Festival de Blues de Crosne, 2eme édition, vous connaissiez ?... Nous, non plus !
A peine à 2 heures de Rouen au Sud de Paris dans l?Essonne, nous voilà sur place grâce à une information familiale d?un autochtone.
Bénéficiant d?un accueil chaleureux, nous ne sommes pas au bout de nos surprises, lorsque l?un d?entre nous (devinez lequel ?) est reconnu avec certitude pour être Big Dez. Résultat : deux bouteilles de vin rouge offertes !
Peu avant 20h30, nous sommes accueillis à la salle René Fallet par Christophe Timmermans, responsable du service culturel de la commune et à l?initiative de cette manifestation.
Après avoir programmé en 2005, Patrick Verbeke et Andy J. Forrest, le choix de cette nouvelle cuvée n?en est pas moins intéressant.
La première partie de cette soirée nous fait connaître une jeune formation parisienne. Jeune parce qu?elle n?a pas 1 an et demi. (Mais comme dit le dicton : la valeur n?attend pas le nombre des années) Ce groupe, les Tip On In joue un blues Traditionnel. L?inspiration est puisée à partir de grands noms du Blues comme Slim Harpo ou Freddy King.
Les musiciens qui composent cette formation ne sont pas des débutants. Phil Poitevin (chant et harmonica) est un familier des grands du Blues pour avoir animé pendant longtemps un club Blues en Corse. Guillaume Kissel aux drums a joué avec les Bloosers, Manu Guillou à la guitare est un musicien qui participa à la culture Blues en Bretagne avec son trio les Bluesy Way. Jean Marc Despeignes (basse) le nouveau venu a accompagné Benoît Blue Boy? Excusez du peu ! Jean Pierre Guillaume (clavier) est un familier des rythmes boogie.
Rien d?étonnant alors qu?à l?occasion d?une jam avec Big Dez, ce groupe talentueux se retrouve, quelques mois plus tard, sur la grande scène de l'Espace René Fallet.
Trois quart d?heure de morceaux choisis comme « Ain?t no Way » de Hash Brown, « Cool Evering » de Pee Wee Crayton, « California Fire Blues » de Rod Piazza ou bien encore « I?m Rore Down » de Sonny Thompson pour ne citer que ces reprises parmi d?autres et de bonne facture.
Cette formation a sorti un 7 titres en avril 2005 dont la chronique figurera sur l?Oreille Bleue.
Un bien beau début de soirée avec un groupe au gros potentiel, qui n?en doutons pas un seul instant, ne pourra que s?améliorer et s?habituer à appréhender les grandes scènes comme Big Dez.
Fort de deux albums remarqués, gravés au Texas du côté d?Austin en 2003 (Sail on Blues) et en 2005 (Night after Night) et de prestations scéniques depuis de nombreuses années en France de la même veine, Big Dez et ses musiciens se sont enrichis, pour la deuxième édition de ce Festival Blues de Crosne, d?une section de cuivres rutilants, saxophone, trompette et trombone, trop rarement présente en concert, à l?instar de ce qu?ont déjà fait Miguel M ou Nico Wayne Toussaint.
Huit artistes unis et réunis pour mettre en valeur un répertoire constitué principalement de compositions incandescentes dopées par des reprises brûlantes où le Blues joliment orné de Funk et de Swing rejaillit sur l?assemblée toute entière.
Le public, attentif et timide au début, s?est laissé convaincre rapidement pour finir debout en frappant des mains.
Autant dire qu?il aurait fallu être de marbre pour ne pas ressentir toute la générosité déversée par l?une des toutes meilleures formations de notre beau pays?
Philippe Fernandez (alias Big Dez) est un leader incontestable, humble et altruiste à la fois, qui en impose, par son gabarit mais surtout par son jeu de guitare incisif et son chant stimulant.
Il bénéficie d?une assisse rythmique en acier trempé martelée par la basse de Lamine Guerfi et les baguettes de Stéphane Minana sur laquelle l?harmonica de Marc Schaëller, aux phrasés calibrés et légers, et les claviers de Bala Pradal, à l?indécente dextérité, s?activent diablement et fonctionnent à merveille.
Mais c?est l?apport du légendaire Gordon Beadle au saxophone Ténor, venu tout droit de Philadelphie pour la circonstance, qui renforcent le sentiment de bien être, bien aidé en cela par la trompette de son compatriote, Andrew Crocker, et le trombone du jeune Frenchie, Bertrand Luzignan (recruté au Caveau des Oubliettes lors des Jams Sessions animées par le grand Philippe)?
Quelle claque ! Quelle déferlante ! Quelle unité !
Une cohésion palpable et un talent consacré qui s?exportent depuis longtemps en Belgique et en Hollande, là où réside Philippe. De retour de Madrid en Espagne, la terre de ses ancêtres, la prochaine tournée de Big Dez en Angleterre sur mars et mai dans quelques lieux mythiques de la prude Albion s?annoncent déjà sulfureuse, une conquête de l?Europe en quelque sorte?
Quoi qu?il en soit si Big Dez fait une halte prés de chez vous, vous savez ce qu?il vous reste à faire? Dates de concerts consultables sur www.bigdez.com .
Après une courte mais salutaire nuit de sommeil, c?est sur le coup de 15 heures que nous retrouvons une vingtaine de personnes dans la salle Paroles à côté de la bibliothèque, pour participer à une conférence sur l?histoire du Blues et son influence évidente sur les musiques actuelles.
Pascal Bussy, consultant et auteur de livres sur la musique, illustre ses propos, souvent passionnants, de photos, de documents audios et vidéos retraçant de manière vivante la genèse de notre style musical favori.
A ce titre, nous ne pouvons qu?admirer l?énorme travail de recherches d?éléments sonores et iconographiques indispensables à l?illustration du sujet.
De quoi satisfaire notre soif de connaissance et entretenir des discutions jusqu?au début de la dernière soirée.
Autant être clair, c?est un spectacle de music hall que la troupe française formant les Eight Killers Blues Brother?s Show propose, utilisant tous les ingrédients des célèbres Blues Brothers.
A commencer, par le look de chaque musicien affublé des légendaires lunettes, chapeau, costume et cravate, de couleur noir tous les quatre, d?une chemise blanche et d?une immense bannière étoilée accrochée en fond de scène pour faire plus vrai que vrai.
Ajouter à cela, de la fumée (sans feu), des quantités de gags (pas toujours drôles) avec bagarres, utilisation d?ustensiles en tout genre : gyrophares, arme à feu, poulets en plastique, trottinette, destruction d?une pauvre guitare acoustique et travestissement de certains protagonistes.
Sans oublier, pendant prés de deux heures, l?expression de morceaux intemporels qui a fait le succès des Blues Brothers à reprendre en c?ur renforcés par quelques standards du Rock?n?Roll comme Johnny Be Good ou Jailhouse Rock.
Bénéficiant d?un gros son digne d?un concert en plein air dans un stade, l?interprétation musicale est bonne et l?efficacité au rendez vous mais le saucissonnage de certains morceaux et l?utilisation à outrance d?un faux accent ricain rend l?ensemble souvent lourd et limite indigeste?
Mais le nombreux public familial présent n?en a que faire de ses considérations, trépignant, gesticulant, sautillant, dansant, il en redemande? Et c?est bien là, l?essentiel, non ?
Trois plateaux panachés dans un environnement de qualité avec une bonne restitution sonore, des spectateurs en nombre sont les composantes de la réussite de ce festival.
Pari tenu pour Christophe Timmermans et son équipe qui prépare déjà la troisième mouture pour 2007.