tant il a su, dans un préalable de reconnaissance, les inclure dans sa démonstration généreuse, irascible et pénétrante. Nonobstant une chaleur suffocante, ce bon vieux Jeff déroule des morceaux alternant compositions et standards comme Built for Comfort de Willie Dixon. L?originalité et l?impétuosité de sa guitare, son chant altruiste et les irrévérencieuses vocalises empreintes à Screamin? Jay Hawkins font de celui-ci un artiste complet.
La grande modestie de Jeff Zima présente la seconde partie comme le fac-similé de son set passé, mais les oreilles expertes auront décelé un autre répertoire. La dominante de la tonalité choisie sur le grave des cordes de sa guitare n?aura pas échappé aux radars auditifs de mes esgourdes encore fraîches de fan des Ramones dont je fais parti, mais qu?importe.
Plus loin, sur la rive droite du Lot, l?astre solaire égraine nonchalamment ses lascifs et précieux dards brûlants vers d?improbables badauds qui loin des épithètes inhérentes au présent sujet, se préoccupent plus de la météo du lendemain que des considérations harmoniques ou esthétiques d?un artiste de blues, soit-il peu ou prou connu ou reconnu. Bref, on se la pétait mou dans le reste du monde.
Dommage pour les absents car le client est un show man impétrant d?intérêt par son d?humour et par sa tendance à vous faire vibrer les cordes inconscientes d?un plaisir musical sans retenu.
- Jesus Volt
C?est avec encore en tête le souvenir de leur passage au dernier Bougy Blues Festival que je m?empresse d?aller jusqu?au bar le Duplex pour y retrouver ce soir le groupe parisien Jésus Volt. Seulement une partie de l?équipe m?accompagne et nous avons juste le temps de nous installer en terrasse que le quatuor, en effet pas de DJ Cook sur scène comme se fut le cas par le passé, nous invite dans leur univers musical si particulier. Le son hyper travaillé, distordu à souhait, que Mr Clit Tao fait jaillir, avec une fabuleuse dextérité, de sa guitare acoustique électrifiée, la voix profonde, envoûtante et éraillée lorsqu?il se sert de son micro d? harmo, du charismatique Lord Tracy ainsi que la rythmique endiablée des deux métronomes Lénine Mac Donald et Magic Doudous nous emportent dans un « funky rock blues » puissant parfois à la limite du hard rock et le public ne peut s?empêcher de danser. Trois sets d?une grande intensité ou se succèdent quelques reprises de grands standards et les compos du groupe tirées en particulier de leur dernier album « In stéréo » nous laissent K.O debout et pourtant il est déjà l?heure de nous diriger vers les Docks pour y terminer cette excellente soirée.
Confirmation de leur indéniable talent pour les uns, véritable découverte pour les autres mais nul doute que ce soir les quatre lascars n?auront laissé personne indifférent.
-Monster Mike Welch
Après avoir été l?enfant prodige du Blues Rock et avoir été ballotté entre la presse et la scène, Monster Mike Welch s?était un peu mis à l?abris en accompagnant d?autres leaders. Il revient aujourd?hui sur le devant de la scène en assumant ce passé et avec la conscience de devoir à nouveau faire ses preuves. Une preuve par 12 mesures d?un Blues plutôt Swing et énergique par lequel il nous a démontré de véritables talents de chanteur et des qualités de guitariste indéniables démontrant qu?il en a fini avec la poudre aux yeux. Malheureusement, il était accompagné par des musiciens pas très enthousiastes et pas vraiment inspirés. Si l?on ne peut pas faire venir un artiste de ce niveau avec son propre groupe, pourquoi ne pas utiliser certains de nos groupes de Blues locaux. La prestation de Monster Mike Welch bien que d?un très bon niveau serait probablement devenue magique avec un peu de cohésion et d?envie du backing band.
- Rosebud Blue Sauce
Installés sur le boulevard (qui n?est pas du rhum comme celui de Lino), à l?angle d?une petite rue face à la brasserie où nous assouvissions nos besoins alimentaires et musicaux, les Rosebud Blue Sauce nous offrent une prestation d?une grande qualité.
