Voici à quelques mots près le type de discussion que j?ai eu avec quelques acolytes qui me demandaient mes impressions sur le concert donné par Robben Ford à Ozoir la Ferrière le 21 novembre 2008.
« -Alors, Robben Ford à Ozoir, c?était comment, raconte !
-Oh, tu sais, je ne suis pas un fin connaisseur du bonhomme, mais ce que je peux te dire, c?est que je suis ressorti de son concert avec une certitude : ce gars-là n?est pas un guitariste de Blues ! C?est un guitariste qui navigue entre Jazz, Rock et Funk et insuffle à sa musique des éléments tirés du Blues.
-Tu n?exagères pas un peu, là ? Tu vas te mettre à dos certains de ses fans avec de tels propos !
-Je persiste et je signe ! Les quelques 400 spectateurs qui étaient présents ont bien eu droit d?entrée à un Shuffle décoiffant (« Lateral Climb ») ainsi qu?à deux hommages à BB King (« Riley B. King ») et Freddie King (« Cannonball Shuflle »), mais durant l?heure un quart qu?a duré cette prestation, de Blues il aura finalement été assez peu question?
-Bon, admettons ! Mais, tu ne me dis quand même pas comment c?était !
-Je suis le premier à reconnaître que sa musique est brillante. Mais, à vrai dire, elle est pour moi parfois trop sophistiquée, trop aseptisée, et même quelquefois un peu répétitive. En tout cas, elle ne supporte pas l?à peu près. Avant même qu?il monte sur scène, je savais que j?allais voir un show très professionnel !
-Et ?
-De ce point de vue là, je n?ai pas été déçu ! Les morceaux s?enchaînent sans temps mort et puis l?équipe qui l?accompagne, c?est du très haut niveau ! Son batteur (Toss Panos) a une frappe de fou et un sacré sens du groove. Quant à son bassiste, il s?agit de l?excellent Travis Carlton qui n?est autre que le fils du légendaire guitariste Larry Carlton. Il n?empêche, l?ensemble est à l?image du personnage et manque un peu de chaleur. Il communique avec le public entre les morceaux, essaye au maximum de s?adresser en Français, mais on sent que tout cela est très calibré : interdiction de prendre des photos, une heure un quart de concert, un seul rappel?
-Et au niveau du répertoire ?
-Pas mal de morceaux tirés de son dernier album (« Truth »), mais aussi des valeurs sûres comme « Supernatural », « Lovin? Cup » et surtout « Indianola ». Ca, c?est un sacré titre, qui plus est bien énergique ! Pour moi, le meilleur moment du concert.
-Conclusion ?
-Si tu n?aimes que le douze mesures, les sons bien roots et les ambiances fiévreuses des jukes-joints, à fuir, mais si les digressions jazzy et la complexité ne t?effraient pas, fonce ! »