Venu du Havre, The Flaming Combo est un groupe de Rock and Roll qui envoi une belle énergie à l?image de son chanteur-guitariste, mais qui n?a pas été servi par un son digne, à mon sens, des premières parties habituelles de la Traverse. Par conséquent il est difficile de se prononcer sur la qualité finale de ce groupe qui n?a jamais abandonné son set et s?est montré courageux et plein d?enthousiasme, malgré une guitare rythmique électro-acoustique et une contre-basse assez peu audible, en façade du reste...
L?entrée en scène de Monsieur Lee Rocker marque le coup et aussitôt, le gros son semble réapparaître. Une contre-basse de folie et un chant bien surexposé donnent de l?échos aux guitares, l?une son clair, l?autre son crunchy et à la batterie, contrastant mortellement avec celui de nos voisins côtiers en vedettes américaines.
L?énergie de Lee Rocker, sa probité artistique et son sens de la scène en font une pure star du rock. Son look, sa voix et son flegme marquent un grand coup pour cette affiche qui n?a pas le rayonnement de celle de Brian Setzer, mais qui pour ce soir, laisse néanmoins un goût de Stray cats à la Traverse, mais en plus rythm? and blues.
Lee Rocker et ses musiciens
Lee Rocker
Lee Rocker
Mad Man
Photos : Christian Rock
09-03-2007
Sean Costello
C?était pour moi la première fois au Soubock et j?ai été absolument conquis.
Le lieu est magnifique, spacieux et chaleureux. Le son est parfaitement réparti dans la salle ce qui permet d?entendre toutes les finesses depuis la porte d?entrée tout en restant à un volume parfaitement supportable au pied de la scène. La seule ombre au tableau sera venue du public, plutôt clairsemé malgré la qualité de l?affiche. Dommage, une prestation de ce niveau aurait bien mérité un peu plus de monde.
J?avais déjà vu Sean Costello lors de son concert de L'Espace Blues et il m?a semblé qu?il prend plus de risque dans ses solos de guitares semblant allez chercher dans au fond de ses entrailles, laissant échapper quelques ralles pendant les riffs les plus acérés.
Sa voix reste probablement l?atout majeur de ce jeune homme. Râpeuse, puissante et chargée d?émotion quel que soit l?ambiance du morceau elle lui permet de jouer de vrais chanson qui ne pas uniquement des excuses pour faires des solos.
Coté batterie, pas de grosse démonstration, même plutôt un peu en retrait, mais ne vous y fiez pas, son tricotage de toms et d'une finesse incroyable.
Celui qui m'a le plus impressionné reste le bassiste qui a un son et groove à faire pleurer les meilleurs.
Des individualités tout aussi impressionnantes les une que les autres mais ce n'est encore rien parce que coté ensemble et cohésion, je dirais que c'est intelligence et bonnes idées ....
- dans le choix des titres qui leur permet de visiter des tourneries très différentes évitant ainsi de sombrer dans la rengaine qui guète les trios.
- dans les mises en place et autres break qui n'arrivent jamais où et quand on les attend.
- dans la manière de mettre le soliste en avant tous en redonnant 2000 tonnes de poussée à la rythmique.
Bref je suis absolument conquis.
Pascal Lob
Photos : Lolo Crossroad
17-03-2007
Marvellous Pig Noise
Avant de se laisser transporter par la musique métissée des Marvellous Pig Noise qui fêtent en cette occasion la sortie de leur nouvel album intitulé Drôles de Mammifères sur le label Dixiefrog, le début de soirée est confiée à l?américain Neal Black soutenu par le français Fred Chapellier, tous deux membres actifs du groupe de Nina Van Horn, comme nous avons pu le découvrir en juillet 2006 au Cahors Blues Festival.
Une prestation décuplée, où les deux guitaristes complices s?en donnent à c?ur joie, Neal Black avec sa fameuse Gibson Flying V et Fred Chapellier avec une Fender Telecaster bonifiée par l?apport de la rythmique maison de chez Dixiefrog, Francis Campello à la basse et Vincent Deaune à la batterie.
Une séance plus proche d?un Blues Rock péchu, où l?abondance de décibels s?affirme au fur et à mesure de l?enchaînement des morceaux, agrémentée par la voix rauque et profonde du Texan dans ses compositions en anglais relayée par quelques titres en français de Fred. Même si le public était venu pour voir les Marvellous, il a manifestement bien apprécié cette première partie courte mais robuste dans lequel le quatuor a pris visiblement du plaisir à jouer.
A noter, qu?en avant première, la nouvelle galette de Neal Black, Handful of Rain, était en vente dans les bacs depuis le 29 mars dernier, nous eu reparlerons?
Les Marvellous Pig Noise prennent le relais devant un parterre conquis d?avance. Dés le début, ces cinq drôles de mammifères démarrent fort, avec une belle énergie. Leur interprétation a cette grande qualité musicale qui est la leur, avec des textes bien ciselés et de superbes arrangements. La mise en place musicale et des voix est impressionnante. Ils marient toujours avec bonheur blues, soul et gospel. Ils dépoussièrent quelques uns de leurs titres phares avec de nouveaux arrangements plus modernes. Le public apprécie fort leur prestation même s?il reste sagement assis. Personnellement j?ai une forte envie de les revoir dans une configuration plus convivial et festive tant je n?ai pas oublié la claque qu?ils m?ont donnée au Bateau Ivre, café concert de Rouen.
Leur dernière tartine est dans les bacs depuis quelques temps, mon complice Lucky Jean Luc ne tardera pas à en écrire le plus grand bien. Assurément, elle est à ajouter aux précédents dans votre cédéthèque car chez les Marvellous, comme dans le cochon, tout est bon.
Lucky Jean Luc, Frère Toc & Lolo Crossroad
31-03-2007
Otis Taylor
Le 3 pièces est un jazz club qui, tous les vendredis soirs et depuis quelques mois, propose un rendez-vous hebdomadaire aux amoureux de la blue note. Avec des artistes aussi variés que complets (manouche, free, bop?), l?établissement s?ouvre, le temps d?une soirée, à l?univers d?un acteur moderne du blues trans Atlantique.
Otis Taylor, seul sur scène, est un moment rare de sensibilité et d?authenticité blues que les heureux présents ont eu le plaisir d?apprécier. Le langage musical résolument sobre, voire sommaire d?Otis Taylor, est un savant mélange de noirceur existentielle du Bayou et d?interrogation sociale très Mississipienne.
Entre mandoline, guitares standard ou open tunée et harmonica solo, le solide blues man s?engage pleinement pour un monde plus pacifique et revendique son hostilité envers la politique de l?actuel Président des Etats-Unis. Sa voix lourde et timbrée s?élève au gré de ses attaques de cordes, tantôt savantes, tantôt simplistes mais toujours sincères afin de transmettre un message musical des plus personnel.
Son désir de partager ses états d?âmes est souvent passé par sa traductrice, tant il fut difficile pour le public, de comprendre toute l?ampleur de son message, mais qu?importe?
