Bougy?.petit village situé entre Caen, Noyers Bocage et Evrecy. Moins de 300 âmes plantées là au milieu de la campagne bas-normande et parmi elles, une poignée de bénévoles, aussi motivés qu?enthousiastes.
Comme chaque année depuis cinq ans vos serviteurs sont présents au rendez-vous. Pour vous, pour l?Amitié et la Fraternité de cette belle famille qu?est le Blues.
Cette cinquième édition du Festival de Bougy porte en elle le talent, l?ambition et ce désir profond du partage, qui sans cette alchimie, ne permettrait pas la magie des lieux. Les notes bleues sonneront donc du jeudi 24 août pour se taire (provisoirement) le dimanche 27 août 2006.
A peine le temps de s?installer dans nos gîtes que nous filons direct vers la salle des fêtes dès ce vendredi 24 août au soir.
Quelques salutations chaleureuses et, à point nommé, la magie opère sous la verve et la bonne humeur du meneur de revue, excellent présentateur, modeste, néanmoins très conviviale et tellement efficace: notre ami Alain Couve. Quelques échanges avec le public, quelques remerciements et présentations officielles et la silhouette joviale du maestro laisse la place au premier groupe de la soirée, le Charles Pasi Blues Band. À l?origine du groupe, comme son nom l?indique, le talentueux Charles Pasi. Plutôt connu sous la formule acoustique et duo, ce groupe parisien de 4 musiciens se présente à nous ce soir dans une version amplifiée, récemment rencontrée lors du Festival de Cahors 2006 (voir notre article).
Ouvrir un festival est toujours délicat, les musiciens le savent mieux que personne, mais l?angoisse n?aura durée que le temps du 1er morceau « Works Song ». Au second titre « Hight II Heel Sweakers » le groupe dégage déjà une belle assurance. Les applaudissements nourris saluent la prestation. Charles Pasi en prince des lieux accroche encore son public avec un boogie/jazz de haute volée, liant virtuosité musicale (harmo) et chant. Tout file, tout s?enchaîne avec une remarquable présence scénique. Belle maîtrise pour ce jeune artiste de 23 ans seulement, qui n?hésite pas une seconde à partager la scène avec ses musiciens : Antoine Holler aux guitares solo excelle, Jimmy Sofo guitare basse et Stéph Miñana à la batterie appuient la rythmique sans état d?âme. Le groupe passe alors la vitesse supérieure et engage « The Private?s Last Night » une des très nombreuses compositions présentées ce soir, très rythmée et franchement jazzy. Charles Pasi et Antoine Holler signent la quasi-totalité des morceaux, c?est dire la richesse que représentent ces artistes, nul doute que nous reparlerons encore de ce Band.
Après avoir chanté les filles, l?amour, les copains, le rythme, le funk et la fureur de vivre pendant près d?une heure, le Charles Pasi Blues Band quitte la scène sous un tonnerre d?applaudissement ô combien mérité.
Dès les premières notes d?harmonica savamment posées par Nico Wayne Toussaint en deuxième partie, on a compris à qui l?on a à faire. Venu de ses Pyrénées-Atlantiques la bête est maintenant lâchée. Vêtu d?un costume rouge sang et tel un démon, Nico et son groupe expédient l?auditoire dans un tourbillon de folie. Il est accompagné par Henri Lacour à la guitare, par Vincent Thomas à la batterie et par Antoine Perrut à la basse.
Le réchauffement de la planète opère à Bougy pour le meilleur du genre humain présent dans la salle surchauffée. Le sens du spectacle de Nico Wayne, sa présence et sa voix électrisent la scène modeste de 5ème édition du festival normand. Sa musique est un joyeux mélange de blues fort d?accents, tantôt funky, tantôt shuffle, tantôt swing. Avec Nico, Albert Collins et T.Bone Walker ne sont jamais très loin et cela plait à l?ensemble de l?auditoire.
Il sait communiquer et raconter ses histoires comme personne. Je ne le connaissais que sur disque, mais je ne me doutais ni d?une telle énergie scénique ni d?une telle force artistique.
Le climat paraissait capricieux pour le concert en plein air du samedi après midi mais il est fort probable que les organisateurs du festival aient pratiqué quelque sabbat maléfique la nuit précédente pour amadouer le dieu météo. Les prédictions étaient pourtant hasardeuses en ce jour d?août 2006. Quelques notes pour la balance et le festival continue. Cette fois ce sera sur le plateau extérieur, lieu habituel et bien connu des habitués, à deux pas de la salle des fêtes que les Hot Rod 56 officieront.
Comme ce nom ne l?indique pas clairement, ces zicos ne sont pas là pour faire de la figuration. Leur plaisir? Nous rendre heureux et détendus. Leur passion? Le rire, jouer, s?éclater et partager la musique devant leur public.
