Je n?avais jamais entendu parler de Bill Sheffield ou de dave Saunders avant l?annonce de ce concert et je n?ai volontairement pas cherché à en savoir plus avant la date fatidique. Je dois avouer que j?ai été agréablement surpris.
Surpris par la formule, avec une basse et une guitare, ils ont réussi à construire une anbiance à la fois conviviale et chaleureuse qui convenait parfaitement à un Soubock plutôt bien rempli.
Surpris par le tricot de guitares puissant et précis, posé sur des lignes de basse simple et solides.
Et enfin, surpris par l?énergie qu?ils ont réussi à déployer. En bref un très bon moment
J?ai déjà eu l?occasion de dire tout le bien que je pense des Rosebud et cette seconde partie de soirée n?a fait que renforcer mon sentiment. A l?image de leur dernière tartine, le concert a été d?une intensité rare et enivrante.
Il faut aussi reconnaître que leur Rythm?n?Swing correspond parfaitement à ce qui me fait le plus vibrer depuis quelques années. Les guitares sont précises et aériennes, la batterie légère mais appuyée fourni l?assise, la contrebasse apparemment nonchalante fourni le super éthanol qui pousse l?ensemble toujours plus fort, toujours plus Swing et le saxo fini par remettre une dose de folie et d?énergie alors que cela ne semblait plus possible.
Merci messieurs pour ce grand moment.
Rosebud Blue Sauce
Nico Duportal & Abdell Bouyousfi
Nico & Lefty Marco lors du boeuf
Pascal Lob
Photos : Christian Rock
15-03-2008
Omar and The Howlers
Grâce à la motivation de notre ami peintre Charles Ducroux qui est invité à exposer sa collection de toiles « les Couleurs du Blues » (jusqu?au 18 avril), nous voilà de retour dans l?une des rares salles de la région parisienne où le Blues s?est installé durablement une fois par mois, d?octobre à mai, depuis plusieurs années sous l?impulsion de son programmateur Michel Rèmond.
A l?affiche de cette soirée, les Isérois de Mountain Men s?installent avant de laisser place au Texan Omar Dykes en formule « Power Trio ».
Mountain Men, duo soudé et clairvoyant, composé de Mathieu Guillou au chant, à la guitare et à la podorythmie et de l?Australien Barefoot Iano à l?harmonica, a déjà fait ses preuves sur de nombreuses scènes, autant françaises qu?européennes, et il revient tout juste d?une tournée aux amériques.
Rien d?étonnant à cela, quand on voit et que l?on entend avec quelle imprégnation et détermination, les deux compères (et complices !) s?approprient leur répertoire en anglais (avec en tête une somptueuse version du « Georgia on My Mind » de Ray Charles) et en français (un détour séduisant du côté de chez Jacques Brel et de Zachary Richard).
Quelques compositions judicieuses se mêlent ainsi à de savoureuses reprises entre Slow Blues, plaintif à souhait, et Blues Boogie, remuant au possible, entremêlées de quelques pointes d?humour cocasses.
Il faut dire que ce grand gaillard de Mat possède une vraie personnalité renforcé par un chant, habité, chaud et racé, qui peut émouvoir jusqu?aux larmes, d?un jeu de guitare précis et aérien couplé avec une rythmique au pied intense et tripante. Iano, sourire aux lèvres et grands yeux écarquillés, contribue par sa présence et ses phrasés d?harmonica, souples et puissants à la fois, à transmettre l?énergie profitable et les frissons indispensables pour rendre cette performance scénique à deux, remarquable et remarquée. Une excellente entrée en matière qui a reçu l?assentiment de l?ensemble du public présent. Hourras soutenus et rappel bienvenu?
Idéal pour accueillir au mieux Omar entouré de ses Howlers.
Kent « Omar » Dykes est un guitariste, mais surtout un chanteur particulièrement expressif originaire du Texas. Il a pu jouer avec de nombreux bluesmen, depuis son premier album 'Big Leg Beat' sorti pour la première fois aux Etats Unis en 1980.
