On ne cessera de le répéter, mais ce qu?accomplissent Fabrice Gobé (propriétaire du lieu) et Marc Loison (programmateur) au Soubock est une sorte de petit miracle ! Il y a en effet quelque chose de délicieusement irréel dans le fait de voir des pointures de la scène Blues actuelle (le regretté Sean Costello, John Nemeth & Junior Watson, Sean Carney?) venir se produire ici en plein c?ur de la Suisse normande, dans ce cadre somptueux.
En ce mardi ensoleillé de mars, l?hôte de ce café-concert n?est autre que Bryan Lee, le célèbre bluesman aveugle louisianais. Pour ouvrir une soirée qui s?annonce prometteuse, les quelques 120 à 130 spectateurs présents découvrent New Line Up qui entame son « Normandy Spring Tour » (suite des aventures à retrouver très prochainement sur le site!). En réalité, le mot « découverte » n?est pas des plus justes pour une partie du public. Je veux bien sûr parler des représentants et sympathisants de L?Oreille Bleue, venus en nombre sous la houlette de Lucky « Rabbi » Jean-Luc encourager ceux que Marc Loison a désigné comme les « Bluetones haut-Normands ». A peine le temps d?ingurgiter mon assiette jambalaya que les quatre gaillards bondissent sur scène pour nous servir une bonne rasade de Blues-Jump-Swing à la sauce West Coast. Les morceaux s?enchaînent sans temps mort, avec des mises en place efficaces et cette habituelle générosité qui semble être leur marque de fabrique. Le groupe a cependant parfois tendance à se laisser emporter par son enthousiasme ce qui amène un certain manque de nuances. Rien de préjudiciable et il paraît évident qu?avec les échéances à venir, Jérôme « Madman » Lemesle au chant et à l?harmo, Pascal « Gringos » Rigault flamboyant à la guitare, Pascal « Lob » Hernandez à la basse et Pascal « Magnum » Delahaye à la batterie vont acquérir les quelques automatismes qui leur font encore défaut.
Le flyer du Soubock annonçait la couleur et disait vrai: « Une voix haut perchée et véhémente, un groupe électrique 100% voué à sa cause, un répertoire inusable pour un concert de légende ». Pas de doute, avec Bryan Lee et le Blues Power Band, l?intensité montait d?un cran. Une première remarque s?impose : on est ici à mille lieux de certaines prétendues « stars » du Blues. Ce type-là est complètement fidèle à l?esprit de sa musique, il ne triche pas, et vous sert un show à son image: d?une grande humanité. Son répertoire n?est peut être pas des plus original, mais tout cela est interprété avec tant d?âme ! Un repertoire fait de compositions tirées de son dernier opus (le superbe « Katrina Was Her Name » produit par Duke Robillard) et de standards que l?on retrouve notamment sur « Live At The Old Absinthe Bar?Saturday Night » : « The Things That I Used To Do » (Guitar Slim), «Killing Floor» et « How Many More Years» (Howlin? Wolf), «Flip, Flop and Fly» (Big Joe Turner), ou encore «I?ll Play The Blues For You» d?Albert King. Parfaitement porté par un groupe composé de Richard Ward (alias Dr Porkchop) à la basse, de l?excellent John Perkins à la batterie et du pianiste italien Enrico Capanito, celui que l?on surnomme « Braille Blues Daddy » montre sur ce dernier titre son sens du groove et sa capacité à rendre hommage à ses idoles tout en conservant sa touche personnelle. L?entraînant et mythique «The Blues Is Alright», repris en ch?ur par un Soubock aux anges, vient conclure de fort belle manière une soirée qui aura permis de mettre en valeur un artiste talentueux et généreux que l?on espère retrouver rapidement sous nos latitudes.