L?équipe technique constituée de Thierry Ozouf au son, de marc Corvaisier à la lumière et de Rodgi à la vidéo ont été les atouts supplémentaires de la pleine réussite de cet événement musical rouennais.
Mad Man
14-04-2007
Bo Weavil
Samedi 14 avril 2007, nouveau déplacement vers Beauvais pour une soirée qui s?annonce des plus sympathiques.
Les Bo Weavil sont la tête d?affiche d?une réjouissance que nous savourons déjà par avance.
Placée au c?ur de la citée, la salle surnommée à point nommé « l?Ouvre Boite » nous entraîne dans ce qui fait de plus aimable : la démocratisation de la culture au c?ur des quartiers.
L?endroit est sympathique, offrant une capacité d?accueil intéressante. Quelques marches plus basses nous découvrons l?antre de la « boite »
Dès l?arrivée sur scène de Mathieu Fromont (guitare /harmo et chant) et de Vincent Taelpart (batterie) les gorges se serrent. La tristesse semble être dans le c?ur des artistes?il n?y a pas foule ! surprise, damnation ou désespoir, nous ne sommes qu?à peine une dizaine de spectateurs dont la moitié est composée de l?équipe de l?Oreille Bleue?.bref ce n?est pas la grande foule!
Qu?à cela ne tienne, Mathieu engage le set et met en place progressivement les bases du succès du groupe, le groove. Ça tourne, ça swing et le public présent rend aux deux compères l?énergie nécessaire pour boucler l?affaire. Extraordinaire, précieux comme un diamant, les notes s?enchaînent, les phrasés d?harmo simples et précis engagent le public qui n?hésite pas une seule seconde à accompagner en frappant dans les mains s?additionnant à la rythmique, solide et méticuleuse de Vincent aux balais.
Quel bonheur ces garçons, jamais sans doute l?expression de leur musique n?aura été aussi poignante pendant ce set à rallonge puisqu?il n?y eut pas d?intermède au cours de la représentation, choix volontaire sans doute de la part des musiciens qui préférèrent là, la communion entre l?expression de leur dernier album « Mo? Diggin » et un public, totalement acquit à leur cause.
Bien leur en a prit, car le tonnerre d?applaudissement témoigne si besoin de l?excellente qualité de la prestation, débouchant forcément sur un rappel bien mérité.
Les Bo Weavil seront à la traverse à Cléon à la mi-novembre de cette année, ne les loupez sous aucun prétexte, la soirée sera grandiose.
En attendant et pour en connaître un peu plus sur ce duo détonnant et découvrir leur discographie, visitez leur site : www.bo-weavil.com
Red, groupe haut en couleur, prend la place pour la deuxième partie du concert.
Olivier Lambin est roux, et c?est sans doute pour ça que lui et sa bande s?appellent Red. Mais pas uniquement. Le rouge, c?est aussi à la fois le feu et le sang, l?amour et l?enfer, des territoires vers lesquels nous mène leur musique. N?en déplaise aux inconditionnels du douze mesures, avec eux on sort du cadre de la musique du diable, mais l?esprit y est. Une voix rocailleuse posée sur un rock tendu, ténébreux. Les eaux boueuses ne sont pas loin, mais l?énergie dégagée par le combo empêche de s?y enfoncer, et nous élève même parfois vers un univers cosmique. C?est ce contraste qui fait la force de Red. Boueux et aérien à la fois. Primitif et sophistiqué. Sauvage et élégant. Sombre et étincelant. Une violence et une rage retenues. La classe, quoi.
Olivier Lambin tient le plus souvent la basse, tout en chantant. Parfois, il troque la 4 cordes contre une guitare Grestsch, rouge évidemment, et rectangulaire façon Bo Diddley, au son bien sec. A sa droite, Jérôme Excoffier aux allures de Keith Richards, jongle à merveille avec ses trois Telecaster. Léo Prud?Homme, aux claviers, apporte la dimension aérienne au son, pendant qu?à la batterie, Tonio Marinescu tient la baraque.
Ces gars-là se connaissent bien et ça s?entend. L?ensemble est solide, soudé, compact, concentré. Sur la scène, les regards se croisent. Pas bavard, Olivier Lambin se contente d?un court « merci » entre chaque morceau. Pas du genre à raconter sa vie ou à délivrer des messages.
Malgré la faible affluence ce soir-là à Beauvais, Red ne fait pas semblant de jouer. Comme tous les grands artistes, il donne tout, comme si c?était son dernier concert. Dure la vie de musicien. « La vie de musi-chien » me confirmera Jérôme Excoffier venu avec ses acolytes à la rencontre du public après le set.
Pour en savoir plus, retrouvez ce groupe sur : http://profile.myspace.com/redfrench
Ricky Bluesfeeling & Charles Ducroux
20-04-2007
Rob Tognoni
L?australien Rob Tognoni, qui passe six mois de l'année en Europe, a l'image d'un artiste 'blues rock' voire même 'power blues rock'. Lorsqu'il était venu en 2006, il avait effectué le show parfait. Le vendredi 20 Avril 2007, ce sympathique bluesman était donc logiquement attendu à l'Espace Blues. Accompagné de son épouse Léonie, ils furent chaleureusement applaudit dès qu'ils entrèrent dans la salle.
Il attaqua avec 5 ou 6 morceaux bien "rentre dedans" de 'Bad girl' en passant par 'You drive me mad', 'Shakin the devil's hand' avant de se calmer un peu, en quelques sortes? avec 'Guitar Boogie'. Sur le plan musical, il nous propose deux sets avec un peu moins de morceaux Boogie justement, même si le concert est toujours aussi intense.
Les avis sont partagés parmi les fans de la première heure, si on doit être critique, pour une fois, on dira juste: non à certaines reprises !! "Black night" n'a rien à faire dans le répertoire, même si on a rien contre Deep Purple.... On déplorera aussi qu'il n'y ait eu qu'un seul morceau Blues? un seul vrai et authentique.
Par contre, il a su comme d'habitude monter en puissance et imposer un rythme non stop sans répit !! Sans être trop démonstratif, il part sur un splendide medley en incluant Aerosmith et ses propres riffs, ainsi que 'Baby please don't go' et Hendrix.
Il nous aura quand même offert ses meilleurs classiques tel que 'Jim Beam Blues' (sur l'album Headstrong sorti en 1997) et en plus avec un son idéal, compte tenu de l'endroit. Des amis belges Paul et Anne-Marie avaient fait le déplacement. Paul est d'ailleurs l'auteur de la photo de la couverture du dernier CD 'Capital Wah'. Ce disque à l'intitulé ' Rob Tognoni Power Blues Rock', avec 15 titres, est intéressant même s'il est un peu moins percutant que les précédents.
A la fin du concert, il est resté très accessible avec l'incontournable séance de dédicaces. Toujours très souriant, comme tous les australiens qu'on croise ici. Vraiment sympa !
Merci Rob !!
Ju Blues Kontact & ZZPat
12-05-2007
Sugarcane
A l?occasion d?une réunion de l?association coup de pouce, le 3 pièces, cabaret jazz, fut le siège d?un soirée orientée blues par le biais du groupe Sugar Cane qui lors du premier set, s?est montré plutôt polymorphe en matière de line up.
