Des amis qui connaissent bien mes goûts m?avaient fortement conseillé d?assister à la prestation des Revolutionaires, je les en remercie. J?ai vraiment passé un très agréable moment. Les Revolutionaires sont un véritable dragster, démarrant sur les chapeaux de roues, crachant les flammes, courrant son set à pleine vitesse et soufflant tout sur son passage. La salle de la Traverse à du en conserver quelques traces.
Bon d?accord il n?y a rien de très original dans leur musique. Oui je sais le guitariste n?a pas la virtuosité d?un Brian Setzer. Bon je l?admet, c?est sûrement l?énergie du sautillant et rebondissant guitariste chanteur m?a totalement bluffé, mais je suis ressorti de là avec un sourire béa des grands jours.
Vous comprendrez aisément qu?après ça, il m?a été difficile d?apprécier la prestation de Webb Wilder à sa juste valeur. J?ai trouvé aux guitares un son façon Rollin Stones de l?espace. J?ai trouvé la rythmique poussive et Webb Wilder lui-même m?a semblé manquer d?énergie. Comme moi, une bonne partie du public a déserté les lieux avant la fin.
Ce n?était probablement pas les bonnes conditions pour apprécier ce grand monsieur.
Webb Wilder
Pascal Lob
Photos : Charles Ducroux
02-12-2007
Marc Gaudry et les Norman Alligators
TREMPLIN BLUES DE TRAVERSE
Pour cette cinquième édition du Tremplin du Festival Blues de Traverse, quatre groupes avaient été sélectionnés. Et, pour la première fois depuis 2002, un groupe picard faisait partie des finalistes d?un tremplin qui gagnerait selon moi à s?ouvrir à la France entière.
C?est Marc Gaudry accompagné des Norman Alligators qui lance les débats avec un répertoire essentiellement Blues-Rock qui ne me touche que très modérément. Marc Gaudry a cependant le mérite de ne proposer que des compositions (tirées de « Voodoo Water », son dernier opus paru en 2007) souvent assez ambitieuses au niveau des mises en place. Il faut dire qu?avec la maîtrise technique des musiciens qui l?accompagnent (en particulier Claude Cornacchini à la batterie), le Havrais peut se donner les moyens de ses ambitions. En revanche, je n?ai guère été convaincu par le chant et l?accent très?français?
Le mot « maîtrise » n?est pas vraiment celui qui correspond le mieux pour définir la prestation livrée par les Bluesbusters. Chant très limite au niveau de la justesse (pour ne pas dire carrément faux par moment?), rythmique poussive, guitare hésitante : un set à oublier?
Originaire de Rumigny dans la Somme, Nectar aura été pour moi l?heureuse surprise de cet après midi à la Traverse. Autant le dire, j?ai été conquis par la philosophie musicale de ce trio influencé tout à la fois par le pub-rock de Dr Feelgood et de Nine Below Zero, les Stones ou encore Dylan? En tout cas, le groupe a quelque peu créé la controverse. Là où certains esprits « grincheux » n?y ont vu que rock et approximations, j?y ai vu (et je ne suis pas le seul !) au contraire un groupe dont le style à la fois sauvage et nonchalant cache une réelle maturité musicale et une approche très réfléchie du Blues dans son acception la plus large. Et Nectar, c?est aussi des gueules ! Serge Bouc à la guitare et au chant sort de sa Telecatser Blonde des riffs tranchants, efficacement épaulé par le flegmatique Jérôme Pécourt derrière sa Danelectro rose et par Jacques Gaffet à la batterie (et accessoirement à la chemise à jabot !). Pour ceux qui émettaient des réserves sur le jeu de ce dernier, il convient de préciser que le gaillard jouait avec le bras gauche?dans le plâtre !
Difficile de passer après ces vingt minutes de vrai bonheur musical ! Et en effet, la prestation des cinq Bas-Normands de Midwest m?a semblé formelle, sans relief. L?équipe est homogène avec des musiciens consciencieux et appliqués, mais le groupe, s?il est à l?aise scéniquement, ne dégage pas à mes yeux une véritable identité musicale et manque vraiment de caractère au niveau du son d?ensemble. Les deux guitares (pas toujours complémentaires) de Laurent Choubrac et Didier Fleury en sont selon moi une illustration flagrante. La faute en incombe peut-être en partie à ces damnés pédaliers et autres pédales qui dénaturent et aseptisent le grain pourtant si chaleureux des bons vieux Fender à lampes?
Cela n?a pas empêché le jury de désigner Midwest comme vainqueur. Les Calvadosiens auront ainsi de nouveau l?occasion de se produire à la Traverse lors du Festival Blues de Mars, en première partie de Sharrie Williams & The Wiseguys le 28 mars 2008.