La scène extérieure s?excite, le public afflue, les premières notes donnent le ton : assurément, on n?est pas là pour pleurer, ça va chauffer. Les uns tapent déjà de la godasse, les autres frappent dans leurs mains, même Charles Pasi participe?en jouant au ballon, pas sérieux tout ça ? Et comment donc ! Ces quatre garçons, tous amateurs se plaisent-ils à nous répéter, nous arrivent de Cherbourg et/ou Granville où ils animent les pubs et les caf?conc? en s?éclatant de leur Rock-a-Billy et de leur bon vieux Rock?n?Roll.
Une heure et demi durant, la bonne humeur est de rigueur grâce aux interventions bien placées de l?inimitable Mickey Henquinet à la voix chaude, avec sa fidèle contrebasse, patinée jusqu?à l?os, mais ô combien efficace. Alexis Vacher, le batteur trackeur plutôt issu du punk rock, n?est pas en reste lui non plus : ses baguettes insufflent merveilleusement le rythme tonique et si particulier à ce groupe. L?ensemble est enrichi du talent de Gilles, avec sa voix de rockeur des années 50 et sa magnifique guitare Gretsch Nashville à la hanche, et l?adresse du tout dernier, le petit nouveau du groupe, Philippe Gehanne chanteur, harmoniciste, guitariste, parolier, pas vraiment nouveau sur la scène musicale normande et nationale (que voulez vous quand on a la chance de jouer pour un film qui passe dans les salles).
Les amoureux d?Eddie Cochran et de Gene Vincent se remémorent alors les bons vieux morceaux et s?en donnent à c?ur joie.
Que du bonheur ! Ajoutez à cela, une volonté créative et authentique du groupe et vous obtenez un cocktail détonnant. Leur inspiration : Ramblin James, Brian Setzer, Reverend Horton Heat ou bien encore Robert Gordon.
Hot Rod 56 déteste la copie. Ils écrivent, ils improvisent, ils diversifient, rien d?étonnant à cela, ce sont de solides musiciens d?expérience, au passé très riche.
En cet après midi de ce mois d?août, le temps s?est arrêté de tourner pour bon nombre d?entre nous. Qu?il était doux de se remémorer l?espoir et la rage de vivre. Rock-a-Billy, Country, R?n?B, Swing : quelle belle tranche de vie !
Vous les croiserez sans doute un jour près de chez vous, ils seront tantôt avec « Setting Blues » tantôt avec Monsieur O?Connor, Hill Billy Caths ou Swing Holles Rockett à moins que cela ne soit avec Cocoricorde Swing, plutôt jazz manouche d?ailleurs.
Cerise sur le gâteau, après leur 1er cd, Volume 1 (ne cherchez pas, il est introuvable), puis la 2ème galette, le Volume 2 (Rock-a-Billy Style) sorti en mars 2005 et chroniqué sur notre site, un 3ème album devrait voir le jour prochainement. Nous l?attendons avec impatience.
Quelques libations plus tard, la fièvre du samedi soir nous conduit aux portes de la salle pour la deuxième nuit de ce festival.
Christelle Naggiar chanteuse habituelle des Bad Mules n?ayant pas pu se joindre à l?équipe pour ce déplacement en pays normand, c?est Josh Miller, guitariste chanteur d?origine états-unièmes qui l?a remplacé au pied levé. L?inquiétude sur la cohésion de l?ensemble s?est évaporée dès les premières mesures et ils ont déroulé le tapis Swing pour y installer le public de Bougy et nous raconter leur Blues en quatre chapitres.
Chapitre 1, « Le Shuffle dans tous ses états » avec un Denis Agenet frappant sur tout ce qui sonne avec un souci de la précision à faire pâlir une horloge atomique.
Chapitre 2, « Walking à tous les étages » avec un Maxime Marchand au son de basse comme on aimerai en entendre plus souvent, grave, rond présent et clair. Il a montré qu?une ligne de basse peut être efficace et vivante.
Chapitre 3, « Montre nous la voix » avec Josh Miller en remplaçant de talent qui nous a montré que ce n?est pas pour rien s?il a été choisi pour assumer le chant. Sa voix profonde et chargée en feeling à su trouver sa place au sein du groupe.
Chapitre 4, « Guitar show ». Dès les premiers instants, elles ont occupé l?espace pour ne quasiment plus le lâcher et même s?il était amusant de différencier le jeu de Julien Broissand de celui de Josh Miller, et même si leur jeu respectif était de très bon niveau, trop de guitare nuit à la guitare et même les amateurs de l?instrument auraient apprécié quelques poses.
Epilogue, au bout du compte, quelques mauvaises langues ont laissé sous entendre que les tempos peu variés avaient rendu le show un peu monotone. Les amateurs de Swing auraient continués sur la lancée jusqu?au bout de la nuit. Le public a semblé apprécier la prestation.