C?est donc en formation variable ou modulable, accompagné de musiciens comme Gary Primich entre autres, en ayant côtoyé des membres des Fabulous Thunderbirds, qu?Omar and the Howlers surfe sur la vague bleue et propose un blues-rock détonnant sur scène avec toujours autant de bonheur et de groove. Le succès est dû à tous ces musiciens dynamiques bien inspirés ayant l?esprit « Boogie ».
Il peut d?ailleurs être utile de relire la précédente chronique (janvier 2004) parue sur le site de 'L'Oreille Bleue'.
Après avoir enregistré en 2007 avec Jimmy Vaughan ?On the Jimmy Reed Highway? (avec Kim Wilson en special guest), il revient jouer en France et c?est l?occasion de le voir avec Paul Allen Ness à la basse et Asmus Jensen à la batterie.
Sur scène, il rend hommage à Jeff Healey disparu début mars, beaucoup trop jeune à 41 ans et après s'être battu contre un cancer lié à sa cécité.
Omar "Boogie Man" comme on pourrait le surnommer (c'est aussi le titre d'un de ses albums) est heureux sur scène cela se voit, cela se sent ! http://www.omarandthehowlers.com/
L?assistance a visiblement appréciée et lui a offert un succès mérité.
Un regard attentif sur l?exposition sur le thème du blues proposée par le peintre Charles Ducroux. C?est presque comme un son et lumière !!!
Un grand merci à toute l?équipe de la Scène Jean Roger Caussimon, administrative comme technique.
Une fois encore, la soirée a été riche en émotions du côté de Tremblay, nous sommes partant pour partager de nouvelles aventures bluesistiques dés que possible. Le prochain rendez vous est fixé au samedi 12 avril avec Tia and The Patient Wolves suivi de l?harmoniciste Darren Nullish accompagné par l?excellent guitariste Monster Mike Welch.
Lucky Jean Luc, Ju Blues Kontact & ZZPat
12-04-2008
Darell Nullish
Pour clôturer la saison 2007/2008, la Scène Jean Roger Caussimon de Tremblay en France a fait briller une fois encore la flamme du Blues et de la Soul, avec le Darrell Nullish Band et Tia and The Patient Wolves.
Le charme hypnotique de Tia
Autant le dire d?emblée : je ne suis sans doute pas le premier, mais je suis tombé sous le charme de Tia et de ses loups patients, power trio de Chicago Blues, originaire de Clermont-Ferrand.
Voilà une jeune fille d?une trentaine d?années, plutôt très jolie, dotée d?une magnifique guitare Epiphone qui lui sied à merveille.
Pour le plaisir des yeux. Mais ce n?est pas tout.
Dès les premières mesures, on comprend qu?elle joue aussi à merveille le blues.
Avec la particularité de ne pas utiliser de médiator, ce qui donne à son jeu une chaleur envoûtante. Loin des attaques flamboyantes et des envolées lyriques, la qualité de son jeu vient plutôt de sa douceur et de sa délicatesse, ce qui ne l?empêche pas pour autant de groover, parfaitement en place. Et pour ne rien gâcher, Tia chante merveilleusement.
Sans essayer d?imiter les chanteuses noires, sa voix est à la fois profonde, posée et douce.
Sous le charme, vous disais-je.
D?autant plus que la jeune chanteuse est bien entourée. A la basse, Olivier Perez, imperturbable, tient efficacement la baraque. La casquette vissée sur la tête, toujours attentif, on sent qu?il est le pilier du trio. Pas du genre à en faire des tonnes, son jeu est tellement limpide et évident qu?on le remarque à peine. C?est la marque des grands. Il faut dire que malgré son apparent jeune âge, le bougre affiche déjà de longues années d'expériences au compteur, notamment avec les Chicagones (Lyon) et les Wanana Blues Blasters.
