Remporté dans le passé par des groupes qui se sont forgés aujourd?hui une solide réputation (Flyin? Saucers, Spoonful, les Hoodoomen?), le Tremplin Blues Sur Seine est devenu une véritable institution qui livre chaque année au moins une nouvelle révélation de la scène blues française. Ainsi en ce dimanche commémoratif pluvieux, c?est plein d?enthousiasme que je gagne Mantes-la-Jolie pour vivre une intense après-midi de Blues.
C?est à Caps & Hats que revient la lourde tâche d?ouvrir les débats. L?entame est à l?image du concert donné par ce quatuor originaire du Calvados : quelque peu hésitante. Les quatre gaillards sont appliqués, mais je dois avouer que l?ensemble ne m?a que moyennement convaincu, se révélant trop souvent prévisible et manquant de rigueur en particulier au niveau rythmique (gare au tempo !).
Le finaliste suivant, lui, n?a pas mis longtemps à trouver ses marques. Seul sur scène avec sa Martin, Mathieu Pesqué met tout le monde d?accord sur son potentiel dès les premières mesures. Une véritable claque ! Picking magistralement maîtrisé, feeling monstrueux, voix prometteuse, sens de l?humour, il a été pour moi le grand bonhomme de cette édition. Influencé par Bukka White, Skip James ou encore Doc Watson, il propose durant vingt minutes un répertoire blues-folk de haute volée. Confortablement installé dans mon fauteuil, je n?aurais pas été hostile à l?idée de me laisser bercer par les complaintes de ce jeune talent à suivre de près !
Fan notamment de Robben Ford, Jean Pierre Vimont pratique un blues fortement teinté d?influences jazzy et évolue donc dans un style qui ne laisse que peu de place à l?à peu près. Cela tombe bien, les quatre membres du groupe sont solides techniquement (mention spéciale à Mathieu Gramoli à la batterie) et ont proposé une prestation de qualité et ambitieuse musicalement. C?est propre, bien en place, mais, tout cela manque singulièrement de folie ! Exemple frappant de cet académisme quelque peu exaspérant : le clavier lisant ses partitions durant son solo?
J?attendais avec une certaine impatience les quatre Franciliens de Cotton Belly?s et leur blues acoustique festif. Je dois avouer que je suis ressorti un peu partagé de ces vingt minutes durant lesquelles le groupe n?a jamais vraiment réussi à se libérer. Au rayon des points (très) positifs, je citerai leur répertoire essentiellement composé de blues traditionnels qui est vraiment enthousiasmant. Autres motifs de satisfaction : Yann "Willywood" Malek au chant et à l?harmo (excellent !) et Jérôme « Skippy Benson » Perraut à la six cordes. En revanche, je me suis posé (et me pose toujours) la question de l?utilité de deux guitares qui jouent trop souvent la même chose, ce qui n?apporte strictement rien d?un pur point de vue harmonique. La présence d?une contrebasse (ou à défaut d?une basse acoustique) amènerait à mon sens un vrai plus à ce groupe talentueux et aurait pour effet de donner le liant qui manque entre la batterie et les guitares.
Avec Eric Lavalette Band, le public présent a droit au traditionnel groupe de Blues-Rock que l?on trouve dans chaque tremplin? Son agressif, rythmique sans nuances et sans finesse, ce n?est vraiment pas ma tasse de thé !
Après une pause d?une vingtaine de minutes durant laquelle je retrouve Pascal et Lucky (merci pour le « Perrier normand » !), c?est au tour de Shake Your Hips ! d?investir la scène du CAC Georges Brassens. Soutenus par une salle acquise à leur cause, les cinq Franciliens fournissent une prestation qui vaut plus par l?énergie dégagée que par la qualité musicale et qui doit essentiellement au talent de Jean Marc Henaux à l?harmonica. Certains aspects de leur prestation m?ont laissé vraiment sceptique. Ainsi, commencer un set de vingt minutes par un blues lent vu et archi revu (« Stormy Monday » en l?occurrence?) ne me semble pas ce qu?il y a de plus pertinent. Cela l?est d?autant moins quand on a l?impression, que hormis sur le solo d?harmo, il ne se passe pas grand-chose durant près de huit minutes?
A l?instar de Mathieu Pesqué quelques heures auparavant, Chris The Cat se présente seul sur scène avec guitare et harmonica pour une prestation sans fioritures qui recherche avant tout à véhiculer de l?énergie et de la bonne humeur.