Décidemment, ce groupe tient le haut du pavé du la scène Blues hexagonale tant par la qualité et la rigueur de leur travail musical. Nicolas Duportal, au chant et à la guitare, nous offre un jeu et une prestation vocale sans faille, soutenu efficacement par Abdel Bouyousfi à la contrebasse et Pascal Delmas à la batterie. Le tout est subtilement lié par les contrepoints du saxophone de Ben Conti avec un équilibre parfait et juste dans chaque interprétation. Du swing, en v?là du swing et du bon, du West Coast, du blues bien balancé, le tout emmené avec énergie et spontanéité. Pas d?esbroufes inutiles ni d?envolée exubérantes mais chaque solo de Nico à la guitare et chaque set de Ben au saxo sonnent justes et pétillent joyeusement sur nos « papilles auditives ». Il n?est pas étonnant que Linwood Slim souhaite être accompagné des Rosebud Blue Sauce lors de ses tournées européennes. Il ne peut faire meilleur choix car leur niveau d?exigence leur permet d?entourer aisément les meilleurs venus d?outre-atlantique.
Les autres :
- Big Dez
Après quelques aller retour dans Cahors afin de profiter du charme de la ville et des artistes se produisant d?une rive à l?autre du Lot, me voici de retour à l?Espace Bessières afin d?admirer l?un des groupe français les plus propices à l?extase. L?album de Big Dez (Night after Night) ayant été largement plébiscité par une presse unanime, l?instant se devait d?être un pur régal. Enregistré au Texas, l?album et la couleur dominante diffuse une atmosphère nonchalante et suave que l?on retrouve très rapidement sur le plateau de la grande scène.
Philippe Fernandez multiplie les phrases cordeuses alambiquées et sa voix aussi charmeuse que puissante se promène dans un blues délicat, mais également très tranquille, voire parfois trop tranquille. Les morceaux s?enchaînent mais ça ne s?énerve pas trop et la folie ne s?installe pas.
La solide logistique rythmique organisée par le toujours torride Bala Pradal (aux touches et retouches diverses) autour de Stéphane Minana, du déjà cité Kim Yarbrough (aux grosses cordes) et du discret mais efficace guitariste Rodolphe Dumont, n?offre pas le sentiment d?une grande décontraction. Peut-être les protagonistes, malgré leur grand talent respectifs n?ont-ils pas trouvé un sens commun propre à leur tirer les tripes vers le haut ?
La formation s?est enrichie d?une section cuivre dont je me presse de vous parler. Les gars de la soufflerie sont un élément qui apporte une autre dimension à Big Dez. La trompette d?Andrew Crocker, le trombone de Bertand Luzignan et le sax ténor de Sax Gordon offrent au groupe un son que peu de formations françaises peuvent revendiquer. Les élucubrations mélodiques de Mister Gordon donnent le tournis et dynamisent la scène tout au long du show en l?absence de l?harmoniciste Marc Schaeller qui apporte cette touche noisy et aigre-douce qui a fait les grands moments de Big Dez. Sans me transcender, le gig de Big Dez reste néanmoins un excellent moment du festival.
- Canned Heat
Une certaine radio nostalgique diffuse de manière récurrente « On the Road Again » un titre connu de tous mais dont beaucoup ignorent les auteurs.
Et si nous vous citons un autre titre : « The Chip Munk Song », vous pataugez dans les brumes de votre ignorance. Mais si nous vous remémorons un petit bonhomme de papier qui voyage dans une récente pub télévisuelle pour automobile, un petit air de flûte trotte dans votre tête.
Et c?est bien les deux seuls tubes connus du public français de ce légendaire groupe californien de blues rock qui se forme à Los Angeles dans les années 1960 Canned Heat (nom d?une boîte de conserve contenant de l?alcool pur et dont les plus démunis sous la prohibition tirait une boisson toxique).