Denis Agenet, aux baguettes, est plus exubérant. Sa longue crinière se balance au rythme de ses mouvements de tête. Il est à fond dedans et c?est beau à voir. Le sourire aux lèvres, sa joie de jouer est communicative. Surtout quand le trio entame une reprise de Bo Diddley, au rythme endiablé.
Là, ça devient tout bonnement une transe, au travers de laquelle le batteur s?exprime à merveille.
Lorsque s?achève le set, j?ai le sentiment d?avoir été hypnotisé.
Darrell Nullish : la Soul attitude?
Si le texan Darrell Nullish est particulièrement bien accompagné (Monster Mike Welch à la guitare, Steve Gomes à la basse et Rod Stuppka aux baguettes), il domine pourtant les événements de son chant, pas vraiment puissant mais sincèrement touchant, même si un peu plus de présence affirmée sur scène donnerait un supplément de saveurs non négligeables.
Une voix feutrée et chaude qui transmet son lot d?émotions fortes et de belles sensations troublantes en effleurant de caresses dévoilées nos sens auditifs. Les similitudes avec son camarade Tad Robinson ne sont pas fortuites et leur association future en concert au sein d?une revue Soul mérite vraiment de s?y attarder. On y reviendra certainement?
Ses phrasés d?harmonicas, utilisés avec parcimonie, apportent une douce fraîcheur à un registre qui oscille sans vergogne entre Texas Blues et Soul Music.
Monster Mike Welch s?affirme comme un sideman redoutable, qui prend les choses en main avec une facilité déconcertante profitant de sa maîtrise de la six cordes révélée lors de ses prestations en son nom. Là, il sait rester au service de son leader et ne joue que les notes aussi nécessaires qu?indispensables avec une tension perceptible, en suscitant l?intérêt d?un auditoire passionné visiblement acquis à sa cause.
Du grand art pour ce fer de lance incontesté de la nouvelle génération du Blues mondial.
Pour leur donner libre expression, Mike et Darrell ont bénéficié d?une assisse rythmique équilibrée et inébranlable.
Le jeu de batterie de Rod Stuppka ne fait pas dans la démesure mais s?exprime dans la précision sur ses fûts et ses cymbales, en perpétuelle écoute de ses partenaires, il donne le meilleur et çà se voit.
Steve Gomes n?est pas en reste sur les cordes de sa basse. Ses doigts qui agissent avec légèreté et évidence n?ont d?égaux que ses regards affirmés envers chacun qui fait la marque des musiciens chevronnés. Une aubaine pour tout le monde.
Au final, Darrell Nullish et ses acolytes ont donné le change et gagné leur pari : purifier nos âmes et rendre nos c?urs légers? Et si c?était çà, la Soul Attitude ?
Un grand merci à toute l?équipe de la Scène Jean Roger Caussimon.
Le rendez-vous est pris pour le mois d?octobre prochain où les meilleurs musiciens français, européens ou américains retrouveront le chemin de Tremblay.
Lucky Jean Luc & Charles Ducroux
27-04-2008
Youssef Remadna
Belle journée que cette journée d?avril 2008. Une journée comme nous voudrions en avoir plus souvent. Le soleil brille haut dans le ciel de Paris. Il brille déjà dans nos c?urs à l?idée de rencontrer un maître en matière de bonne humeur.
Au c?ur des puces de Saint Ouen, une partie de l?équipe de l?Oreille Bleue a rendez-vous avec ce qui ce fait de mieux en matière de Blues en France. Le One Way livre sa scène à un grand Monsieur : Youssef Remadna. L?artiste qui délaisse le temps d?un passage parisien les montagnes brabançonnes et ces célèbres fortifications vaubannes partage avec ses fidèles compagnons et le public présent, une tranche de vie orchestrée par les riffs dont lui seul a le secret.
