L?atmosphère scénique dégagée par Otis Taylor est avant tout intimiste, subtile et sensible. Les morceaux défilent tels un travelling sonore le long de dunes incertaines promises aux confins de nos zones les plus secrètes. La version éthérée du célèbre Hey Joe, témoigne d?un état de grâce musical remarquable. Le violoncelle, omniprésent dans ce show apporte une touche céleste que seule la voix de la chanteuse, aérienne et sensuelle, combinée à celle du leader vient rivaliser d?un doux apaisement intrinsèque.
Otis Taylor est un homme qui dépasse les frontières dogmatiques du blues. Il expérimente, il voyage et nous fait traverser le miroir. Entre delta 70?s d?un Muddy waters transfiguré et d?un swamp blues digne de l?univers de Lewis Caroll, ce musicien hors norme nous promène avec délice dans un concept musical ou même Jean Sébastien Bach, le temps de quelques mesures, peut tenir sa place.
Les fans de Tony Joe White ou de Pura Fe? devraient s?y retrouver et sortir les briquets afin de soutenir cet artiste lors d?un prochain concert près de chez eux.
Lucky Peterson est un artiste complet. En plus d?être un guitariste chanteur de premier plan, il est aussi un excellent organiste qui apparaît régulièrement en guest chez divers musiciens (récemment chez Nina Van Horn en 2006). Il sait mettre le feu sur une scène en quelques dixièmes de secondes.
En cette soirée de Musicalbâtre, l?indéniable talent de Môsieur Peterson irradie les planches côtières et salées de la Seine maritime. Son approche soul funky du Chicago blues reste un modèle du genre. Résolument électrique et grandiloquent, son blues résulte en une attaque frontale, inondant l?auditoire de salves assassines de riffs et de soli extirpés de sa ferveur outre Atlantique de fournir le meilleur de lui-même.
Les blues lents qu?il présente transmettent la réelle énergie d?un show éprouvé et près à conquérir de nouveaux publics. Son line up contribue également à une cohésion d?un abord classique, mais mené de main de maître. Lucky Peterson sait manier le fer et l?enclume, le chaud et le froid. Il connaît l?art de faire monter la mayonnaise pour le plus grand plaisir du public. Tout au long du concert, le bougre fait monter la pression et ne peut s?empêcher de faire son tour du public, faisant fi des contraintes techniques inhérentes. Lucky Peterson est toujours aussi insaisissable à l?instar de son medley de Jimi Hendrix d?avant bouquet final blues funk de rigueur.
Malgré ses quelques kilos encombrants, Lucky Peterson fait toujours le spectacle. Il demeure un chef de file du blues actuel qu?il faut au moins voir une fois dans sa vie.