La charité sur Loire?un Festival de notes Bleues.
C?est vers la Nièvre, que les pèlerins de l?Oreille Bleue se déplacent ce week end pour poser leurs paquetage dans une charmante citée de Bourgogne, enclavée entre Loire et vignobles, forgée de cultures et d?histoire, bénéficiant d?un patrimoine reconnu par l?UNESCO. La Charité sur Loire, accueille pendant deux jours vos compagnons de route pour la 6ème édition du festival Blues. Profitant du forfait cette année de Bougy, faire le plein de notes bleues dans une ville qui fut pendant un temps surnommée la ville aux toits bleus ne pouvait qu?allécher nos esgourdes.
Organisée autour de son patrimoine par l?association le chat musiques, le festival 2008 nous fait voyager dans la pluralité des styles travaillés de mains de maître par des acteurs prestigieux.
Neal Black et Fred Chapelier
Cela fait déjà quelques années qu?Abder Benachour à la basse, Pat Machenaud à la batterie et Damien Cornelis au clavier accompagnent Fred Chapelier. Quelques temps aussi que Fred et Neal Black croisent leurs riffs de guitares sur les scènes de l?hexagone. Cette prestation aura démontré qu?ils connaissent leur affaire sur le bout des doigts et leur complicité s?entend clairement. Une grosse énergie parfaite pour emporter un show Blues Rock. Les guitares ont la part belle avec juste assez de virtuosité pour satisfaire les amateurs de guitare héros et assez de finesse pour ne pas fatiguer les autres.
L?esplanade du prieuré prise d?assaut?
Super « Chikan » Johnson nous convie à partager les influences des styles de Jimmy Reed, James Brown, Chuk Berry, Muddy Waters et John Lee Hooker en voyageant du Delta du Mississipi et remontant vers Chicago. Super Chikan guitare, banjo et chant, décontenance par son jeu. Artiste rieur et facétieux, mélangeant à la fois soul, funk, blues rural et danse des ?poulets bénéficie ce soir à ses cotés de musiciens de prestige comme le fabuleux Mister Tchang (The Texas Sluts) meneur de scène incomparable et guitariste au feeling impressionnant, Abdel Bouyousfi (Rosebud Blue? Sauce) l?un des meilleurs zicos du moment pour servir de ligne de basse, Eric Bo (Gang Dubois) aux drums, Manu Frangeul (ex Mateld-Milk) à l?harmonica. Super Chikan explique sa musique, raconte ses pairs, présente ses créations (guitares) accompagne son show des pas du gallinacé Gallus gallus domesticus et rend hommage à John Lee Hooker, moment intense, vibrant, grâce a un timbre de voix idéal pour ce monument. Le public est totalement conquit lorsque Mr Tchang termine la représentation par un show à l?américaine.
Les rues de La Charité s?animent?.
Dès 11h00, sous un soleil de feu, nous prenons nos quartiers sur l?esplanade du centre. Mike Greene (Bulldog Gravy) à la guitare et au chant, accompagne Carl Caulkins (Clay de son nom de scène) au piano et au chant. Deux heures durant, ces artistes merveilleux, aux talents incomparables nous font voyager dans l?univers du Delta. Profondément ancrés aux origines du Blues. À la manière des troubadours, les deux compagnons de route délectent le public d?un Blues-Songs à vous faire dresser les poils sur la tête et les cheveux sur les bras où l?inverse. Le toucher de notes du clavier de Carl transcende littéralement, force le respect et l?admiration. Passants et connaisseurs approuvent, applaudissent, redemandent et multiplient les rappels. Les influences de Sonny Terry, Lutter Allison, Jack Elliot résonnent sur la petite place aménagée pour la circonstance. Un magistral Saint Louis Blues clôture ce moment magique que l?on aurait bien aimé poursuivre des heures durant.
Les jardins des Bénédictins dans la tourmente?
Impossible de résister au plaisir de voir réunis dans un même espace, la musique des âmes perdues, la note bleue et l?esprit monacal des lieux. C?est dans le cadre des jardins du prieuré, en pleine réhabilitation, que les organisateurs du festival ont subtilement rassemblés l?esprit profond de la Louisianne et l?esprit de la prière. Le gospel peut donc s?exprimer sans modération et les Marvelous Pig Noise ne s?en sont pas privés. Entre New Orleans et Chicago, entre spontanéité et application, entre modernité et tradition, mais surtout chargé d?une énergie et d?une bonne humeur communicative, le show a atteint une intensité qui en a surpris plus d?un et conquis presque tous. Cherchant les coins d?ombre, le public aura été nombreux pour découvrir l?univers des Marvelous. Personne n?aura été déçu jusqu'à la fin des rappels et tous prendrons le temps de flâner un moment avant de se résigner à quitter les lieux comme si rester encore un peu permettait de prolonger la magie ce cette prestation. Quelques membres de l?Oreille Bleue auront été les derniers à quitter les lieux en regrettant qu?ils n?aient pas eu les honneurs de la grande scène.
Le chapiteau s?enflamme?.
S?il est un représentant de l?esprit Blues qui devait être présent à l?occasion de ce festival, c?est Cisco Herzhaft. Ce pape du Blues au style incomparable et à la sagesse impressionnante est accompagné de son fidèle compagnon, le batteur Patrick Cassotti, monstre sacré des baguettes et du swing, de l? harmoniciste Xavier Laune, nouveau venu dans le trio, au feeling impressionnant et à la technique redoutable. Cisco passionne la foule, Cisco fait aimer le blues ragtime et en grand pédagogue, Cisco nous livre quelques secrets sur l'histoire de la note Bleue. Du très grand art.
Dernière Salve
C?est à Mighty Mo Rodgers que revient la charge de clôturer cette édition. L?homme est connu pour son militantisme humaniste et sa musique l?aide à faire passer ses messages. Malheureusement, il a peut être un peu trop milité, alourdissant un début de prestation avec des discours pour lesquels la langue n?aura pas permis à la majorité du public de saisir les subtilités. Il faudra attendre la fin de show pour enfin entendre une musique digne de sa réputation qui pour certain, et malgré cette reprise en main tardive, aura semblée un peu usurpée.
Coup de c?ur?.
C?est toujours un grand plaisir que de partager la musique avec la culture dans tous ses états. Les organisateurs du festivals soucieux de réunir pour la même occasion, peintre et photographe, ont invité à deux pas de la grande scène, le peintre Jorge Ramirez. Ce bonhomme, au regard profond et pur, exerce depuis 30ans. Depuis 1991, l?artiste partage sa vie entre Louisiane ou il vit six mois de l?année et la France. Ces toiles au bleu profond, expriment avec précision l?histoire des hommes et des femmes qui ont fait la légende. Jorge Ramirez témoigne à qui veut entendre le désastre de Katerina, laissant à la Louisianne son triste sort. Homme libre, Jorge continue de peindre pour l?amour du Blues. Ses ?uvres remarquées devraient bientôt prendre la route vers le musé du Blues qui ouvrira prochainement ses portes dans la région de Lyon. Jorge Ramirez signe son exposition avec ces mots : « le Blues en sa peinture, le Blues en sa couleur est la vie que je vis. Et j?aime la vie que je mène ».