Une heure durant, le premier set amène l?eau à la bouche. De son humour chaleureux, de son jeu d?harmo sobre et terriblement efficace, de sa voix de crooner, de son anglo-américain parfait, Youssef Remadna transporte un public tout acquis à sa cause. La pression monte, elle coule à flots aussi. Le One Way devient le temps de quelques heures, la capitale du Blues, le One Way s?inscrit dans un espace magique.
Il n?est pas de meilleur plaisir que de retrouver sur scène, les quatre plus grandes pointures du gratin blues français. Revenant spécialement d?outre atlantique, Thibault Chopin à la basse. Toujours accompagné de ses fûts, et gardant jalousement un ?il sur ses baguettes magiques, Simon Boyer. Coller a la droite de Dieu le père, Stan Noubard Pacha à la guitare d?or. Au chant, à l?harmonica et à l?orchestration de ces moments de privilège, Youssef Remadna.
Le deuxième set démarre en trombe, pas le temps de lambiner, pas le temps de pleurnicher, la musique du diable reste la musique du diable : les femmes, l?amour, la vie, l?alcool, le rythme, restent l?essence même des textes de ces hommes connus ou inconnus qui ont légué une telle richesse à la postérité de l?humanité. Youssef joue, Youssef rit, Youssef partage.
Alors que Thibault de ses doigts magiques entraîne le groupe dans un groove impressionnant, Simon shuffle plonge le public dans les béatitudes de ses solos, magistraux, alors que Stan et sa guitare emmène au 7ème ciel tout ce petit monde.
Vient alors le moment du b?uf, mode séculaire dans le milieu, où la sauce prend à merveille avec la voix surprenante, épatante, dantesque, de Thibault Chopin, triturant sa basse à la manière d?une contre basse. Le feu prend au One Way, le public s?émeut, réagit, s?invite, accompagne, c?est l?explosion de bonheur, c?est la magnificence de la réunion en un même lieu de quatre garçons aux qualités exceptionnelles.
Trois heures et demi plus tard, la ferveur est là, le groove tourne et tourne encore alors que l?issue du moment est fatal, il faut se quitter.
Bon sang Monsieur Youssef Remadna, de grâce, faites nous vite un album. C?est la famille du Blues qui vous le réclame.
Thibaut Chopin
Thibaut & Youssef
Stan Noubard Pacha
Simon Boyer aux f?ts
Le crooner a la voix en or
Ricky Bluesfeeling
Photos : Frère Toc
03-05-2008
Mark Dufresne
Il est de ces concerts qui marquent l?instant présent comme une trace indélébile, filent une pêche incroyable comme le meilleur des euphorisants et transforment la morosité générale et ambiante en véritable tranche de vie jubilatoire.
La prestation dans le Calvados à Cauville au Soubock de l?harmoniciste chanteur américain Mark Dufresne (passé cinq années durant au sein du célèbre big band, Roomful of Blues) entouré d?un fabuleux trio transalpin (Maurizio Pugno à la guitare, Gio Rossi aux baguettes et Alberto Marsico à l?orgue) s?inscrit dans cette catégorie des moments vécus, rares et inoubliables.
Mieux encore qu?une simple rencontre de musiciens de haut niveau, une réunion de quatre belles natures prêtent à illuminer un registre musical qui ne se cantonne pas au classique douze mesures et confirme l?adage : « Quand on fréquente le milieu du Blues, on apprécie plein de styles musicaux différents. » Et de quelle façon !
Ainsi pendant les deux long sets proposés, chaque morceau transpire de nombreuses influences différentes dont le dénominateur commun reste bien évidemment le Blues.
Du Jazz, du Swing, du Jump, au West Coast, au Funk, au Rock?n?roll, en passant par le Mambo, le Jive et les Ballades, autant d?éléments prépondérants qui constituent le canevas d?un spectacle riche en couleurs.
Mark Dufresne est principalement adepte de l?harmonica chromatique, virevoltant d?une note à l?autre, bénéficiant d?une technique irréprochable et surtout d?un feeling communicatif et sincère.