Avec un répertoire tout à la fois original et respectueux des traditions allant de Muddy Waters à Little Charlie & The Nightcats, The Hound Dogs livrent une prestation de qualité. Section rythmique efficace, solistes inspirés, ils font preuve d?une grande maîtrise aussi bien dans l?interprétation des morceaux que dans la gestion d?un set sans temps mort. Un regret tout de même : les quatre gaillards ont dans leur poche des compos tout à fait convaincantes. Dommage qu?ils n?en aient pas fait profiter le public mantois?
Seul finaliste à chanter en français et vainqueur de fait du prix Sacem, Eric Ter clôture cet après midi. J?ai beaucoup de mal avec le Blues chanté dans la langue de Molière, et me suis exclusivement concentré sur son jeu de guitare tout à fait appréciable.
19h30 : les résultats tombent enfin ! Sur les neuf groupes présents, sept repartent avec des prix dont voici la liste :
Prix Blues sur Seine catégorie électrique : SHAKE YOUR HIPS !
Prix Blues sur Seine catégorie électro-acoustique : MATHIEU PESQUÉ
Prix Sacem : ERIC TER
Prix spécial OFQJ-FestiBlues de Montréal : COTTON BELLY?S
Prix spécial Cahors Blues Festival : SHAKE YOUR HIPS !
Prix spécial Cognac Blues Passions : MATHIEU PESQUÉ
Prix Coup de coeur W3 bluesRadio : ERIC LAVALETTE BAND
Prix spécial Europa Jazz Festival du Mans : THE HOUND DOGS
Prix spécial Festival Blues à Sénart : CAPS & HATS
Prix spécial One Way Café (enregistrement live avec W3 bluesRadio) : COTTON BELLY?S
Prix Coup de coeur CRB (Collectif des Radios Blues)
et programmation au Soubock : COTTON BELLY?S
Laurent Choubrac - Caps and Hats
Mathieu Pesqu?
Mathieu Pesqu?
Jean Pierre Vimont
Cotton Belly s
Yann Willywood Malek - Cotton Belly s
Shake Your Hips
Freddy Miller - Shake Your Hips
Chris The Cat
The Hound Dogs
Eric Ter
Nicolas
Photos : Christian Rock
16-11-2007
Un peu ? l ?troit !!!
Le Festival Blues sur Seine de Mantes en Yvelines propose en complément de la programmation officielle, des concerts gratuits dans les débits de boissons et autres restaurants du Pays Mantois intitulé Bars en Seine. C?est dans ce cadre que les Travellin? Brothers se sont installés dans un charmant endroit à l?ambiance chaleureuse en plein c?ur du centre ville de Poissy, le Batignolle.
Véritable révélation de l?édition 2006 du Cahors Blues Festival où ils avaient enflammé la grande scène de l?Espace Bessières, les cinq Basques ont su s?accommoder des conditions d?installation, un peu à l?étroit certes, mais sans dénaturer une prestation prenante d?emblée et enjouée au possible.
Cela prouve une énorme faculté d?adaptation qui fait l?empreinte des meilleures formations européennes.
Ce qui frappe le plus, c?est leur capacité exceptionnelle à s?approprier de grands standards en leur donnant un éclairage si personnel qu?ils en deviennent des moments uniques à entendre et à proposer des compositions de même nature.
Puisant leur inspiration dans la richesse du Blues, du Rhythm and Blues, du Boogie ou du Rock?n?Roll, les titres Start It Up, Hoochie Coochie Men, Mary Anne, T-Bone Shuffle ou encore Pride and Joy (pour ne citer qu?eux) s?inscrivent comme de belles tranches musicales à déguster sans retenue où chaque musicien est à l?apogée.
A commencer par Jon Kareaga (le frenchie de l?équipe), puissant chanteur à la voix soyeuse et modulable, qui touche l?auditeur au plus profond, transmet une ferveur communicatrice et affiche une complicité évidente, jamais démenties par les autres membres du combo.
Aitor Canibano, qui partage sur quelques morceaux le chant avec Jon, peaufine un jeu de guitare inspiré, mordant et fluide, se gargarisant d?une assise rythmique imperturbable concoctée par la basse de son frère, Eneko et les baguettes de Isi Redondo, toujours enclin à des échanges bienvenus avec les envolées virevoltantes de Ander Unzaga sur son clavier.
Au final, des musiciens à l?écoute les uns des autres affichant un plaisir évident à se retrouver ensemble, sur fond de mises en place travaillées et de cohésions omniprésentes.
Un must !