Pour l?ouverture de cette nouvelle édition du festival Blues de Traverse qui fait la part belle aux groupes du British Blues Boom, Marc Bourreau et son équipe ne pouvaient décemment pas passer à côté de celui que l?on surnomme « The Father of The Bristish Blues » : John Mayall. A désormais presque 75 printemps, celui qui a révélé des guitaristes majeurs (Eric Clapton, Peter Green, Mick Taylor?) attire toujours à ses concerts un public nombreux et fidèle. Et, en effet, en ce lundi d?octobre, la salle de la banlieue rouennaise affiche complet. Rien d?étonnant, l?auditoire est essentiellement composé de seniors, fins connaisseurs de la riche carrière musicale de ce vétéran de la Guerre de Corée.
Les quelques 400 personnes présentes font dans un premier temps un accueil réservé mais poli à Ali Harter. Seule sur scène avec sa guitare, cette jeune artiste originaire d?Oklahoma City va peu à peu débrider l?ambiance avec des compositions qui oscillent entre Folk, Rock et Blues. Une belle voix et une sacrée présence scénique qui devraient lui permettre dans un avenir proche d?assurer bien plus que des premières parties.
Dix minutes passent, et les Bluesbreakers arrivent sur scène : Buddy Whittington à la guitare et au chant, Hank Van Sickle à la basse et l?inamovible Joe Yuele à la batterie entament une reprise de Freddie King : « I Love You More Every Day ». Dès le deuxième morceau, introduit par son guitariste texan, John Mayall se place derrière son clavier qu?il quittera finalement assez peu durant les deux heures de concert. Il faut dire, et ce n?est pas vraiment une nouveauté, que des trois instruments qu?il pratique sur scène (avec la guitare et l?harmonica), c?est celui qu?il maîtrise le mieux.
Le répertoire est parfaitement rôdé et ravit un public enthousiaste d?entendre des titres mythiques qui ont apporté au Britannique sa célébrité (« All Your Love », « Oh, Pretty Woman », « Hideaway »?), mais aussi certains plus récents (« Burned Bridges », et surtout « Congo Square », un des grands moments du concert). A cela, il convient bien sûr d?ajouter un certain nombre de morceaux écrits ou popularisés par Freddie King (avec un medley « Hideaway/Sidetrack », « Help Me Through The Day ») à qui John Mayall a consacré l?album « In The Palace Of The King » sorti en 2007 chez Eagle Records.
C?est avec les reprises de deux titres de ces héros, « Mama, Talk To Your Daughter » de JB Lenoir et « Another Man » de Sonny Boy Williamson, que s?achève ce concert. Fidèle à lui-même, la légende du Blues britannique livre un show de qualité, propre, mais finalement sans doute un peu trop sage et sans surprises. Un show qui met largement en lumière le phénoménal Buddy Whittington dont l?incroyable aisance et l?extraordinaire versatilité ont fait mouche à chaque fois. Ovationné à chacun de ces chorus, il m?est apparu, plus encore que John Mayall lui-même, comme la véritable star de ce concert. Constat douloureux ou réaliste, c?est selon : il n?est pas tous les jours facile d?être une légende du Blues !