Son chant, enjoué, chaleureux et soyeux, transmet une émotion propre à donner le frisson permanent et à faire se soulever les foules.
Une grande et grosse voix qu?il module à volonté, qu?il utilise comme un véritable instrument et octroie une touche finale, toute en nuance, propice à faire chavirer les c?urs.
Maurizio Pugno est un sacré phénomène qui mérite d?être entendu et apprécié en concert.
Il propose une formidable leçon de diversité qui met en avant l?opulence d?un apprentissage de nombreuses années et restitue une joie de jouer incomparable ressentie dés les premières notes.
Un jeu de guitares, mordant et saignant quand cela est nécessaire, docile et souple quand cela le nécessite, jamais avare pour confectionner un soutien rythmique bienvenu ou distiller un morceau de bravoure en solo, Telecaster, Stratocaster ou Gretsch de sortie.
La révélation d?un grand talent, doublé d?une qualité certaine de compositeur comme le prouve sa dernière production discographique où il s?illustre en compagnie d?un autre ancien de chez Roomful of Blues, l?excellent Sugar Ray Norcia au chant et à l?harmo.
Gio Rossi, déjà remarqué par le passé derrière son compatriote Egidio Juke Ingala, fait figure de monstre vivant de la batterie. Il dispose d?un toucher exceptionnel, d?un swing incomparable et d?une énergie dévastatrice, au service permanent d?une rythmique bondissante et tonitruante. Du fort bel ouvrage qui a remué l?assistance et secoué les murs du Soubock.
L?orgue d?Alberto Marsico, au son rond et chaud si particulier, peaufine une ligne de basse d?une efficacité redoutable et indispensable à la bonne tenue rythmique du combo pouvant étonner le profane plus habitué à la guitare basse.
Il sait aussi s?envoler vers d?impressionnants phrasés aux déliés redoutables qui ne peuvent laisser insensible le spectateur attentif.
Une fois encore, le public a répondu présent, plutôt réservé au début, il a su offrir d?abondants encouragements mérités à ce formidable quatuor en tapant des mains et en dansant de tous côtés.
Un grand merci à toute l?équipe du Soubock pour cette nouvelle excellente soirée passée du côté de Cauville.
A défaut de se répéter, c?est un endroit magnifique et unique en Normandie à découvrir d?urgence (si cela n?est pas déjà fait) et une bonne occasion de venir passer un week end en Suisse Normande, la séduisante programmation du lieu le mérite et la beauté naturelle de la région aussi.
Lucky Jean Luc
13-06-2008
Midwest
Katfish (photo: Nathalie Challe)
Entre Euro du ballon rond, routes s?élevant vers les sommets du Dauphiné Libéré et musiciens valeureux, la période est riche en évènements. Pour l?heure, en ce 13 juin, c?est jour de chance et je choisis de prendre la route pour Caen où doit se produire deux formations de 1er cru. L?endroit, le Puzzle. Une salle à l?atmosphère particulièrement intimiste et chaleureuse, accolée d?un théâtre, une jauge pour cent spectateurs et une programmation annuelle se voulant la plupart du temps la plus ouverte possible.
Ce soir la, comme chaque année à cette période, le Puzzle termine traditionnellement sa saison culturelle sur une soirée Blues.
