Sous l?égide de l?association Music?76 conduite par le passionné Bruno Debard, les murs du Casino de la ville de Dieppe ont tremblé de tous leurs poids sous les déferlements musicaux des mythiques Britanniques de Dr Feelgood et de Ten Years After.
Une manifestation à part entière, ces vendredi 8 et samedi 9 juin, avec trois formations à l?affiche chaque soir pour ce 1er Music?76 Blues Rock Festival.
Les régionaux de Blackbirds, issu du tremplin organisé par Music?76, ouvrent les festivités en proposant un répertoire constitué principalement de compositions en français. Une chance certaine pour ce jeune groupe de se retrouver dans des conditions optimales pour exprimer au mieux leurs chansons mâtinées de Blues, de Rock et de Ballades.
Une section rythmique (Nicolas Dieulle à la basse et Pascal Derome à la batterie) structurée, un chant chaleureux partagé à trois entre Marie Dieulle (à la guitare acoustique sur quelques titres), Jean Edouard Wong (à la guitare électrique embellie par quelques effets) et Maxime Toutain, fournissent des éléments de satisfactions qui doivent leur filer une furieuse envie de persévérer. Les encouragements nourris du public, aussi?
Changement de registre complet avec les Nordistes de BP Zoom, combo de quatre beaux jeunes gens (Lionel à la guitare et au chant, Ludovic à la guitare, Jules à la basse et Raphaël aux baguettes) d?une vingtaine d?années, qui s?expriment dans la veine des meilleurs groupes de Rock français actuel?
Sans rien (ré)inventer, ils replongent les plus anciens sur les traces de Téléphone, Bijou et autre Starshooter ou même AC/DC, en reprenant un titre de ces deux derniers, et disposent de tous les arguments pour convaincre les plus jeunes amateurs du genre, sans négliger de séduire la gent féminine (çà doit déjà pécho, grave !)?
Un titre souvent diffusé sur les ondes radio, une tournée française en lever de rideau des Stranglers, un merchandising (carte postale, affiche, tee shirt, sweet?) bien au point et surtout des talents conjugués indéniables comme musiciens et chanteurs autant que comme auteurs compositeurs en français.
La voix est déjà toute tracée pour atteindre les sommets?
Bonne route à BP Zoom !
Certains musiciens réussissent la juste synthèse entre l?énergie du Rock?n?Roll et la magie du Blues, ces adeptes de ce que l?on appelle le British Rhythm and Blues dont les plus vifs représentants sont encore à ce jour, Doctor Feelgood.
Lee Brilleaux n?est plus là mais ces trois anciens comparses, Steve Walwyn à la guitare, Phil Mitchell à la basse et Kevin Morris aux baguettes, associé à Robert Kane au chant et à l?harmonica lui rendent un émouvant et vibrant hommage à chacunes de leurs sorties.
Back in the Night, Baby Jane, Talk to the Doctor, Roxette, I Can?t Tell, See You Later Alligator et d?autres encore, tous devenus de grands classiques, constituent le scénario sulfureux d?une prestation pénétrante.
Phrasés d?harmonica hypnotiques, envolées vocales surpuissantes, riffs saignants de guitare et assise rythmique diabolique transforment chaque secondes d?écoute ressenties en de longs instants précieux de délectation.
L?assistance ne tarde pas à se lever comme un seul homme quand Steve Walwyn démarre un morceau à la guitare solo avant d?être rejoint par les autres membres du groupe.
A l?arrivée, après une version tonitruante, un happy birthday repris en c?ur par toute la salle couplé d?une standing ovation méritée pour célébrer, comme il se doit, l?anniversaire de Steve.
Comme une bougie scintillante sur son gâteau, notre blues rocker Havrais préféré, Little Bob, vient partager au micro un Route 66 d?anthologie avec un Robert Kane plus bondissant que jamais.
Un dernier Mad Man Blues habité et ténébreux conclut de façon magistrale, ce formidable moment de musique vivante qui marque fort et ne s?oublie pas de sitôt?
Rendez vous est pris dans quelques semaines au Cahors Blues Festival !
Le lendemain au même endroit et à la même heure, les Havrais de Fair Play débutent une séance de Blues électrique qui se révèle plaisante et convaincante.
Des reprises assimilées et digérées, des compositions maîtrisées et swinguantes où chaque musicien s?exprime avec maturité et sans retenue.
Yves « Buffalo » Richefort donne de la voix et stimule son ruine babines, Philippe Leroux triture ses six cordes et chante avec foi, tous deux éclairés par la basse de Jean-Marc Thomas et la batterie de Denis Verheylewegen.
L?assistance nombreuse semble séduite et applaudit avec ferveur.
Sans aucun doute, la formation Blues la plus aboutie de Seine Maritime qui doit se positionner dés aujourd?hui parmi les plus reconnues de notre beau pays.
Ambiance plus intimiste pour le voyage initiatique proposé par le Corse d?origine installé à Clermont-Ferrand, Jérôme Piétri, seul sur scène, qui s?inscrit comme une véritable révélation.
Des qualités incontestables de conteur et une voix claire et prenante associées à une virtuosité évidente sur l?instrument forgent l?ossature d?une performance jubilatoire.
Un Dobro et des guitares débranchées (Weissenborn, Lap Steel et 6 cordes classique) joués en slide, une guitare électrifiée sur fond de podorythmie incessante illustrent les racines du Blues des années 30 jusqu?aux origines du Rock?n?Roll post-seventies.
Une sensibilité et un dynamisme qui ont visiblement captivé tous les spectateurs présents ne se privant pas d?offrir un flot d?applaudissements à l?intéressé.
Parfait pour accueillir Ten Years After.
Depuis quelques années, le groupe légendaire, présent en 1969 à Woodstock, poursuit sa route sans sa figure emblématique qu?est Alvin Lee.
Mais les musiciens originels (Léo Lyons à la basse, Ric Lee à la batterie et Chick Churchill au clavier) ont su trouver avec le guitariste chanteur Joe Goosh, la personne idéale pour continuer l?aventure? Et de quelle façon !
Décollage immédiat pour une session Blues Rock intensive et explosive, principalement constituée de standards inoubliables et intemporels mais aussi de quelques créations plus récentes.
Pas de répit, les titres s?enchaînent les uns aux autres comme autant d?offrandes successives.
La basse batterie secoue la poitrine, le jeu de guitare excite les sens, les envolées vocales donnent le frisson et les phrasés de clavier perforent l?ensemble. Epoustouflant !
La salle trépigne d?emblée, gesticule à profusion et se mets debout pour recevoir toute l?intensité transmise par quatre musiciens à la joie palpable d?être en représentation ensemble.
Une vraie satisfaction pour tout le monde, spectateurs, organisateurs, sonorisateurs, chroniqueurs?
Une première édition du Music?76 Blues Rock Festival à Dieppe qui mériterait d?être renouvelée, ce ne sont pas les formations de qualité en Europe à l?esprit Blues Rock qui manquent? Affaire à suivre !