Le samedi 31 mars nous nous retrouvons à la Traverse pour la 9éme édition 2007 de Blues de Mars. Cette soirée est marquée par le contraste, le Swingin? Blues des Noisy Lovers, l?interprétation plus sauvage et énergique de Philippe Ménard et le traditionnel Chicago Blues d?Eddy Clearwater nous faisant visiter des styles différents.
Gagnants du tremplin blues de décembre dernier, Little Rom and the Noisy Lovers ouvre les festivités. L?heureuse surprise du tremplin se confirme. David Avrit à la batterie et Vincent Blivet à la basse assurent un soutien rythmique efficace et soutenu sur lequel s?appuient les guitares de Nicolas Dehayes et de Ronan Le Huludut. Le jeu swing et jump de Ronan nous séduit par sa qualité et sa vitalité. Il faut bien cela pour encadrer Romain Charier à l?harmonica et au chant. Cet artiste possède une voix qui s?accorde agréablement à ce style de musique et il libère un groove au ruine babine très efficace.
Le style et la référence à Little Charlie and the Nightcats ne sont pas anodins, Ronan Le Huludu étant un fan inconditionnel du dit Little Charlie. La ressemblance entre le nom de ce groupe et celui de the Nightcats est d? ailleurs un clin d??il tout à fait volontaire.
Il est inutile de rechercher un quelconque enregistrement des Noisy Lovers, cette formation se constituant occasionnellement lorsque les protagonistes de Hound Dogs, combo nantais, rejoignent leur ami normand Nicolas Dehayes. The Hound Dogs a déjà produit un Cd de démo que nous aurons le plaisir de chroniquer sur notre site en attendant leur futur album qui devrait paraître avant la fin de l?année 2007 grâce à leur victoire au tremplin des journées de l?Erdre en Loire Atlantique.
Seconde partie de cette soirée, le talentueux Philippe Ménard. Musicien à part entière, mémoire même du blues tel un « Jean Paul Olivier façon Tour de France ». Homme libre avant toute chose, artiste au talent immense réclamé par l?Europe entière et rajeunissant pour moi ce soir, l?image de la musique Blues Rock qui sonna quelquefois jadis dans ma tête.
Plus de monstrueuse assistance technique, plus de plateau totalement accaparé par une myriade de musiciens (furent-ils tous très bons) Plus de moyens techniques plus imposants les uns que les autres à chacune des prestations. Là, simplement, apparaît sur cette scène de la Traverse, un ensemble instrumental créé pour y être animé: caisse claire, grosse caisse, cymbale, guitares, harmonicas, chant et tambourin. Le tout sur à peine 3m² ! Au milieu de tout ce bazar (bien organisé) un seul homme, coiffé des lumières rouges et dorées de la salle, tel un empereur exalté par un public acquit tout à sa cause. Un seul homme, auteur, compositeur, musicien, chef d?orchestre, arrangeur, créateur (une planche, une corde de guitare, deux manches de tournevis, une simple amplification et un micro pour le chant et le tour est joué) passionné, habité au plus profond de lui par l?âme de ces pairs (R.Johnson /G Davis/BB Bronzy /J Winter et? R Gallagher (dieu parmi les Dieux), Icône qui aura sans doute le plus marqué le parcours musical de notre home band national.
Pendant ¾ d?heure, l?artiste revisite standards et compos, jetant un ?il quelquefois acerbe sur la « pauvreté » de l?espèce humaine face à la manipulation du pouvoir: « Criminal » Pendant ces ¾ d?heure, l?homme conquière la salle par sa technique, sa maîtrise (même quand il casse une corde) son charisme.
Tout simplement impressionnant !
30 ans après le premier virus de la note bleue dont deux décennies à « gratter » dans divers groupes, Philippe Ménard décide de faire une carrière solo. En dix ans, il en est à son 6éme album, le dernier (2005) intitulé « I Want an AC Cobra » vient d?être complété par la sortie d?un DVD enregistré à la salle Etoile Royale à Lyon. Un chef d??uvre !
Pour tout savoir sur cet artiste, www.philippemenard.com
En troisième partie de soirée, les musiciens d?Eddy Clearwater chauffent la salle en interprétant quelques titres avant l?arrivée colorée et chamarrée du « Chief » coiffé de sa légendaire et flamboyante parure de chef Sioux
Cette prestation pour le coup a beaucoup moins d?éclat que la tenue vestimentaire et si elle est honnête pour certains, elle sera affligeante pour d?autres. Ce personnage haut en couleur approche tout de même les 72 printemps (excusé du peu !) mais nous n?avons pas ce soir, retrouvé la Légende de ce Bluesman au très riche parcours musical.