1ere partie : Katfish
Un duo de deux musiciens de renon, aussi remarquables par leur détermination a sortir des sentiers battus que par le plaisir qu?ils prennent a se retrouver sur scène ensemble. L?idée germait depuis un bon moment dans la tête de l?un des meilleurs musiciens de la scène Blues. Après plusieurs tentatives plus où moins fructueuses, avec détermination, application et amnégation Katfish sort de l?ombre ce soir et nous permet de mettre un visage et un nom sur les deux compères de ce combo. Philippe BRIERE au chant, leader, n?est pas un inconnu, puisque ancien leader du groupe Blues le plus titré de son époque et bien trop tôt dissout à mon goût. Je veux parler bien sur des Hoodoomen. Excellent harmoniciste, chanteur puissant, vivant le Blues au plus profond de son être, Philippe fait revivre pour nous ce soir un Blues traditionnel fidèle à ses racines. Rendant un vibrant hommage aux sinistrés du tsunami du Mississipi avec un Saint Louis Blues customisé de belle facture, bénéficiant des arrangements de Bernard Marie, son complice du moment. Le duo salue au passage la mémoire de Sonny Terry, de Sonny Boy Williamson et de Big Walter Horton (Trouble in Mind). Merveilleux musicien, Bernard MARIE ?ancien bassiste lui aussi de ce même groupe- assure la rythmique aux sons de ses guitares avec une facilité déconcertante. Katfish, avec un K pour se différencier des nombreux Catfish est un duo électro-acoustique. L?apport de la dobro de Bernard fait résonner et scintiller la voix posée et retravaillée de Philippe, favorisant les nuances et la subtilité des chorus. 3/4 d?heures durant, Katfish va faire vibrer son auditoire, va le faire rire aussi quand Bernard cherche son médiateur partout sur la scène, et que pour finir il s?en passera de toute façon jusque la fin de la prestation, un Bernard MARIE plus détendu que jamais et visiblement aux anges. Pour autant nous ne sommes pas au bout de nos surprises, on savait Philippe BRIERE remarquable harmoniciste spécialiste du son à l?octave et bien il faudra aujourd?hui se souvenir de lui avec sa guitare. Fidèle compagnon de l?artiste, elle est devenue la complice où sont créés la plupart de ces compos. Et justement de compo, Katfish Thème permettra aux deux compères de revenir sur scène pour les chaleureux et vibrants rappels bien mérités du public.
Longue vie donc a Katfish. Pour ceux qui souhaitent voir évoluer Bernard MARIE, sachez que celui-ci se produit régulièrement avec une formation Jazz Manouche, du nom de Mishto l?Co formation où les notes sonnent très Django Raynart.
2ème partie : Midwest
Fidèle à son image Puzzle nous offre ce soir une autre formation Blues à l?esprit bien différent de la première partie puisque Midwest se veut avant tout être d?une structuration au Blues Funky. En constante évolution depuis sa création en 2001, il était normal de retrouver Midwest promu tout récemment à la plus haute marche du podium du Tremplin Blues de la Traverse. Cette formation caennaise a vraiment de quoi tenir le pavé. Entraîné par un Marc Mitou généreux aux baguettes et un Jean Guy Pierozak puissant à la basse, ce groupe très soudé s?appui sur la présence scénique indéniable de son chanteur, Jean François Tailpied, personnage clé de la formation et au chant délicieusement juste. La guitare de Didier Fleury au jeu simple et sobre donne le change avec assurance à la guitare steel de Laurent Choubrac au jeu subtile, profond et délié. Influencé par un jeu très électrifié Midwest ne se contente pas d?exécuter des reprises, il créé aussi ces propres compos à l?image de Dog?s Week, So Why et Back.
Merveilleusement soudée, cette machine à produire de la musique Blues évolue dans un univers bien huilé, faite d?une complicité et du plaisir de jouer. En constante réflexion sur l?amélioration du groupe, Marc Mitou imagine Midwest sous des hospices radieux et ce ne serait là qu?une bien veillante attention. Pour vous en faire une idée, écoutez leur deuxième album sorti en 2007 au nom de circonstance : NO SMOKING. Un 1er album sorti en 2004, répond au nom de Nasty Habits.
Comme il est de tradition sur les scènes Blues, Midwest en la personne de Jean François Tailpied fera appel à Philippe BRIERE pour un b?uf de clôture très sympathique où on aura pu observé l?artiste très à l?aise au chant et à l?harmo sur un style que l?on ne lui connaissait pas jusqu?à présent. Comme quoi il est toujours imparfait de classer les gens dans des stéréotypes.
