Cette année encore, la programmation du Blues de Traverse était attirante, intrigante et frustrante. Attirante avec quelques noms que j'avais envie de revoir (Chris James, Patrick Rynn, Mountain Men). Intrigante avec quelques noms que je n'avais encore jamais entendu (Grainne Duffy, Kussay and the Smokes, Jarekus Singleton). Frustrante par quelques noms qui jouissent d'une grande réputation mais dont le style musical ne m'attire absolument pas même si je suis certain que leur prestation sera de haut niveau je n'y assisterai pas (Jon Cleary, Warren Haynes).
Le 11/11/2015 : Grainne Duffy / New Blues Generation
Dans le cadre d'un festival de Blues, je ne suis pas certain que la belle Irlandaise Grainne Duffy ai tout a fait sa place. S'il y a une touche de Blues dans sa musique, c'est plutôt l'esprit, country folk rock ou plutôt Américana qui domine. Parfois Emmylou Harris à d'autres moments Joan Jett, elle a oscillé entre douceur et rudesse et a réussi à me séduire. Et même si son guitariste m'a semblé avoir un son un poil trop agressif par rapport à la rythmique, j'ai passé un excellent moment et le public aussi visiblement.
Belle surprise je vous conseille chaudement de na pas la rater si elle passe prêt de chez vous.
J'avais entendu beaucoup de bien de cette tournée du New Blues Génération et même s'il faudra m'expliquer comment on arrive à mettre l'étiquette "Nouvelle génération" à un Sax Gordon avec plus de 25 ans de carrière, j'attendais beaucoup de cette prestation. J'ai malheureusement été déçu. Le début du set, sous la houlette de de Sax Gordon à développé une belle énergie mais la rythmique en fait trop. Ça groove terrible, ça joue terrible mais le coté un peu trop appuyé du début finira par me semblé trop lourd avec l'arrivée de Jarekus Singleton et de sa guitare je ne m'explique pas ce qui m'a fatigué, mais je suis parti avant la fin. On se disait devant la porte avec quelques amis eux aussi démissionnaires, "trop de groove tue le groove et trop de guitare ? "
Le 20/11/2015 : Kussay and the Smokes / 46e Chicago Blues
Je ne suis pas fan de Rap mais j'étais intrigué d'entendre ce que ça pouvait donner sur des rythmiques Blues. J'avoue que Kussay m'a convaincu, ça marche plutôt bien. Des riffs de guitare Blues / Blues Rock, des refrains chantés plutôt Soul Blues, un bon Flow pour le chant lead mais surtout une générosité qui a conquit la salle. Un bon moment.
Je disais avant cette édition du Chicago Blues que le trio rythmique Chris James à la guitare, Patrick Rynn à la basse et Willie Hayes a la batterie valait a lui seul le déplacement. Je confirme, ils ont été impériaux. Pour mon plus grand plaisir, Chris James a même semblé, tout au long de la soirée, occuper un peu plus les avants postes que les autres fois ou j'ai pu le voir. Patrick Rynn et Willie Haye nous ont encore donné un cours de feeling et de groove tout terrain avec aisance et décontraction. J'ai aussi beaucoup apprécié le chanteur harmoniciste, Aki Kumar, dont le Swing Blues colle parfaitement avec mes préférences musicales. Il m'a donné envie de me replonger dans les vieux albums de James Harman ou de William Clarke. Derrière ses clavier, Ken Saydak a fait glisser le centre de gravité du groove vers le Boogie et le Rock 'n'Roll. Encore un moment très agréable avec une belle énergie. L'arrivée de Chick Rogers a recentré les débats sur l'intitulé de de la soirée, le Chicago Blues, dommage qu'elle n'ai chois que des standards usés jusqu?à la corde. Avec cette voix et un peut d'originalité la soirée aurait été juste parfaite.
Le 29/11/2015 : 13ème Tremplin / Mountain Men
La programmation de la Traverse n'étant pas exclusivement Blues, le Tremplin est aussi ouvert aux groupes de Rock et de Pop. Cette 13ème édition n'aura donc pas vu de groupe de Blues mais aura encore démontré la qualité de scène régionale.
Deaf In Stereo qui m'a rappelé les grandes heures du Rock de Rouen des années 70/80. Une belle prestation malgré un son de clavier catastrophique.
J'aime beaucoup la rythmique et les magnifiques mélodie de voix de My Silly Dogfish, la guitare solo apporte un peu de tension et de dissonance, un peu trop peut être, elle fini par sembler évoluer dans un univers différent du reste du groupe. Ça ne les aura pas empêché de reporter ce tremplin.
Barbe Noire joue bien, net et efficace mais surtout avec beaucoup d'énergie. Celle des groupes de Hard Rock des année 80.
Le répertoire Soul / Américana de Fireplace aurai pu remporter des suffrages. Malheureusement joué un peu raide, un peu trop à la façon d'un orchestre de bal, ils n'auront pas su séduire le public. Laissons leur 1 an ou 2 pour roder tout ça et se détendre, le potentiel est là.
Je salivais d'avance en attendant cette seconde partie. D'une part parce que les Montain Men m'ont toujours enthousiasmé. D'autre part parce que ça fait quelques années que je ne les ai pas vu et que j'avais hâte de voir comment ils ont évolué. Je n'ai pas été déçu. Visiblement ils ont travaillé la mise en scène. Mathieu "Mr Mat" Guillou reste rivé à la chaise, mais son énergie, son jeu de guitare et la puissance de sa voix augmentent sa présence. Zébulon dégingandé et virevoltant à l'image des ses mélodies d'harmonica Barefoot Iano habille le reste de la scène comme il habille la musique, parfois avec des petites touches, parfois avec de long traits mais toujours avec beaucoup de finesse. Un énorme moment d'émotion, d'humour, de tendresse et de générosité. Le public essayera de leur en rendre un peu pendant les longues minutes d'une standing ovation.
Un moment rare.