Les aléas de la vie étant ce qu'ils sont, c'est avec des mois de retard que j'entame la rédaction du compte rendu du Cahors Blues Festival de 2017. Si le souvenir de l'ambiance ultra conviviale et presque familiale est particulièrement clair, j'espère que ma mémoire ne me fera pas défaut pour ce qui concerne les prestations auxquelles j'ai assisté.
Bravo à toute l'équipe pour l'organisation optimisée et qui participe grandement à l'ambiance générale. Seul petit bémol pour le Blues dans la ville ou tous les groupes ont joué en même temps et ont arrêté pour le feu d'artifice. Ceux qui comme moi n'avaient pas organisé leur parcours n'ont pratiquement rien vu.
Les grands moments:
Mavis Staples:
Je la découvrais à cette occasion et elle m'a laissé une très grosse impression. Probablement l'un des meilleurs concerts que j'ai vu ces dernières années. Si la dame possède un charisme incroyable et une voix où s'entremêlent la puissance, le Swing et la douceur, c'est le band qui m'a totalement retourné. Jeff Turmes à la basse et Stephen Hodges à a batterie ont été impériaux, sobres à l'extrême, sans rien perdre du Groove. Je crois que j'ai dû répéter vingt fois "Ils ne font rien et ça Groove monstrueux". Plutôt discret sur la rythmique, Rick Holmstrom m'a surpris pour toutes ses interventions solo. Jamais rythmiquement placé où je l'attendais, jamais sur la note que j'imaginais, il a su me surprendre et ravir mes oreilles. Je lui décerne la palme de l'inventivité. Plus discrètes mais parfaitement efficaces, les interventions de Vicki Randle et Donny Gerrard aux percus et aux ch?urs ont parfaitement soutenu Mavis et apporté le léger relief qui a fini de faire la différence.
Un moment de pur bonheur.
Mister Sipp:
Plusieurs personnes m'avaient dit "il faut que tu voie ça, c'est moderne et traditionnel en même temps", c'est en le voyant et surtout en l'écoutant que j'ai compris ce qu'ils voulaient dire.
La filiation avec le Chicago Blues et évidente mais il souffle dans ces notes comme un vent de nouveauté, une touche de surprise, un soupçon de folie qui le classe totalement à part. Bien sûr il faut aimer la guitare, parce que la tartine est bien épaisse mais étonnamment elle n'était absolument pas indigeste.
Une belle surprise.
John Nemeth:
J'ai vu John à plusieurs reprises et toujours beaucoup de plaisir mais c'était la première fois avec un backing band français. J'avoue que cette fois encore la prestation était à la hauteur de la réputation de l'artiste et que nos frenchies étaient parfaitement à leur place. Fabrice Bessouat à la batterie, Igor Pichon à la basse et Anthony Stelmaszack à la guitare seront rejoints en fin de set par Max Genouel (qui avait assuré la première partie avec les Pathfinders) ont su naviguer entre la Soul, le Shuffle et le Swing. Déployant l'écrin parfait pour un chant haut perché et un harmo virevoltant. Un magnifique moment et une très grosse affluence sur la scène du village pour un succès mérité.
Il faudra quand même que quelqu'un lui dise que sa grenouillère, même avec des couleurs stylées, est mochissime.
Dawn Taylor Watson et le Ben Racine band
Dans un premier temps ce fut le Ben Racine Band seul qui invite Dawn Tyler Watson pour deux ou trois titres en concert d'ouverture puis Dawn Taylor Watson accompagnée du Ben Racine band sur la grande scène, dans les deux cas j'ai vraiment apprécié la prestation. Si je connaissais déjà la belle Dawn et ses qualité vocales ou son charisme, j'ai été surpris de la qualité du Ben Racine Band que je ne connaissais pas. J'admets qu'il ne font rien de très innovant, mais ils le font bien, avec beaucoup de conviction et visiblement une bonne dose de plaisir.
Les bonnes surprises:
The Pathfinders
Aperçus trop succinctement pour le Blues dans la ville et retrouvé avec grand plaisir sur la scène du village, ils m'ont laissé un goût de trop peu dans l'oreille. C'est typiquement le genre de groupe que j'aimerai voir tranquillement dans un bar en 2 ou 3 sets histoire d'apprécier l'étendue de la palette, mais surtout, pour écouter posément les interventions de guitare de Max Genouel. A l'instar d'un Junior Watson, d'un Marco Fiume ou d'un Rick Holmstrom, ses intervention sortent ses standards du style. Visiblement John Nemeth, qui l'a invité sur scène à dû avoir le même genre d'impressions.