Le choix des premiers morceaux, comme pour faire hommage au lieu, est résolument jazz. La première salve se résume en un duo formé par Alex (guitare, chant et basse clavier aux pieds) et Julien (guitare, grosse caisse et charleston également pédestre). Des feuilles mortes à Summertime, en passant par une valse blue note, le parie de Sugar Cane est déjà bien engagé car le binôme d?hommes orchestres est de haute qualité.
Pascal ajoute ses quatre cordes grave à la paire bicéphale déjà sur le terrain, ce qui du coup libère les mollets d?Alex qui peut se concentrer sur son chant dont le timbre enlevé n?est pas sans rappeler celui d?un Marc Ford (Et oui ! Pour les connaisseurs, le frère de Robben). S?enchaînent quelques reprises de Rory Gallagher de Chris Duarte et de Craig Erickson qui apporte la touche blues électrique propre à Sugar Cane.
L?entrée de Loïc à la Batterie et de Philippe à l?harmo vient ajouter la touche band de la formation avec notamment Mystery train d?Elvis ainsi que les standards de John Mayall et de Robben Ford. C?est une dimension supplémentaire qui donne à Philippe Adnet le moyen d?exprimer tout son talent d?interprète et d?improvisateur du 10 trous Honner.
Cette soirée, riche en rebondissement musical a été une belle occasion pour moi de découvrir cette formation qui prend, tout doucement, une place importante dans le renouveau de la scène blues rouennaise.
Mad Man
25-05-2007
Blues Power Band
Peeble
A l?initiative de l?asso C?ur de Blues, le Blues Power Band a investit le Bateau Ivre en ce vendredi de fin mai.
La qualité de leur dernière tartine et les commentaires de leurs prestations scéniques, nous avaient ouvert l?appétit et c?est en espérant en ressortir rassasiés que nous sommes arrivés sur les lieux.
Le début de soirée revenait à Peebles, très jeune groupe rouennais qui semble-t-il faisait là sa seconde prestation publique. Belle surprise donc avec une basse batterie solide et très en place, un guitariste hendrixovaughanesque qui a su rester en retrait (un peu trop peut être) et qui a réussi à favoriser le son et le touché plutôt décibels et enfin un chanteur habité qui a su donner une vie aussi bien aux reprises de Stevie Ray Vaughan qu?aux standards de la soul façon « The Commitments ». Une bien belle mise en bouche donc, même si la seconde partie du set, plutôt psychédélique, qui ose aussi reprendre avec brio du Zappa, nous a beaucoup moins touché, il va falloir les surveiller.
Le temps de changer de plateau et les Parisiens de Blues Power Band démarrent leur set. Une basse batterie à l?énergie Pub Rock fourni un robuste support aux deux guitares acérées parfois efficaces comme un riff des Stones (à la bonne époque !) et parfois volubiles à la manière des « guitar héro » du Blues Rock ou du Heavy Metal. La voix puissante et posée cadre bien avec le répertoire qui enchaîne compos et reprises sans la moindre baisse de régime.
Puissante et efficace la prestation est bien rodée mais sans que ne puissions dire pourquoi elle n?aura pas réussit à nous captiver complètement? Nul doute que la prochaine fois sera la bonne.
Peeble
Blues Power Band
Blues Power Band
Pascal Lob & Lucky Jean Luc
Photos : Charles Ducroux & Pascal Lob
27-05-2007
Youssef Remadna
Youssef Remadna bien entour?
Dimanche 27 mai, sale temps pour les canards ! Une météo pourrie à faire sombrer dans un blues profond et épileptique.
Heureusement, quelques temps auparavant, l?ami Lucky a eu la merveilleuse idée de proposer à la bande de joyeux lurons qui compose l?Oreille Bleue, de faire le déplacement sur Paris et de se ressourcer au One Way Café (périphe nord - porte de St Ouen, en plein c?ur des puces plus exactement).
Le plan de la journée ? Il parait que Youssef Remadna se produit cet après midi.
La RickyMobile est déjà en chauffe que déjà se pointe à l?horizon, une, deux, trois puis quatre silhouettes qui composeront pour l?après midi la représentation de l?équipe. Nous serons donc cinq de vos serviteurs pour rendre compte de la réputation du Diable et de son antre.
1h3/4 après et toujours sous un déluge d?averses, nous arrivons à bon port !
Le One Way fait figure aujourd?hui d?endroit mythique où l?on est à peu près sur d?y écouter de la bonne musique faite par d?excellents musiciens.
L?endroit est chaleureux, le décor chatoyant aux couleurs chaudes, rappelant avec bonheur au passager du moment que bons nombres d?artistes de talents s?y sont produits et s?y produiront encore. (Espérons le !).
Ce n?est pas par la maîtresse femme (Christine) que nous sommes accueillis dans l?endroit, bien trop occupée sans doute à choyer tout son petit monde ? que nous retrouverons un peu plus tard -- mais tout bonnement par l?ami Thibaut Chopin afféré qu?il est, de compléter les quelques réglages nécessaires à un rendu sonore d?exception (même que mon oreille gauche se rappelle encore du claquage d?enceinte qu?elle s?est ramassée, juste au moment de l?arrivée du maître, je veux parler de Youssef Remadna lui-même. Ceci pour dire?.que ça commence fort !
À l?affiche donc un grand Monsieur de la scène déjà remarqué à maintes reprises sur les dernières scènes françaises et dont vos serviteurs présents pour vous, se sont fait l?écho. Mais surprises des surprises (et il y en eut ?) Youssef s?est arrêté au One Way avec un panel d?artistes aux qualités exceptionnelles.
D?abord, il revient de savourer avec délectation, la présence de Simon « Shuffle » Boyer, l?empereur du ternaire et du balai (pour batterie évidemment) puis Thibaut Chopin, géant parmi les géants, recherché par tous les groupes tant son impressionnante maîtrise des instruments (basse, contrebasse, chant, harmo) est rare et sans doute unique en France et Stan Noubard Pacha, guitariste parmi les plus capable de sa génération, incontestablement reconnu dans le milieu du Blues français.
Ce sera donc un voyage entre les styles Chicago blues, Swamp, jazz et parmi les figures les plus célèbres de notre ère, Slim Harpo, Lazy Lester, Little Walter, pour ne citer qu?eux, sans oublier bien sur les quelques compos du groupe présent pour nous ce jour, auquel nous serons conviés.
Dès la prise de scène, le ton est donné. Inutile de pleurer, nous sommes là pour savourer une belle tranche de vie. Youssef Remadna en parfait maestro en donne la mesure et ne ménage pas ses gaudrioles. Au 3ème morceau, « Shame Sham? », le public nombreux est conquit et donne « la claque » sans hésiter. « Tell me Mama » ouvre le festival au talent insensé de Simon Boyer : léger, aérien. Celui-ci nous délecte d?un nectar de savoir faire ! Dans « Wathing The News » la salle retient son souffle, Simon se régale à nouveau et Youssef joue à volonté (de l?harmo ? oui bien sur) mais plus encore, ce type là à l??il, il subjugue la salle ; c?est un Showman né. De sa douceur de vivre, il enveloppe l?assistance de sa bonne humeur, la serre contre son c?ur et lui envoie une magistrale gifle, composées de douces caresses, d?un intense moment de passion, de partage et de rires et le tout avec le sérieux d?une excellente prestation.
