Eric Bling
La musique d?Eric Bling n?est pas une musique consensuelle et elle ne laisse pas indifférent : soit on entre dans son univers soit on déteste et l?équipe de l?Oreille Bleue n?a pas dérogé à la règle.
S?il faut rechercher dans sa prestation live la rigueur musicale, la performance technique de l?instrumentiste, autant passer à autre chose. Eric Bling taille à coup de serpe dans du bois brut ses mélodies et les traces de copeaux peuvent parfois se voir mais le résultat en est d?autant plus émouvant. Il y a un côté primitif dans sa musique et en même temps d?expérimental, ou comment s?asseoir au 21ème siècle à la place du blues singer ou du folk singer du début du siècle précédent et revisiter avec sa propre sensibilité ces mélodies roots en y incorporant des sonorités et des rythmes modernes.
Le résultat est qu?au bout de deux morceaux, après l?étonnement et la perplexité, j?étais envoûté et emporté comme un fétu de paille dans les tourbillons de ce nu-blues obsédant.
Oui, Eric Bling, comme son nom l?indique, fait du « bling bling » avec sa guitare, de plus il n?a pas de voix, il murmure, suggère, ce qui a amené certains à faire référence à Léonard Cohen. Eric a su transformer ce qui peut paraître comme une défaillance en une voix aux tonalités sourdes et profondes, qui parfois s?exhalent en murmures.
Eric est un chamane de la « Wood Guitar », il prépare chaque morceau comme une cérémonie incantatoire avec sa pédale loop ou autres instruments pour officier sur des rythmes incantatoires qui enlacent nos corps et nous guider vers un univers animiste à la rencontre des âmes des vieux bluesmen sur les sons suburbains qui résonnent comme des fêlures dans nos âmes.
Baskery
Le gong fatidique de la Traverse a sonné, dring, dring... En fait, c?est pas un gong, c?est une sonnette, comme au théâtre ce soir, mais sans le bâton. Bref, s?en est fini des tergiversations sur le qualificatif du lancement des hostilités? Ca y est, c?est le début d?une grande soirée comme sait nous le démontrer, chaque année, l?équipe de la Traverse.
Trois jeunes femmes entrent sur le plateau. Trois s?urs, suédoises et de grand talent. Sunniva, Greta et Stella Bondesson ne sont pas des amatrices. Anciennes co-listaires des Slaptones ; Elles ont su, déjà, se faire remarquer de nombreux médias et nous offrent ce soir un concept résolument country-blues.
Le charme manifeste de ce trio familial ne se résume pas à sa féminité, car Baskery est un véritable triptyque acoustique et vocal. Constitué d?un banjo, d?une guitare, d?une contrebasse et de voix affûtées ; le sweden?s crew donne fermement dans le picking et dans l?énergie. La contrebasse sonne comme un glas joyeusement Hill Billy sur d?aigrelets accords boisés et anglo-saxons. Leur charme scandinave et leur contact bon-enfant avec le public, leur confer un bel avenir sur la scène européenne.
La seule véritable ombre au tableau venant du temps passé à s?accorder, se réaccorder, se désaccorder pour se réaccorder encore tant et si bien qu?a la fin du set on avait l?impression qu?elles avaient passé plus de temps à s?accorder qu?a jouer. Dommage car je suis convaincu que le concert aurait été explosif si elles n?avaient pas laissé retomber le soufflé entre chaque titre.
Jeff Zima
Jusqu?où la vilénie et l?acharnement peuvent-ils aller. Ces gens sont ils inconscients ou juste méchants. Imaginer à peine démarré, Simon Boyer m?a coupé les pattes avec son aisance et la qualité de ses interventions. J?était donc a terre quand Fred Jouglas , armé de sa grand mère décide de me piétiner à grand coups de lignes de basse ravageuses et de solos vicieux. Zeff Zima, sous son air jovial, s?est approché sournoisement pour m?asséner une paire de gifles magistrale. Notons que pour l?opération, il avait ganté sa main d?un bottleneck aux effets dévastateurs. J?était donc déjà à demi mort quand Mike Lattrell a décidé de me marteler la tête à grand coup de piano.
Ils se sont livrés à ce genre de méfaits toute la soirée, sur l?ensemble du public de la Traverse, sans se séparer de ce sourire et de cette jovialité qui finit par nous convaincre qu?ils font ça pour notre bien et qu?il ne faudra pas les rater s?ils repassent dans le coin.
Eric Bling
Baskery
Greta
Stella
Sunniva
Jeff Zima
Mike Latrell Fred Jouglas et Simon Boyer
Pascal Lob, Mad Man & Frère Toc
Photos : Christian Rock
22-03-2008
Jeff Zima
Il ne fallait pas plus d?une poignée de musiciens ce soir pour terminer en beauté cette nuit de Blues à la salle de la Traverse à Cléon. En Experts de l?exercice, les quatre musiciens chevronnés que sont Jeff Zima (guitares et chant) Fred Douglas (contrebasse) Simon Boyer (batterie) et Mike Latrell (clavier) ont fait explosé l?audimat. Une soirée dantesque, faite de feeling, de maîtrise et de très très bonne humeur. Jeff Zima fidèle a lui-même, au volant de sa R18 nous emmène sur la route du bonheur entre Boogie woogie, blues, Rock n?Blues et Mambo. Époustouflant de maîtrise, ce guitariste virtuose français, entraîne dans son sillage ses comparses dans des chorus de haute voltige. Mike Latrell, d?abord, aussi fou que son leader, aussi subtil dans son jeu, délirant dans ses enchaînements et les réponses a Jeff, Simon Boyer ensuite, tout en finesse et en maestria rythme de son oreille avertie les chorus de chacun, Fred Douglas enfin, merveille d?entre ces merveilles, remarquable dans ses solos ou claque le style si reconnaissable du rockabilly. Tout s?enchaîne, tout se déchaîne, tout virevolte. Le public applaudi à tout rompre, le public en redemande, le public va chercher Jeff et le lui rend bien.
Jeff Zima rie, Jeff Zima amuse, Jeff Zima tue!!
La sortie du dernier album, Kidney Stew, chroniqué sur notre site, donne l?étendue des capacités de ces merveilleux fous de la note bleue.