2 heures et demi durant, dans une bienveillante ambiance, le Blues s?invite à la mémoire de tous et Puzzle clôture avec espérons le, la volonté de rouvrir très vite ses portes à cette musique bleue, à cette culture, aux tourments des Hommes et de leur Histoire.
Philippe Bri?re (photo: Nathalie Challe)
Midwest et Philippe Bi?re (photo: Nathalie Challe)
(photo: Nathalie Challe)
Ricky Bluesfeeling
Photos : Ricky Bluesfeeling
11-10-2008
Cisco Herzhaft
18h00- sous une pluie battante, direction le pays de Caux, quelques centaines de Kilomètres plus loin, nous arrivons à ce port de plaisance plus connu sans doute pour sa bénédictine et autrefois pour sa pêche morutière, que pour sa capacité à faire vivre la note bleue. C?est sans compter sans le dévouement des protagonistes de ce café-concert placé là en haut de la cote de Delattre de Tassigny et dont notre curiosité s?est enquérie. Olivier nous reçoit. La présentation du lieu est fort agréable. Une jauge limitée à 60 voir 80 personnes et une scène aménagée permettent à l?évidence de faire vibrer la musique sans contrainte. Les propriétaires du lieu s?activent et font vivre l?espace magique. En dehors des périodes d?été, c?est environ 40 représentations qui s?affichent régulièrement par an, soit pratiquement une par semaine. A l?époque où les groupes ont de plus en plus de mal à trouver des espaces pour jouer, un endroit comme celui-ci mérite que l?on s?y attarde, et complément à cette présentation, la note gastronomique y est très acceptable pour le prix.
L?arbre en arbre, c?est le nom de ce café concert vous l?aurez compris, reçoit ce soir un Géant du Blues, M. Cisco Herzhaft. Connu de nos chroniques, Cisco après avoir réalisé un carton plein au Festival Blues de la Charité sur Loire, se présente au public dans une version que nous n?avions pas encore vu à ce jour, une prestation en solo.
Bien appuyé par une sonorisation d?une d?exceptionnelle qualité digne de la plus belle et sans doute de la plus prestigieuse scène de Normandie, je parle ici du SOUBOCK, Cisco nous anime de son chant et de son jeu de guitare majestueux. Fidèle à lui-même, l?artiste déploie tout son talent. La seule rythmique accompagnant l?artiste, n?est autre que cette capacité qui lui est propre, à savoir s?accompagner lui-même sur sa seule guitare. Son jeu de picking n?a aucun égal en France. Le chant posé, Cisco témoigne de son parcours et rend hommage à ces Hommes qui ont écrit la fabuleuse histoire du Blues. Lead Belly d?abord guitariste chanteur qui aura une influence primordiale sur l?artiste, au point d?en narrer chaque fois une petite page de son histoire, celui que l?on appellera aussi « ventre de plomb », puis de Moses Vinson, pianiste de boogie qui lui aussi influera sur la musique de celui que l?on considère aujourd?hui comme le maître incontesté du ragtime. Bing Bill Bronzy et Muddy Waters seront eux aussi du voyage, sans oublier John lee Hooker. Puis viendra un hommage particulier et si mérité sans doute, avec « Debora?rag ».
Un, puis deux, puis trois sets durant, Cisco Herzhaft, nous fait vivre avec enthousiasme, sa foi et ses vibrants hommages aux hommes qui ont écrit la page de la note bleue. Cisco est interprète, il est aussi compositeur. Ces compositions n?ont d?égales que le talent de l?auteur.
Ce soir là, nous repartons à regret vers notre campagne profonde, avec dans la tête encore et encore les notes et les images que l?artiste a réussi à nous faire partager.
Que du bonheur et après tout?. n?est-il pas là l?essentiel ?