20 morceaux et ½ h après, l?intro du 2ème set fait sonner la charge avec « Scratch my Back » morceau si cher au c?ur des Normands pour l?avoir si souvent entendu chez nous avec les Hoodoomen, eux-mêmes passés au One Way il y a quelques temps déjà, à l?occasion de la sortie de leur dernier album « Tribute » (voir nos colonnes)
Cet après midi est un grand moment de musique et de bonheur.
Il l?est lorsque, Youssef Remadna invite sur scène, le géant français du Blues, celui que l?on appelle très respectueusement le « Pape » du Blues en France : Benoît Blue Boy lequel s?exécute de bonne grâce pour « boeuffer » avec autant de talents sur un même plateau, rendant au passage un vibrant hommage à Carey Bell décédé récemment.
Benoît Blue Boy n?est pas le seul invité. Il est appréciable, même sympathique de voir au même instant, deux défenseurs d?un Blues chanté en français. Stève Verbeke étant le 2ème invité de la soirée.
Youssef Remadna comble son auditoire avec son jeu d?harmo incisif, précis, vibrant (Et quelles vibrations mes amis!?!. Les trémolos de Youssef ne sont pas appris dans les écoles d?harmonica?.faut les avoir vu pour rire encore de la fantaisie de l?artiste !!)
Sa voix de crooner, au phrasé américain irréprochable, sait aussi être magnifique lorsque l?impro lui chatouille les muqueuses et que l?homme se laisse aller à un Blues totalement improvisé en français, un régal !
Tout aussi exaltant, est d?entendre avec quelle facilité Thibaut Chopin appuie de sa basse, les chorus s?enchaînant les uns derrières les autres.
Du grand art à tel point que l?on se demande à quelques uns s?il s?agissait bien d?une basse et non d?une contre basse déguisée en basse ? va savoir ?- en fait on le su très rapidement lorsque Thibaut failli bien faire un adieu anticipé à son instrument de prédilection, lequel décida de faire un retour rapide vers le sol, contre l?avis de son maître et tout ça pour s?envoyer en l?air avec un harmonica !
Une belle frayeur pour l?artiste et un sacré réflexe ! (Quand je vous le dis qu?il y a une âme dans le Blues !)
Des rires, de la qualité, de l?humour, de la douceur, de la passion?tous ces ingrédients réunis pour réussir un tel exploit. Quelle joie sur les visages, quelle humilité pour des artistes aussi pétris de talent, quel endroit magnifique où l?on s?y sent comme à la maison.
Nous avons eu bien du mal à quitter la salle du One Way, nous l?avons fait à regret tant ces instants furent chaleureux. Alors que 5 heures après notre arrivée, nous passions la porte de l?antre, une charmante « rose » me glissa ce mot à l?oreille en parlant de Youssef Remadna :
« ?c?est un fou de Blues, mais c?est surtout un adorable fou ?. »
Youssef Remadna reviendra au One Way pour cet automne. Pour nous, aucun doute, nous reviendrons ! Et nous vous invitons à nous y rejoindre?très nombreux.
Un invit? de marque Mr Benoit Blue Boy
Philippe Sauret ?tait aussi de la f?te
Un invit? surprise Steve Verbeke
Le final ? trois harmos
Ricky Bluesfeeling
Photos : Christian Rock
03-06-2007
The New Beatniks Blues Club Band
Après la chasse à cours manifeste, organisée par notre actuel Président contre Mai 68, il faut applaudir la prestation des New Beatnick qui, loin des polémiques politiciennes relatent parfaitement, par leur prestation, toute la douceur de ces années d?insouciance populaire et de liberté sociétale.
Le trio ne manque pas de charme, car au gré de ses reprises de John Mayall, de lighting Hopkins entremêlées de Beattleseries bien fondues, il a su captiver l?intérêt des spectateurs, les badauds de la foire à tout ainsi que celui des techniciens d?Air de Fête.
Philippe Adnet et ses harmonicas magiques a su donner des couleurs tantôt Blues, tantôt Country ou folk au répertoire du trio. Rémi Gentil et sa basse implacable, donne un tempo et un équilibre remarquable au band, alors qu?Alex et sa guitare acoustique semble enfiler des perles rares de riffs et de mélodies profondes sur les traces des plus grands du genre.
Cette performance très pro lance pour ma part des perspectives très encourageantes et donne, je l?espère, l? envie à de nombreuses personnes de les retrouver sur de prochaines planches rouennaises.
R?my Genty
Alexandre Mirey
Philippe Adnet
Mad Man
Photos : Philippe Adnet
03-07-2007
Double Chess Colour
La Rue Saint Pierre?.6ème festival d?Églises en scène.
Projet ambitieux que d?organiser un festival culturel permettant l?ouverture du patrimoine bâti et l?association des musiques de tous horizons. C?est ce que propose pour la 6ème année consécutive, l?office du Tourisme du canton de Clères.
Ayant appris l?existence de cette manifestation par le biais des musiciens participant eux-mêmes à cette rencontre culturelle, vos serviteurs se sont rendus en ce mardi 03 juillet 2007 au petit village ainsi appelé La Rue Saint Pierre, dans le département du 76, village enclavé entre Fontaine le Bourg, Buchy et Isneauville.
C?est en passant par le cimetière où reposent en paix des âmes charitables, que nous rejoignons la petite église du village, patrimoine ouvert pour l?occasion aux profanes, dont la construction remonte à 1534.
Après le témoignage et la présentation du lieu par Mme la Présidente de l?office de Tourisme de Clères, les musiciens prirent place sous la voûte céleste, dans le ch?ur de ce monument consacré avec pour toile de fond l?abside semi circulaire.
Ce soir pas de liturgie, mais place au Blues, au boogie et au jazz. Des standards remaniés, rafraîchis dont se nourrit avec délectation ce duo diabolique, je veux parler de Double Chess Colour (D.C.C.).
Deux musiciens pour ce combo et déjà un beau palmarès derrière eux et près de 80 concerts à leur actif depuis le début de l?année. Alain Messier au chant, à l?harmonica, au washboard et à la grosse caisse dynamique et Jean Marc Haussaire, aux guitares (électro-acoustique et électrique).
Un répertoire bien construit pour voyager entre un Blues rural et les standards des années 60 en passant en pareille circonstance, par l?inévitable Chicago Blues.
Influencés par Little Walter, Little Richard, John Newton, Juniors Wells, Carl Perkins ou bien encore Big Joe Turner, les deux compères nous donnent une leçon de virtuosité et de maîtrise musicale. « One more chance with you » permet de prendre la mesure d?un auditoire attentif, peut-être un peu inquiet (pensez donc du blues dans l?église) juste le temps d?observer, pour mieux rebondir sur « Proud Mary » et « Tutti frutti ».