Bryan Lee and the Blues Power Band
Braille Blues Daddy
John Perkins et Dr Porkchop
Enrico Capanito
Bryan Lee
Nicolas
Photos : Christian Rock
13-07-2009
String Breakers
Révélations des tremplins des Rendez Vous de l?Erdre en 2006 et de Jazz à Vannes en 2007, les String Breakers ont connu quelques changements notables ces derniers temps. Arnaud Migné et Jérémy Habegger à la batterie et aux claviers ont respectivement laissé leur place à Mathieu Lemarié et Patrick Billion. Enfin, le guitariste Grégory Denis récemment installé en région parisienne, n?officie plus régulièrement au sein du groupe. Il est toutefois présent en cette veille de fête nationale et le combo nantais se présente ainsi sous la forme d?un assez inhabituel sextet.
Devant un public épars, les String Breakers livrent une première partie intéressante mais un peu timide. Il faut dire que l?assistance n?est pas des plus exubérantes, même si elle commence gentiment à se débrider en fin de set avec l?entraînant « Hound Dog », morceau-phare du répertoire du groupe. La pause arrive au bon moment et permet aux six musiciens de se ressourcer pour attaquer le deuxième set pied au plancher. Ca démarre fort avec un instrumental signé Kirk Fletcher, intitulé « Blues For Boo Boo ». A partir de là, le concert ne va cesser de gagner en qualité et en intensité jusqu?au final surprenant et enthousiasmant, à savoir une reprise du « Billie Jean » de Michael Jackson. A ce moment présent, le public si réservé deux heures plus tôt se fait désormais entendre et en redemande. Les pitreries de Pascal, maître des lieux y sont peut être pour quelque chose, mais à vrai dire, il faut surtout placer cette métamorphose sur le compte de la prestation livrée par les six musiciens.
En premier lieu, il convient de souligner la qualité de leur répertoire. Les String Breakers sont un groupe de Blues qui refuse de se laisser enfermer dans un carcan et qui recherche l?originalité. De Blues il est question avec des morceaux comme « Looking For A Man », « I Love You More » ou le classique « Sweet Little Angel ». Mais, la Soul et le Funk tiennent à présent une place équivalente à celle occupée par la musique du diable. Quel bonheur d?entendre des titres tels « It?s Your Thing » (The Isley Brothers, repris également par les?Jackson Five!), «?Bout to make me leave home » (Syl Johnson), « I Get A Feeling » (Johnny Guitar Watson) ou encore le somptueux « Drown In My Own Tears » (Ray Charles). N?oublions pas l?excellent « Eleanor Rigby » version Aretha Franklin, morceau Soul et Funk à souhait qui met en valeur toutes les qualités vocales de la talentueuse Laurence Le Baccon au chant.
Cette dernière n?a cessé de prendre au fil des concerts une vraie dimension. Elle a gardé sa fraîcheur, son enthousiasme tout en s?affirmant de plus en plus : elle conduit les morceaux avec brio et fait preuve d?une maîtrise assez incroyable. Sa prestation est parfaitement mise en valeur par une équipe rôdée qui prend plaisir à jouer ensemble. Sami Touré à la guitare et Vincent Blivet à la basse sont indissociables. On sent que ces deux là prennent leur pied à créer des rythmiques ciselées sur lesquelles les solistes s?expriment avec brio. On regrettera toutefois chez l?un comme chez l?autre un léger manque d?assurance dès qu?il s?agit de prendre un chorus. Dommage, car les idées sont là. Ils sont impeccablement accompagnés par Mathieu Lemarié à la batterie qui en intégrant le groupe a amené son sens du groove, sa connaissance des rythmiques Soul et Funk. Dans le même temps, le gaillard n?est pas malhabile lorsque les tempos deviennent ternaires et il possède un beau grain de voix qu?il aurait été plaisant de plus entendre. Dernier arrivé dans l?équipe, Patrick Billion au clavier, même s?il se cherche encore un peu au niveau du son, apporte des idées intéressantes. Quant à Gregory Denis, difficile de croire qu?il ne joue plus que deux à trois fois par an avec le groupe. Il semble ne jamais l?avoir quitté. Discret, d?une grande humilité, il est d?une redoutable efficacité, en particulier sur les tonalités mineures. Difficile de ne pas se laisser emporter par l?émotion durant ses splendides chorus sur « No Free Rides » et « Cheery Red Wine ». Luther Allison, de là où il est, aura sûrement apprécié...
