C?est la seconde fois que l?équipe de l?Oreille Bleue fait le déplacement en terre Nivernaise. Si la première fois avait été un plaisir de découverte, la seconde n?aura fait que confirmer, voire accentuer, nos premières impressions. Le cadre y est pour beaucoup, mais l?accueil et l?organisation permettent au public une détente et une convivialité propice à l?écoute.
Dès notre arrivé, direction le jardin du prieuré, où le Youssef Remadna Blues Band vient tout juste de commencer. Certains d?entre nous le connaissaient déjà et ne tarissaient pas d?éloge au sujet de Youssef Remadna. Ceux qui ne le connaissaient pas ont bien du reconnaître que l?on était encore en dessous de la vérité.
Une voix chaude, puissante et parfaitement posée comme il y en a peu en France, couplée a un jeu d?harmonica sobre et mélodique le tout saupoudré d?un humour bien senti et agrémenté d?un charisme palpable je ne vois absolument pas ce qu?il peut manquer à ce magnifique artiste ? si un disque peut être !!
Pour l?accompagner, à la guitare, un Stan Noubard-Pacha tout sourire dehors, apparemment ravis d?être là et qui aura rapidement réussi a extirpé le même sourire des plus réticents des spectateurs. Copieusement applaudit lors de ses interventions solo, il nous a aussi enchanté par la finesse de ses rythmiques.
Thibaut Chopin qui avait troqué sa contrebasse habituelle contre une basse électrique sans rien y perdre de son groove, et si quelques petits passages en « slap » façon contrebasse nous ont laissé croire que la « grand-mère » lui a un peu manqué quand même, son association avec Simon Boyer à la batterie reste une référence pour tout amateur de Blues Swinguant. Un Simon Boyer partiellement décoloré qui nous a démontré que la couleur de ses cheveux n?a absolument aucune incidence ni sur la finesse, ni sur la précision de son jeu.
La prestation ne nous ayant pas suffit, nous sommes retourné les écouter dans la rue pour un concert b?uf qui s?est achevé fort tard.
Une courte pause le temps de se sustenter et nous repartons vers la grande scène pour applaudir nos amis bas Normands des Bluetones. On connaît déjà la qualité de ce combo mais je dois reconnaître qu?ils me surprennent à chaque apparition. Un peu occultés par les trois leaders, c?est probablement à Guillaume Chevillard, batteur et à Eric Lebeau, bassiste, que je décernerai la palme de la soirée pour la robustesse, la finesse et l?efficacité de leur travail. Les solos sont forcément bons, posés sur une rythmique pareille. Ce n?est pas pour autant que Thomas Troussier se contente du minimum syndical, loin de là. Ses envolées « harmonicales » sont impressionnantes et recèlent souvent une touche d?inventivité apte à cueillir les plus blasés. Les guitares ne sont pas en restent, un concentré de feelling et d?émotions pour chaque intervention de Pascal Fouquet qui est à mes yeux l?un des grands guitaristes actuels, et je ne restreint pas ce qualificatif à la France.
Agathe Sahraoui a su conquérir le public avec un chant maîtrisé et énergique mais je n?ai pas réussi à me laisser prendre à son jeu. On m?a encore dit que je faisais la fine bouche, mais elle m?a laissé l?impression d?être un peu en décalage avec le style du groupe, comme si elle n?était qu?une invitée.
Un bien beau moment quoi qu?il en soit.
C?est avec un mélange d?impatience et d?inquiétude que j?attendais la prestation de Paul Lamb. Impatience parce que je ne l?avais jamais vu sur scène et que ce que j?ai entendu sur tartine augurait du meilleur. Inquiétude parce que les dites tartines ont maintenant quelques années et que les King Snakes sont à géométrie variable. Inquiétude aussi parce que ce n?est pas lui le chanteur lead et que cela peut faire toute la différence. Les premiers instants de cette prestation ont balayé tout ça pour laisser juste la place au plaisir.
Plaisir des interventions de guitare de Ryan « junior » Lamb (le fils) qui m?a fait penser au coté rageur d?un Kid Andersen, et qui alternera ses solos avec Chad Strentz plus Blues Rock mais tout aussi jubilatoire. Le chant aussi alternera entre Chad Strentz bien plus que convainquant et Paul Lamb qui ne nous aura pas laissé un souvenir impérissable en la matière.
La rythmique tenue par Rob Dernick à la basse et Mike Thorne à la batterie est une locomotive une fois lancée, rien ne les détournera de leur objectif, même pas les facéties de leur leader qui bien vite fini ses solos d?harmonica sur les genoux, sur le dos ou dans le public. Un coté show peut être un peu prononcé à mon goût mais n?a qui n?a tout de même pas pris le pas sur la musicalité.