Aucun doute, aussi éclectique que ce répertoire, on ne connaît pas. Alain Messier transporte le public, par la force de son chant et sa capacité à enchaîner les notes sur son dix trous, sans jamais donner l?impression d?être essoufflé, pendant que Jean Marc Haussaire assure un groove d?enfer à la guitare en servant un jeu pickin à la mesure de la technicité du duo. Le 1er set se terminera 13 morceaux plus tard avec un « Light out » d?enfer et un tonnerre d?applaudissements.
Quelques bavardages, quelques rencontres heureuses et nous sommes de retour pour le 2ème et dernier set de la soirée. « Amazing Grace » magistralement remanié et interprété ouvre les hostilités, suivi d?un « My Babe » ovationné. L?espace d?un instant, les yeux fermés, je quitte le sol et me laisse transporter dans mes songes. Je me mets à penser que ce groupe comporte plusieurs éléments tous autant talentueux les uns que les autres, me berçant, me balançant, m?enivrant, jusqu?à l?instant où de nouveaux applaudissements nourris retentissent. A cet instant mes yeux s?ouvrent et je réalise que ce combo n?est composé que de deux éléments.
Quelle finesse ! Quel prestige !
Ces artistes se jouent des notes, des rigueurs de la construction musicale, ils communiquent, ils partagent, ils donnent tout ce qu?il y a de meilleur chez eux et font vibrer et exalter ce public venu en nombre (200personnes), éberlué par un tel talent.
La richesse d?un savoir faire extraordinaire, basé sur la rigueur du travail, force le respect. Malgré cela, la modestie l?emporte et comme aime à le souligner Alain Messier, je cite « ? il y a des Papes dans la musique, nous ne sommes que des curés de campagne, mais ce que nous faisons, nous essayons de le faire avec nos tripes, notre conviction, pour le plus grand respect des gens qui viennent nous écouter ».
La soirée se terminera à quelques pas de l?église, par le verre de l?amitié offert par le comité organisateur de cette manifestation. Les éloges aux musiciens ne finissent pas de pleuvoir,
Chapeau bas Messieurs, les 4 heures, que nous avons passé avec vous ont été un régal, une prière, une exaltation. De grâce, emportez nous encore dans votre univers, continuez de faire briller nos c?urs, c?est tellement bon.
Ricky Bluesfeeling
Photos : Frère Toc
14-08-2007
Drew Davies
Quoi de plus naturel que de passer une soirée d?été au frais dans un caveau, qui plus est lorsque celui-ci se trouve dans le chef lieu de la région Île de France, dans la capitale française, entre Notre Dame de Paris et le quartier Latin.
Situé en plein 5ème arrondissement, le Caveau de la Huchette, riche par son histoire (il aurait accueilli autres francs-maçons, rose croix et templiers), comblé par un passé artistique exceptionnel depuis sa création en 1946, le Caveau de la Huchette est aujourd?hui le temple du jazz où les plus grands musiciens du genre s?y sont produits.
Pour nous ce soir, autre grande formation, autres grands musiciens, le Caveau à fait venir Drew Davies et les Hoodoomen.
14 août 2007, une ambiance chaude, très très chaude?
Drew Davies n?est pas un inconnu. Immense talent recherché par les plus grandes formations, ce petit génie de la musique sait tout faire ; remarquable à l?improvisation, chanteur crooner à la vois délicatement rêveuse, à l?adorable accent british, saxophoniste épatant et guitariste émérite (même qu?il se mettrait à l?harmo). Bien plus qu?un talent de musicien confirmé, c?est incontestablement un excellent leader n?hésitant à aucun moment de s?effacer pour donner la part belle et justifiée à chacun des membres de sa formation.
Et quels musiciens ! Rien d?autre que les Hoodoomen dans leur version revue et modifiée puisque ce groupe a pris la décision en janvier 2007 d?écrire une nouvelle page de son histoire en changeant de style.
On ne change pas une équipe qui gagne?..ou presque !
À la batterie, le sorcier des baguettes, Francis Marie. Le plus ancien des Hoodoo, qui aura du délaisser pour la circonstance son célèbre shuffle Chicago Blues pour une rythmique axée un peu plus sur le swing. À la basse, Eric Lebeau, plus épanoui que jamais, ce garçon est d?une intelligente complicité avec le batteur pour le plus grand plaisir des oreilles. Au clavier, Fabien Saussey, remarquable pianiste, à la main gauche facile, marquant à la perfection la syncope chaloupée de sa main droite. À la guitare, Pascal Fouquet immense guitariste français qui prouve une fois encore son énorme potentiel technique.
Un public très nombreux, très participatif et des danseurs de bonne facture, c?est dire si l?ambiance est de feu ce soir là.
Drew Davies and the Hoodoomen, appelé ainsi pour la circonstance, nous livre ce soir une des plus belle page de leur musique avec un jeu très swing, très jazz, délaissant volontairement et pour la circonstance du lieu, le Chicago Blues auquel nous étions habitués. Un répertoire construit à partie de références comme Louis Jordan, T-Bone Walter, Guitar Slim ou bien encore Tiny Grimes.
Excellente transition entre le Blues et le Swing !
Le Roi est mort, Vive le roi?.
C?est sans peut-être là ce que l?on pourra penser de cette nouvelle formation : Good Alive and Swingin?
Ne doutons pas un seul instant que celle-ci à de très beaux jours devant elle.
Sous la forme d?une démo, Le Drew Davies and the Hoodoomen livre au public un excellent huit titres, enregistrée aux studios B sur M de Francis Marie. Vous la retrouverez chroniquée sur notre site dans les tous prochains jours.
Le Drew Davies and The Hoodoomen se produira encore les 23 & 24 septembre 2007 au même endroit.
Ricky Bluesfeeling
21-09-2007
New Line Up
New Line Up
Nouvel arrivant dans l?équipe, je profite de cette soirée au Bateau Ivre pour faire la connaissance d?une bonne partie des membres de l?Oreille Bleue venue encourager une nouvelle formation dont c?est la première représentation officielle: New Line Up. Les connaisseurs de la scène Blues rouennaise ne manqueront pas de me faire remarquer que l?adjectif « nouveau » n?est certainement pas le plus approprié pour qualifier ce quartet. Je répondrais que la nouveauté dans le cas présent ne tient pas tant au personnel qu?à la musique pratiquée.
En effet, New Line Up a été formé par trois garçons qui se connaissent et ont joué ensemble durant près de dix ans au sein de Foolbox à savoir Jérôme « Mad Man » Lemesle (chant, harmo), Pascal Hernandez (basse), Pascal « Gringos » Rigault. Je n?ai jamais eu l?occasion de voir Foolbox sur scène, mais grâce à cet outil miraculeux qu?est Internet, j?ai pu glaner ça et là quelques renseignements précieux. Là où Foolbox était un groupe qui voguait entre Blues, Soul et Blues-Rock, les trois compères qui viennent d?engager un nouveau batteur (Pascal Delahaye) ont décidé avec New Line Up de recentrer leur répertoire vers le Swing et le Boogie.
