26e édition
Samedi 11 mai 2013
Tarif : 33 euros
Main Stage
13h30 : George kilby Jr with Phil Wiggins and Georges Breakfast
14h15 : T Bear and the Dukes of Rhythm
16h15 : Jason Buie Band
18h00 : Renaud Patigny présente Zanzibar
19h30 : Smokin' Joe Kubek Band and Bnois King
21h15 : Preston Shannon
23h00 : Tom Rigney and Flambeau
Second Stage
- Moonlamb Project
- The Thyle's Band
- Mr D. and the Blacksliders
Après n?avoir pu se libérer pour les trois dernières éditions, l?équipe de L?Oreille Bleue est de retour pour vivre intensément cette demie journée (quasiment 12 heures de spectacle vivant) consacrée à de nombreuses nuances du Blues dans un cadre champêtre et accueillant. Pas grand-chose n?a changé du côté de la Province du Hainaut, le grand chapiteau est toujours placé au même endroit sur la plaine de jeux de Marche-Lez-Ecaussinnes, les habitués (en nombre depuis bientôt 20 ans) arrivent à l?heure et se ruent sur les fauteuils de jardin installés devant la scène ou se pointent avec une indispensable chaise pliante, certains ont même pensé à s?équiper de bottes en plastique. Bien leur en ont pris car la météo capricieuse, comme presque chaque année, transforme rapidement la partie herbeuse du site en véritable bourbier?
Les barmans, chemise rouge brodée aux couleurs du Spring Blues et d?une marque de brasserie, sont prêts à servir de bonnes bières à prix doux aux festivaliers sous la protection des bénévoles de la Croix Rouge de Belgique qui veillent aux aléas des excès éventuels de consommation?
André Hobus, le maître de cérémonie peut présenter peu avant 14 heures, les premiers artistes à l?affiche, venus d?Outre Atlantique pour la majorité d?entre eux (sauf information contraire), de cette 19eme édition du Spring Blues Festival où 8 plateaux différents vont se succéder sans relâche.
C?est le Belge Marc Lelangue qui ouvre d?abord en solo avant d?être rejoint par ses musiciens (Geneviève Dartevelle à l?harmonica, Kevin Mulligan au Dobro, Bart de Nolf à la contrebasse et Stephan Pougin à la batterie) pour une trop courte prestation de Blues acoustique, authentique et sincère. A peine le temps d?apprécier la voix rocailleuse, le jeu inspiré de guitare (de sa fabrication) et les qualités certaines de ses accompagnateurs qu?il faut déjà laisser la place (au bout d?à peine trois quart d?heure !) à la formation suivante pour respecter des impératifs d?horaires. Pour le moins frustrant pour tout le monde, les musiciens comme le public.
Même chose pour Louisiana Red, accompagné par la guitare électrique et la voix de Little Victor, n?a guère plus de temps pour s?exprimer, pourtant entouré d?une French Dream Team (Julien Brunetaud au piano, Thibaut Chopin à l?harmonica, Vince Talpaert à la basse et à la contrebasse et Simon Boyer aux baguettes) à faire frémir? Cependant si Louisiana Red apparaît courbatu et fatigué, assis au milieu de la scène, son chant habité et captivant, sa technique de guitare au bottleneck et son sens du spectacle (instrument derrière le dos) procurent de la saveur à ce Blues du Delta ancré dans la tradition qui mérite amplement plus de considérations. A revoir dés que possible pour un concert entier.
Pour l?arrivée du jeune harmoniciste Jason Ricci, le Blues se fait plus moderne, s?entremêle avec le Swing, se troque avec le Funk et chaque formation dispose de plus de temps pour jouer. C?est peu dire que Jason est un virtuose de l?harmonica, il maîtrise toutes les techniques (séduisant apport glutural) et enrichit son jeu d?effets bienvenus. Ses envolées harmonicales gorgées de notes obtiennent l?assentiment de la foule, tout comme les abondants solos, nerveux et structurés, qui sortent de la guitare de Shawn Starski.
Tous deux profitent d?une sérieuse présence rythmique échafaudée par l?Argentin Maki Bergari aux baguettes et par le slap d?un bassiste bondissant (désolé pour son nom). Ajouter à cela, une aptitude certaine à occuper l?espace et une communication naturelle avec l?assistance, autant d?éléments livrés à une assemblée attentive qui apprécient et se lèvent pour offrir au final une belle ovation !
C?est toujours un plaisir de revoir l?harmoniciste Matthew Skoller qui comme lors de sa prestation à la Nuit du Blues de Caen en mars dernier est accompagné par son frangin Larry à la guitare électrique mais en revanche par une rythmique basse-batterie différente. Quand ils se retrouvent avec leur compatriote Lurrie Bell, leur complicité n?est plus à prouver à tel point que Matthew et Lurrie l?annoncent clairement : ils se considèrent comme des frères? Et cela s?entend dès les premiers instants !
