La vie de festivalier n'est pas facile. Deux jours de concerts non stop, difficile de ne rien rater, d'être attentif et réceptif à tout. Si aucun artiste ne m'a vraiment déçu, tant la programmation fût cette année encore aux petits oignons, trois shows resteront à jamais gravés dans ma mémoire. Un choix donc très subjectif et forcément injuste. Three Gamberros Je dois bien l'avouer, leur présence à Thouars a décidé à elle-seule de mon retour à Thouars, après être venu exposer mes toiles de bluesmen en 2009. Depuis le temps que j'écoute leur merveilleux album « Lucinda », je guettais leurs dates. Leur musique se situe quelque part dans les étoiles au-dessus des frontières du blues, de la country ou du folk, et leur potion est magique. La recette est pourtant simple : prenez un Mig Toquereau avec une guitare et un micro. Une voix envoutante au pouvoir hypnotique. Dès les premières mesures, les poils se dressent et la chair est de poule. L'émotion d'emblée à son paroxysme. Rajoutez une Loretta, et mettez lui entre les mains une contrebasse. Son charme et son bonheur d'être sur scène ne peuvent laisser insensible, surtout quand elle s'approche du micro pour accompagner son Mig ou prendre le lead. Ceux qui l'ont déjà vue ou entendue avec ses Bad Kings savent de quoi je parle. Pour finir, ajoutez un Anthony Stelmaszack, équipé d'une Fender Jazzmaster au son bien tranchant. Sa culture musicale et sa sensibilité vont faire voler en éclats pour notre plus grand plaisir les frontières du blues et transporter le trio vers des contrées lointaines, jusqu'à la frontière mexicaine. Magique, vous disais-je. Nico Duportal and the Rhythm Dudes Vendredi, en fin de soirée et dans un tout autre registre, la salle du théâtre de Thouars a pris feu. Il faut dire que, la scène ayant été bien chaufféé par ses prédécesseurs, il n'a pas fallu grand chose pour que le grand Nico Duportal, qui ne se déplace jamais sans ses Rhythm Dudes, fasse exploser le thermomètre. Déjà, ces gars-là ont la grande classe, et leur simple apparition sur scène capte l'attention et force le respect. C'est bête, mais le plaisir des yeux, ça participe énormément à la réussite d'un concert. Et quand la musique de ces rois du rhytm'n blues originel démarre, cette musique qui fait la synthèse entre la fraicheur du swing, l'émotion du blues et l'énergie du rock'n roll, la messe est dite. Le son et l'image, comme dans les bons films, nous transportent dans une autre époque, bénie. C'est un rêve qui se réalise sous nos yeux ébahis et nos guibolles, qui s'emballent à l'insu de notre plein gré. Quant au final en compagnie des Gamberros et des Honeymen, il est tout simplement inénarrable. Un moment de folie pure. Mike Green et Youssef Remadna Drôle d'endroit pour une rencontre. La médiathèque de Thouars est blindée de monde en ce samedi après-midi, je trouve difficilement une place entre deux rangées de livres. Pas de scène, lumière naturelle. Finalement peut-être les meilleurs conditions pour savourer la prestation de ce duo, dont le naturel n'a d'égal que le talent. Avec eux, on en oublierait presque la musique, tant le concert semble avant tout consister en une rencontre avec le public. Il faut dire que Youssef est plus qu'un musicien. Sa décontraction est déconcertante. Rapidement, on ne sait plus s'il est venu nous raconter des histoires drôles, faire marrer les enfants et les plus grands, faire un sketch de clown, épiloguer sur son dégoût pour l'eau minérale, ou nous chanter des chansons. Et pourtant, niveau musique, la barre est placée haute, mais avec ces deux-là, on n'est pas dans la démonstration. Leurs guitares, ruine-babines et voix s'accordent juste à merveille, et avec le sourire c'est juste parfait. Une leçon de naturel, d'humour et de musique.