Paul Land est un vieux briscard au charisme évident, à la classe naturelle. Le nez plongé dans son harmo, il n?en reste pas moins le patron. Il emmène les musiciens ou il veux et a emporté le public avec.
Pour une première journée, la réussite est complète.
Le lendemain en fin de matinée nous avons usé nos semelles dans cette charmante ville et nous avons croisé plusieurs fois le chemin du groupe La Planche à Laver qui lui aussi déambulait et animait ici une terrasse de café, là le marché. Formé de Armel Amiot au banjo ténor et au chant, Michel Cousin au washboard, Sébastien Vallet au saxo basse et de Gilles Véron à la clarinette, je dois avouer qu?hésitant entre café et apéritif, je n?ai pas porté une oreille très attentive à leur répertoire très Dixie Jazz. Disons, qu?ils n?ont laissé une impression plutôt sympathique.
Un repas et une promenade digestive plus tard, nos pas nous ont ramené vers le jardin du prieuré pour retrouvé les Cotton Belly's. Je ne les avais pas revu depuis l?été dernier et j?étais plutôt ravi de les retrouver. J?avoue être un peu resté sur ma faim. S?ils ont gardé l?énergie, ils n?ont a mon avis pas gagné en maturité ce qu?ils ont perdu en fraîcheur.
Pourtant ils ont ajouté la basse de Kiki "Owen Brown" Etienne qui m?avait manqué lors de leurs prestations précédentes.
Pourtant Jérôme "Skippy Benson" Perraut tricote de jolis solos de guitare, peut être un peu trop d?électrique par rapport à mes attentes.
Pourtant Yann "Willywood" Malek est a l?aise devant son micro ou en soufflant dans son dix trous.
Peut être que Romano, qui ne pas parut irréprochable derrière sa batterie y est pour quelque chose.
Peut être que Michel "Mambo Slim" Descamps à la guitare rythmique joue un peu trop comme il le faisait quand il devait compenser l?absence de basse et a contribué à alourdir un peu mes impressions.
Peut être que je ne suis qu?un vieux ronchon. C?est d?ailleurs ce que semblait dire le public, nombreux et apparemment conquis par la prestation et c?est toujours le public qui a raison.
Le début de cette seconde soirée revenait à Marc André Léger. Québécois installé en France, il m?avait époustouflé en solo lors du tremplin Blues sur Seine et j?avais un peu hâte de le voir en trio. Marc André a commencé seul et comme la première fois je suis tombé sous le charme. Le mélange entre son apparente décontraction, son accent Québécois, son humour, mais surtout une voix et un jeu de guitare à tomber par terre. J?en avais presque oublié qu?il était annoncé en trio lorsqu?il fut rejoint par ses acolytes. Je suis vraiment désolé, je n?ai pas noté les noms de l?harmoniciste et du batteur qui l?ont rejoint. Il faut dire que si l?harmoniciste était à peu prêt convainquant, le batteur m?a semblé totalement à coté de la plaque. J?ose espérer qu?il s?agit juste d?un manque de travail en commun mais à mon sens, cela à totalement plombé la prestation d?un Marc André Léger qui aurait mérité bien mieux.
Pour bouclé cette édition, Mac Arnold and Plate Full O'Blues prennait place sur scène. Le Plate Full O'Blues est une grosse machine à Blues, qui maitrise parfaitement toutes les grosses ficelles qui font de ce genre de prestations un succès auprès du public. J?aurai parfaitement vu l?ensemble de ces musiciens dans la prochaine tournée du Chicago Blues Festival.
Une belle basse, batterie avec Dan Keylon, et Mike Whitt, chargée en groove et en énergie. Les guitares acérées aux envolées aériennes de Austin Brashier auront su enchanter les amateurs de guitare héros. Max Hightower alternant clavier et harmo finira de verrouiller tour à tour rythmique ou solos. Mac Arnold quant à lui est un vrai personnage, bien plus convainquant au chant qu?aux guitares. Disons que son jeu sur guitare fabriquée dans un bidon tient plus du folklore que d?un réel intérêt musical, mais je le pardonne aisément car la bonne humeur et l?énergie qu?il nous a envoyées devraient être remboursées par la sécurité sociale.
En buvant un dernier verre avec les amis qu?on ne reverra pas prochainement, le constat et unanime. Ce fut une magnifique édition, un bel enthousiasme du public et surtout une grande réussite cotè fréquentation. Rendez-vous est pris pour l?année prochaine.