Les voix chaleureuses et les jeux de guitares s?harmonisent quand les solos aériens de chacun stimulent la perception, incisifs et limpides à la fois, répondant à merveille aux phrasés d?harmonicas vifs et lumineux de Matthew. Des morceaux lents à trépider de bonheur et des titres swinguants à danser sans retenue transmettent toutes les émotions ressenties dans cette savoureuse séance de Chicago Blues manifestement appréciée par l?auditoire.
Le plateau intitulé « Portland Blues Heavies » promet du costaud et il le reste tellement que l?affaire ne décolle qu?à de trop rares exceptions.
Pourtant Franck Goldwasser, guitariste français installé dans l?Oregon, a des arguments à faire valoir, le guitariste chanteur Lloyd Jones (déjà vu avec Tommy Castro en avril 2005) est une référence du Northwest Blues et DK Stewart ne manque pas non plus d?expérience derrière son piano notamment avec Robert Cray? Visiblement pas suffisant pour illuminer un registre varié de Slow Blues, de Blues Funky, de Country Boogie et de Rock?n?Roll.
Une déception manifeste vite oubliée par l?arrivée attendue de Nick Moss (and The Flip Tops) qui va ravir les amateurs de guitare plutôt intensive et bien saignante mais pas seulement? D?entrée « Piano » Willie O?Shawny chante sans retenue et fait virevolter ses dix doigts sur les touches de son clavier, soutenu par les baguettes de Victor Spann caressant les fûts et les cymbales pour offrir un Boogie Woogie endiablé et infernal, vite rejoint par les cordes du bassiste Gerry Hundt et du leader Nick Moss.
Ce dernier possède une voix puissante et une technique instrumentale aussi aisée que démonstrative sans jamais tomber dans la surenchère. Il sait aussi utiliser toutes les possibilités multi instrumentales de ses musiciens quand il prend l?harmonica et qu?il laisse Gerry au chant et à la mandoline et Willie à la basse. Un délicieux set de Blues électrique qui associe avec justesse, enracinement et modernité, lorgnant sur la frontière toute proche du Rock?n?Roll.
Pour une première européenne, le groupe emmené par le chanteur Jackie Payne et le guitariste Steve Edmonson va recevoir une approbation méritée et marquer les esprits de tous ceux qui apprécient le Rhythm and Blues et la Soul Music.
Une alchimie concrète qui se ressent dans la cohésion de tous les protagonistes embellie par la tenue classieuse et étincelante noire et mauve de chaque musicien.
La voix suave, chaude et touchante de Jackie Payne se forge d?intonations surprenantes presque féminines et met en valeur un registre de compositions éclairées et de reprises appropriées (comme ce « Let?s Stay Together » pérennisé par Miss Tina Turner) appuyée par les ch?urs de John Middleton et de Carl Green. Tous deux apportent de leurs interventions cuivrées, à la trompette et au sax ténor, des raisons supplémentaires de se trémousser et de se réjouir. Sans négliger, le piano enthousiaste de l?Allemand Christian Rannenberg (déjà vu par le passé avec James Harman et Mark Thijs) et la guitare étourdissante de Steve Edmonson, en accompagnement comme en solo, qui bénéficie d?une rythmique irréfutable construite par la basse de Bill Singletary et la batterie de Nick Otis. Un dernier morceau éclatant emprunté au Godfather James Brown confirme définitivement cet excellent millésime de musique live, tout simplement.
Pas évident d?enchaîner après une telle prestation mais la revue visuelle et musicale de Bobby Rush a fait ses preuves sur toutes les scènes du Sud des Etats-Unis (le fameux Chitlin? Circuit) comme dans le reste de la planète. Les déhanchés subjectifs et les tenues hyper-sexys de Shakila Waldington ne peuvent faire oublier la performance enthousiaste et cocasse, à mi-chemin entre Blues et Funk, de Bobby Rush. Sa musique franchement festive prend sa source auprès des grands classiques de Muddy Waters et s?épanouit dans des compositions plus actuelles résolument dansantes.
Son chant rayonnant et enjoué bonifié par des phrasés d?harmonicas simples et posés profitent de la solidité incontestable et de l?engouement sans faille de ses musiciens. Terry Grayson à la basse 6 cordes et Bruce Howard à la batterie tiennent la baraque quand la guitare de Steve Johnson et les claviers de James Lewis s?activent bigrement. Torride de bout en bout et pour le moins efficace !
Le temps de déguster une dernière tartine de houblons aromatisée à la cerise dont les Belges ont le secret de fabrication et de saluer quelques connaissances avec qui il est toujours agréable de se retrouver, il faut bien reconnaître que le Spring Blues Festival d?Ecaussinnes constitue l?un des rendez vous les plus intéressants et les plus excitants de l?année?
Vivement la vingtième édition !