Une chose est sûre, la venue d?Eugène « Hideaway » Bridges à Bougy constitue un événement. D?abord parce que c?est la première date française (juste avant un concert dans le Sud Ouest à Tournon d?Agenais) d?une tournée mondiale qui va mener Eugène Bridges, jusqu?à la fin novembre, des Etats-Unis en passant par la Grande Bretagne, l?Italie, le Danemark, les Pays Bas, la Belgique, l?Allemagne et la Slovénie. Ensuite, parce que ce grand gaillard, né à la Nouvelle Orleans en 1963, dernier fils du bluesman Hideaway Slim duquel il a conservé le surnom, ne cesse d?aller prêcher la bonne parole depuis 1991 aux quatre coins du monde avec des prestations qui séduisent l?auditoire et marquent les esprits.
Une performance scénique remarquable, tout en nuances, qui prend son élan dans l?exploration de nombreux styles. En solo, guitare électrique à l?épaule et voix chaude et feutrée en avant, Eugène file le frisson en entonnant des titres lents pénétrants et stimule les sens par des envolées Bluesies plus rythmées. Mais c?est principalement accompagné par ses musiciens (Gary Lance, irréfutable à la basse, Joachim Greve, intensif aux baguettes et Dean Ross, imaginatif au clavier) que le registre exprimé prend une autre dimension. Soul, Rock?n?Roll, Swing, Rhythm and Blues, Boogie, Funk et même Variétés trouvent leur place légitime dans le format musical proposé. De quoi satisfaire le plus grand nombre et offrir des émotions pour tous ! L?ovation finale (bien méritée) donnée par le public s?inscrit comme la meilleure des récompenses?
Retour dimanche après-midi près du camion sono du festival qui reste un concept simple mais plaisant et la pelouse fraîche, un bon endroit pour terminer le week-end.
Les concerts off des l?après midi de Bougy sont toujours aussi truculents et l?air de la campagne normande tout autant stimulante. Malgré les quelques gouttes d?une averse hésitante et de rayons d?un astre solaire capricieux mais présent, la fête continue en ce dimanche de jour du seigneur. Un bon nombre d?ouailles repentantes peuplent maintenant le site herbeux, afin de rejoindre le rang des égarés de la foi.
Bernard Sellam, (guitare/chant) et sa Scola Cantorum électrique ne sont là que pour nous faire profiter de la béatitude dominicale et de la félicité bucolique ainsi que de quelques mélopées teintées de profanes épanchements et d?ostentatoires sonorités sulfureuses. En un mot, ça chie grave dans le diocèse.
Awek, ça fait pas dans le Cistercien? C?est du blues, du bon, du qui te décalamine le fond baptismal, du costaud à te faire chanceler un sacerdoce en moins de deux, oui Monsieur !?
Mais Awek, c?est aussi Joël Ferron à la basse, Olivier Trébel à la batterie et Stéphane Bertolino à l?harmonica. Le quatuor à vraiment quelque chose de particulier. Il est à l?image de leur avant dernier album Messin? with the blues. C?est jamais très rapide mais ça cogne au bon endroit là où ça fait mal.
Chacun dans son rôle et avec une grande précision, les quatre toulousains ont présenté un spectacle d?une extraordinaire fraîcheur, desservie par la voie acide et rocailleuse de Bernard.
Avec quelles impressions repartirons-nous de Bougy ?
D?abord, un beau parcours sans faute, et certainement pas de goût, dans une programmation équilibrée qui cette année fait la part belle au ruine babines, à l?accordéon à lèvres, au 10 trous, à l?harmo quoi !
Un festival rural et presque familial ; sa convivialité et la qualité des prestations en font un lieu et un moment attachant et il y fait bon vivre aux rythmes des douze mesures.
Il a trouvé, dans la maturité, une vraie personnalité, une authenticité qui en font un rendez-vous incontournable d?une belle qualité.
Une organisation éprouvée pour cette cinquième édition, on a envie d?ajouter comme les fois précédentes, constitue l?ossature de cette manifestation.
Un grand merci à Marc Mitou et à tous les bénévoles et partenaires qui assurent la réussite de la manifestation.
Charles Pasi
Antoine Holler
Jimi Sofo
Nico Wayne Toussaint Band
Nico Wayne Toussaint
Henri Lacour
Hot Rod 56
Mickey Henquinet
Gilles
Philippe Gehanne
Bad Mules
Josh Miller
Eug?ne Hideaway Bridges Band
Eug?ne Hideaway Bridges
Awek
Bernard Sellam
Joel F?ron
Olivier Tr?bel
St?phane Bertolino
Ricky Bluesfeeling, Pascal Lob, Frère Toc, Mad Man & Lucky Jean Luc