Ce soir là sur la scène de l?espace Bessières, devant un parterre comble venu voir un groupe mythique, point de choc émotionnel, aucune légende. De la formation d?origine, il ne restait que le batteur, Fito de la Para. Il avait réuni autour de lui Barry Levenson à la guitare, Greg Kage à la basse et au chant et Robert Lucas également à la guitare et au chant. Reprise de standarts de Canned Heat sans oublier les deux tubes incontournables, jeu d?ensemble efficace et personne pour conclure à l?issu « voir Canned Heat et mourir?sur une rengaine d?Henri Salvador mais plutôt boire un coup et passer à autre chose?
- Hot Gang
La tartine de Hot Gang nous avait fait plutôt bonne impression et c?est devant leur balance que l?équipe de l?Oreille Bleue s?est regroupée après l?arrivée des derniers. Le temps de trinquer à la santé des organisateurs, de la ville, du beau temps, des musiciens, enfin bref de toute bonne excuse pour lever un verre, nous avons pu écouter quelques titres en avant goût de leur prestation du soir. Un peu en dessous de l?effet laissé par leur galette, leur Rock?n?Roll Rythm?n?Bluesé et relevé de cuivres nous a quand même laissé une bonne impression. Nous aurions sûrement du revenir plus longuement le soir pour les voir ouvrir complètement les vannes à leur énergie. Nous aurions probablement été plus enthousiastes, mais nous avons quand même pris cet apéritif dynamisant comme un bon présage pour la semaine à venir.
- Maurice John Vaughn
Il est assez difficile de trouver les mots exacts pour parler de la prestation de Maurice John Vaughn and the Chicago Blues Revue. Difficile parce que techniquement, il n?y a pas grand-chose à leur reprocher. Darryl Johnson à la batterie et Luc Blackstone à la basse ont assuré leur tapis rythmique tranquillement. Gaspard Ossikian à la guitare a été simple et efficace tout comme Fred Brousse à la guitare et à l?harmonica. Maurice alternativement à la guitare, au clavier et au chant n?a été convainquant à aucun des postes et même si l?appui de la chanteuse Velvet Mc Naire à légèrement dynamisé les choses. Reposant sur un répertoire de standards éculés et apparemment joués sans passion, le show s?est en fait avéré presque soporifique et c?est globalement une impression de show pour touristes qui s?est dégagé. Il est vrai qu?à Cahors en plein mois de juillet il devait y en avoir quelques uns devant la scène puisque le public a semblé apprécier.
Un grand merci à toute l?équipe du Cahors Blues Festival, Jean Pierre Lemozit et Bernard Vollant, le duo de président, Céline Campoy et Sophie Brian, le duo d?attachées de presse, sans oublier Fred Jouglas et l?ensemble des bénévoles aussi nécessaires qu?indispensables. A l?année prochaine pour de nouvelles aventures !
Boney Fields & The Bone s Project
Bo Weavil
Boogie Matt
Sleepy Vince
Eddie Ray Cooper
Eddie Ray Cooper
Guy Rohel
Eric Fr?rejacques & Richard Peyrichon
Hoochie Coochie Men
Eric Fr?rejacques Les contes du Mississipi
Mathis & The Math?matics
Nina Van Horn
Fred Chapellier,Nina Van Horn & Neal Black
Fred Chapellier
Pat Machenaud
Kim Yarbrough
Rag Mama Rag
Soul Travelers Quartet
Tia
Big Dave
Travellin Brothers
A?tor & Eneko Canibano
Aitor Canibano et Jon kareaga
Les oreilles bleues adorent Travellin Brothers
Two Timers
Charles Pasi et Jimi Sofo
Antoine Holler
Charles Pasi
Jeff Zima
Jesus Volt
Mister Tao
Monster Mike Welch
Big Dez
Philippe Fernandez
Section cuivres Big Dez
Canned Heat
Fito de la Parra
Maurice John Vaughn & The Chicago Blues Revue
Maurice John Vaughn
Gaspard Ossikian
Fred Brousse
Velvet Mac Naire
Pascal Lob, Mad Man, Lucky Jean Luc, Frère Toc & Christian Rock