A surveiller de près.
Daddy MT & The Matches
J'avais été intéressé par le cd mais pas totalement convaincu. Ils ont, à mon avis fait deux belles prestations malheureusement trop courtes. Ils jouent simple, sobre mais ils jouent bien. Les guitares sont belles et la voix à une vrai couleur. Le cadre du tremplin les a peut-être un peu tendu, j'ai hâte de les revoir sur un set complet.
Les confirmations:
Jersey Julie
Au moment où l'on retrouve les vieux amis je n'ai pas été très attentif à la prestation de Jersey Julie en première partie de la soirée d'ouverture. Mais j'y ai quand même retrouvé l'énergie, la fougue que j'avais apprécié lors de concerts précédents.
Awek
Sur la scène du village, à l'heure où on hésite à démarrer l'apéro, Awek nous a servi son Blues comme si c'était facile. Je n'ai pas le souvenir d'avoir assisté à une prestation du groupe qui soit ne serait-ce que moyenne. Cette prestation était donc comme d'habitude excellente.
The Fabulous Trio
Ce zeste de Rock'n'Roll et de Rockab dans une mer de Blues m'a fait un grand plaisir surtout que Bruno Grandsire fait ça très bien. Qu'elle que soit la formation (Skinny B, Camping Cats, Fab Trio, Morning After) j'ai toujours aimé sa manière de le faire et j'étais content pour lui que le public, qui a priori le découvrait, ait eu la même impression.
A revoir:
Stax Music Academy
Ils ne m'ont pas totalement séduit musicalement mais il y a là un potentiel évident que j'aimerai avoir l'occasion de revoir. Ce sont des gamins, ils jouent des grands standards dont on connait des dizaines de versions toutes meilleures les unes que les autres, alors j'avais peut être placé la barre un peu trop haute. Ils ont quand même su séduire le public.
Flo Bauer Blues Projext
Je n'arrive pas à comprendre ce qui m'a gêné dans la prestation de Flo Bauer. Une bonne basse batterie, des belles guitares, un bon chant et une belle gueule mais je ne me suis pas laissé séduire. Là aussi le public leur a réservé un bon accueil et c'est ce qui compte.
Rumble 2 Jungle
Je reconnait qu'il y a là suffisamment de talent, d'énergie, de Rock, de Pop, de belles guitares, de belle voix, de présence scénique et de plaisir de jouer pour séduire le public et le jury du tremplin. Je trouve malgré tout qu'il n'y a pas assez de Blues pour le contexte d'un tremplin Blues dans un festival de Blues. J'ai dû être l'un des seuls à ne pas me laisser prendre dans leur filet.
Mes déceptions:
Music Maker Foundation Revue
Sur le papier, l'affiche était attirante, mais je reste dubitatif. J'attendais une espèce de Buena Vista Social Club du Blues. J'ai été fort déçu. Ni le chant, ni la guitare, ni le charisme des trois leaders (Robert Lee Coleman, Alabama Slim, Robert Finleyne) m'a semblé approcher en quoi que ce soit ce qui était annoncé. Et j'ai l'impression que le backing band (Lil? Joe Burton trombone, Albert White guitare, Nashid Abdul Khaaliq basse et Ardie Dean batterie) a eu beau faire de son mieux, ça n'a pas suffi. Je peux essayer de comprendre l'intérêt historique ou l'aspect humaniste de ce genre de prestation, mais l'aspect artistique m'a totalement échappé.
Kathy Boyé
Je ne sais pas si c'est moi ou si c'est la prestation en elle-même mais je suis totalement passé à côté.
Angel Forrest
Comme pour Kathy je ne me suis pas fait prendre sa toile.
Johnny Gallagher
Trop de notes, trop de guitare, trop d'énergie, trop de volume, je me suis presque senti agressé. Et ni les interventions de Sofaï ou de Bernie Marsden de Whitesnake n'y ont rien changé.
Kenny Neal
Artiste réputé autant au chant qu'à la guitare Kenny a séduit le public. Je ne sais pas pourquoi mais je me suis ennuyé.