J?avais déjà vu la belle Joanne Shaw Taylor il y a quelques années et j?avais très envie de voir comment elle avait évolué. Je dois dire que j?ai été fortement déçu. Au chant tout d?abord, où j?ai eu l?impression quelle forçait trop sa voix, peut être pour lui donner une consistance, mais cela m?a semblé desservir l?ensemble. A la guitare ensuite, où le son distordu couplé à un jeu très chargé, trop chargé, ont donné à l?ensemble un coté brouillon cherchant à privilégier l?énergie à la mélodie mais ne parvenant en fait qu?a alourdir le tout. Bien sur on aura quand même entendu quelques belles envolées de guitare qui auront probablement impressionné les amateurs de Blues Rock. Mais le set m?aura finalement laissé de marbre.
Inversement, si le sideman Coco Montoya m?avait totalement ébloui par ses interventions avec John Mayall. Ses premiers albums en temps que leader ne m?ont absolument pas convaincu au point que je n?ai pas écouté les derniers. Sur ce concert, il m?a totalement bluffé. Bien sur il y a bien quelques titres un peu flonflon mais les guitares sont tellement belles. Les mélodies des solos tellement bien sentie et le son tellement maitrisé et limpide qu?il a fini par me prendre dans ses filets. Poussé par Randy Hayes à la batterie, Brant Leeper au clavier et Nathan Brown a la basse, la rythmique module au grès des envie de leur leader tissant un superbe tapis qui n?a fait que mettre en valeur les interventions d?un Coco très inspiré. Cerise sur le ponpon, Nathan Brown nous a fait l?un des plus beaux solo de basse qu?il m?ai été donné d?entendre. Évitant les trop fréquentes démonstrations technique, il a déroulé une mélodie en parfaite adéquation avec le reste du morceau et d?un bon goût incroyable. Il semble que le solo de batterie n?ai pas été de la même finesse mais j?était sortie aérer mes poumons à ce moment là. Au bout du compte une bien belle prestation.
Alex Mirey a eu le redoutable privilège d?assurer l?intermède et le final au bar, ce soir là. Au cours de ce périlleux exercice parfaitement maîtrisé, j?ai encore noté des améliorations notoires chez cet artiste accompli : Pas sur le plan technique, chacun sait que c?est un redoutable chanteur à la voix profonde, doublé d?un guitariste au jeu à la fois subtil et inoxydable. Ni sur plan physique, car la pratique parallèle du jogging sur pédalier-basse ne lui a fait enfler ni les jambons, ni le melon d?ailleurs? Débarrassé des contraintes corporelles qui aiguillent chacun de ses neurones à bon escient, c?est plutôt en termes de communication et d?échange avec le public que notre interprète talentueux a considérablement accru son talent. Si, assimiler parfaitement les plans sophistiqués du père Rory n?est pas à la portée de toutes les esgourdes, retrouver un bout de son âme, de sa conviction et de sa flamme représente encore une autre paire de manches. Comme notre glorieux irlandais de Ballyshannon, Alex envoie, aujourd?hui avec une décontraction déconcertante, son blues chaleureux. Les clins d??il et sourires complices au public de ce soir-là faisaient plaisir à voir et ressentir. Quand on sait la difficulté d?exécution et d?interprétation synchronique du moindre de ses talents, on ne peut que ressortir bluffé et conquis !!!
La métamorphose est en marche pour que chaque représentation notre « one man band » favori ne constitue plus seulement un exploit individuel? Mais une véritable aventure musicale de partage. Histoire de lui rendre une portion du plaisir qu?il nous procure?
Pascal Lob & Gringos
Photos : Christian Rock
26-11-2010
Jerry Portnoy
The Spikedrivers
The SpikeDrivers
Pour la seconde fois en quelques mois j?ai donc assisté au show des Spikedrivers. Une belle technique, une grosse complicité et un vrai plaisir d?être sur scène semble être le fil conducteur de ce trio. Constance Redgrave joue de la planche à laver avec des brosses à cheveux ce qui donne un son qui me parrait moins agréssif sans perdre d?intensité. Le son de sa basse est à son image, un peu rond mais assurément sensuel, souriant et rebondissant. Maurice McElroy m?a semblé cette fois moins présent au chant mais toujours aussi précis et énergique aux percus comme à la batterie. Pour boucler, Ben Tyzack chante et joue de la guitare avec une belle maitrise voir même un peu de hargne en slide. L?ensemble a donné assurément une belle prestation même si j?ai personnellement un peu décroché sur la fin.
Big Muddy
Le show des Spikedrivers est à peine achevé, que déjà résonnent les premières notes de Big Muddy. Ce groupe des six de Mantes-la-jolie s?attelle avec aisance et prestige à la tâche rituelle de l?intermède, entre la première partie et la tête d?affiche, dans le très sonore hall d?entrée de la Traverse.
Après un tranquille Pertetual blues d?Eric Bibb, ce Grand Boueux, paradoxalement bien apprêté vestimentairement, s?affiche avec assurance dans un style mi Chicago style, mi soul façon Motown.
Un batteur, un bassiste et un clavier dessinent avec une certaine assurance les contours d?une formation aguerrie. Le chanteur guitariste est savamment entouré de deux choristes qui ajoutent à la classe de l?ensemble une touche féminine très séduisante. Les belles se lâchent, tour à tour, sur la fin du set et proposent une alternance de registres tantôt soul et enflammés, tantôt suaves et chaleureusement blues, à l?instar de Trouble in Mind ou de Hard Times.
Bref, un bon bain de béatitude, par de bienséants et beaux bébés, baignés dans l?Obao et habités par le blues. A bientôt, et bénie soit la boue.
Jerry Portnoy
J?attendais beaucoup de ce concert, une véritable légende du Chicago Blues à la Traverse prêt de chez moi, harmoniciste de Muddy Wathers (comme il ne le rappellera) pendant quelques années, une référence incontournable, un grand. J?étais donc plutôt impatient, limite fébrile.
Comme on pouvait s?y attendre, c?est le backing band (désolé, je n?ai pas noté les noms) qui lance le show. Une rythmique efficace, une bonne guitare lead et une belle voix, tout démarrait plutôt bien. Enfin le maitre arrive, bonne tête, beau costard, et son d?harmo magnifique, je jubile. Malheureusement j?ai très vite l?impression que malgré toute cette maitrise, toutes ces compétences, il ne se passe rien. Les premiers titres s?enchainent avec cette même monotonie qui doucement va me porter vers une chaise et l?ai fini par quitter la salle aux premiers signes d?assoupissement. Peut être que j?attendais trop, peut être que j?étais mal luné, je n?ai vraiment compris, ça jouait bien mais je me suis ennuyé.