Coupe du Monde de rugby oblige, le Bateau Ivre est bien calme jusqu?à onze heures. Je me retrouve quelque peu esseulé au milieu de quelques fans de Rockab? venus assister au concert de New Morning Trio (ex-Morning After). L?organisation de la soirée est la suivante : les deux groupes alternent à la fin de chaque set. Je dois avouer que cela ne m?a que moyennement convaincu. J?aime beaucoup le Rockabilly (surtout quand il est pratiqué avec talent, ce qui est le cas en ce qui concerne le New Morning Trio), mais je trouve que ce type d?organisation a tendance à briser la dynamique des groupes.
Dès les premières mesures, New Line Up communique son plaisir évident de retrouver la scène, de se faire plaisir et de faire plaisir. Ces quatre là semblent avoir été sevrés de scène et font preuve d?une énergie qui si elle semble parfois un peu brouillonne n?en est pas moins authentique. Jérôme, tout de noir vêtu, semble tout droit sorti d?un groupe de pub-rock anglais type Dr Feelgood ou Nine Below Zero (époque « Live At The Marquee ») et entraîne tout le monde dans son sillage. Les trois Pascal ne demandent que cela. La complicité est évidente entre un Pascal « Lob » solide à la basse et le véloce Pascal « Gringos » que j?ai trouvé vraiment à l?aise sur les différents styles explorés par le groupe. Quant au troisième Pascal, complet novice dans ce genre de musique, il essaie autant que possible de s?appliquer derrière ses fûts. Des débuts dans l?ensemble encourageants, même si Pascal va devoir apprendre le difficile art de la nuance pour plus mettre en valeur les soli de « Gringos » et Jérôme que j?aurais aimé plus entendre à l?harmo.
Comme me l?a dit « Gringos » avant le début du concert, le premier set du New Line Up fait la part belle à différents styles (Chicago Blues, Rythm?n Blues, Swing). Je trouve en tout cas le répertoire très bien monté avec des morceaux qui s?enchaînent sans temps mort. Ce premier set est conclu par une reprise (très convaincante) de « Hard Times » de Ray Charles. Nous retrouvons les quatre gaillards près d?une heure et demie plus tard. Dans les mains de « Gringos », la Fender Statocaster a laissé la place à une belle Ibanez pour un deuxième set quasi exclusivement Swing, Jump et Boogie. Un set ambitieux, là encore bien foutu même s?il m?a semblé manquer un peu de variété au niveau des tempos. Il aurait peut être été pas mal de glisser de temps à autre un blues lent pour pouvoir respirer et faire respirer un Pascal Delahaye plus en difficulté (et c?est bien légitime) sur le répertoire proposé au long de cette deuxième partie. Ainsi, si la reprise du « Route 66 » de Nat King Cole est réussie, je reste sur ma faim sur le terrible « Beautiful Girl » de Nick Curran, pas assez sautillant à mon goût.
Il est une heure et demie quand les amplis du combo rouennais se taisent pour de bon. Les verres s?entrechoquent, les sourires se lisent sur les visages, et on se dit que c?est finalement bien là l?essentiel. La centaine de personnes présente ce soir-là est venue assister au premier concert officiel d?une formation qui par son énergie, son envie de bien faire se met en toute modestie au service de la musique avec un seul mot d?ordre : plaisir !
J?r?me Mad Man
New Line Up
Pascal Delahaye
Pascal Gringos & J?r?me Mad Man
Pascal Gringos & Pascal Lob
Nicolas
Photos : Christian Rock
04-10-2007
Christophe Marquilly
Comme une plongée salvatrice dans un passé, jamais oublié et pas si lointain, la prestation du guitariste chanteur, originaire du Nord, Christophe Marquilly s?inscrit comme un moment singulier, agréable et sincère.
La présence de l?ancien leader du groupe Stocks qui au c?ur des années 80 au travers de deux galettes (1 live et 1 studio) et d?autant de 1ere parties, de festivals et de tournées en France, en Europe et aux States avait marqué son époque, se révèle être une continuité opportune doublé d?un retour gagnant, comme le dernier opus gravé en 2002, le laissait entendre.
En formule Power Trio, accompagné de Fabrice Debels à la basse 5 cordes et au chant et de Thomas Gonzalez aux baguettes et aux ch?urs, Christophe propose un répertoire de compositions en français aux textes intelligents parfois engagés, nourrie de Blues (dans l?esprit de Paul Personne et de Bill Deraime), de Rock (dans la lignée de Téléphone) et de Musique Irlandaise (aux beaux airs marins).
Un premier morceau instrumental donne le ton de ce que va être la suite de la soirée, deux sets généreux, enthousiastes et nerveux, ponctué par les titres intemporels de Stocks et les nouvelles chansons du prochain album de Christophe Marquilly (sortie prévue courant 2008).
Voix solide et rauque, guitare électrique ou acoustique bien en avant, sur fond de rythmique constructive et trépidante fournissent assez d?éléments pour tenir en haleine l?auditoire interpellé, constitué d?amateurs avertis (venus pour certains de sa région natale), d?habitués du lieu et de quidams de passage.
Une satisfaction unanime pour tout le monde et un artiste vrai à (re)découvrir dès que possible?
Gigi, la patronne de l?établissement, et Rad, visiblement heureux derrière le comptoir du (P?tit) Bar nous promettent d?autres dates festives et variées, à raison de 3 ou 4 par mois. Affaire à suivre?
De retour dans le Calvados à Cauville au Soubock, sympathique salle de spectacle, qui va fêter très prochainement sa première année d?existence, où la note bleue a trouvé une place légitime depuis son ouverture. Un endroit chaleureux, unique en Normandie, à l?architecture étonnante, à la décoration réussie et aux qualités d?écoutes exceptionnelles qui mérite véritablement la visite du plus grand nombre.
Sous l?impulsion de Marc Loison (animateur reconnu de Sweet Home Chicago sur Radio 666), responsable de la programmation, les belles soirées se succèdent de façon régulière et les pointures autant européennes que américaines font une halte remarquée.
John Németh, né dans l?Idaho il y a une trentaine d?années, et ses musiciens l?ont démontré tout au long de leur présence sur scène autour des titres enregistrés sur, Come and Get It (2004) et Magic Touch (2007), ses deux dernières galettes constituées en grande partie de compositions originales, texte et musique.
Un répertoire Blues saupoudré de Jump, de Swing et de Rhythm and Blues, fournisseur d?émotions vraies et de frissons à profusion.
John Németh fait partie de ses chanteurs à la voix haute perchée ne pouvant laisser indifférent.
Disposant d?un chant enjoué et modulé aux intonations Soul, il s?affirme également en harmoniciste surdoué, qui mène l?auditoire, de ses phrasés touchants et trépidants, dans un univers intense et jubilatoire.
Junior Watson, guitare en bandoulière, tisse de ses dix doigts sur ses six cordes, un jeu à haut risque sur le fil du rasoir.
Tout en tension et en puissance, il prend souvent des chemins de traverse et conduit là où on ne l?attend pas forcément mais sa maîtrise de l?instrument lui permet de rester dans l?esprit du schéma musical proposé.
