Bon, il est minuit passé ce 9 avril 2013, je rentre au bercail, en écoutant au volant : « Bringing It Back Home », le dernier opus de Robben Ford et je me régale?
Comment en suis-je arrivé là ?
Il faut dire que je viens d?assister à son concert à « La Traverse ».
Félicitations d?ailleurs aux organisateurs d?avoir décroché l?une des 2 seules dates de sa tournée en France !
Alors que j?avais déjà 2 ou 3 albums de Robben Ford, que je n?écoute pratiquement jamais, pourquoi en avoir acheté un, à nouveau ?
D?abord, j?ai eu une grosse envie de réentendre une bande-son proche de la perfection comme le soulignait tout à l?heure Éric, le redoutable et talentueux bassiste de Curtis Johnson Band. Et puis, également de retrouver ce délicat son de guitare et ce groove si particulier de l?ensemble des musiciens hors-pairs qui l?accompagnaient hier soir?
Et je ne suis pas déçu, l?album me semble encore meilleur que le concert. Hop, un rapide coup d??il à la jaquette et je m?aperçois que les musiciens de studio ne sont pas les mêmes, hormis pour David Piltch qui officiait hier soir à contrebasse électrique. Nul doute que son second long solo magistral aurait ravi le Boss Pascal LOB, s?il ne nous avait pas confié, pour l?occasion, les clefs du camion de l?Oreille Bleue. Pour ma part ce sont les interventions du trombone (quel son !) et du clavier qui m?ont procuré le plus de plaisir. Et puis j?ai eu envie de retrouver la voix du Robben Ford, trop souvent catalogué comme un piètre chanteur, et son registre bien « westcoast » à la Steely Dan, enfin, je trouve. Je ne m?étendrai pas sur le son magnifique et riche de la guitare par obsession d?objectivité.
Il ne manque sur le disque que l?intervention excédée, entre deux titres, d?un spectateur hurlant « Debout La Traverse, on n?est pas aux vêpres !!! » Je présume que les animateurs de « La Traverse » tout comme la majorité de l?auditoire auraient préféré une salle comble et surchauffée, mais, hier soir, la règle devait être stricte : « Personne ne doit s?asseoir ailleurs qu?autour des tables ou bien dans les fauteuils moelleux rouges pour cette soirée façon cabaret ». Personne donc dans les traverses de « La Traverse »?
Sans doute, le souhait d?un artiste surdoué, mais trop timide, parfois à la limite de la maladresse et de la condescendance lorsqu?il demande à notre photographe pourtant parfaitement respectueux de ses consignes de s?éloigner.
Avec un autre état d?esprit, la bande à Ford avait amplement de quoi mettre le feu, mais ces gars-la ne sont pas des pyromanes, pas question que ça sente la moindre odeur de soufre. Faudra se résigner à garder sa sueur pour des incendiaires plus généreux. Pour Dr. Feelgood et consorts? Pour ceux qui vous nouent la gorge jusqu?à la transe ou la suffocation.
Du coup, je viens de comprendre ce paradoxe : pourquoi j?apprécie tant ce disque. Ce « dandy » de Robben Ford a finalement raison : sa musique cérébrale se marie bien au siège cuir de ma berline : un tantinet élitiste et bien lisse, mais tellement confortable.
En franchissant mon portail je me dis, qu?en définitive, je ne garderai de cette soirée que le plaisir d?avoir retrouvé Charles « The Good Surprise », (et quelques vieux potes) pour écouter un adolescent élégant de 62 ans, virtuose de la guitare? Et ce disque-souvenir prémonitoire?
« Bringing It Back Home » !!!