Vous l?aurez compris, les String Breakers ont pris une nouvelle dimension. On peut d?ailleurs s?étonner que certains tremplins n?aient pas cru bon de les sélectionner, tant il y a là de la qualité. Qu?importe, il est évident que le groupe va continuer à faire parler de lui. Il ne reste plus qu?à espérer la sortie d?un album et un peu d?audace de la part des programmateurs de festivals.
Nicolas
Photos : Nicolas
22-10-2009
Jean Jacques Milteau
Salle comble pour accueillir une scène prestigieuse, au moins pour le nom que pour la qualité des artistes. Renouveler la soirée de janvier 2005, avec le même leader, est un pari audacieux mais qui ne semble pourtant pas avoir effrayé Bruno Tignol le programmateur de cette salle. « Jean Jacques Milteau est une valeur sure. Au-delà de cette affirmation, c?est avant tout l?homme que nous souhaitions retrouver, l?artiste à un charisme étonnant, il traverse le temps avec une fraicheur épatante, les fidèles de cette salle le savent bien, la preuve...la salle est complète ce soir ».
L?occasion est belle en effet avec la sortie du dernier album : « soul conversation » de découvrir une scène ou la voix est le principal fil conducteur de la soirée. Pour mener ce coup de maitre JJM s?est entouré pour la circonstance de Ron Smyth et de Mickael Robinson, accompagné du fidèle manu Galvin à la guitare, géant parmi les géants.
JJM trace la route de la soirée. Le départ est au sud des états unis, remonte vers le nord avec pour détour un soupçon de chant traditionnel du delta du Mississipi, pour finir dans le parfum subtil du festival de Woodstock.
Tout y est, ambiance gospel, mémoire positive du Blues, invitation à la réflexion. L?artiste se met à la disposition de ses compagnons de route, le souffle du ruine babine est épuré, la note bleue particulièrement touchante, la virtuosité remplacée par l?expression profonde et vibrante du ressenti intérieur. L?homme humble, adresse au passage un clin d??il à son ancien bassiste rouennais Michel charbonnel puis nous délecte 90mn de sa Soul Conversation, ce nectar dont lui seul à le secret.
Et puisqu? il est question de voix, alors rien d?étonnant que cette soirée ce soit terminée à capella.... avec un public acquit tout à la cause svp !
La conclusion de la soirée fut à la hauteur de l?évènement, une énorme ovation, salle toute entière debout, saluant copieusement et généreusement les artistes.
Un succès épatant, une magnifique soirée dont nous nous souviendrons encore longtemps.
Ricky Bluesfeeling
13-11-2009
Wimps Blues Band
Pour la sortie de leur album Route de L?enfer les Wimps nous avaient préparé un petit concert à l?Almendra, petit théâtre rouannais d?une centaine de places.
Cette route de l?enfer aura donc servi de fil rouge à ce concert fort sympathique, intimiste et finalement très agréable.
Les choix musicaux sont ambitieux, les compositions audacieuses et il reste quelques aspérités à finir de poncer pour rendre le tout parfaitement fluide.
Malgré un groove palpable, la basse de Sébastien Hacquebart m?a semblé un peu trop forte et a écrasé les autres instruments, notamment la voix de Loïg Paul apparemment détendu et plutôt inspiré dans ses solos de guitare, et qu?on aurait aimé entendre mieux.
Au-delà de fort belles envolées de clavier, Alban Alexandre développe un charisme qui aura ajouté une bonne couche à l?impression de sympathie générale.
Romain Labaye à la batterie développe un jeu impressionnant. Peut être un peu trop riche à mon goût mais qui contribue notablement au style du groupe.
En bref une bien belle soirée et un très beau potentiel individuel pour chacun même il manque encore un véritable son de groupe.