Wes Starr, derrière ses fûts, large sourire rivé aux lèvres, alimente naturellement le tempo et concocte, avec ses baguettes, des envolées aussi bondissantes que délicates. Sa complicité affirmée avec le bassiste Kid Andersen ne se dément pas un seul instant, ce dernier peaufine des lignes de basse d?une simplicité redoutable et d?une amplitude perceptible.
Des mises en place travaillées, une cohésion du groupe à faire gémir et une joie évidente à être ensemble, autant de points importants et appréciables qui forcent le respect d?une assistance comblée. Les applaudissements nourris, les rappels successifs et la belle quantité de disques vendus, ce soir là, en sont la meilleure preuve !
Certain qu?avec des concerts de cette trempe, le public prendra l?habitude de se déplacer dans le bocage normand et le Soubock se positionnera ainsi, comme le lieu de rencontres où tous les amateurs de musique live de la région caennaise (et d?un peu plus loin aussi) auront plaisir à se retrouver !
Le patron du Soubock et son personnel, ne demandent que çà? et l?équipe de L?Oreille Bleue également.
Lucky Jean Luc
16-11-2007
Sean Costello
The Hound Dogs (photo Rebecca)
En préambule à cette chronique, je tiens à saluer la remarquable initiative de Marta Slosarska (grande fan de Blues devant l?Eternel) et Sami Touré (guitariste des String Breakers) qui ont organisé en partenariat avec le bar « Le Ferrailleur » la venue sur Nantes de l?homme à la Gibson Les Paul Gold Top 1953 : Sean Costello ! Espérons que cette initiative en appellera d?autres !
Comme les deux compères ont décidé de bien faire les choses, ils ont programmé en première partie de ce concert un groupe de la scène Blues nantaise : les Hound Dogs. Une semaine après la finale du Tremplin Blues Sur Seine lors de laquelle ils avaient produit une prestation tout à fait convaincante, je retrouve donc mes quatre enragés sur la superbe scène du « Ferrailleur ». D?emblée, un constat s?impose : Albert Milauchian (secondé par Arnaud Fradin) à la table leur a concocté un son aux petits oignons. Les Hound Dogs délivrent au public durant une bonne heure leur traditionnelle mixture de Blues, de Swing et de Jump avec au programme des réjouissances des reprises de Little Walter (« Just Your Fool »), de Little Charlie & The Nightcats (ce son sur « Smart Like Einstein » !) ou encore de Muddy Waters (« Crosseyed Cat »). L?ensemble est assez plaisant même si les quatre gaillards ne sont pas dans leur meilleur soir, comme en témoigne leur attitude un peu statique sur scène et quelques erreurs inhabituelles qui émaillent le concert.
Je prends à peine le temps de saluer les uns et les autres que Sean Costello est déjà prêt, Les Paul en main, à enflammer le « Ferrailleur ». Ce que nous ne savons pas encore, c?est que nous nous apprêtons à vivre là plus de 2 h 30 de pur bonheur musical. Virtuose de la six cordes, remarquable chanteur, le guitariste originaire d?Atlanta est également un redoutable showman et ne cesse de le prouver tout au long du concert, sautillant d?un bout à l?autre de la scène, haranguant les 200 personnes présentes. Pour qui ne l?a jamais vu en concert (et c?est mon cas), on a l?impression dès les premières mesures de prendre une « grosse claque ». Prenons notamment son jeu de guitare : il alterne avec une facilité qui frise l?insolence jeu au(x) doigts(s) et jeu au médiator qu?il utilise quand il recherche un type d?attaque bien précis. Ajoutez à cela son sens de la nuance et son intelligence à ne pas en faire des tonnes et vous comprendrez pourquoi je suis resté abasourdi. Et puis, ne l?oublions pas, le bonhomme sait s?entourer et s?appuie sur une section rythmique irréprochable exclusivement au service de la musique. Efficaces et très présents scéniquement, Aaron Trubic à la basse et Paul Campanella Jr à la batterie retiennent l?attention presque autant que Sean Costello lui-même.
Catalogué (à juste titre) pur bluesman à la sortie de ses deux premiers albums (« Call The Cops » [1997] et « Cuttin? In » [2001]), Sean Costello a entamé une évolution musicale bien représentée par son dernier opus intitulé « Sean Costello ». A l?image de cet excellent disque, le répertoire de son concert est un savoureux mélange de différents styles musicaux et montre l?amour immodéré qu?il porte à la musique nord-américaine : on oscille ainsi entre Blues (West Coast, Chicago?), Soul, Funk et Rock. Compositions (« Take It Easy », « She Changed My Mind », « Hard Luck Woman »?) et reprises (« I Get A Feeling », « I Got Loaded », « Hucklebuck », « Smokestack Lightnin? », « Walkin? By Myself »?) se succèdent. Parmi les reprises, celle de « Simple Twist Of Fate » de Bob Dylan a particulièrement retenu mon attention. La voix est magnifique, le chorus bourré de feeling, mais ce qui est le plus impressionnant c?est qu?il a complètement réussi à s?approprier cette chanson : d?une balade folk, il en fait un pur morceau de soul. Magique !
Durant la rapide discussion que j?ai eu avec lui peu de temps avant le début du concert, Sean Costello m?a fait part du plaisir qu?il avait à être en France et combien la qualité de l?accueil partout où il allait le touchait, vantant la gentillesse des gens qu?il avait pu rencontrer. Visiblement, il a aussi pris du plaisir à jouer avec les musiciens français durant son séjour comme en témoigne le b?uf qui se déroule durant toute la dernière partie du concert. Se succèdent sur scène quelques piliers de la de la scène Blues hexagonale : Arnaud Fradin (guitare) Kevin Doublé et Thomas Troussier (harmonica), Miguel Hamoun et Abdel « B-Bop » Bouyousfi (contrebasse), Fabrice Bessouat et Denis Agenet (batterie). Excusez du peu ! Infatigable et généreux, Sean Costello rappelle ses deux acolytes pour conclure. Deux rappels plus tard (durant lesquels Paul Campanella Jr et Aaron Trubic se mettent en évidence en prenant chacun un chorus), les lumières du « Ferrailleur » se rallument pour de bon. La soirée peut continuer dans la loge autour d?un bon alcool de pomme?
Post-Scriptum: je tiens à remercier Rebecca pour ses magnifiques photos. Si vous en voulez plus, je vous conseille d?aller faire un tour du côté de son site : www.myspace.com/rbkrecords.
Sean Costello (photo Rebecca)
Sean Costello (photo Rebecca)
Sean Costello (photo Rebecca)
Sean Costello (photo Rebecca)
Nicolas
Photos : Nicolas
19-11-2007
Bill Deraime
Pour célébrer la sortie de son nouvel opus intitulé « Revisité 2007 », Bill Deraime s?est offert, en ce lundi pluvieux de novembre, cette magnifique salle qu?est la Cigale située en plein c?ur de Paris dans le quartier de Pigalle pour présenter les nouvelles versions électro acoustiques de ses chansons et quelques titres inédits aussi.
Pour l?occasion, les potes de Bilou (son surnom de toujours) fidèles depuis de nombreuses années et venus parfois d?assez loin (Normandie et Nord en tête) se sont déplacer et ont donné le change, dés les premiers instants, en reprenant à l?unisson les paroles poétiques, connues de beaucoup, écrites par la plume de l?artiste.
Installé sur le devant de la scène, assis sur un tabouret haut, guitare 6 ou 12 cordes en bandoulière et béret rouge rivé sur le crâne, Bill Deraime n?a pas changé. Son chant, puissant et touchant, est peut être un peu plus éraillé aujourd?hui mais ses convictions sont toujours aussi sincères et intactes embellies par un jeu de guitare limpide et fluide.
Ses textes en français, gorgés d?humanisme et remplis d?espoirs, relatent les histoires simples de la (sa) vie et sa musique enjouée, rythmée et dansante, est en continuelle évolution.
Blues incantateur, Funky Gospel enchanteur, Ballade salvatrice et désormais Reggae hypnotisant s?inscrivent avec légitimité quand ils s?expriment par la voix de Bill Deraime. Bien aidé en cela par le soutien permanent aux choeurs des musiciens du Mystic Zebra.
Mauro Serri, présent à ses côtés depuis longtemps, a sorti ses plus belles guitares, acoustique et dobro, aux doigts comme au bottleneck, il maîtrise joliment la situation, tisse de somptueux phrasés et affiche une belle complicité avec chacun.
Stéphane Pijeat aux baguettes et Denis Ollive à la basse 5 cordes proposent une assisse rythmique, aussi subtile qu?imperturbable, dans laquelle les nappes imaginatives de David Hadjadj sur ses claviers apportent de la richesse au registre exprimé.
Au final, une vingtaine de morceaux choisis (joués en deux parties) et retravaillés, par les mots et dans les notes, annoncent la présence, franchement authentique et bien vivante, de Bill Deraime sur la scène musicale française.
On ne peut que s?en réjouir? Le public présent, ce soir là, ne s?est pas fait prier. Alléluia !
Lucky Jean Luc
23-11-2007
Cisco Herzhaft
C?est sous un ciel de pleine lune, ronde et claire, dans une nuit noire et froide que vos serviteurs arrivent au SOUBOCK. L?endroit est impressionnant de beauté. La bâtisse tout de bois vêtue, à la ligne extérieure sobre accueille le public avec prestige. La hauteur de la façade de l?entrée, bercée par un éclairage judicieux vous donne ce frisson qui vous transporte déjà dans ce nouvel univers avant même d?en avoir franchit la porte.
Accueilli par nos Amis du staff, la porte franchie, l?espace nous couvre de son manteau de douceur. L?endroit vous envahit. Magnificence des lieux, choix architectural de très bonne facture, cet établissement est le summum de ce que l?on peut construire de nos jours, dans le respect le plus total de son environnement. Le son y est tout simplement exceptionnel.
Le Soubock est avant tout un investissement colossale de dix années de maturation et de finalisation, de deux années de dur labeur pour la bande de copains plus dingues les uns que les autres et d?une année d?exercice prouvant que le choix du projet est juste. La liste (déjà longue) de tous les artistes qui s?y sont produits impressionne. Que de beau monde ! Ces prochaines années, verront à coup sur, cet endroit, comme LA salle de spectacle incontournable de la musique de qualité. Et justement, c?est parce que l?affiche est grandiose que vos deux compères ont fait pour vous le déplacement.
Peter Nathanson en première partie. Guitariste reconnu dans le milieu de la note bleue, passionné par le jeu de guitare de Hendrix dont il apprendra la moindre ficelle, l?artiste quitte son Massachusetts natal pour s?installer en France dans les années 2003. L?histoire de l?homme et sa guitare se mesure à coup de dizaines d?années que déjà le résultat est prometteur. Cinq albums sont à son actif.
Appelé par la prog. du SOUBOCK à la rescousse pour remplacer au pied levé nos amis de CrockerSaK, indisponibles, Peter ne s?est pas fait prié pour présenter au public son savoir faire. L?accent ricain bien calé dans la gorge, il joue pour nous ce soir dans un exercice de style pas très habituel sans doute pour lui. L?artiste est en solo, dépourvu d?artifice. Sa dobro et son électroacoustique crient un blues épuré, la voix de Peter chante les femmes, la vie et la non violence. L?artiste raconte (l?ami qui pique la femme de son pote?.un classique) vibre, (Dallas de John Dawson Winter III ? entendez par là Johnny Winter-) et chante Robert Johnson, Jimmy Reed, Willy Dixon et Bob Dylan.
Une bien belle première partie nous laissant quelque fois un peu sur notre faim, lorsque les riff s?enchaînent tous aussi semblables les uns aux autres.
Seconde partie ; Cisco Herzhaft.
Assurément, le sexagénaire a du métier, une présence scénique jubilatoire, un physique de battant, une « gueule d?acteur de cinoch qui quelquefois me fait penser à Jean Reno. Cette force de vie est une ovation à lui tout seul pour le pickin? qui fait de ce français bien de chez nous, l?un des plus grand bonhomme de la scène Blues mondiale.
Après avoir passé une partie de sa carrière, avec les plus grands (John James, Fred Mc Dowell, John Lee Hooker, Moses Winson) et à voyager jusqu?au c?ur de la note bleue, Cisco conquière les plus grandes salles dont celle de ce soir, le Soubock.
Dès les premières notes, le trio composé de Cisco (chant et guitares) ébranle le public. Le son puissant de la Quéguiner, le jeu précis et délié des mains de Cisco sur la guitare, la conviction du style, et la voix posée, donnent la hauteur de ce que sera cette 2ème partie. Admirablement accompagné de ses fidèles complices, Bernard Brimeur à la contrebasse, magicien du swing et Patrick Cassotti, à la batterie, virtuose du balai et des baguettes, l?ambiance ne cessera de monter tout au long de la représentation. Tout y passe, ragtime, country blues, bluegrass, compos personnelles tirées de ses derniers albums, contines de nos écoles à la sauce Ciscorag et même la marseillaise ? New Marseillaise Rag, de son avant dernier album Gost Cities. Cisco rend hommage aux plus grands, Cisco raconte la prohibition ? Canned Heat memories, du même album et Cisco transpose les styles, See See Rider de Robert Lockwood Jr, en une improvisation ragtime délirante.
Rien ne semble arrêter l?artiste tant la maîtrise de son art est totale. Cerise sur le gâteau, Cisco nous livre entre chacun des morceaux interprétés, une page d?histoire de la musique du Diable. Cisco interprète une part de son dernier album, Cisco Cocking à paraître dans les tous prochains jours, un vrai régal.
La soirée se termine avec les nombreux rappels du public et un b?uf bien sympathique avec Peter Nathason, cette fois ci à la guitare électrique, et à mon sens bien plus à l?aise avec ce genre d?instrument.
Une soirée exceptionnelle, dans un endroit unique, pour un publique ravi?.que demander de plus ? Sinon que d?y revenir très vite bien sur.